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Réflexion théorique autour de la notion de discours

Chapitre 2 Vers une Sémantique Discursive cognitive

2.1. Frames et sémantique des frames

2.1.4. L’instanciation discursive des frames

En repartant des propositions de Fillmore et von Polenz, en les contextualisant avec les apports de Minsky et de l’école américaine de linguistique cognitive, tout en prenant en compte les considérations de Barsalou, Ziem (2008a) repositionne une sémantique des frames, qui s’était égarée en considérations lexicographiques106, dans une perspective discursive107 :

106 Cf. Fillmore 2006 : 616 ; et dont nous pourrions considérer qu’elles ont découragé Fillmore puisqu’il a, au terme

de sa carrière, davantage travaillé sur les constructions (1988, 2008 ; Fillmore/Kay 1996, 1999) que sur les frames (cf. Busse 2012 : 249, 676 nbp. 246). Ce qui prouve bien que ce n’était pas l’ambition première de Fillmore, ni d’ailleurs de von Polenz (2008), et que le repositionnement proposé par Ziem et non seulement bienvenu, mais également et surtout salvateur.

107 Analyse (par les métaphores : Ziem 2008a : 421–440) qui, par ailleurs, était programmatiquement proposée par von Polenz (2008 : 190–193) dans une perspective de sémantique discursive, en témoigne sa conclusion (von Polenz 2008 : 193, emphase dans l’original) : « Nicht ‚die Sprache‘ verführt die Menschen, sondern die Menschen sind es, die sich selbst und andere praktisch-semantisch verführen durch stereotype Wahl uneigentlicher Ausdrucksmittel, durch sprachliche Imitationsmode, durch Sprachroutine und durch Verzicht auf sprachkritisches Sprechen und Denken gegen die ritualisierten Sprachkonventionen. »

Si les frames sont considérés comme des frames référentiels, ils diffèrent des frames référentiels de la sémantique phrastique de von Polenz ainsi que des frames prédicatifs de Fillmore dans leur structure référentielle transphrastique : les slots des frames ne concernent pas les slots qui ne peuvent être indiqués qu’au niveau de la phrase ; ce sont plutôt les textes ou les discours qui constituent le format d’accès à partir duquel les

points référentiels possibles sont dérivés (Fraas 1996a ; Konerding 2005 ; Lönneker 2003a ; Ziem 2008).108

(Ziem 2008a : 303 ; emphase ajoutée, MB)

L’apport fondamental de Ziem (2008a), au-delà de sa tentative de rapprochement et d’unification théorique (poursuivie par Varga 2019 et dans les pages qui suivent) est la fine caractérisation des constituants du frame. Dans un frame, Ziem (2008a : 12), dans la lignée de Minsky (1974) et Barsalou (1992), distingue autour de la structure thématique des slots (ou valeurs vides, les terminaux chez Minsky) qui sont des entités conceptuelles spécifiant la structure thématique et instanciant des concepts, qui sont eux-mêmes des frames. Les valeurs instanciées sont déployées dans le texte, et non les slots.

Les frames disposent de ‘slots’, c’est-à-dire que l’objet de représentation peut être défini plus précisément par rapport à divers aspects (mais pas arbitrairement) de connaissances. Comme les frames forment à ce titre des unités schématiques, les spécifications prédictives des frames doivent être appelées ‘valeurs’ ou ‘instances’. Les valeurs (ou instances) ‘occupent’ certains slots. Les locuteurs classent les valeurs dans certains espaces vides d’un frame mobilisé afin de concrétiser une unité d’imagination.109

Les concepts instanciés à la structure thématique du frame sont alors des valeurs de remplissage pour le slot. Il convient dès lors de distinguer les valeurs de remplissage prototypiques, souvent idéales et donc rarement déployées dans le texte, i. e. les valeurs standard, et les valeurs réelles, instanciées dans le texte, et reflétant les connaissances épistémiques et linguistiques de l’individu ainsi qu’une prise de position individuelle sur le monde, i. e. les valeurs concrètes.

Dans le présent travail, une distinction est faite entre deux types de valeurs. D’une part, les valeurs peuvent être motivées par la base de textes donnée (c’est-à-dire par des prédicats réalisés linguistiquement). En (5), par exemple, le slot ‘bénéfice’ est plus étroitement défini par la valeur ‘saut de l’arbre dans la piscine’. Bien que la piscine puisse être utilisée de nombreuses manières différentes, seul ce type d’utilisation spécifique est mentionné. De telles spécifications d’un frame donné dans la structure basale du texte sont désormais appelées ‘valeurs de remplissages (concrètes)’. D’autre part, des valeurs sont également déduites, c’est-à-dire ‘imaginées’ [hinzugedacht], afin de comprendre les expressions linguistiques. En (5), nous supposons que la piscine mentionnée est d’une certaine qualité de matériau,

108 Betrachtet man Frames als Bezugsrahmen, so unterscheiden sie sich sowohl von Bezugsrahmen der von Polenz’schen Satzsemantik als auch von Fillmores Kasusrahmen in ihrer transphrastischen Verweisstruktur: Leerstellen von Frames betreffen nicht Leerstellen, die sich allein auf der Satzebene angeben lassen; vielmehr

bilden Texte oder Diskurse das Zugriffsformat, aus dem sich mögliche Bezugsstellen ableiten (Fraas 1996a; Konerding 2005;

Lönneker 2003a; Ziem 2008).

109 Frames weisen ‚Leerstellen‘ (englisch: ‚slots‘) auf, d.h. das aufgerufene Vorstellungsobjekt kann hinsichtlich verschiedener (aber nicht beliebiger) Wissensaspekte näher bestimmt werden. Da Frames in diesem Sinne schematische Einheiten bilden, sollen prädikative Spezifizierungen von Frames „Werte“ oder „Instanzen“ genannt werden. Werte (bzw. Instanzen) ‚besetzen‘ bestimmte Leerstellen. Sprachbenutzerinnen und Sprachbenutzer kategorisieren Werte in bestimmte Leerstellen eines aufgerufenen Frames, um eine Vorstellungseinheit zu konkretisieren.

a une certaine taille et profondeur de piscine, etc. Ces valeurs supplémentaires, qui sont dérivées du texte, sont appelées ‘valeurs par défaut’ (en anglais : ‘default values’).110 (Ziem 2008a : 13)

Le potentiel sémantique et discursif de la notion de frame se loge précisément dans la comparaison contrastive entre valeurs standards et valeurs concrètes, en concevant l’écart sur un continuum dynamique. En effet, les différences constatées entre les deux types de valeur témoignent de la différence entre :

 connaissances conventionnalisées et connaissances acquises par entranchment (Langacker 2008) ;

 connaissances sociales et connaissances individuelles (Tomasello 2003 ; Goldberg 2019) ;

connaissances sédimentées dans une communauté et connaissances latentes (cf. ici l’évolution des discours du nucléaire, Varga 2017, 2019).

Ces différents éléments se résument ainsi :

FRAME

S1 S2 S3

VS1 VS2 VS3

VC1 VC2 VC3

Fig. 9 : Un frame, ses composants et leurs relations (adapté de Ziem 2008a : 242)111

On visualise ici à la fois le continuum dynamique distinguant valeurs standard et valeurs concrètes, ainsi que la différence de sens entre ces valeurs ; Ziem (2008a : 347) spécifie la notion de valeur standard comme suit :

Revenons aux questions initiales. Quel est le statut des valeurs par défaut ? Et comment sont-elles créées ? Les réponses préliminaires sont les suivantes : structurellement, les valeurs par défaut correspondent à des prédictions implicites, qui diffèrent des prédictions (quasi-)explicites en ce sens que les utilisateurs de la langue doivent récupérer des informations en mémoire. Les valeurs par défaut correspondent à ces informations récupérées. Ce sont des produits émergents de notre usage linguistique, car ils naissent à condition que des relations schéma-instance récurrentes conduisent à une consolidation cognitive du token instancié par une fréquence de token élevée. Une consolidation

110 In der vorliegenden Arbeit wird dabei zwischen zwei Typen von Werten unterschieden. Zum einen können Werte durch die gegebene Textbasis (d.h. durch sprachlich realisierte Prädikate) motiviert sein. In (5) ist beispielsweise die Leerstelle „Nutzen“ durch den Wert „vom Baum in den Swimmingpool springen“ näher bestimmt. Zwar kann der Swimmingpool vielfältig genutzt werden, genannt ist aber nur diese eine bestimmte Art der Nutzung. Solche in der Textbasis gegebene Spezifizierungen eines Frames werden fortan „(konkrete) Füllwerte“ (englisch: „fillers“) genannt. Zum anderen werden Werte aber auch inferiert, d.h. ‚hinzugedacht‘, um sprachliche Ausdrücke verstehen zu können. So gehen wir in Beispiel (5) davon aus, dass der erwähnte Swimmingpool von einer bestimmten materiellen Beschaffenheit ist, eine bestimmte Größe und Beckentiefe hat etc. Solche hinzugedachten, auf der Textbasis erschlossenen Werte heißen „Standardwerte“ (englisch: „default values“).

cognitive est à prévoir, en particulier pour les valeurs qui appartiennent à un niveau d’abstraction moyen. Cependant, les consolidations de valeurs n’ont pas nécessairement un effet durable. Dans la mesure où les relations schéma-instance qui ont autrefois conduit à l’émergence d’une valeur standard ne se produisent plus à la même fréquence en raison de l’usage linguistique, les valeurs standard peuvent changer et éventuellement être remplacées par d’autres. Ce processus cognitif est crucial pour l’évolution [diachronique] de la langue.112

Ziem (2008a : 343) s’appuie sur le principe que la récurrence d’une structure linguistique est autant dans sa forme matérielle concrète que dans sa structure généralisée qui reflète un haut degré de saillance cognitive correspondant à un haut de degré de fossilisation cognitive et donc d’entranchment. Or, ceci implique une routinisation de processus cognitifs pour produire ladite structure (Ziem (2008a : 118) qui se retrouve dans l’architecture du frame et dans le type de valeur correspondant aux concepts instanciés (cf. en résumé : Busse 2012 : 602–603).

Ce processus cognitif d’instanciation par la fréquence est synonyme de stabilité pour l’individu et sa communauté ; ce qui est nécessaire pour permettre la communication en employant ces structures stabilisées et reconnues (Tomasello 2003 : 41–42), et signifie également un dynamisme structurel et systémique de la cognition humaine et de l’organisation des frames. Ainsi, si une structure linguistique émerge et voit son utilisation augmenter et sa fréquence d’emploi se stabiliser à un certain taux, la structure gagne en saillance et en entranchment pour remplacer une ou des autres structures linguistiques et impulser une variation diachronique dans l’inventaire linguistique (et conceptuel) d’une communauté (cf. Diessel/Hilpert 2016).

D’un point de vue discursif, cela permet de mettre en rapport les stades de saillance et d’entranchment de différentes connaissances pour différents individus et de les comparer avec la communauté : la molécule discursive déployée par un individu – i. e. le réseau de frames spécifique à une partie d’un discours – devient alors observable ou le déploiement et la constitution de molécules discursives chez plusieurs individus deviennent étudiables. La possibilité d’étendre ces observations mènera à la reconstruction d’un espace discursif, i. e. du réseau de frames d’une communauté et d’observer le degré de stabilité de l’ensemble (cf. Wengeler 2003).

112 Kommen wir zurück zu den Ausgangsfragen. Welchen Status haben Standardwerte? Und wie entstehen sie? Die vorläufigen Antworten lauten folgendermaßen: Strukturell entsprechen Standardwerte impliziten Prädikationen, die sich von (quasi-)expliziten Prädikationen darin unterscheiden, dass Sprachbenutzer und Sprachbenutzerinnen Informationen aus dem Gedächtnis abrufen müssen. Standardwerte entsprechen solchen abgerufenen Informationen. Sie sind emergente Produkte unseres Sprachgebrauchs, denn sie entstehen unter der Bedingung, dass rekurrente Schema-Instanzbeziehungen durch eine hohe Token-Frequenz zu einer kognitiven Verfestigung des instantiierten Tokens führen. Eine kognitive Verfestigung ist dabei insbesondere bei solchen Werten zu erwarten, die einem mittleren Abstraktionsniveau angehören. Konsolidierungen von Werten wirken jedoch nicht zwangsläufig nachhaltig. In dem Maße, wie jene Schema-Instanzbeziehungen, die einst zum Entstehen eines Standardwertes geführt haben, sprachgebrauchsbedingt nicht mehr in derselben Frequenz auftreten, können Standardwerte sich ändern und ggf. durch andere ersetzt werden. Dieser kognitive Prozess ist entscheidend für Sprachwandel.

Accéder à une telle approche peut également permettre une saisie plus globale d’un discours et faciliter l’observation des ressorts de connaissances impliqués dans le traitement de l’information spécifique lié à un discours (cf. Spieß 2011 pour les discours de la bioéthique ; Busse et al. 2018 pour le discours du droit) et, encore plus généralement, les évolutions linguistiques en tant que conséquences finales d’évolution discursive et épistémologique d’une communauté pourront être préciséments analysées (cf. Varga 2019 pour l’évolution du discours du nucléaire) (cf. Felder 2009 : 35–47 pour un argumentaire similaire).

Il devient évident avec les réflexions de Foucault puis de l’article de Busse et Teubert et essentiellement des travaux de Busse que le discours s’approche par l’observation de récurrences linguistiques, permettant d’accéder à des stabilisations discursives, reflétant elles-mêmes des structures conceptuelles figées d’un discours. La mise en relation de ces figements multidimensionnels permet de reconstruire un discours donné à un moment et en un lieu donnés pour une communauté d’individus. En effet, ces figements reflètent des routines discursives conventionnalisées et prototypiques. Comme déjà proposé ailleurs (Bach 2017), la présente perspective approche le discours par sa prototypicalité (cf. également Busse 2012 : §7.5). Celle-ci est par ailleurs un élément central de la sémantique des frames : Minsky (1974) parle lui de stéréotype, de standardisation ou de précédentialité, mais il s’agit bien comme chez Barsalou (1992) de prototypicalité (cf. Busse 2012 : 595–596). Cela permet de poser que les frames organisent prototypiquement des connaissances prototypiques et que l’ensemble est généré prototypiquement au regard d’une situation de communication prototypique (Busse 2012 : 598). Les caractéristiques théoriques de la notion de discours telles que proposées par Foucault (1969 ; cf. [1.1]) se retrouvent bien dans cette construction théorique.

Une notion fondamentale de la sémantique des frames permet d’exploiter cette prototypicalité et de faire des frames un outil incontournable pour une saisie sémantique du discours : les valeurs par défaut (ou assignation par défaut chez Minsky). Identifier les valeurs par défaut idéales permet de dresser la structure prototypique du frame, en suivant les traces cognitives laissées par les routines conceptuelles, et donc de circonscrire un discours.

La fonction des valeurs par défaut est qu’elles permettent de soulager l’activité cognitive explicite. Cela est dû au fait que pour comprendre (reconnaître) les remplissages spécifiques pour les slots ouverts des frames, il suffit de chercher si les valeurs standard ne sont pas suffisantes ou ne conviennent pas. Les valeurs par défaut de Minsky ont un effet de soulagement cognitif, en particulier parce que dans les frames en question, les points d’appariement / slots sont seulement représentés par des ‘pointeurs’, les détails concrets sont seulement ensuite fournis par les frames associés auxquels ces ‘pointeurs’ ‘pointent’. Selon Minsky, les valeurs standard ne sont que ‘vaguement liées’ aux slots qui s’y ‘réfèrent’. Par conséquent, ils peuvent facilement être remplacés par du matériel épistémique déviant concret correspondant davantage à une situation plus spécifique, dès que le contexte ou l’utilisation spécifique

du frame l’exige. Ainsi, la structure de base des frames selon Minsky est une combinaison d’éléments et de structures fixes plus des éléments variables.113 (Busse 2012 : 599)

L’analyse de discours consiste dès lors à mettre en évidence les variations entre la valeur standard attendue – reflet de la sédimentation sociolinguistique impulsée par la conventionnalisation des connaissances (Ziem 2005a, 2008a : 343–347 ; Busse 2012 : 603, 610) – et les valeurs concrètes, de mesurer et quantifier ces variations et de les expliquer épistémologiquement (cf. Schultz-Balluff 2018b).

Une telle conception et un tel emploi de la notion de frame permettent d’entrer de plain-pied dans l’ère cognitive de la sémantique référentielle en renvoyant la structure de l’espace cognitif déployé pour le traitement de l’information de son rappel en mémoire à long terme à son instanciation conceptuelle et sémantique et son déploiement dans le texte. Pour ce faire, il convient d’accepter le principe d’une cognition holistique et écologique dynamique :

Au-delà de la position dominante sur le plan holistique/modulariste, les points suivants sont largement incontestés :

Le langage humain est une ‘fenêtre’ sur la cognition. La cognition n’est pas un phénomène de boîte noire ; les analyses linguistiques permettent plutôt de faire des déclarations empiriquement valables sur les processus cognitifs.

La formation et la compréhension d’expressions linguistiques (de manière récursive) sont une capacité cognitive particulièrement complexe qui comprend des aspects procéduraux et représentationnels.

D’un point de vue procédural, l’analyse de la compréhension linguistique et de ce qui détermine cette performance de compréhension est le point central de l'étude.

Des facteurs psychologiques tels que la capacité et la structure de la mémoire humaine et le principe méthodologique de l’économie cognitive doivent être pris en compte. (Ceci est dû au fait qu’un nombre limité de capacités cognitives et un inventaire limité de formes d’expression linguistique permettent la (re)production de contenus expressifs potentiellement illimités). La grammaire est un modèle (hypothétique, car dépendant de la théorie) permettant de décrire

et d’expliquer les aspects des processus de compréhension linguistique d’une manière psychologiquement réaliste.114 (Ziem 2008a : 45)

113 Die Funktion der Standard-Werte liegt darin, dass sie die Entlastung von expliziter kognitiver Aktivität ermöglichen. Diese findet dadurch statt, dass nur dann im Verstehen (Erkennen) gezielt nach spezifischen Füllungen für die offenen Slots von Frames gesucht werden muss, wenn die Standard-Füllungen nicht ausreichen oder nicht passen. Kognitiv entlastend wirken die Default-Werte nach Minsky vor allem dadurch, dass in den fraglichen Frames die Anschlussstellen / Slots lediglich als ‚Pointer‘ figurieren, die konkreten Details dann erst durch die relationierten Frames beigesteuert werden, auf die diese ‚Pointer‘ ‚zeigen‘. Standard-Werte sind mit den Slots, die auf sie ‚verweisen‘, laut Minsky nur ‚locker verknüpft‘. Daher können sie leicht durch konkretes abweichendes epistemisches Material ersetzt werden, das besser zur spezifischeren Situation passt, sobald dies vom Kontext oder der spezifischen Verwendung des Frames erfordert ist. Damit ergibt sich als Grundstruktur der Frames nach Minsky eine Verbindung aus festen Elemente [sic !] und Strukturen plus variablen Elementen.

114 Über die Frontstellung holistisch/modularistisch hinweg sind folgende Punkte weitgehend unbestritten:  Menschliche Sprache ist ein ‚Fenster‘ zur Kognition. Kognition stellt kein Blackbox-Phänomen dar;

vielmehr lassen sich durch Sprachanalysen empirisch valide Aussagen über Kognitionsprozesse machen.  Sprachliche Ausdrücke (rekursiv) zu bilden und zu verstehen, stellt eine besonders komplexe kognitive

Fähigkeit dar, die sowohl prozedurale als auch repräsentationale Aspekte einschließt.

 In prozeduraler Hinsicht steht die Analyse sprachlichen Verstehens und dessen, was diese Verstehensleistung mitbestimmt, im Mittelpunkt der Untersuchung.

La saisie du sens sera donc pleine et holistique ou ne sera pas : voici en substance la proposition de Ziem (2008a ; cf. pour les discours du vin : Gautier 2018c). Or, pour ce faire il convient de saisir le sens dans le texte, en tant qu’artefact d’un processus sociolinguistique, et prendre en compte l’ensemble des paramètres conceptuels associés à la production de cet artefact afin de remonter du texte à la cognition. Ce passage déductif passe par l’analyse de la syntaxe en déployant une approche grammaticale (lato sensu) permettant d’abstraire le sens de la forme et de reconstruire l’information transférée par la recomposition analytique des particules de sens mises en évidence. L’étude de l’information transférée permet de reconstruire l’espace cognitif, mais nécessite une approche psychologique et sociologique pour évaluer correctement le poids de chaque composant.

Sont discursif dans les frames alors deux éléments :

 Les valeurs standards : ce qui est prototypique ou ne l’est pas et l’écart entre ce qui relève d’une catégorie et ce qui n’en relève pas (ou plus) est discursif par nature (Mondada/Dubois 1995 ; Varga 2019 : 13) ;

 L’instanciation de valeurs de remplissage : certaines valeurs sont nécessaires, d’autres optionnelles, d’autres encore inutiles. Ces niveaux de nécessité relèvent des connaissances partagées par les individus d’une communauté, ce qui est discursif par nature (Foucault 1969, [1]).

Concernant le deuxième point sur le caractère discursif des valeurs de remplissages, les frames ne sont rien d’autres que la matérialisation du programme méthodologique de Foucault (1966, 1969, 1971) et de sa tripartition linguistique, sociale, épistémique dans la mesure où l’acquisition des frames est certes individuelle, mais motivée par la pratique sociale au sein d’une communauté. Cela confère aux individus de cette société un stock de connaissances commun permettant à chaque individu de comprendre l’autre :

De telles structures individuelles émergent des expériences propres à l’individu, mais aussi en interaction avec les structures de connaissances d’autres individus sous la forme d’un apprentissage à partir de leurs expériences rapportées et d’un partage communicatif de leurs propres expériences avec d’autres. De cette façon, les frames sont des modèles de connaissance pertinents pour l’interaction et la compréhension communicatives dans un collectif. Nous nous comprenons les uns les autres, car nous sommes capables de construire des frames qui sont structurellement (slots) et du point de vue du

 Rechnung zu tragen ist dabei psychologischen Faktoren wie der Kapazität und Struktur des menschlichen Gedächtnisses sowie dem methodologischen Prinzip der kognitiven Ökonomie. (Denn eine begrenzte Anzahl kognitiver Fähigkeiten und ein begrenztes Inventar sprachlicher Ausdrucksformen ermöglichen die (Re-)Produktion potentiell unbegrenzt vieler Ausdrucksinhalte.)  Grammatik ist ein (hypothetisches, weil theorieabhängiges) Modell, mit dem Aspekte sprachlicher

contenu (fillers) suffisamment similaires aux frames de (la communauté de) la personne avec laquelle nous communiquons, soit sur la base de connaissances déjà stockées, soit sur la base de nouvelles idées provenant de la combinaison effectuée par l’apport de connaissances stockées.115 (Engberg 2020 : 10– 11)

Le socle théorique de la communication des connaissances (Knowledge Communication ; cf. Kastberg 2018a, 2018b, 2019) permet dès lors d’opérationnaliser cette approche en considérant que :

i) les connaissances sont des artefacts modélisables et représentables matériellement (dans des documents, par des visuels, etc.) – ce qui se base également sur l’idée qu’il n’existe pas de distinction nette entre connaissances et langues ;

ii) les connaissances peuvent être transférées d’un individu à un autre, d’une communauté à une autre, d’une génération à une autre ;