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Synthèse et discussion de la première série expérimentale

3.3 Série expérimentale 1 : valorisation de la collaboration en réalité virtuelle

3.3.4 Synthèse et discussion de la première série expérimentale

Dans le cadre de cette première série d’expérimentations, notre objectif était de valider notre première hypothèse « L’ajout d’interactions (au sens object-in-the-making de Broberg) dédiées aux acteurs métiers par l’intermédiaire de l’OIC devrait permettre de faciliter les échanges et donc la convergence sur le couple produit-usage ». L’objectif était d’obtenir des OICs qui puissent « se construire dans l’action ou dans la collaboration » et de vérifier que cette caractéristique permettait d’améliorer la qualité de la collaboration dans les phases de convergence.

Basée sur l’utilisation conjointe de la réalité virtuelle et d’une tablette graphique, nous avons proposé l’outil Virtusketches qui a permis d’obtenir des interactions au sens défini par Broberg et al. (2011). En utilisant cet outil, les acteurs métiers pouvaient prendre des snapshots de leurs points de vue en environnement virtuel afin d’échanger, de proposer des modifications et d’exprimer des idées, des solutions,…

Cet outil a été déployé dans le cadre du cas de la deuxième revue de projet (MobyPost RP2) et de d’une expérimentation (expérimentation 1 P.P.) impliquant des étudiants à l’UTBM. Pour MobyPost

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RP2, nous avons pu observer et constater lors d’entretiens semi-directifs l’intérêt de Virtusketches afin de valoriser les échanges entre les acteurs métiers. L’observation nous montre que le prototype virtuel a été utilisé pour mieux comprendre les concepts proposés et pour identifier des problèmes de convergence entre le designer industriel, les ingénieurs mécaniciens et l’ingénieur électricien. Le designer industriel de notre équipe de recherche a pu prendre plusieurs snapshots de son point de vue en environnement virtuel et à utiliser les techniques de sketch et d’annotations 2D sur la tablette graphique afin d’expliquer ses idées et leur concrétisation sur le style du véhicule. De plus, le designer industriel a pu prendre le rôle de traducteur des idées d’autres acteurs métiers grâce à l’outil développé et proposé.

L’OIC, prototype virtuel, a donc été construit dans l’action lors de la revue de projet pour passer à un nouvel état ne représentant non plus uniquement les problématiques et points de vue de chaque acteur métier mais également les solutions pour converger à un compromis accepté par tous. Ces sketchs ont été utilisés comme un espace d’échanges entre les acteurs métiers sur les nouvelles modifications et améliorations proposées.

Toujours dans le cadre de MobyPost RP2, les retours des acteurs nous laissent avancer que les outils et OICs proposés ont été bien acceptés. D’ailleurs, Virtusketches a été mis en œuvre de manière régulière lors des revues de projets qui ont suivies MobyPost RP2. Nous pouvons cependant indiquer que chaque outil utilisé (modeleur CAO, tablette graphique…) est lié à une forme de représentation de l’OIC et des interactions spécifiques à cette représentation (cf. Figure 58). Nous pouvons citer par exemple la plateforme de réalité virtuelle qui permet d’interagir avec le prototype virtuel grâce à des interactions qui étaient communes entre les différents acteurs. La tablette graphique a permis de construire des sketchs et des annotations grâce à des interactions qui se sont révélées, a priori, être plus adaptées au designer industriel qu’aux autres acteurs. Enfin, le système CAO a été utilisé par l’ingénieur mécanicien au cours de la revue de projet. Le système CAO a donné à l’ingénieur la possibilité d’intégrer les modifications sur les modèles CAO natifs.

Les outils CAO, les outils disponibles sur la tablette graphique et les outils utilisés sur la plateforme de la réalité virtuelle immersive (Prevercos) construisent bien le support à l’interaction avec l’OIC. De manière générale, dans la suite de notre document, nous regrouperons l’ensemble des outils qui permettent une interaction avec l’OIC sous l’appellation « outils support ».

Les trois OICs utilisés dans cette revue de projet MobyPost RP2 sont le prototype virtuel, les sketchs et annotations 2D et les modèles CAO. Ces trois OICs étaient nécessaires pour compléter le cycle de convergence. Nous pouvons remarquer ici que la complétude du cycle de convergence n’a pas été

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obtenue en déployant un OIC pour tous mais différents OICs et les outils support associés pour chaque acteur ce qui a permis d’aboutir à une collaboration que les membres du groupe du projet industriel ont qualifié de bonne.

Figure 58. Les outils utilisés pour la deuxième revue de projet MobyPost (MobyPost RP2) : plateforme de réalité virtuelle, système CAO, tablette graphique

Les retours subjectifs obtenus ont pu être confirmés en partie par l’expérimentation 1 P.P.. En effet, la pertinence de la complémentarité entre le prototype virtuel et les outils de sketch et annotations 2D est confirmée par les retours étudiants. En effet, les résultats descriptifs semblent montrer un apport positif des différents outils utilisés (la plateforme de la réalité virtuelle et les outils de sketch et d’annotation 2D) sur la collaboration. Cela est vrai pour l’efficacité de la revue de projet, la satisfaction des étudiants dans la revue de projet, la cohésion et la motivation du groupe projet, la compréhension des préconcepts/concepts et l’échange d’idée. De plus, la majorité des étudiants interrogés confirment la pertinence et la complémentarité entre le prototype virtuel et les outils de sketch et d’annotations 2D.

Plus spécifiquement, Virtusketches semble aider les étudiants participants aux revues de projet à mieux exprimer leurs idées et mieux soutenir la dynamique du groupe lors de la proposition des changements ou modifications sur les préconcepts ou les concepts. Ces résultats confirment l’apport des croquis et dans annotation 2D qui sont reconnus dans la littérature comme un moyen efficace de communication et valorisant l’exploration des nouvelles idées et la créativité entre différents acteurs métiers [Greenberg et al., 2012 ; Van Der Lugt, 2002]. Il apparait que l’apport des OICs pour la collaboration peut être différent en fonction des phases du processus de conception mais

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seulement pour certains critères. En effet, la cohésion et la motivation n’ont pas été impactées entre les deux phases.

Cependant, l’expérimentation 1 P.P. comporte certaines limites. Tout d’abord, le fait que les sujets de cette expérimentation sont des étudiants en première année du cycle d’ingénieur et qu’ils n’ont pas nécessairement pu mettre en œuvre une approche réellement multidisciplinaire ou multi-métiers. De plus, nous n’avons pas utilisé de groupe de contrôle ce qui limite la portée de nos résultats. Malgré ces limites, l’objectif était d’observer un travail de convergence sur deux domaines qui sont le domaine technique et le domaine de l’usage et de ce point de vue les projets proposés ont été considérés comme des terrains d’expérimentation acceptables.

Finalement, les résultats de cette série expérimentale vont dans le sens de valider notre première hypothèse de recherche.

Les résultats obtenus de notre première série expérimentale montrent donc qu’un bon OIC implique des interactions dédiées aux acteurs métiers. Cela permet de faire évoluer le concept de produit et de mieux collaborer autour du couple produit/usage. Nous nous proposons maintenant d’étudier la question, complémentaire à notre hypothèse H1, qui est celle du choix de l’OIC. L’objectif est de vérifier notre deuxième hypothèse qui est « H2 : Le choix des OICs impacte la qualité de la collaboration et les objectifs traités par les acteurs métiers durant la convergence ». Pour cela, la prochaine partie se propose de mettre en place une deuxième expérimentation portant sur des projets pédagogiques.

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