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Ce travail vise à produire un modèle théorique d’inspiration cognitive, de l’intégrer dans un appareil méthodologique appliqué au discours du vin, et de tester l’ensemble sur corpus pour valider les avancées théoriques et méthod(olog)iques. Il s’organise autour de ces trois objectifs : la première partie est théorique, la seconde est orientée vers le développement d’une méthodologie idoine et la troisième partie est empirique.

0.2.1. Partie théorique

La première partie du travail est constituée de trois chapitres qui amènent progressivement la notion de discours vers une définition cognitive et permet de développer le modèle de l’Analyse

Cognitive de Discours.

[1] reprend les éléments définitoires des travaux de Michel Foucault. Le chapitre se déploie alors autour des trois dimensions principales de la notion de discours – celles-ci font d’ailleurs écho à la structure de l’ensemble de la présente réflexion – : les dimensions sociales, linguistiques et épistémiques. Un discours émerge de la somme de ces différents éléments dont leur récurrence seule et combinée est fréquente en usage. Ce faisant, le discours se reconstruit de l’extérieur vers l’intérieur, du non-standard vers le standard, de l’a-prototypicalité vers la prototypicalité. Précisément, cette approche, qui n’est pas per se linguistique a été opérationnalisée par les travaux successifs de Dietrich Busse depuis sa thèse (Busse 1987) avec en particulier l’article coécrit avec Teubert (1994) qui fait du discours une notion linguistique, car émergeant de textes similaires réunis en corpus – corpus d’étude qui renvoie à un corpus virtuel, idéal qui reflète l’actualisation totale du discours et permet, par l’analyse, d’y accéder. Ce sont donc les liens intertextuels qui fondent les

21 Cf. « [das] Prinzip einer Kopplung von Kommunikation und Kognition andererseits hinsichtlich des Verhältnisses

limites du discours, et les différentes récurrences qui structurent l’organisation interne du discours. Je ferai alors le lien avec l’approche phénoménologique de Merleau-Ponty pour affirmer l’ancrage du discours dans le monde réel (i. e. phénoménal) ([1.3]). Ce détour philosophique nous renverra vers l’école d’Analyse de Discours allemande ou plutôt vers l’école de Düsseldorf réunie autour de Busse (Wengeler [ed.] 2005 ; Wengeler/Ziem [ed.] 2018), dont l’approche est profondément culturelle et (car ?) cognitive.

[2] entend développer ces éléments en articulant les deux notions centrales de la sémantique cognitive moderne à savoir la notion de frame et la notion de construction. La définition de ces notions apportera le moyen de les lier par le truchement des arguments sémantiques et du cadre référentiel (Bezugsrahmen) de von Polenz (2008) et de développer en [3] le modèle de l’Analyse

Cognitive de Discours, qui comme le veut la tradition cognitive, est autant un modèle visant à l’analyse

empirique qu’un outil d’observation et de représentation de phénomènes cognitifs.

Le socle théorique étant développé, il conviendra de lui associer une méthode et une méthodologie adéquates et un corpus.

0.2.2. Partie méthodologique

La Partie 1 en reprenant le travail de Busse et Teubert (1994) pose que le discours émane des textes, et donc que son analyse est en premier lieu une analyse textuelle. [4] fait la démonstration que les publicités en langue allemande collectées et dont les textes extraits forment le corpus d’étude du présent travail. Ces textes relèvent d’un même genre de texte, donc d’un même moule textuel. [4] se découpe, après une introduction sur la notion de moule textuel, en ses quatre dimensions : une dimension pragmatique, une dimension propositionnelle, une dimension informationnelle et une dimension dédiée aux figements. Le moule textuel est à comprendre non pas comme une théorie ou un socle théorique, mais comme une boite à outils analytiques développée par la linguistique textuelle permettant de systématiser des observations sur corpus dans l’optique d’une étude discursive (Adamzik 1994 ; Sandig 2006 : §6 ; Fix 2011 ; Gautier 2009 ; Bach 2017, soumisa ; Schulze 2020 ; cf. également les réflexions de Wildfeuer (2018) sur le lien entre linguistique textuelle et linguistique discursive) :

Il faut faire la distinction entre un moule textuel comme unité de compétence d’action linguistique (connaissances propres aux moules textuels : Antos 1987) et la réalisation d’un moule textuel (Sandig 1987) : un exemplaire textuel, qui est lié à un moule textuel, est produit par un certain individu en relation avec des circonstances concrètes d’action pour une intentionnalité individuelle très spécifique. À cet égard, la réalisation du moule textuel peut contenir des caractéristiques qui ne sont pas présentes dans le moule lui-même ; il est utilisé de manière flexible. Selon le type de problème social standard à résoudre,

le moule dispose d’une marge de manœuvre plus ou moins grande (von der Lage-Müller 1995, 71). (Sandig 2006 : 488)22

L’approche par le moule textuel est selon moi le meilleur moyen d’accéder à des structures discursives et a fortiori à des structures conceptuelles stabilisées dans la mesure où il s’agit d’approcher la réalité langagière par un corpus – un ensemble de textes similaires répondant à un genre de textes – et d’isoler des figements (= actualisations de routines discursives et donc d’automatisations conceptuelles (cf. Stein/Stumpf 2019)) au niveau d’une communauté. Par l’observation du moule textuel se révèlent des conventions socio-épistémo-linguistiques en vue d’actualiser une intentionnalité situationnelle et les écarts individuels peuvent être identifiés, quantifiés et expliqués.

La notion de moule comprend les éléments suivants : les moules sont applicables de manière répétée, ils sont socialement adaptés et typiques, ont une validité conventionnelle et (au regard d’une communauté) intersubjective, ils sont donc également historiquement [i. e. diachroniquement, MB] modifiables, on peut faire des erreurs par rapport au moule, mais aussi s’en écarter intentionnellement. (Sandig 2006 : 488)23

Après avoir démontré que les publicités collectées sont bien des textes et avoir assigné au socle théorique une méthode, il convient de penser une méthodologie portant en elle un protocole d’analyse cohérent avec l’ancrage sémantique et discursif du travail.

[5] présente la conception d’une linguistique du corpus, empruntée à Mukherjee (2010), et détaille le protocole d’analyse. Le corpus d’étude en allemand autrichien est ensuite présenté. Il est abordé par sa face socio-économique et par son aspect qualitatif pour le définir par son versant quantitatif. Le corpus a été compilé du 12 octobre 2017 au 30 juin 2018 et compte 908 publicités de vin en allemand extraites de 210 prospectus de chaînes de supermarchés autrichiennes.

Avant d’en venir à l’analyse de ce corpus, il convient encore de réfléchir à deux de ses aspects identitaires : [6.1] offre une courte réflexion quant au spécialisé et à son intégration dans la pratique discursive. Cela mènera à définir le sensoriel et à détailler sa mise en discours en [6.2].

22 Es ist zu unterscheiden zwischen einem Textmuster als Einheit der Sprachhandlungskompetenz (Textmusterwissen: Antos 1987) und der Textmusterrealisierung (Sandig 1987): Ein Textexemplar, das auf ein Textmuster bezogen ist, wird von einem bestimmten Individuum bezogen auf konkrete Handlungsumstände zu einem ganz bestimmten individuellen Handlungszweck hergestellt. Insofern kann die Textmusterrealisierung Züge enthalten, die im Muster selbst nicht angelegt sind; es wird flexibel eingesetzt. Das Muster weist je nach der Art des sozialen Standardproblems, das zu lösen ist, mehr oder weniger große Spielräume auf (von der Lage-Müller 1995, 71).

23 Das Musterkonzept beinhaltet Folgendes: Muster sind wiederholt anwendbar, sie sind sozial eingespielt und typisiert, haben konventionelle und (bezogen auf eine Gemeinschaft) intersubjektive Geltung, sind damit auch historisch veränderlich, man kann Fehler in Bezug auf das Muster, aber auch intentional davon abweichen.

Le socle théorique développé en première partie, opérationnalisé par les réflexions méthodologiques de cette deuxième partie, est désormais outillé ; il convient de tester l’ensemble sur un corpus authentique et représentatif de la réalité langagière.

0.2.3. Partie empirique

Après une courte analyse en première lecture menée en [7], la troisième partie du travail, à comprendre comme véritable banc d’essai pour le modèle théorique, se structure en écho aux différentes dimensions du moule textuel en intégrant un chapitre intermédiaire dédié à la reconstruction et à la présentation du frame discursif pour le discours relevant de la vente du vin. [8] est dédié à l’analyse systématique des actes illocutoires structurant la dimension pragmatique du moule textuel et permettant de représenter l’intentionnalité générale des individus produisant les textes du corpus.

[9] reprend l’analyse des structures prédicat-argument/s ; cette étape de l’analyse est primordiale dans la présente approche dans la mesure où non seulement elle est la base de l’analyse du frame discursif et des constructions, mais elle sert également à représenter le lien sémantique entre ces deux objets conceptuels.

L’analyse de la linéarisation informationnelle est l’objet de [10] : il s’agira d’isoler les structures thème-rhème et d’en exploiter le potentiel conceptuel dans le but de reconstruire la partie conceptuelle du frame discursif. Cette étape est complétée en [11] avec l’analyse des fixités thématiques qui permet de reconstruire la structure conceptuelle de premier niveau.

[12] vise à assembler les diverses analyses pour reconstruire le frame discursif. Plus que la représentation visuelle du frame discursif, il s’agira d’offrir un bilan intermédiaire à la fois dans la démarche empirique et dans les réflexions épistémologiques quant à l’objet même de ce travail et de l’ambition scientifique sous-jacente.

[13] reprend le fil de l’analyse, en étudiant les différentes constructions structurant la réalisation conceptuello-linguistique du discours. Différents figements déployés dans les textes, en tant que matérialisations de constructions de différents niveaux d’abstraction, seront analysés ce qui permettra de travailler l’articulation figement-construction et figement-texte.

Pour conclure le présent travail, [14] propose un résumé de ces trois volets : théorique, méthodologique et empirique et [14.4] tire quelques perspectives d’applications et de développement.

Partie 1