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Partie III : réforme des subventions du marché du blé, quelle politique privilégier ?

Chapitre 5 : modification du cadre théorique et modélisation du marché du blé

3. Les autres modifications apportées au MEGC de base

3.2. La mesure du bien-être

La mesure du bien-être des ménages repose souvent sur la consommation finale des ménages. La variation du niveau de consommation est susceptible de compromettre le bien-être réel des consommateurs. En travaillant sur une problématique de sécurité alimentaire, l’un des principaux paramètres touchant au bien-être des ménages est incontestablement le niveau de consommation alimentaire des ménages32.

L’indicateur du « bien-être » pouvant être approprié à notre cas d’étude, est calculé dans le modèle de la manière suivante : c’est la différence entre la consommation alimentaire finale 𝐶𝑂𝑎𝑙𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡,ℎ𝐵𝑆 de l’année de base et celle du résultat contre-factuel 𝐶𝑎𝑙𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡,ℎ𝐶𝐹 au prix du marché pour les deux périodes respectives.

Cela nous donne :

EQ79 : 𝑊𝑒𝑙𝑓𝑎𝑟𝑒 = 𝐶𝑎𝑙𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡,ℎ𝐶𝐹 − 𝐶𝑎𝑙𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡,ℎ𝐵𝑆

La variable 𝑊𝑒𝑙𝑓𝑎𝑟𝑒 est donc obtenue par les deux variables ci-dessus. Cependant et afin de quantifier les effets monétaires des gains ou des pertes induites par les simulations, d’autres mesures du bien-être sont calculées. L’une des plus utilisées dans les MEGC est la variation

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équivalente (EV), connue sous le nom de « Hicksian equivalent variation (EV) ». Elle mesure le montant que le consommateur devra avoir en plus ou en moins dans la situation de base, pour avoir la même capacité de consommation après simulation. En d’autres termes, combien devra-t-on rajouter ou diminuer du revenu des ménages de la situation de base pour atteindre le même pouvoir d’achat dans la situation contre-factuelle. Pour l’évaluation du bien-être d’une politique de subvention, Ki-Whan Choi (2006) mobilise cette mesure en quantifiant le changement du bien-être entre la situation d’équilibre avec les subventions et la nouvelle situation en l’absence de subvention. L’auteur conclut que cette mesure est parfaitement appropriée pour calculer et comparer le niveau de bien-être entre la situation de base et la simulation. Robichaud. (2001) nous présente d’une manière synthétique, la méthode d’utilisation de la (𝐸𝑉) comme mesure de bien-être dans les MEGC. Par rapport à la forme fonctionnelle utilisée dans le modèle, la manière de calculer la variable (𝐸𝑉) diffère. En effet, pour une fonction de consommation de type Cobb-Douglass, comme celle utilisée dans notre modèle initial, l’équation de calcul de la variable (𝐸𝑉) se définit comme suit :

EQ80 : 𝐸𝑉 = (∏ 𝑃𝐶𝑂𝑖 𝑖 ∏ 𝑃𝐶𝑖 𝑖

) 𝛾𝑖,ℎ

. 𝐷𝐶𝑀ℎ− 𝐷𝐶𝑀𝑂ℎ

Où 𝑃𝐶𝑂𝑖 et 𝑃𝐶𝑖 sont respectivement le prix de la situation de base, et le prix de la situation contre-factuelle. La distinction entre l’année de base et la simulation est également faite pour le budget de consommation des ménages 𝐷𝐶𝑀. Cependant, dans notre spécification du modèle, nous avons introduit une fonction de (LES) pour caractériser le comportement de consommation des ménages. Le calcul de la variable (𝐸𝑉) n’est donc plus le même, et nous devons y inclure le niveau minimum de consommation pour chaque produit 𝐶𝑚𝑖𝑛𝑖,ℎ, défini dans la fonction de demande. Nous obtenons maintenant la fonction suivante :

EQ81: 𝐸𝑉 = (∏ 𝑃𝐶𝑂𝑖 𝑖 ∏ 𝑃𝐶𝑖 𝑖 ) 𝛾𝑖,ℎ . (𝐷𝐶𝑀− ∑ 𝑃𝐶𝑖. 𝐶𝑚𝑖𝑛𝑖,ℎ 𝑖 ) − (𝐷𝐶𝑀𝑂− ∑ 𝑃𝐶𝑂𝑖. 𝐶𝑚𝑖𝑛𝑖,ℎ 𝑖 )

Une variable (𝐸𝑉) positive montre qu’un gain de bien-être est réalisé, et au contraire, une (𝐸𝑉) négative démontre une perte de bien-être global. La simulation des réformes de régulation du marché va certainement modifier le modèle de consommation des ménages, ce

qui aura un effet direct sur leur bien-être. En enfin, pour le reste du modèle, rien n’a été modifié. Les autres blocs d’équations constituant le modèle initial restent inchangés. La distinction du secteur public et du secteur des hydrocarbures est également maintenue comme telle. Mise à part, les spécifications du marché du blé et de l’introduction des subventions présentées plus haut, la structure générale du modèle et le reste des fermetures macroéconomiques restent les mêmes.

Conclusion

La désagrégation de la MCS ainsi que la prise en compte de certaines variables supplémentaires dépendent directement de l’usage de la matrice. L’objet étudié, la problématique posée et les simulations à tester déterminent la structure finale de la MCS et du MEGC à utiliser. Dans notre cas, le changement de politique de prix du blé impose la prise en compte de ce produit dans la matrice afin de reproduire son fonctionnement spécifique d’une part et d’autre part, de tester certaines simulations touchant ce produit en particulier.

Pour ce faire, il n’existe pas de méthodologie dominante ou de règle précise pour la modélisation des subventions à la consommation. Il faut tout d’abord connaître la nature des subventions et de quelle manière elles sont versées dans l’économie. Par exemple, les aides directes aux ménages et les subventions à la production ne peuvent pas être traitées de la même façon dans une MCS et dans un MEGC. Les subventions que verse l’État algérien pour soutenir la consommation du blé ne concernent pas uniquement les ménages, mais elles sont destinées au marché du blé dans sa globalité. La consommation des ménages, les consommations intermédiaires ainsi que les exportations sont offertes sur le marché à un prix toujours inférieur au prix d’achat (prix international ou prix de la production locale). Par conséquent, la structure du prix du marché, les taxes et l’équilibre sur le marché des biens doivent être adaptés en prenant en compte le versement des subventions.

La prise en compte de ces nouvelles données nous fournit une version du modèle sur laquelle nous allons, dans le prochain chapitre, tester nos hypothèses de recherches, sous forme de simulations. Les résultats obtenus sont analysés à la lumière des éléments empiriques de l’environnement de la filière. L’objectif est de pouvoir dégager des enseignements et une projection à moyen terme sur l’évolution possible de la régulation du marché du blé en Algérie. Nous aurons également un aperçu des impacts attendus de la réforme sur l’économie dans sa globalité et sur la sécurité alimentaire de populations en particulier.

Chapitre 6 : réforme des subventions du blé : résultats des simulations