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Réflexion théorique autour de la notion de discours

Chapitre 3 L’Analyse Cognitive de Discours

3.2. Le modèle de l’ Analyse Cognitive de Discours

3.2.4. Les constructions : derniers maillons discursifs

Pour affecter à une construction un sens discursif, il convient de revenir d’abord à la source cognitive et sociale de l’émergence des constructions. En effet, les constructions, comme entités langagières à l’interface entre connaissances épistémiques et connaissances linguistiques, se sont développées pour soutenir et améliorer le transfert intentionnel entre individus et permettre ainsi de coopérer davantage en vue d’atteindre un objectif commun profitant à la communauté. Or, pour transférer au mieux l’intention,

Tomasello (1999) a proposé qu’une seule adaptation biologique ait été impliquée dans toutes ces compétences culturelles, à savoir la compréhension des états intentionnels et mentaux d’autres personnes (une capacité qui fait défaut aux individus atteints de cas graves d’autisme). Lorsque Homo

Sapiens a commencé à comprendre que les autres individus ont des états intentionnels et mentaux, il a

naturellement voulu manipuler ces états à des fins de coopération et de compétition. Cela a engendré la création de conventions symboliques – des dispositifs de communication uniquement humains qui ne sont pas partagés, même en partie, par d’autres espèces animales dans leur environnement naturel (qui ne pointent ni ne se montrent même pas des choses les uns aux autres). Cela semblerait indiquer que l’adaptation permettant la communication symbolique n’a évolué qu’après que les humains se soient différenciés des autres primates il y a environ 6 millions d’années – peut-être même en train de devenir des humains modernes il y a environ 200 000 ans.213 (Tomasello 2003 : 291)

Ces unités symboliques ont été développées en associant une intention et une forme élémentaire (i. e. un regard, un geste, un bruit), ces unités symboliques se sont complexifiées jusqu’à devenir les constructions modernes (Feilke 1996 : 26–27). La raison menant à l’émergence de symboles

212 Satzsemantisch wie diskursanalytisch sind die Wissensrahmen die wichtigsten Formen der wortbezogenen Kontextualisierungen. Da Wissensrahmen in der Regel typisierte Wissensformen darstellen, gehören sie als typisierte Kontextualisierungen elementar zum wortspezifischen semantischen Wissen und sind von ihm (und seiner linguistischen Analyse – gegenteiligen Behauptungen zahlreicher Vertreter der Mainstream-Linguistik zum Trotz) schlechterdings nicht zu trennen. Dies schließt allerdings nicht aus, dass in konkreten Texten nicht auch Kontextualisierungen vorgenommen werden könnten, die die gewohnten typisierten Einbettungen in Wissensrahmen dadurch durchbrechen, dass sie Elemente aus Wissensrahmen kombinieren, die üblicherweise nicht kombiniert werden (z.B. ‚kühne Metaphern‘ oder andere, wirklichkeitsfremde, die Denkgewohnheiten durchbrechende rhetorische Figuren). Sobald solche Formen von Einbettungen aber häufiger oder sogar regelmäßig wiederholt werden, werden sie selbst wieder zu Mustern bzw. typisierten Wissensrahmen eigenen Rechts, deren Einbettungsfunktion dann hinsichtlich des Kontextualisierungspotentials von relevanten Wortzeichen Teil deren wortsemantisch relevanten Wissens werden kann. Fazit: Zwischen Prädikationsrahmen und Wissensrahmen bestehen enge Beziehungen, die es fraglich erschienen lassen, ob man es dabei nicht mit zwei verschiedenen Facetten ein- und derselben Kontextualisierungsform zu tun hat.

213 Tomasello (1999) proposed that there is a single biological adaptation involved in all of these cultural skills, namely an understanding of the intentional and mental states of other persons (an ability which persons with severe cases of autism lack). When Homo sapiens began to understand that other people have intentional and mental states, they naturally wanted to manipulate these states for various cooperative and competitive purposes. This engendered the creation of symbolic conventions – uniquely human communicative devices not shared, even in part, by other animal species in their natural environments (who do not even point or show things to one another). This would seem to suggest that the adaptation enabling symbolic communication evolved only after humans diverged from other primates some 6 million years ago—perhaps even in the process of becoming modern humans some 200,000 years ago.

stabilisés exploités de manière récurrente est la capacité ultérieure à augmenter la vitesse d’interprétation du symbole et d’en limiter l’amplitude fonctionnelle potentielle, donc de fluidifier la communication tout en augmentant ses chances de succès.

La reconnaissance du fondement situationnel et social des constructions implique ipso facto le fait qu’elles sont discursives sui generis. En effet, une construction est acquise par généralisation et instanciation d’une catégorie en identifiant d’abord son fondement intentionnel, donc sa fonction sociopragmatique et son rôle de modifieur cognitif et/ou situationnel. Cette intention est ensuite généralisée et associée à une situation de communication, de telle manière qu’un bébé reconnaît dans une situation de communication un certain nombre (restreint) d’intentions possibles, ce qui lui permet de les reconnaître, de les comprendre et petit à petit d’y répondre (d’abord par une modification mentale puis comportementale et enfin en produisant un acte de communication). Dans un second temps, l’intention est couplée à des schémas matériels récurrents, d’abord des sons (des intonations notamment), puis des mots, puis des groupes de mots et des structures argumentales se complexifiant progressivement. Là encore, ces schémas récurrents sont ancrés dans une catégorie d’intentions associée à une catégorie de situations de communications ; par conséquent, la forme est aussi teintée d’une couche sociale. Le couplage de la forme à la fonction est pris dans la situationnalité contextuelle et relève d’un positionnement discursif : parmi l’inventaire d’intentions acceptables, une seule est sélectionnée, puis parmi les schémas argumentaux possibles, un est sélectionné au lieu d’autres et parmi les formes appareillables, une seule est sélectionnée. L’ensemble relève des connaissances discursives propres à chaque schéma et chaque forme en situation de communication. En fonction de l’objectif communicationnel du locuteur, seule une possibilité est jugée la plus satisfaisante (principe du good enough) et déployée dans la situation de communication. Les constructions sont donc par définition des objets fonctionnels ancrés dans le discours, car acquis, stocké, contraint et exploité par lui.

Les constructions, en tant que schémas linguistiques, donnent, sur la base de leurs réalisations, une indication sur comment, à quel moment, de quelle manière, par qui, à qui et sur quel sujet il a été discuté.214 (Lasch 2015a : 505)

Autrement dit, les constructions sont des conventions sociales exprimant des routines discursives elles-mêmes fruits de routines cognitives (Ziem/Lasch [eds.] (2015) : titre). Une analyse synchronique peut mettre en évidence ces conventions et ces routines, mais elle peut être complétée par une analyse diachronique pour examiner comment elle se sont développées, se sont stabilisées

214 Konstruktionen geben als sprachliche Muster anhand ihrer Realisierungen einen Hinweis darauf, wie zu welcher Zeit in welcher Art von wem, zu wem und über welches Thema gesprochen wurde.

et ont évolué au fil de l’usage (cf. i. a. Merten 2018 ; Sommerer 2018 (en particulier §4 pour un tour d’horizon sur la diachronic construction grammar)). Pour l’exemple215, Smirnova (2016) étudie sur corpus l’évolution de la construction <[zu] + [Inf.]> en allemand comme « Er muss lernen, nein zu sagen. » L’hypothèse est que le goupe infinitival introduit par zu n’est pas le résultat d’un processus complexe menant à ce que ce dernier216 soit un complément de la proposition principale, mais qu’il s’agit d’une multitude de chemins évolutionnaires. C’est précisément par une étude constructionnelle que Smirnova (2016 : 291) peut arriver à circonscrire et quantifier ces phénomènes. En première instance, l’analyse du corpus (Smirnova 2016 : 504) montre une évolution des usages entre le moyen haut allemand et le moyen haut allemand tardif avec en particulier un élargissement des verbe-matrices servant à la génération du groupe infinitival (nötigen,

befehlen, erlauben (en majorité) puis zwingen, empfehlen, gebieten et surtout erlauben) et une nette

augmentation de l’emploi (passant de 0 à 5 % à une fréquence entre 15 et 45 %). L’analyse permet d’abord d’écarter ou d’atténuer les explications précédentes (grammaticalisation, évolution du modèle strictement infinitival, influence de la proposition avec dass).

(1) Ich ließ es mir gefallen, als der Meister einen Lehrling aufnahm und mir befahl, demselben auf der Bank Platz zu machen.DWDS

(2) Der Rittmeister Montmorency von den 21. Lancers stieß mit einer überlegenen feindlichen Streitmacht, die Artillerie mit sich führte, zusammen und wurde im Laufe des Sonnabends gezwungen, sich nach Dordrecht zurückzuziehen, was in guter Ordnung geschah.DWDS

(3) Der Kalifa ist vernichtet, Indien bleibt allem Anschein nach ruhig, der Zar ist durch die Friedens – Konferenz moralisch verpflichtet, wenigstens nicht unmittelbar daraufeinen großen Krieg anzufangen, und Frankreich steht im Zeichen der Weltausstellung, die ihm gebietet, Frieden zu halten. DWDS

L’explication proposée est la suivante : il y a eu un double développement parallèle entre l’évolution propre de certains verbes comme befehlen et erlauben (Smirnova 2016 : 515–517) et l’évolution fonctionnelle d’autres éléments linguistiques comme le groupe infinitival introduit par zu et le groupe propositionnel introduit par dass. L’évolution de <zu + [Inf.]> en allemand est donc complexe et plurifactorielle (Smirnova 2016 : 521). Cette explication est par ailleurs la même pour la construction <[v.] + sur/à + [ville]> : ce fut une erreur de considérer la construction en tant que

215 Pour un autre exemple en français et au niveau du discours, cf. mes réflexions sur <[Je suis] + [Charlie]> : https://youtu.be/8JqQal-p61o (13 janvier 2021).

bloc. Il s’agit davantage d’une double construction <[v.] + sur/à> et <sur/à + [ville]>. C’est bien l’analyse constructionnelle sur corpus qui permet de mettre en évidence cette finesse dans l’usage linguistique et surtout qui permet d’accéder aux structures discursives sous-jacentes à l’émergence et ensuite à la manipulation d’une construction au profit d’une autre (Bach 2020b). L’intégration des variables sociales et culturelles permettra de faire passer l’analyse d’une étude constructionnelle à une étude discursive par les constructions. Lorsque ces approches sont couplées à des méthodologies sur corpus modernes comme avec des systèmes d’apprentissage automatique (machine learning), elles peuvent apporter des résultats et des avancées linguistiques tout à fait innovantes et stimulantes (cf. Merten/Tophinke 2019).

Lasch (2015a : 504) a procédé à un raisonnement similaire à celui exposé infra concernant le lien entre (i) une construction, (ii) une routine cognitive et (iii) une convention sociale en s’interrogeant sur les limites de la notion de construction : une construction s’arrête-t-elle à la phrase (comme cela est postulé par Goldberg (1995, 2006)) ou peut-elle s’étendre à l’énoncé ?217 On pourrait supposer que les constructions, puisqu’elles encapsulent des connaissances épistémiques parfois complexes (cf. Tomasello 2008 : §6), ne puissent être restreintes à une phrase et devraient s’étendre à l’ensemble du texte. Le texte serait la réalisation constructionnelle d’un schéma constructionnel – i. e. le texte serait l’exemplaire d’un genre de textes (compris comme catégorie : cf. [4.1.1]) et le moule textuel (cf. [4.3]) une construction (dans cette perspective : Czicza 2015 ; Stein/Stumpf 2019)). Partant, on considérerait que les textes sont des constructions (au sens vague) et ce qu’ils soient courts comme un SMS, moyens comme un catalogue IKEA ou longs comme la présente thèse ; si l’argument semble tenir pour un SMS ou éventuellement un court texte, il me semble être nettement plus fragile pour un catalogue, une monographie ou une thèse. En effet, dans le premier cas de figure le texte est écrit en une seule fois, il intègre l’ensemble d’un processus conceptuel ayant un début et

217 « Das Dilemma ist: Fasste man die Konstruktion ausgehend etwa von der Goldberg’schen Setzung „[t]he totality of our knowledge of language is captured by a network of constructions“ (Goldberg 2003, 219) als einziges Format sprachlichen Wissens auf, dann gelte auch ein Aussagenkomplex als Konstruktion. Aussagenkomplexe als argumentative Einheiten sind, da oberhalb der Periphrase angesiedelt, zwar sehr abstrakt. Auch sind sie nur noch minimal spezifiziert. Häufig erkennt man sie an bestimmten Konnektoren und Diskursmarkern, kategorisiert werden können sie etwa anhand der Art und Weise, wie verschiedene Aussagen zu komplexen Einheiten (z. B. Datum, Schlussregel und Argument) verbunden werden. Diese Verhältnisse könnte man als recht abstrakte Form der Bedeutung von Argumentationsmustern und schließlich Textmustern und damit als Konstruktionen auffassen. Auch wenn einige Ansätze der Konstruktionsgrammatik dafür plädieren, dass Einheiten wie Aussagenkomplexe und Texte in letzter Konsequenz als Konstruktionen beschrieben werden können, so muss forschungspraktisch die Frage gestattet sein, welchen Gewinn man aus dieser Setzung zu ziehen hofft (vgl. Lasch 2014b). Für den Moment ist eingeführten und etablierten Konzepten und Begriffen der Vorzug zu geben und der Konstruktionsgrammatik die Anschlussfähigkeit auszustellen; die aktuelle Diskussion läuft tatsächlich darauf zu, den Konstruktionsbegriff nicht auf diese abstrakteren Muster und Schemata auszudehnen und wird vor allem von den Forschern vertreten, die sich der Untersuchung der geschriebenen Sprache widmen. » (Lasch 2015a : 508)

une fin qui correspond au premier mot et au point final du texte, dans le deuxième cas de figure, prenons l’exemple de cette thèse, le produit fini est le résultat d’un mélange de débuts de réflexions (i. e. de début de processus conceptuels) arrêtés puis repris, déplacés matériellement d’un chapitre à l’autre, d’une partie à l’autre, un segment (autant matériel que conceptuel) a pu être supprimé, modifié quelques mois plus tard, etc. En bref, le produit fini que représente le manuscrit de la thèse est en déphasage avec le complexe de routines cognitives déployées pour le produire. Dès lors, peut-on imaginer qu’un texte plus court, comme une dissertation à l’école ou une lettre puissent être des constructions ? Là encore, on pourrait identifier des écarts entre le processus cognitif à l’œuvre et la matérialisation sélective de ce dernier.

Une solution alternative serait d’imaginer non pas des constructions au niveau du texte, mais des constructions de segments de texte comme des sortes de micro-genre de textes. Pour le vin on aurait des séquences DESCRIPTION DU VIN, DESCRIPTION ORGANOLEPTIQUE, etc. Ces blocs textuels sont ensuite associés par la pression du moule textuel pour former le texte exemplaire correspondant au genre de textes. En Partie 3, l’analyse montrera que l’on peut effectivement faire une telle proposition et avancer l’idée de bloc constructionnel ; néanmoins, l’analyse souligne également qu’un bloc constructionnel n’est pas une construction, il s’agit davantage d’un complexe textuel semi-autonome exploitant une construction saillante dont le potentiel fonctionnel dépasse la proposition.

Prenons un autre exemple avec une recette de cuisine : on peut déjà isoler au moins deux blocs constructionnels avec les ingrédients et les indications. Si l’on a p. ex. une telle indication : « Füge beim Erwärmen die restlichen Zutaten hinzu. »218, on constate aisément que la construction requiert des unités de sens qui dépassent le cadre de la présente proposition et qui se retrouvent soit au niveau du texte (p. ex. le reste des ingrédients (c’est-à-dire la distinction entre ceux que l’on a déjà mis, ceux qui servent à autre chose et ceux que l’on doit effectivement ajouter) ou la température), soit au niveau des connaissances épistémiques procédurales mises à disposition pour le présent discours (la manière de chauffer la casserole, la façon dont ajoute les ingrédients, etc.). Toutefois, j’estime qu’ici les constructions ne sont rien d’autres que d’envergure ou de visée discursive et il ressort davantage qu’il est nécessaire d’avoir un lien avec les frames et le cadre prédicatif pour détailler le potentiel fonctionnel des constructions et l’inventaire des connaissances requis plutôt que de passer à une construction du type texte.

Il semblerait donc qu’au niveau cognitif, il ne soit pas pertinent ni juste d’accepter l’idée d’un dépassement cognitif de la construction par rapport à la proposition.219 De plus, les schémas à mettre en mémoire seraient d’une taille considérable et demanderaient trop de temps de traitement computationnel pour une efficacité limitée ; dans la perspective économique de la cognition suivie ici, la proposition est rejetée.

Revenons à la matérialité langagière : On peut comprendre un segment d’un texte, sans avoir accès à l’ensemble du texte, on peut séquencer la lecture d’un ouvrage et reprendre la lecture à un autre moment, un autre lieu. Cela ne gêne pas la compréhension du texte dans son ensemble. Ce n’est pas le cas pour les constructions telles que théorisées jusqu’alors220 : soit la théorie est fausse, soit son expansion l’est. J’estime que la deuxième solution est la plus raisonnable ; mais, la théorie doit être affinée : si la construction est bien limitée structurellement à la proposition, son envergure conceptuelle ne l’est pas forcément. C’est précisément à ce moment de l’argumentation qu’intervient l’intérêt du lien théorique avec la sémantique des frames. Dès lors, si les frames ont un potentiel discursif et qu’ils sont intégrés structurellement aux constructions, on peut estimer que ces dernières possèdent également un potentiel discursif – c’est ce que j’appelle le développement conceptuel total (ou intégré pour poursuivre le jeu de renvois avec Gréciano 1991,

cf. [2.2]) :

On peut analyser l’attribut génitif comme une construction sans avoir à prêter attention à l’incorporation contextuelle (dans le texte ou le discours). Par ailleurs, la fréquence élevée de l’occurrence de la construction lexicalement partiellement spécifiée [[NP]+[[DETGEN]+[Lebens]]] dans ce segment discursif est remarquable. Des hypothèses telles que le fait que les réalisations de cette construction spécifique sont typiques pour un segment discursif, que la fréquence d’occurrence a une influence décisive sur la signification de la construction et que les positions discursives des acteurs du discours peuvent également être reconstruites au niveau d’unités syntaxiques plus petites peuvent être dérivées. Les approches en grammaire de constructions basées sur l’usage, qui sont orientées vers le langage écrit, ne proposent généralement pas de thèses comme celle-ci, car d’une part elles ont tendance à ignorer les aspects pragmatiques de la signification de la construction, comme ici dans l’exemple de l’attribut génitif. D’autre part, il y a la question de savoir si un gain peut être réalisé pour la description grammaticale en exploitant la signification constructionnelle de [[NP]+[[DETGEN]+[NPGEN]] sous la forme partiellement spécifiée [[NP]+[[DETGEN]+[Lebens]]].221 (Lasch 2015a : 518–519)

219 Goldberg (2006, 2019) et Tomasello (2003) ne s’y sont pas risqués, et sans les mettre sur un piédestal, on peut les suivre en supposant que nous ferions fausse route en suivant ce chemin.

220 Si l’on mobilise la construction de TRANSFERT instancier à ‘DONNER’ tel que dans l’exemple « Manon verse de l’eau » et que l’on s’arrête pour reprendre un jour plus tard dans un autre lieu avec « à son patient », aucun individu ne pourra reconstruire la construction et comprendre l’énoncé (ou les deux énoncés ?).

221 Man kann das Genitivattribut als Konstruktion analysieren, ohne dabei auf die kontextelle [sic !] Einbettung (im Text oder Diskurs) achten zu müssen. Andererseits ist die hohe Auftretenshäufigkeit der lexikalisch teilspezifizierten Konstruktion [[NP]+[[DETGEN]+[Lebens]]] im Diskursausschnitt bemerkenswert. Hypothesen wie die, dass die Realisierungen dieser spezifischen Konstruktion typisch für einen Diskursausschnitt seien, die Auftretenshäufigkeit die Konstruktionsbedeutung entscheidend mit beeinflusse und dass sich Diskurspositionen von Diskursakteuren auch auf der Ebene kleinerer syntaktischer Einheiten rekonstruieren lassen, lassen sich ableiten. Die an der geschriebenen Sprache ausgerichteten gebrauchsbasierten Ansätze der Konstruktionsgrammatik stellen Thesen wie diese in der Regel nicht auf, da sie zum einen pragmatische Aspekte in der Konstruktionsbedeutung, wie hier am Beispiel des Genitivattributs, eher nicht berücksichtigen. Zum anderen ist die Frage, ob man aus der Erschließung der Konstruktionsbedeutung von

Dans son analyse (cf. également Lasch 2015b), Lasch montre que l’apport est double : la spécification constructionnelle est, d’une part, nécessaire d’un point de vue spécifique voire spécialisée et, d’autre part, elle met en évidence la stabilité conceptuelle qui pousse à l’emploi préférentialisé d’un figement lexico-grammatical pour la réalisation constructionnelle du schéma. On gardera donc en tête que l’actualisation linguistique présente dans le texte a subi des échanges constants entre les différentes constructions en tant que mobilisateurs référentiels : comprendre l’énoncé, revient à parcourir en sens inverse le chemin cognitif et conceptuel précédent pour saisir l’ensemble des références i. e. connaissances linguistiques, sociales et épistémiques (Lasch 2015a : 519).

En creux, on identifie ici une double articulation entre grammaire de constructions et analyse de discours :

 La grammaire de constructions gagne à intégrer des aspects pragmadiscursifs de l’énoncé afin de spécifier et linéariser le réseau de constructions, ce qui permet de compléter le mode d’emploi de chaque construction vis-à-vis de la situation de communication ;

 L’analyse de discours gagne à intégrer des aspects constructionnels, car ils sont nettement plus sémantiques et possèdent une granularité supérieure à une analyse syntaxique qui n’apporte que peu à la dimension discursive d’un énoncé (cf. Boas 2003 : 171, §6.2.3.4) ; au contraire, les constructions fournissent une explication à l’interface entre savoir et langage qui est centrale à la notion de discours :

La connaissance du sens est donc la connaissance des règles d’utilisation des signes linguistiques ; la production et la compréhension des énoncés linguistiques sont basées