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Présentation des comptes de la MCS pour l’économie algérienne

Partie II : MCS et MECG, quelques spécifications pour l’économie algérienne

Chapitre 3 : la matrice de comptabilité sociale pour l’économie algérienne

3. Présentation des comptes de la MCS pour l’économie algérienne

La matrice de comptabilité sociale de l’économie algérienne reprend, sous sa forme agrégée, la structure de base de la matrice EXTER présentée plus haut, avec la prise en compte des spécificités propres à l’économie algérienne. La structure finale de la MCS est largement déterminée par la disponibilité des données pour l’année de base (2009), ainsi que la nécessaire compatibilité avec la classification et le niveau de désagrégation établie par le système des comptes économiques algérien (SCEA).

En effet, la MCS présente une synthèse des tableaux entrées-sorties (TES) et des tableaux économiques d’ensembles (TEE) pour l’économie algérienne dans leur version de l’année 2009, les données additionnelles qui ne figurent pas dans ces tableaux sont obtenues à travers plusieurs autres sources d’informations (ministère des Finances, direction générales des douanes et l’office algérien des statistiques).

Étant donné que la structure de la MCS de l’économie algérienne est très semblable de celle de la matrice EXTER, il nous semble pertinent de ne souligner que les spécificités propres à l’économie algérienne. En reprenant les données des TES, TEE, et des autres sources statistiques, les flux sont exprimés en millions de dinars courants pour l’année 2009. Les paragraphes suivants développent leur structure.

3.1. Les branches et les produits

Les secteurs économiques sont classés dans 22 branches d’activités11 produisant différents biens ou services. Cependant, chaque branche produit un seul bien ou un seul service.

Selon la classification des TES, TEE, le secteur agricole est séparé du celui de l’agroalimentaire, l’industrie chimique de celle des hydrocarbures et les services fournis aux ménages de ceux fournis aux entreprises. Toutefois, les deux dernières distinctions ne représentent pas un intérêt particulier pour notre travail, car les impacts au niveau sectoriel désagrégé concernent uniquement le secteur agricole ainsi que les différents sous-secteurs (filières) qui le composent.

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Nous considérons que toutes les branches produisent des biens marchands, à part celle des services publics produits par l’Etat et offerts gratuitement aux citoyens, à savoir, les services non marchands fournis à la collectivité (SERNM). Nous considérons également que 5 branches économiques produisent des services qui ne sont pas considérés comme exportables (STPP, SERMEN, ETABFIN, AI, SERNM). Ces mêmes branches auxquelles on rajoute la branche du commerce (COMM) sont également considérées comme non-importateurs. Les secteurs non importateurs et non exportateurs n’ont aucune relation avec les échanges extérieurs et les marchés internationaux, ils interagissent uniquement au niveau du marché local.

Dans la MCS de l’économie algérienne, on ne fait pas de distinction entre le marché domestique et le marché d’exportation dans l’offre de produits. Contrairement à la MCS EXTER, qui prévoit des taxes à l’exportation, la structure d’exportation de l’économie algérienne n’applique aucune taxe à l’exportation, et donc il n’est pas nécessaire d’inclure un marché pour l’offre de produits d’exportation et un autre pour l’offre de produits composite, nous y reviendrons plus tard dans la structure du commerce extérieur.

3.2. Les facteurs primaires

La MCS que nous avons conçue ne comprend que deux facteurs de production, le travail et le capital. Contrairement à ce qui se fait habituellement pour les MCS agricole, il ne nous a pas été possible d’inclure la terre comme facteur de production utilisé en agriculture, et de ce fait, nous considérons que la dotation en terre est supposée infinie, et n’est pas considérée comme un facteur limitant pour la production agricole. En effet, la terre peut être modélisée dans certains MEGC pour prendre en compte la notion de rareté de cette ressource dans la production agricole. Cependant, chaque modèle doit être adapté à l’objet de recherche et à la problématique étudiée. Dans notre cas, il est peu pertinent de considérer la terre comme un facteur limitant. Ce facteur ne constitue pas un élément central dans les problématiques de développement de la production agricole en Algérie. La taille de la surface agricole utile est de 8,45 millions de hectares, elle représente 19% de la surface agricole totale, avec la possibilité d’extension des surfaces cultivables et la mise en valeur des terres. D’autant plus que l’agriculture modèle mobilise de nouvelles techniques qui minimisent l’utilisation des terres (élevage hors sole, cultures hydroponiques…etc.). Ces éléments renforcent le fait qu’il existe une grande marge quant à la disponibilité de la terre. Il nous a donc paru qu’intégrer ce facteur de production dans le modèle n’aurait pas d’effet majeur sur les résultats du secteur agricole et de l’ensemble des variables économiques.

Pour notre travail, aucune distinction n’est également faite entre les différentes catégories de travailleurs, de ce fait, on suppose que les travailleurs dans leur ensemble sont parfaitement substituables. Certes, une désagrégation des facteurs de production n’a pas été possible compte tenu des données disponibles, mais nous pensons que cela n’affectera pas considérablement les résultats de notre travail, en effet, notre étude d’impact portera essentiellement sur la structure de la demande et pas du tout sur les aspects de productions, par conséquent, le fait d’avoir des facteurs de production agrégés n’influera pas sur la pertinence des résultats obtenus.

3.3. Les agents

La classification des agents contient tout d’abord une agrégation des ménages salariés et des ménages capitalistes12 sous une même catégorie, appelée « ménage », contrairement à ce que nous avons pu voir dans la MCS EXTER. Reprenant les données du TEE, les ménages et les entreprises individuelles sont regroupés ensemble. Faute de données, le fait de ne pas pouvoir distinguer entre les ménages pauvres et les ménages riches nous empêche d’aboutir à une étude d’impact détaillée sur le bien-être de la population. Cependant, nous orienterons notre analyse beaucoup plus sur la variable du prix à la consommation et sur la structure générale de la demande. Nous avons également les entreprises hors hydrocarbures et l’entreprise d’hydrocarbure de l’État (SONATRACH). Cette distinction entre hydrocarbures et le reste des productions est primordiale, d’une part, pour faire ressortir le caractère pétrolier de l’économie algérienne, et d’autre part, cela nous sera nécessaire pour la modélisation vu que le comportement économique des deux catégories d’entreprises est fondamentalement différent.

L’État est éclaté en deux catégories d’agent, L’État en tant que pouvoir public et le fonds de régulation des recettes. Ce dernier a été créé en 2000 avec un double objectif, lutter contre l’inflation et la surévaluation du taux de change, et sécuriser les programmes de développement. Dans la MCS de 2009, on inscrit dans le compte FFR le montant qu’ont versé l’État et l’entreprise des hydrocarbures (Sonatrach) dans ce fonds de régulation.

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Les « Ménages capitalistes » est une caricature utilisée à des fins pédagogiques. Le revenu généré par les entreprises individuelles est un « Revenu mixte » : comme son nom l’indique, c’est un amalgame de rémunération du travail de l’entrepreneur et du capital.

Et pour finir, on retrouve le reste du monde comme un agent représentant les flux internationaux versés ou reçus par l’Algérie en provenance de l’ensemble des pays étrangers.