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Partie II : MCS et MECG, quelques spécifications pour l’économie algérienne

Chapitre 3 : la matrice de comptabilité sociale pour l’économie algérienne

1. Structure de base de la matrice EXTER

La matrice EXTER est un exemple de MCS pouvant être appliqué à une économie donnée, d’un pays ou d’une région par exemple. Les transactions devant être enregistrées sont sous forme de variables, qui correspondent à des flux en millions d’unités monétaires courantes pour une année donnée. La matrice EXTER ne couvre que la sphère réelle de l’économie, celle des transactions courantes sur les biens et services, elle ne prend pas en compte les transactions financières relatives aux actifs et aux passifs des agents.

La MCS-EXTER considère que l’économie est ouverte au reste du monde et intègre les échanges avec l’étranger. On y trouve dix-neuf comptes numérotés de 1 à 19 : les deux premiers représentent les facteurs de production (Travail et capital), suivi de cinq comptes d’agents, numérotés de 3 à 7 (ménages salariés, ménages capitalistes comprenant les entreprises individuelles et les rentiers, les entreprises privées, l’État et le reste du monde), quatre branches d’activité de production: deux produisant des biens (agriculture, industrie) , comptes 8 et 9 , et deux autres produisant des services, comptes 10 et 11 (les services marchands, donc ceux vendus par les entreprises, et les services non marchands, qui sont offerts par l’État et mis à disposition du public gratuitement, ou à un coût inférieur à leur prix de revient, comme l’éducation, les services administratifs, la santé, etc.). Quatre comptes de produits composites vendus sur le marché local, numéroté de 12 à 15 : produits agricoles, produits industriels, services marchands et services non marchands. Cette distinction entre produits et branches d’activité permet d’enregistrer les impôts indirects (TVA et droits de douane), et ainsi distingués, entre les flux exprimés aux coûts des facteurs et les flux exprimés aux prix du marché. On y rajoute trois autres comptes appelés « produits exportés », numérotés de 16 à 18 : produits agricoles, produits industriels, services marchands, les services non marchands n’étant pas échangeables, ils ne figurent pas ici, et en fin, un compte d’accumulation.

Tableau 13. Modèle de matrice de comptabilité sociale EXTER

Source: PEP-Laval School on Development Policy Modeling

La lecture de la matrice s’effectue en colonne de la manière suivante :

Les colonnes des branches d’activité (compte 8, 9, 10, 11) donnent le détail du coût de production pour chaque branche. Ces dernières paient les salaires 𝑊𝐿𝑗 (𝑡1,8 à 𝑡1,11) et le revenu du capital 𝑅𝐾𝑗 (𝑡2,8 à 𝑡2,11). La somme de la rémunération des deux facteurs constitue la valeur ajoutée de chaque branche. Elles utilisent également des consommations intermédiaires provenant de l’ensemble des branches d’activités produisant des biens et services marchands, y compris, des produits de la même branche (𝑡8,12, 𝑡9,13, 𝑡10,14). Les totaux des colonnes (8, 9, 10, 11) donnent le coût total de la production de chaque branche. On retrouve ce même total en ligne (8, 9, 10, 11) composé des différentes utilisations de la production, une partie est vendue sur le marché local (𝑉𝐷𝑗), compte (12 à 15), et le reste est exporté (𝐸𝑋𝑗), compte (16 à 18).

Pour la vente sur le marché domestique, des impôts indirects (TVA et droit de douane) s’appliquent aux produits importables, on voit également la valeur des importations par catégorie de produit, qui sont en même temps, des recettes du reste du monde (compte 7). Le total des comptes 12 à 15 représente la valeur des produits aux « prix du marché » (𝑉𝐷𝑋𝑗),

incluant les taxes indirectes (𝑇𝐼𝑗), qu’ils soient produits localement ou importés. Quant au marché d’exportation (compte 16 à 18), les valeurs sont exprimées aux coûts des facteurs, auxquelles on rajoute des taxes ou des subventions, dans notre exemple de MCS, seules les exportations agricoles sont taxées (𝑇𝐸𝐴). Le total des lignes et des colonnes nous donne la valeur des exportations incluant les taxes (𝐸𝑇𝑖). Ces valeurs sont en même temps égales à ce que le reste du monde dépense pour l’acquisition de ces mêmes biens et services (𝑡16,7 ) à (𝑡18,7).

Les biens non marchands ne sont ni importables ni exportables, ce qui fait qu’ils n’apparaissent pas dans la case des importations (𝑡7,15 ) et dans le marché à l’exportation. En suite, une partie de la production de biens et services marchands est vendue en produit de consommation pour les ménages (𝐸𝑗,𝐻𝑊) et (𝐸𝑗,𝐻𝐶), et en produits intermédiaires aux autres branches d’activités, y compris à elle même. Exception faite pour les biens non marchands qui sont entièrement consommés par l’État (𝐺), sous forme de consommations publiques. Le reste de la valeur des produits issus des différentes branches d’activités constitue l’accumulation (compte 19), c’est de la formation de capital propre à chaque produit (𝐼𝑉𝑗). Ce dernier flux est composé de la formation brute de capital fixe (nouvelles constructions, terres agricoles) et de la variation des stocks (stock de céréale pour les produits agricoles ou autres). Le total du compte d’accumulation en colonne est égal à l’investissement de la nation, qui est égal, en ligne, à l’épargne totale de la nation.

La rémunération des travailleurs (𝑊𝐿) versés par l’ensemble des branches de l’économie est égale au total de la ligne du facteur travail, lequel est distribué en colonne 1. Le revenu total des ménages salariés (colonne 1) est utilisé en colonne 3 pour le paiement des taxes (𝐷𝑇𝐻𝐻𝑊) et la consommation de bien, la différence entre leur revenu et le total de leurs consommations est égale à l’épargne. Le revenu du capital total (𝑅𝐾) est la somme de la ligne 2, notons que les services non marchands ne versent pas de revenu du capital pour sa production. La distribution du (𝑅𝐾) à travers les différents agents est donnée en colonne 2. La somme de la ligne 5 (𝑌𝐹) est le revenu total des entreprises composé du revenu du capital, suivant la même logique, l’utilisation de ce revenu s’observe dans la colonne 5, sous forme de taxe (𝐷𝑇𝐹), de dividendes (𝐷𝐼𝑉), le reste représente l’épargne des entreprises. La même lecture

se fait pour les ménages capitalistes10 (ligne 4), auxquels on rajoute dans leur revenu (𝑌𝐻𝐻𝐶), les dividendes versés par les entreprises.

Quant à l’Etat (compte 6), sa lecture en ligne donne les recettes totales versées à l’État (𝑌𝐺), composées d’une part, d’impôts directs : sur les ménages (𝐷𝑇𝐻𝐻𝑤) et (𝐷𝑇𝐻𝐻𝐶) sur les bénéfices des entreprises (𝐷𝑇𝐹), et d’autre part, d’impôts indirects nets de subventions (𝑇𝐼𝑗). Le revenu de l’État est distribué en colonne 6, à travers les transferts vers les ménages (𝑇𝐺) et l’achat de biens non marchands (𝐺). Le reste constitue l’épargne publique. Pour le reste du monde, la lecture est assez simple, ces recettes sont composées du revenu du capital, de dividendes versés par les entreprises et des revenus d’importations. Le total de la ligne étant les recettes du reste du monde (𝑅𝑟𝑜𝑤). En colonne, on retrouve l’utilisation de ces recettes sous forme d’achat des exportations (𝐸𝑇𝑖), la différence entre les recettes et les dépenses est l’épargne étrangère (𝐶𝐴𝐵). Mais en réalité, celle-ci étant la valeur inverse de la balance des paiements courants, une épargne du reste du monde positive est une balance de paiement courant négative ou déficitaire. En d’autres termes, si le reste du monde finance l’investissement total par son épargne, cela implique l’existence d’un déficit extérieur des paiements courants égale au même montant.

10 Les ménages capitalistes sont composés d’entreprises individuelles, d’auto entrepreneurs, de fonction libérale

Tableau 14. Résumé des flux enregistrés dans la MCS-EXTER

Variable Libellé de la cellule dans la matrice 2009

CAB Compte de la balance courante

𝑪𝑰𝒊,𝒋 Consommation intermédiaire du bien i dans l’industrie j

𝑫𝑰𝑽 Dividendes payés aux ménages capitalistes 𝑫𝑰𝑽𝒓𝒐𝒘 Dividendes payés au reste du monde

𝑫𝑻𝑭 Taxe directe sur le revenu des entreprises 𝑫𝑻𝑯𝒉 Taxe directe sur le revenu des ménages

𝑬𝑿𝒊 Exportation du bien i (en hors taxe)

𝑬𝑻𝒊 Exportation du bien i (incluant les taxes)

𝑬𝒊,𝒉 Dépense des ménages h en bien i

𝑮 Dépenses publiques 𝑰𝑴𝒊 Importation du bien i

𝑰𝑻 Investissement total

𝑰𝑽𝒊 Investissement dans le bien i

𝑹𝒓𝒐𝒘 Recette du reste du monde

𝑹𝑲𝑭 Revenu du capital versé aux entreprises

𝑹𝑲𝑯𝑪 Revenu du capital versé aux ménages capitalistes (EI)

𝑹𝑲𝒋 Retour sur capital de la branche j

𝑹𝑲𝒓𝒐𝒘 Revenu du capital payé au reste du monde

𝑹𝑲 Revenu total du capital 𝑺𝑭 Épargne des entreprises 𝑺𝑮 Épargne de l’État 𝑺𝑯𝒉 Épargne des ménages h

𝑺𝑻 Épargne totale

𝑻𝑬𝒊 Taxe sur les exportations du bien i

𝑻𝑮 Transfert public au travailleur

𝑻𝑰𝒊 Taxe indirecte et droite de douane sur le bien i

𝑽𝑫𝒋 Output de la branche j vendu sur le marché domestique (prix à la production)

𝑽𝑿𝒋 Output de la branche j (prix à la production)

𝑽𝑿𝑫𝒊 Bien composite i (prix à la consommation)

𝑾𝑳𝒋 Rémunération payée par la branche j

𝑾𝑳 Rémunération totale payée au travailleur 𝒀𝑭 Revenu des entreprises

𝒀𝑮 Revenu de l’État 𝒀𝑯𝒉 Revenu des ménages h

Source : l’auteur sur la base de la matrice EXTER présenté plus haut.