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Cécile Bélet-Gonda ; mis à jour par Emmanuelle Evéquoz et Ludwig Eschenlohr 3.5.1 Situation

Les traces d’aménagement de 27 structures sont toutes localisées sur la rive droite du Creux-des-Prés, sur une surface relativement plane au centre du site. Les vestiges sont représentés principale- ment par des structures en creux : fond(s) de cabane et trous de poteau, pour la plupart concentrés dans la zone d’épandage du mobilier (fig. 26).

assez importante (env. 230 pièces, dont une majorité de déchets scorifiés). Son fond est plat et ses parois légèrement évasées. La fouille n’a pas permis de mettre en évidence l’existence d’amé- nagements internes tels que des trous de poteau ou des sablières basses. Son remplissage est marqué par une succession de couches qui correspond à deux apports principaux :

– le premier remplissage (r1), d’environ 20 cm d’épaisseur et présent sur les parois, est peu charbonneux et pauvre en mobi- lier. Le sédiment est essentiellement formé par un limon brun avec quelques nodules de terre cuite et de charbons de bois mélangés à des graviers ;

– le second remplissage (r2) comble le centre de la structure. Plus charbonneux et d’une épaisseur de 20 cm, il est composé d’un limon finement argileux. Il recèle la majeure partie du mobi- lier – céramique, métal, scories – recueilli dans cette structure (chap. 3.8, 3.9 et 3.11) ainsi que de très nombreux macrorestes carbonisés (chap. 3.12). Ce mobilier diversifié permet d’établir l’utilisation de cette cabane comme dépotoir lors de sa dernière utilisation. Le niveau archéologique 3a scelle la structure. Les analyses micromorphologiques confirment l’hypothèse de sa fonction de dépotoir. En l’absence d’un niveau d’occupation observable en lame mince, différents éléments – présence d’une grande quantité de matériel remanié comprenant des rejets anthropiques brûlés, des macrorestes carbonisés et des fragments de coprolithes indiquant un mélange du sédiment avec du fumier – suggèrent le dépôt secondaire du matériel de remblaiement. Le peu de bioturbations et les remplissages quasi homogènes laissent supposer un comblement rapide « de ce fond de cabane avorté réutilisé comme fosse-dépotoir » (Pümpin et Braillard 2009). Les traces de piétinement aléatoire de la fosse viennent renforcer cette idée.

Au vu de ses modestes dimensions, de sa situation, de l’absence d’aménagement intérieur et de traces d’occupation visibles, il serait tentant d’interpréter cette fosse comme une structure artisa- nale ayant été comblée par le matériel lié au travail du fer. Elle est en effet située à proximité du ferrier (chap. 3.6) et de l’atelier de forge (chap. 3.7), et a pu faire office d’atelier.

Fig. 26 Plan des structures d’occupation.

Fig. 27 Plan et coupes du fond de cabane ou fosse 1. 456,10 m 456,10 m 0 NN 1 m 20 cm 4.2 3a r2 r2 r1 r1 r1 r2 r1 r1 4.2 3a Fc/F1 Coupe 1 Coupe 2 Coupe 1 Coupe 2 Décapage 7 Décapage 7 Décapage 7

3.5.2 Contexte archéologique et stratigraphique

De manière générale, la stratigraphie dans laquelle s’insèrent les structures est relativement simple. L’horizon archéologique 3a contenant les vestiges du Haut Moyen Age est marqué par une couche de sédiments silto-argileux englobant des charbons de bois et un riche mobilier archéologique. Cette couche a subi une importante érosion et a été passablement perturbée par les labours modernes (chap. 3.2.1). Elle apparaît à une profondeur d’environ 40 cm sous le niveau de sol actuel.

3.5.3 Les bâtiments : les fonds de cabane

3.5.3.1 Le fond de cabane ou fosse 1 (Fc/F1)

Cette première structure est conservée sur une profondeur de 35 cm et creusée dans le substrat géologique 4.2. Elle appa- raît sous la forme d’une simple fosse de plan rectangulaire aux angles arrondis mesurant 2,5 x 1,85 m (fig. 27). Sa superficie est de 4,26 m2 et son remplissage contient une quantité de mobilier

Trou de poteau

Fond de cabane Tombe

TP15 TP16 TP14 TP13 TP1 TP5 TP6 TP7 TP9 TP8 TP10 TP11 TP12 TP2 TP4 TP3 Fc2 Fc / F1 0 5 m N N

3.5.3.2 Le fond de cabane 2 (Fc2)

Le second fond de cabane est préservé sur une hauteur de 10 cm. Creusé dans le substrat géologique 3.3, il repose sur les graviers de fond de vallée 4.2 et se situe en bordure de la couche archéo- logique à l’endroit où celle-ci a subi une forte érosion naturelle et d’importantes perturbations agricoles (fig. 28). Son plan appa- raît sous la forme d’une simple fosse rectangulaire, à fond plat, parois verticales et angles arrondis. Elle mesure 2,85 x 2,3 m, soit une superficie de 6,08 m2 et est comblée par un sédiment riche

en charbons de bois mélangés à des fragments de céramique, à des objets métalliques et à de nombreuses scories de fer, soit en tout 1816 pièces. Lors du décapage de sa surface, deux poches de sédiment r1 contenant quelques pièces de mobilier ont été observées ; il s’agit sans doute de lambeaux de la couche archéo- logique érodée. Quatre trous de poteau implantés aux angles de ce fond de cabane permettent d’envisager l’existence d’une cou- verture (TP1-4, fig. 28). Leur diamètre varie entre 20 et 25 cm. Ils entament le substrat géologique de fond de vallée 4.2 sur une profondeur de 20 cm.

Faute d’analyse micromorphologique, il n’est pas permis d’éta- blir les différents épisodes d’utilisation et de comblement de la

cabane. Cependant, le mobilier diversifié témoigne de l’utilisa- tion de la fosse comme dépotoir après l’abandon de sa fonction initiale. L’hypothèse d’un emploi en lien avec le travail métallur- gique peut être émise étant donné son emplacement, sa datation et la quantité de matériel lié à la réduction et à la postréduction prélevée dans son comblement (chap 3.6 et 3.7).

3.5.4 Les trous de poteau

Douze trous de poteau sont mis en évidence sur le site (TP5-16). Pour la plupart, ces structures se situent entre les deux fonds de cabane et sont recouvertes par l’aire de rejet des scories de fer (Ar) (fig. 29 et 30). Les négatifs des poteaux ne présentent pas de calage de pierre. Les fosses de creusement, d’un diamètre compris entre 40 et 80 cm, n’ont été observées qu’à quelques reprises (TP5, 7, 8, 11-13, 16). Le diamètre des empreintes des poteaux varie, quant à lui, entre 20 et 40 cm, le TP14 pouvant s’apparenter à un trou de piquet (diam. 10 cm) ; leur profondeur moyenne est d’environ 20 cm. Les trous de poteau 6, 9 et 10 ne présen- tent qu’un remplissage, peu charbonneux ; leur fonctionnement comme poteau ne peut être établi que par leur positionnement par rapport à l’ensemble des structures.

Fig. 28 Plan et coupes du fond de cabane 2 et des trous de po- teau 1 à 4.

Fig. 29 Plans et coupes des trous de poteau 5 à 12.

0 NN1 m 20 cm 456,55 m 456,50 m 456,50 m 456,40 m 456,40 m 456,55 m 4.2 4.2 4.2 3.3 3.3 3.3 3.3 3.3 3.3 3.3 3.3 4.2 4.2 3a 4.2 Coupe 1 Coupe 1 Coupe 1 Coupe 2 Coupe 2 Coupe 2 Coupe 1 Coupe 2 TP1 TP2 TP3 TP4 TP1 TP2 TP3 TP4 Fc2 Coupe 1 Coupe 2 r1 r1 r1

Trou de poteau Fosse de creusement Fond de cabane

20 cm 0 NN2 m TP10 TP10 TP11 TP11 TP12 TP12 TP5 TP5 TP6 TP7 TP7 TP9 TP9 TP8 TP8 3a 3a 3a 3a 3a 3a 3a 3.3 3.3 4.2 456,60 m 456,50 m 456,20 m 456,30 m 456,30 m 456,50 m 456,20 m

BC / AD 500 AD 1000 AD

Un premier groupe est formé par les poteaux 5 à 9 (fig. 29). Deux hypothèses de restitution peuvent être émises. La première relie les poteaux 6 à 9, séparés par une distance de 1 à 1,5 m, sous la forme de deux segments qui se croisent à angle droit. La seconde est formée par les poteaux 5, 7 et 9, distants de 1,8 à 2 m, dont les segments de longueur identique dessinent à nouveau un angle cohérent. Ces deux alignements esquissent le plan partiel d’une petite construction sur poteaux porteurs de type grenier ou remise. Au sud-ouest de cet ensemble, un deuxième alignement est formé par les poteaux 10, 11 et 12 (fig. 29). Orientés selon l’axe nord-est/ sud-ouest, ils sont respectivement espacés de 1 m et de 2 m. Ce segment ne se rattachant à aucune autre structure, il n’est pas pos- sible d’en estimer l’orientation ni la fonction (paroi de bâtiment, palissade, etc.).

Les quatre derniers trous de poteau ont été localisés de manière éparse sur le site : il s’agit des empreintes 13 à 16 (fig. 30). Les alentours de ces structures ne révèlent aucun autre creusement permettant de les relier et de former une hypothèse de restitution. Toutefois, l’emplacement du trou de poteau 14 à proximité du potentiel bas fourneau pourrait être en lien avec le travail qui s’y déroule et constituer l’unique témoignage d’un auvent destiné à abriter les artisans (chap. 3.6). L’attribution de ces trous de poteau au Haut Moyen Age est possible grâce au mobilier archéologique prélevé dans leur remplissage. Il est probable qu’en raison de la mauvaise conservation du niveau archéologique, dans la partie sud, des structures n’y aient pas été perçues lors de la fouille.

3.5.5 Chronologie des structures

Sur onze échantillons de charbons de bois soumis à des data- tions 14C quatre n’ont pas apporté de résultats satisfaisants pour

des raisons diverses (Ua-22244, Ua-23557, Ua-24955 et Ua-33118, fig. 31) : déplacements taphonomiques, possibles contaminations ou encore viciation du processus de dégradation radioactive (Fellner, Federici-Schenardi et al. 2007, p. 161). Les sept datations retenues sont homogènes et étayées par les observations de terrain.

Selon ces données, les structures ont été implantées durant le Haut Moyen Age, lors d’une même phase qui s’est déroulée entre la seconde moitié du 6e siècle et le troisième quart du 7e siècle.

Elles sont cohérentes avec la datation relative apportée par l’ana- lyse du mobilier archéologique (chap. 3.8 à 3.11).

L’occupation de la zone fouillée débute avec l’implantation d’un voire deux fonds de cabane et d’au moins un bâtiment sur poteaux porteurs ayant vraisemblablement subi une réfection. Ce dernier pourrait avoir été endommagé lors d’un épisode de crue ; l’em- pierrement pourrait avoir été aménagé suite à cet épisode. Peu de temps après, cette construction sur poteaux a été recouverte par le ferrier (chap. 3.6 à 3.10). L’abandon du site a dû intervenir dans la seconde moitié du 7e siècle, au plus tard vers 675, étant

donné l’implantation de la sépulture à proximité des structures, sans doute encore visibles à l’époque. Celle-ci est datée de la fin du 7e siècle, voire du tout début du 8e siècle par la parure fémi-

nine (chap. 3.3.3). Aucun indice d’occupation, que ce soit par des structures ou par du mobilier, n’apparaît après la fin du 7e siècle.

Fig. 30 Plans et coupes des trous de poteau 13 à 16.

Fig. 31 Résultats des datations 14C de certaines structures d’occupation.

Str. No analyse Date BP Fc / F1 Ua-19769 1485 ± 50 Fc / F1 Ua-23557 1585 ± 45 Fc / F1 Ua-22244 1650 ± 45 TP8 Ua-24955 1720 ± 40 TP11 Ua-33118 1555 ± 40 Fc2 Ua-20845 1420 ± 45 TP2 Ua-33119 1410 ± 35 TP5 Ua-22243 1390 ± 40 TP9 Ua-23556 1465 ± 40 TP10 Ua-23559 1355 ± 45 TP12 Ua-24956 1445 ± 40 20 cm 0 2 m N N TP15 TP14 TP16 TP13 TP15 TP14 TP16 TP13 3.3 3a 3.3 3.3 3.3 4.2 2 4.2 4.2 457,10 m 457,30 m 456,80 m 456,20 m

3.6 Les aménagements liés à la réduction du