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ET DE SOUS FER

I- 3-1 Les dérives de l’imposture politico-sociale postcoloniale

En temps de despotisme, le roman apparaît comme le seul espace de liberté pour dénoncer les maux qui rongent la société et que le système politique peine à juguler. En

attendant le vote des bêtes sauvages, Perpétue et l’habitude du malheur et Sous fer révèlent les

mécanismes de la dictature, ses moyens et ses méthodes pour perdurer. Bien que médiocres et mortifères, rappelons-le, ces nouveaux régimes parviennent à sévir dans l’impunité la plus totale.

Indépendance factice et vacance symbolique du pouvoir

Au lieu de doter leur pays d’institutions fortes dans le but d’apporter les réponses adéquates aux aspirations de leur peuple, les dirigeants africains se livrent à une course aux richesses. Pourtant, nombre d’individus espéraient l’allègement des souffrances liées au passé colonial. Quelle déception ! En effet, la nouvelle classe dirigeante se caractérise par son rejet des pauvres et des opprimés. Mongo Béti parle de la naissance d’une aristocratie bureaucratique qui imite, sans y parvenir, la bourgeoisie occidentale :

C’est que l’aristocratie bureaucratique, qu’on appelle à tort bourgeoisie africaine, tant cette classe manque d’assise économique, d’idéal collectif et d’esprit d’initiative qui sont caractéristiques de la bourgeoisie européenne, s’est enfermée, elle, dans le ghetto de la consommation et de la jouissance. Elle s’est révélée une classe aussi inutile que vorace, décevant tout le monde, aussi bien la masse des Africains qui l’imaginaient appelée à les guider dans la voie de la dignité [...] En perdant tout contact avec les masses elle laisse le régime pour ainsi dire en l’air, dans l’obligation d’interposer, à défaut d’une courroie de transmission entre le peuple et lui-même, la police et l’armée, avec toutes les conséquences qu’entraîne nécessairement cette sorte de dialogue169.

Il existe une forte antinomie entre les discours officiels et les faits. En réalité, la démocratie n’est qu’un leurre ; la protection des intérêts et le goût prononcé pour un capitalisme faisant fi de la morale et des droits humains, ont prévalu. Ce qui a provoqué le maintien au

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pouvoir des chefs d’états fantoches, plus ou moins liés avec des chefs d’états étrangers. D’où le rôle très important de la « Françafrique »170.

Pour signaler cet état de fait, Mongo Béti s’attaque d’abord à l’incompétence des fonctionnaires de l’État. Lorsque Baba Toura accède au pouvoir, s’ouvre alors une chasse aux intellectuels et aux cadres du pays, en raison des regards critiques qu’ils pouvaient poser sur la mauvaise gestion du pouvoir. Deux possibilités s’offraient alors aux opposants afin d’éviter la prison ou la mort : ils devaient soit fuir – comme le fit Béti lui-même –, soit se taire et travailler pour le président. Baba Toura est un chef d’État factice : il se fait dicter sa politique et ses conduites par des conseillers étrangers, au moyen de relations bilatérales qui ne profitent guère à son pays. C’est de cette façon que Bifanda, l’un des cadres camerounais proches des mouvements indépendantistes, est exécuté par les mercenaires du régime pour s’être opposé à ce néocolonialisme. Son constat limpide sur le statu quo est encore d’actualité :

Témoin des fastes de sang et de grimace au milieu desquels l’impérialisme a établi, a assuré et continue de préserver Baba Toura, bouclier des monopoles coloniaux, garant des factoreries, emblème tutélaire des comptoirs, comment les hommes des bois, à la longue, auraient-ils encore quelque vénération pour la prétendue civilisation chrétienne deux fois millénaire ?[...] menteuse rhétorique ou naïveté, on tenta naguère d’accréditer qu’il en irait autrement désormais parce qu’au gouverneur général on venait de substituer un gauleiter indigène. Et puisque aujourd’hui l’oppression se couvre du masque de la coopération, disons donc, en transposant un mot célèbre, que ce que l’on appelle coopération n’est que la poursuite de la colonisation, par les mêmes méthodes, mais avec d’autres mots. Et cessons de profaner la mémoire de nos martyrs en prétendant que l’atrocité de nos épreuves passe le prix de l’enjeu…171

170 Terme péjoratif employé pour qualifier les relations entre la France et ses anciennes colonies africaines, relations envisagées sous leurs aspects néocoloniaux. Le dictionnaire numérique du site internet Toupie propose les détails suivants : « l’usage du néologisme ‘Françafrique’, avec un sens péjoratif, s’est développé après la parution en 1998 du livre de François-Xavier Verschave La Françafrique, le plus long scandale de la République, ainsi que sous l’impulsion de l’association Survie, dont l’auteur fut l’un des membres fondateurs, pour dénoncer la politique étrangère de la France dans ses anciennes colonies africaines ainsi que dans quelques autres pays du continent. Le terme ‘Françafrique’ désigne l’ensemble des relations entre la France et ses anciennes colonies africaines pour en dénoncer le caractère ambigu et opaque. La ‘Françafrique’ serait constituée de réseaux d’influence et de lobbies d’acteurs français et africains intervenant dans les domaines économique, politique et militaire pour détourner à leur profit les richesses liées aux matières premières ainsi que l’aide publique au développement » [http://www.toupie.org/Dictionnaire/Franceafrique.htm].

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Les vitupérations de ce personnage à l’encontre du système néocolonial résument parfaitement la situation qui prévalait dans nombre de pays africains à cette période-là. C’est le statut de marionnette du Président de la République qui est mise en cause. Réalisant la mascarade de l’indépendance, Bifanda accuse le système politique d’être le prolongement d’une époque coloniale officiellement révolue. En effet, cette coopération avec les « Blancs » impose tacitement un statut inférieur à leurs homologues africains. Même si la présidence de la République n’est pas vacante, il n’en demeure pas moins que le président est amputé de bon nombre de ses prérogatives. Ce point de vue est corroboré par l’emploi du terme « gauleiter ». Celui-ci désigne un responsable régional d’une subdivision territoriale. Il s’agit d’une qualification dégradante mettant en relief la limitation du pouvoir du président de la nouvelle République camerounaise. Baba Toura reçoit des ordres de Paris, qui définissent les contours de sa politique externe et interne.

Attardons-nous sur le vocable « gauleiter ». C’est un vocable d’origine allemande, souvent utilisé dans le contexte nazi. En effet, il s’agit d’un responsable régional de l’administration hitlériennae, ce qui permet à Béti d’être acerbe tant à l’encontre du pouvoir français que du pouvoir camerounais. Ici allusion est faite au führer allemand, lequel symbolise, toutes proportions gardées, l’ancien colonisateur, auquel Baba Toura, le subalterne voue abnégation et loyalisme. L’image employée par Bifanda, qui contraste avec le terme « gouverneur » pour qualifier l’administrateur colonial, porte à l’extrême le caractère tyrannique du commandeur camerounais d’alors : « au gouverneur général on venait de substituer un gauleiter indigène »172. D’un côté, il y a un dictateur cherchant à exercer le plein

pouvoir sur ses sujets ; de l’autre, son pouvoir est impuissant face aux attentes du peuple et aux impérialistes étrangers.

Dans la République des Ébènes, Tiékoroni (l’homme au totem Caïman) n’échappe pas à cette logique de pouvoir impuissant et factice. Bien qu’il affiche l’image d’un président plutôt généreux et pacifiste, il règne sur son peuple d’une main de fer, anéantissant toutes velléités d’opposition. Grâce à sa politique, la République des Ébènes est un territoire incontournable de la Françafrique. Contrairement aux autres présidents africains, Tiékoroni a longtemps séduit

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son peuple ainsi que les Africains en feignant d’avoir des convictions et des ambitions protectionnistes. L’image de père de la nation se souciant du bien-être de sa population et cherchant à la protéger contre les compromissions du capitalisme était trompeuse. D’ailleurs, c’est ce protectionnisme affecté ainsi que son apparente générosité à l’égard d’autres chefs d’États qui lui valurent le surnom de « sage africain ». En réalité, le texte de Kourouma révèle l’envers du décor : en effet, Tiékoroni travaille à la libéralisation des patrimoines nationaux au profit de l’Occident, dans le contexte de la guerre la froide. Or, nul n’ignore les rapprochements des responsables du premier parti africain le RDA - Rassemblement Démocratique Africain - avec le parti communiste français lors des premières tentatives de libération du continent. C’est dans cette perspective qu’il est accusé de reconversion opportuniste lorsqu’il rallie la France et le camp capitaliste. Dans le même esprit, Kourouma tente de rétablir la vérité face à la rumeur selon laquelle Tièkoroni aurait préservé son pays des conflits sanglants qui sévissaient dans les pays frontaliers. L’extrait suivant peint différents aspects du changement politique du chef de la République des Ébènes :

Tout l’appareil de l’administration coloniale devait se liguer contre l’homme au totem caïman et le combattit. Dans la brousse, ses partisans furent envoyés en prison. Il ne changea pas : se déclara nationaliste, anticolonialiste, marxiste et se lança dans des discours démagogiques. Les paysans eurent le malheur de le croire, votèrent pour lui et se soulevèrent pour réclamer d’autres libertés après la suppression des travaux forcés. Une vraie jacquerie qui embrasa tout le territoire. Les mercenaires des troupes françaises furent lancés aux troussent du tribun nouveau député. De peu, ils le manquèrent à Gouroflé où ils assassinèrent son disciple Bika Dabo. L’alerte est chaude, le député détale. Avec l’entrain et l’allure du singe qui a échappé à une meute en abandonnant un bon bout de sa queue dans la gueule d’un chien. Une fuite éperdue qui l’amène à Bamako, Dakar, Bordeaux, Paris. Nulle part il ne trouve de refuge ou d’avocat pour le défendre.[…] Il n’attend pas qu’on lui pose la question. De sa propre initiative, il annonce sa renonciation à ses illusions, rappelle l’amitié éternelle de sa famille avec la France, le pays colonisateur. Haut et fort proclame son choix, du camp de la liberté. En gage de bonne foi, sur-le-champ, il retourne main dans la main avec ses poursuivants dans son pays. Dans la capitale et les principales villes, il organise de grandes manifestations au cours desquelles, publiquement, il informe de sa conversion à l’idéologie libérale, sa reconnaissance aux colonisateurs, son anticommunisme viscéral, son honneur pour les guerres de libération et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Son discours et son accent se lèvent si sincères que la France, l’Amérique et tout l’Occident le désignent comme fer de lance de la guerre froide, le leader en Afrique de l’Ouest de la lutte anticommuniste173.

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Outre ce revirement, il y a régulièrement des festivités organisées pour la réception des homologues africains du président. Et, de manière générale, ces cérémonies sont synonymes de dilapidation de biens publics. Elles ont lieu chaque fois qu’un président lui rend visité. Selon Kourouma, ces festivités sont autant d’occasion pour encourager le culte de la personnalité. Les dictateurs africains ne lésinent pas sur les moyens lorsqu’il s’agit du culte de leurs personnes. Pareille attitude vise à divertir et endormir le peuple :

Ah ! Koyaga. Vous avez quitté la République des Ébènes non par l’aéroport de la capitale, mais par celui de Fasso, le village natal du Président au totem caïman. Comme à votre arrivée, les danseurs et tam- tams firent, des fêtes, Nègres demi-nus, hilares, idiots s’essoufflant dans de dangereuses danses acrobatiques de singes. Des femmes, des écoliers, des vieillards en tenues traditionnelles se bousculent comme des troupeaux le long de la route du palais des hôtes à l’aéroport. Ils applaudissaient sans cesse comme des écervelés et s’égosillaient, hurlaient comme des sourds des slogans […]. Des idioties qui célébraient la fraternité entre vous, l’homme au totem faucon, et le dictateur au totem caïman174.

La gestion de ces dictateurs africains s’apparente à celle d’une grande entreprise familiale :

Le dictateur avait, avec l’argent de l’État, fait de chacun de ses parents, de ses proches et serviteurs des fortunés comme des princes d’un pays du golfe d’Arabie. Il avait hissé, toujours avec les moyens de l’État, tous les membres de sa tribu au bonheur et au confort matériel que vivent les citoyens des pays développés les plus riches du monde. Il avait fait octroyer gratuitement une villa par le gouvernement175.

L’argent public sert notamment à bâtir le village du dictateur. C’est une pratique répandue et dénoncée par Ahamdou Kourouma :

Personnellement, il avait dirigé les chantiers de construction des larges avenues qui traversent de part en part sa ville natale et se prolongent dans la forêt et la brousse. Dans la brousse et la forêt, loin de toutes activités humaines, où les serpents utilisent les avenues comme clairières pour se réchauffer aux premiers rayons du soleil, les singes comme espaces pour les déjections et les ébats amoureux. Il s’était amusé pendant ses weekends et ses nuits, à réaliser, au milieu des pauvres cases couvertes de tôle ondulée des habitants, des œuvres splendides et immenses financées par le budget de l’État. Des palais aux

174 Ibid., p. 194. 175 Ibid., p. 174.

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frontons dorés, de splendides hôtels en marbre et même une basilique. Des magnificences qui se perdent dans les cieux du village176.

Ces extraits montrent que les nouveaux pouvoirs sont les principales causes des malheurs des peuples africains après les indépendances. Les dépenses privées et inutiles ont conduit à vider les caisses, ce qui a entraîné une paupérisation des masses. Au final, ces régimes n’apportent ni réforme salutaire ni progrès. Dans sa marche vers le camp des libéraux, la République des Ébènes devient le principal soutien de la « Françafrique ». Ainsi non seulement Tièkoroni se voit confier la mission de faire revenir dans le giron français, les pays proches de l’union soviétique, mais également celle de punir les chefs d’État récalcitrants :

L’Occident décida d’en faire une vitrine et aida l’homme au totem caïman à acquérir la prestance, la respectabilité. L’Occident lui prêta d’importants moyens financiers pour se développer et payer en sa place les forces qui combattaient pour défendre les positions du camp libéral. Il finança les forces favorables à l’Occident dans tous les conflits : Biafra, Angola, Mozambique, Guinée, République du Grand Fleuve, etc.177

Kourouma et Béti accusent les pratiques criminelles des régimes politiques qui se démarquent par leur soumission aux homologues étrangers. Dans En attendant le vote des bêtes

sauvages et Perpétue et l’habitude du malheur ils dépeignent aussi des régimes à parti unique

qui brillent par leur présence inutile et superficielle. Fatoumata Kéita, quant à elle, propose un portrait de la situation bien. En effet, dans Sous fer, les autorités se caractérisent surtout par leur absence et leur mutisme : toutefois, l’impuissance de leur pouvoir a permis de renforcer et d’élargir le champ d’action de structures parallèles exerçant un pouvoir réel et nuisible aux dépens de la femme. Même si Keita ne mentionne pas vraiment une personnalité ou un régime précis contrairement à Béti et Kourouma, sa position demeure pas moins critique. Alors que les auteurs de Perpétue et l’habitude du malheur et d’En entendant le vote des bêtes sauvages visent directement les décideurs politiques, l’auteure de Sous fer vise plutôt les décisions de ceux qui sont chargés de les appliquer. Dans Sous fer, Keita met en scène l’inertie des autorités par l’intermédiaire du père de Nana. Bien que policier et père, Kanda est incapable de préserver sa famille des pesanteurs des pratiques ancestrales rétrogrades. Rappelons que du début de

176 Ibid., p. 175. 177 Ibid., p. 178-179.

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l’intrigue jusqu’à la fin, l’État n’est guère évoqué. Cette prudence s’explique de deux différentes manières : soit l’État est complètement est incapable et donc inutile, soit il est en proie à un désordre total et structurel.

Kanda, impuissant, assiste aux affres de l’excision et à ses nombreux traumatismes :

— Écoute, Nana, ta mère et moi nous t’avons jusque-là protégée de la pratique de la mise sous fer, alors qu’il est inconcevable pour un Mandeka de Muruba qu’un enfant ne passe pas par le fer de l’excision ou de la circoncision.

— Papa, je n’aurais qu’à leur expliquer que ça nuit à la santé de la femme !

— Parce que tu penses que c’est comme ça que ça se passe, là-bas ? — Non ?

— À Muruba, un enfant ne discute pas, un enfant obéit. Un enfant n’est pas consulté, il se soumet à ce que les parents décident pour lui. Car ils estiment qu’il ne sait pas ce qui est bon pour lui.

— Papa, je n’y passerai que le temps des vacances…

— Nana, ce temps est suffisant pour que tes oncles décident de te mettre sous fer ou de te donner en mariage. Ni ta mère, ni toi ni moi n’aurions notre mot à dire.

— Pourquoi ?

— Parce que là-bas c’est comme cela que ça se passe depuis que le monde est monde178.

La dégradation de l’éducation est un des sujets chers à Fatoumata Keita. L’État s’est désengagé de son rôle éducateur et ne finance plus, ni les structures pédagogiques, ni les enseignants dont les bas salaires sont souvent en retard. Les grèves i cessantes des éducateurs et les sorties récurrentes encouragées par des leaders d’étudiants finissent par créer un climat incompatible aux études : « aujourd’hui, les enfants exposés aux affres de ce système éducatif courent le risque, si ça continue ainsi, de n’être que des demi-lettrés sachant à peine lire et écrire »179. C’est de façon que les parents de Nana sont obligés, pour garantir un cursus scolaire

normal à leurs enfants, de les inscrire dans des établissements privés180. L’État supprime une

éducation gratuite et de qualité pour les couches sociales défavorisées tandis que les établissements privés luxueux sont offerts uniquement aux enfants des citoyens aisés. Les autorités déstructurent le système éducatif et le rendent improductif :

178 Fatoumata Kéita, Sous fer, cité, p. 65-66. 179 Ibid., p. 35.

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Kanda aurait bien voulu se tourner vers les écoles publiques maliennes qui pendant de nombreuses années avaient suscité tant d’espoirs. Malheureusement, elles répondaient de moins en moins à ses aspirations. Le système éducatif public, malade d’un dysfonctionnement prolongé, souffrait depuis près de deux décennies de débrayages fréquents. Tantôt les élèves désertaient les classes, tantôt les enseignants boudaient impitoyablement les cours. Toutes choses qui compromettaient dangereusement la possibilité d’un enseignement de fond et de qualité au Mali. Devant un tel désastre, Kanda décida d’inscrire ses enfants dans une école privée où il considérait que l’enseignement était plus rigoureux et de meilleure qualité. Mais cela avait un coût181.

Si dans les grandes villes maliennes, l’école est à l’abandon, dans la majorité des villages et des petites localités, elle n’a jamais existé. Muruba, le village du père de Nana est un bel exemple du désengagement de l’État et de l’absence de tout soutien gouvernemental en matière d’éducation scolaire. Il arrive également que la crise soit aggravée par les autorités qui retiennent les salaires des enseignants grévistes. C’est une attitude méprisante vis-à-vis du syndicat enseignant182. Le système scolaire est désormais pris en otage et l’avenir des enfants

sérieusement hypothéqué. Dans l’extrait suivant, Fatoumata Keita met l’accent sur un manque cruel de structures et d’infrastructures scolaires, manque entretenu depuis l’enfance du père de