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DIMENSIONS PAMPHLÉTAIRES CHEZ MONGO BÉTI, AHMADOU KOUROUMA ET FATOUMATA KÉITA

II- 1-1 Subversivité post-indépendante : dislocation de la linéarité

Yao Louis Konan, critique ivoirien affirme dans son article « De l’informe et de l’écriture postmoderne dans le roman africain francophone » :

L’œuvre romanesque africaine, plus spécifiquement et pour cause, échappe, aujourd’hui, à toutes les configurations esthétiques traditionnelles attestées et identificatoires des romans dits de la première génération. Une telle argumentation qui décrète la violation de la structure minimale du roman ( récit-fleuve reposant sur une linéarisation et une chronologisation de l’histoire) considérée, jusque-là comme l’acmé de son « identité » générique, est renforcée par l’accouplement, parfois monstrueux et audacieux, de genres et de médias différents (prose et poème, oralité et scripturalité, narration, image et musique…), par le fragmentaire et d’autres techniques hardies de création représentant des lieux d’inspiration du postmodernisme dans le champ littéraire africain221.

Nous assistons à l’éclatement des contours structurant le genre romanesque, lequel atteint sa phase paroxystique en contexte africain. À la faveur de cette sorte de porosité qui s’installe entre les frontières génériques, nombre de sous-formes de l’oralité, imposent au texte un style et une orientation authentiques. Il en résulte une polygénéricité qui est l’expression même de la subversivité et de l’agressivité à l’encontre des canons établis. La structure traditionnelle du roman se désagrège pour laisser place à des éléments génériques fragmentés, épars, informes. Dans cette conjoncture d’éclatement de la forme institutionnalisée, chaque écrivain subsaharien y va de sa propre stratégie en fonction du contexte qu’il a traversé.

220 Ibid.

221 L’(in) forme dans le roman africain, formes, stratégies et significations, éd. Roger Tro Dého et Yao Louis Konan, Paris, L’Harmattan, 2015, p. 48.

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a- Dispersion psychologique : cas de Kourouma, Béti et Kéita

En absence de structures génériques strictes, il était impossible de trouver des règles communes à tous les écrivains africains. Rappelons que ce sont les institutions littéraires de la métropole qui étaient généralement prises pour modèle. Et les écrivains qui pouvaient les imiter, écrivaient dans un français classique et une langue châtiée. Après cette période d’incertitude et de flou, le constat le plus pertinent sur les publications littéraires post- indépendantes, demeure l’absence de forme précise. Le concept « informe » est ici voulu et « apprivoisé », c’est-à-dire qu’il contribue à véhiculer un malaise. En examinant de près la dimension psychologique des personnages de nombre de romans de la post-indépendance, on constate une véritable révolution. En effet, les écrivains se servent du chaos sociopolitique généré pour mettre en scène des personnages aux dimensions psychologiques imprévisibles. On pourrait dire que le fonctionnement de ces textes s’apparente au surréalisme, voire à l’absurde. En effet, pour souligner la folie des hommes engendrée lors de la seconde guerre mondiale, l’écrivain surréaliste mettait l’accent sur la domination de l’inconscient et le désordre qui en résultait. Un mécanisme similaire est présent chez les auteurs subsahariens, témoins de guerres tribales, de l’émiettement social et de nombre de dérives politiques. Si dans Sous fer, Fatoumata Keita décrit le père de Nana ayant perdu son identité, c’est moins pour pointer les inquiétudes d’un individu soucieux du sort cruel de sa fille que pour fustiger la société et engager la polémique autour d’une problématique : « je laisserai Nana s’en aller à Muruba. Devant l’intérêt de la communauté, se dit-il sans conviction, devant l’esprit d’unité de la famille, l’intérêt individuel doit s’effacer. L’intérêt de la communauté doit primer »222. Bouleversé, il

accepte l’échec du rituel de l’excision.

Dans En attendant le vote des bêtes, les personnages de Kourouma le sont que des êtres mouvants et fugitifs. À commencer tout d’abord par Koyaga, le personnage principal, être déraciné, toujours à la recherche de son identité originelle. Il appartient à une famille de héros protecteurs de la tribu des hommes nus, ne reculant devant aucun danger pour la sécurité de leur communauté, tel le légendaire empereur Soundiata Kéita. Sa mobilisation, imposée par l’institution coloniale, annonce un parcours l’arrachant à ses souches et l’exposant à une perte

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de repères. Aussi ses déplacements plus tard chez ses homologues africains ont-ils lieu dans le but de renouer avec ses racines, de pénétrer et de maîtriser le monde ésotérique de la sorcellerie, de la magie et de la chasse :

Votre nom : Koyoga ! Votre totem : faucon ! Vous êtes soldat et président. Vous resterez le président et le plus grand général de la République du Golfe tant qu’Allah ne reprendra pas (que des années encore il nous en préserve !) le souffle qui vous anime. Vous êtes chasseur ! Vous resterez avec Ramsès II et Soundiata l’un des trois plus grands chasseurs de l’humanité. Retenez le nom le nom de Koyoga, le chasseur et président-dictateur de la République du Golfe223.

Ce personnage présenté, sous des traits légendaires, a une individualité brisée et morcelée à cause de son vécu qu’il tente, par ailleurs, de reconstituer à travers ses déplacements régionaux. Comme Koyaga, Maclédio vit lui aussi une crise identitaire profonde et complexe. La troisième « veillée »224 du roman lui est presque entièrement consacrée. Avant de devenir

ministre du dictateur Koyaga, il se dit damné par Dieu et donc à la recherche de la providence qui puisse effacer cette damnation. Son errance s’étend de l’Afrique à l’Europe (il se rend à Paris) avant de revenir en Afrique. Mais en vain : il reste un être veule et dépourvu de tout pragmatisme.

Les présidents dictateurs africains qui apparaissent dans les textes de Béti, Kourouma et Kéita sont des êtres insatisfaits et frustrés à la recherche d’une identité autre, quitte à sombrer dans la sauvagerie et les violences. D’ailleurs, la totémisation, comme d’ailleurs les attributs dont ils sont affublés, sont autant de procédés servant à mettre en avant aussi bien leur voracité que leur instabilité. La profusion de qualificatifs attribués à chaque président dictateur (« totem », « Président du pays aux deux fleuves », « Président de la République des Ébènes », « Président de la République des monts », etc.) révèle une impression d’instabilité, si bien que l’identité des protagonistes impliqués paraît insaisissable et évanescente. Toutefois, les personnages de Mongo Béti vivent autrement cette triste mouvance. Essola, notamment, se distingue de ses concitoyens par son esprit rebelle et dominateur ; toutefois, il finira par sombrer dans une sorte de schizophrénie. En effet, ayant abandonné ses convictions rubénistes,

223 Ahmadou Kourouma, En attendant le vote des bêtes sauvages, cité, p. 9.

224 L’auteur choisit ce terme pour désigner les différentes subdivisions de son texte mais surtout dans le but de marquer l’intrusion de l’oralité dans le champ scriptural.

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il se résigne à recevoir les faveurs du régime corrupteur. Béti regrette l’absence d’opposants (aux convictions profondes et inébranlables), décidés à juguler les injustices. Certes, le climat de misère et de terreur, entretenu par Baba Toura et son entourage, a pour objectif de circonvenir même les plus déterminés des anciens rubénistes. Promesses de libération et d’embauche sont les armes de la dictature pour corrompre les esprits rebelles les plus intransigeants. Face au chaos et à l’instabilité saisissante, les écrivains créent des personnages dont les parcours rappellent ceux des individus africains.

b – Superficialité des protagonistes

L’une des transgressions de l’ordre socio-historique incarné par la linéarité est la naissance de ce type de personnage amputé de certaines des dimensions que l’on attribuait traditionnellement aux protagonistes, à savoir un ensemble de valeurs et de vertus, présentes dans nombre de romans africains de la première génération. Les personnages centraux de notre corpus ne sont pas complètement identiques aux héros conventionnels : les valeurs peuvent changer d’une culture à l’autre, d’une société ou d’un milieu à l’autre. Dans le roman subsaharien postcolonial, le « héros » – comme Koyaga notamment – est le lieu de maints paradoxes et de nombreuses ambiguïtés :

Elles sont toujours doubles réunissant les deux pôles du changement et de la crise : la naissance et la mort […], la bénédiction et la malédiction […], la louange et l’injure, la jeunesse et la décrépitude, le haut et le bas, la face et le dos, la sottise ou la sagesse […]. On use abondamment des mises à l’envers225.

En effet, Koyaga est à la fois un héros et un antihéros. En attendant le vote des bêtes

sauvages est un « donsomana », c’est-à-dire une geste qui raconte les hauts faits d’un chasseur,

contés par un « sora » (griot). Or, ce genre de récit fait appel à des procédés comme l’exagération et l’hyperbolisation : « le Koyaga qui parlait, celui qu’on entendait à la radio était un ressuscité. Vous êtes considéré comme ressuscité, un homme ressuscité par votre sorcière de mère »226. Dans cette perspective, nous avons affaire à un type de description particulier :

225 Mikhaïl Bakhtine, L’œuvre de François Rabelais, Paris, Gallimard, 1970, p. 185. 226 Ahmadou Kourouma, En attendant le vote des bêtes sauvages, cité, p. 260.

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La gestation d’un bébé dure neuf mois ; Nadjouma porta son bébé douze mois entiers. Une femme souffre du mal d’enfant au plus deux jours ; la maman de Koyaga peina en gésine pendant une semaine entière. Le bébé des humains ne se présente pas plus fort qu’un bébé panthère, l’enfant de Nadjouma eut le poids d’un lionceau227.

Le narrateur fait des comparaisons notamment avec des félidés afin de mettre en relief l’aspect surhumain, voire surréel, du personnage dont le destin est hors du commun ; il se pose la question suivante : « Quelle étaient l’humanité, la vérité, la nature de cet enfant ? »228

Toutefois, cette description contraste avec la superficialité réelle du personnage. Il convient de loger ce paradoxe à l’enseigne du postmodernisme où les hommes vivent dans le paraître et la séduction. L’essentiel est d’impressionner : « En République du Golf, tout le monde savait, tout le monde se disait que vous êtes capable de l’incroyable »229 ; « la politique n’est qu’illusion

pour le peuple, les administrés […]. La politique ne réussit que par la duperie »230. En effet, en

Afrique post-indépendante, d’importants moyens sont investis dans le paraître : par exemple, communication et publicité s’unissent pour séduire les personnes ignorant les réalités sociopolitiques. Kourouma, par cette méthode complexe, fait un travail de dépouillement et de mise à nu des réalités à l’égard desquelles il se montre très méfiant, si bien qu’il s’opère une saturation des traits affectés au personnage qui débordent même des proportions axiologiques.

Les partisans de Koyaga avec, en tête, les lycaons réprimèrent avec férocité la manifestation en tirant dans la foule, en poignardant et égorgeant. On releva dix-sept tués, tous sauvagement émasculés Tous émasculés pour annihiler les forces vengeresses que lancent contre les tueurs les âmes, les forces vitales des personnes brutalement et injustement assassinées231.

À propos de cette forme carnavalesque, Jacques Chevrier parle de « scénographie de la démesure, du dérèglement, voire du picaresque et du carnavalesque »232. C’est la raison pour

laquelle, le « donsomana », a priori, louangeur, est ici, poussé à l’extrême. De cette observation,

227 Ibid., p. 21. 228 Ibid. 229 Ibid., p. 260. 230 Ibid., p. 261. 231 Ibid., p.105.

232 Jacques Chevrier, « Désir d’Afrique », préface à Ahmadou Kourouma, En attendant le vote des bêtes sauvages, cité, p. 13.

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il se dégage une désubtantialisation233 du héros conventionnel. Sans être entièrement dépossédé

de ses attributs nobles et policés234, il n’est pourtant pas à la hauteur des distinctions qui lui sont

traditionnellement dévolues. Les protagonistes de Perpétue et l’habitude du malheur et de Sous

fer (Kanda, Fata), subissent cette désubstantialisation de façon différente. Si Koyaga est un

imposteur, les protagonistes de Béti et Kourouma (Essola, Kanda) le sont eux aussi. De plus, le premier, quasi volage et versatile, fut corrompu par le régime de Baba Toura. Le manichéisme qui a habituellement cours est ébranlé : la frontière entre le personnage incarnant d’un côté les valeurs positives et de l’autre les valeurs négatives, est désormais poreuse. Tout comme ses

bourreaux235, le peuple subissant la dictature trébuche et sombre dans le médiocre et

l’ignominieux236. Les valeurs négatives ne sont plus l’apanage des bourreaux du peuple tandis

que celui-ci n’est plus généralement perçu comme une innocente victime237. C’est bien dans cet

esprit que s’appréhende l’attitude d’Essola, dès lors qu’il accepte les propositions du régime. Car il est censé justement représenter le peuple et ses valeurs, voire même être son sauveur puisqu’il est l’un des rares citoyens animés par l’esprit de la révolution populaire (rubéniste). Mongo Béti semble charger Essola de ses propres idées et de celle de l’opposition camerounaise ; comme l’explique Ambroise Kom : « Même en politique quand il approchait les leaders de partis dits d’opposition, il s’attendait à un type de comportement, mais il se rendait compte au bout d’un certain temps que les gens étaient en politique non pas pour servir le peuple, non pas pour travailler au changement de régime mais pour leurs propres intérêts, pour

233 Mot utilisé par Yao Louis Konan en parlant du protagoniste qui a perdu les différents éléments par lesquels on définit habituellement le héros. (Yao Louis Konan, « d’un Héros… dans le roman d’Ahmadou Kourouma ? Étude d’un personnage à l’aune du postmodernisme », Actes du Colloque Ahmadou Kourouma, un écrivain total Paris, Le Graal, 2013, p.101.

234 Ibid.

235 Ce terme, emprunté à Emmanuel de Jonge et Loïc Nicolas, renvoie dans l’univers du pamphlétaire, aux cibles : gouvernants, institutions etc. (« Limites et ambigüités rhétoriques du discours pamphlétaire. Vers l’abandon d’une pratique sociale ? », Mots. Les langages du politique, [En ligne], 91 | 2009, consulté le 30 novembre 2020, [http://journals.openedition.org/mots/19205].)

236 Dans sa thèse de doctorat intitulée « Modernité et postmodernité francophones dans les écritures de violences. Le cas de Rachid Boudjedra et de Sony Labou Tansi » (Université Lyon 2/Louis Lumière, novembre 2010, thèse dactylographiée), Thierno Dia Touré a évoqué cette situation en ces termes : « La modernité qu’introduit Sony Labou Tansi, consiste à ne pas situer ‘le monopole du cœur’ dans le camp des personnages positifs. Pour lui, le peuple de ses romans qui ploie sous la dictature féroce, reste aussi capable que ses agresseurs de vils agissements. C’est là une vieille conception rousseauiste que Sony Labou Tansi reproduit dans son écriture » (p. 34).

237 Même les hommes politiques en ligne de mire des écrivains concèdent cela. Par exemple Hamed Sékou Touré affirme : « je suis le dictateur du Peuple » […]. « Le Peuple, c’est la partie saine de la Nation. Tout n’est pas Peuple. Nous appelons Peuple la partie saine, celle qui est débarrassée de l’égoïsme, de la volonté d’exploitation et d’oppression, qui aspire à vivre dans le bonheur ». (Maurice Jeanjean, Sékou Touré : un totalitarisme africain, Paris, L’Harmattan, 2005.

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s’approcher de la mangeoire ! »238. Remarquons qu’à sa sortie de prison, Essola n’est guère à

même de sauver sa défunte sœur en dépit de sa détermination et de son engagement. Désormais, il est trop tard pour agir. C’est pourquoi le parricide qu’il commet est perçu comme une espèce de compensation et une tentative de libération de son amertume et de sa frustration culpabilisantes. Paradoxalement, Essola est complice de la mort de sa sœur :

Comment dire l’étonnement d’Essola quand, au même moment où elle lui révélait combien il avait compté dans les rêves de Perpétue enfant puis adolescente, Crescentia l’avait accusé d’avoir sa part de responsabilité, moindre certes que celle d’autres membres de la famille, dans les événements qui, en s’enchaînant, avaient conduit prématurément Perpétue à la mort239.

Ainsi, le héros de Béti déçoit doublement : d’abord, parce qu’il est contraint par la dictature de trahir les rubénistes, ensuite, parce qu’il ne parvient pas à secourir Perpétue. Selon Emmanuel Toh Bi Tié, il fait partie de ces individus « malheureusement accrédités de déception »240. Par conséquent, c’est un protagoniste décevant, illusoire et trompeur. Plus que

son mari, Fata incarne, par l’intermédiaire de l’association dont elle est la présidente, une figure montante du féminisme militant : « pendant deux années, elle s’illustra chaque jour comme le numéro un de l’UPEF. […]. L’UPEF était reconnue sur le plan national et international pour sa lutte contre toutes les formes de violences dont les femmes étaient victimes »241. Toutefois, Fata

finit par abandonner ses convictions, corrompue certainement par les cadeaux du prétendant de sa fille. Ainsi, si le père ne put juguler le rituel de l’excision, la mère, quant à elle, devient le « support idéal » pour un mariage non désiré, voire forcé puisqu’en acceptant les cadeaux, elle consent tacitement à vendre, ou à marier par intérêt, sa fille. Cette femme, qui symbolisait courage et hardiesse, est devenue un être versatile. Les croyances et les pratiques sociales qu’elle a prétendues combattre eurent raison d’elle. Cette décrépitude est l’expression d’un féminisme opportuniste ne reposant sur aucune conviction profonde et réelle. Kanda juge sa femme en ces termes :

238 Parfait Tabapsi, « Professeur Ambroise Kom, mon amitié avec Mongo Béti ! », Mozaïques , Yaoundé, 7/10/2016.

239 Mongo Béti, Perpétue et l’habitude du malheur, cité, p. 95.

240 Emmanuel Toh Bi Tie, « Oscille/Les citrons de Maxime N’Debeka, ou le déclic d’une négritude de la désillusion », Éthiopiques (Littérature, philosophie et art), 2012, 2e semestre 2012, n° 89, p. 19-36.

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Je ne te reconnais vraiment plus ! Toi qui prétends défendre les femmes victimes de violences et de violations de leurs droits, comment peux-tu faire de telles choses ? […] Kanda se tut et se mit à regarder son épouse comme s’il la voyait pour la première fois. Qu’était-il arrivé à Fata ? Que s’était-il passé ? Des bijoux en or et une enveloppe d’argent suffisaient à transformer un individu en démon ? Ce n’était qu’un cauchemar dont il se réveillerait sûrement. Pourtant, le mauvais rêve perdurait242.

Il y a peu de différences entre Fata et la mère de Perpétue : l’une et l’autre consentent à sacrifier la jeune femme. Toutefois dans Sous fer, la protagoniste est coupable de trahison non seulement à l’encontre des organisations étrangères soutenant l’association mais également à l’encontre des membres et des sympathisants : « Fata demeurait silencieuse, mais elle regardait les bijoux en or d’un air émerveillé […]. Elle ouvrit l’enveloppe que lui avait remise le griot, en sortit l’argent qui y était, le compta : deux cent mille francs. Elle n’en revenait pas »243. De son

statut de personnage sauveur, elle dégringole pour se retrouver au rang d’opposant à l’émancipation des femmes.