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Réflexion théorique autour de la notion de discours

Chapitre 3 L’Analyse Cognitive de Discours

3.2. Le modèle de l’ Analyse Cognitive de Discours

3.2.3. Le discours comme frame discursif

Le frame discursif est un lieu de stockage pérenne pour chaque thématique, objet, concept… i. e. objet discursif qui est activé selon les besoins de la situation de communication et qui alimente le frame attentionnel. Le partage entre les deux types de frame s’effectue par les constructions qui permettent de transférer le sens fonctionnel via la mobilisation de structures psycho-cognitives et linguistiques et qui, précisément, encapsulent les trois catégories de connaissances évoquées supra (Tomasello 1998b : xvi) permettant dès lors de guider le déploiement de l’arborescence de connaissances (autrement dit qui profilent le déploiement conceptuel de connaissances) stockées dans les frames. Dans une perspective analytique, le choix d’une construction par rapport à une autre relève d’une motivation fonctionnelle et par conséquent d’une prise de position individuelle par rapport à la communauté et la situation de communication. Ceci fait des constructions un objet discursif par excellence. La puissance discursive d’une construction relève non seulement de cette articulation conceptuelle avec le frame discursif, mais également de l’émergence même de la

198 Worte besitzen an sich keine fixe Bedeutung, sie erhalten ihren eigensten Sinn erst in einem Zusammenhänge, in einem Denkgebiete.

199 Récanati (2020 : 49) écrit : « la communication implique seulement la coordination des pensées [et non le partage ou la reproduction des pensées, MB]. »

construction, en tant qu’artefact social200, qui est à l’intersection entre la stabilisation conventionnelle du sens et la normalisation contraignante de la forme. La fossilisation de structures linguistiques prépare le socle de connaissances partagées qui se structure tout à fait à partir du moment où les processus de schématisation des connaissances deviennent récurrents et automatiques : ces processus ne sont pas destinés à des individus en tant qu’individus mais à des individus en tant que membres d’une communauté ayant des besoins communicationnels relativement identiques (Ziem 2015b : 11).

La proposition d’un frame discursif reprend cette idée en postulant que les connaissances d’un individu sont organisées en réseaux et que ces réseaux sont plus ou moins liés (cf. la métaphore de la molécule chimique (Bach 2019a) ou celle du réseau de neurones201). Il convient de reprendre l’argumentation suivante de Busse (2013c : 158–159) pour pouvoir faire le lien entre un frame de niveau discursif, des frames définitoires et une intentionnalité situationnelle.

Les concepts ou frames (complexes de concepts ou complexes de frames) sont […] compris comme des structures épistémiques dynamiques, récursives et multiples, mises en réseau en interne. Dynamique dans ce contexte signifie que les structures de la connaissance ne sont pas fixes et immuables, mais doivent être générées à nouveau à chaque moment de l’activité épistémique (en ce qui concerne le langage, on pourrait également dire : à chaque moment de l’interaction sociale, dans laquelle les signes linguistiques exprimés sont interprétés, ces derniers deviennent la base de l’inférence). La mutabilité diachronique s’y inscrit donc dès le début. (Ceci est important pour la sémantique, car il s’ensuit que le changement de sens n’est pas un cas particulier, mais le cas standard). Récursif signifie que toute structure de connaissances donnée (tout cadre conceptuel, frame ou concept) peut en principe être différenciée davantage en sous-structures « plus petites » (mais aussi vice versa, que les structures de frames existantes peuvent toujours être intégrées dans des structures de connaissance « supérieures », dont elles peuvent « hériter » des parties de leurs éléments épistémiques respectifs). La mise en réseau (références croisées, connexions, relations préalables) peut se faire de manière multiple et laborieuse à tout moment dans une structure complexe de connaissances ou de frame. Les trois critères que sont la dynamique, la récursivité et la mise en réseau empêchent que les structures de connaissance soient mal comprises comme des ordres statiques et strictement hiérarchiques. C’est précisément ce dynamisme, cette récursivité et ces références croisées qui font des structures de connaissance un sujet intéressant pour les études culturelles et la recherche en histoire culturelle.202 [emphases dans l’original, MB]

200 Cf. infra et i. a. Fischer (2015) sur le lien entre construction et situation sociale.

201 En gardant en tête que ni l’une ni l’autre n’ont été validées empiriquement au niveau neuronal.

202 Begriffe oder Frames (Begriffskomplexe oder Framekomplexe) werden […] als dynamische, rekursive und vielfältig intern vernetzte epistemische Strukturen aufgefasst. Dynamisch heißt dabei, dass die Wissensstrukturen nicht fest und unveränderlich sind, sondern jeweils in jedem Moment der epistemischen Aktivität (man könnte in Bezug auf Sprache auch sagen: in jedem Moment der sozialen Interaktion, in dem geäußerte Sprachzeichen interpretiert, zur Inferenzbasis werden) neu erzeugt werden müssen. Die diachrone Veränderlichkeit ist ihnen daher von allem Anfang an eingeschrieben. (Dies ist wichtig für die Semantik, da sich daraus ergibt, dass Bedeutungswandel nicht ein Sonderfall, sondern der Normalfall ist.) Rekursiv heißt, dass jede gegebene Wissensstruktur (jeder Wissensrahmen, Frame oder Begriff) im Prinzip weiter ausdifferenziert werden kann in ‚kleinere‘ Unterstrukturen (aber auch umgekehrt, dass vorhandene Framestrukturen immer eingebettet sein können in ‚übergeordnete‘ Wissensstrukturen, von denen sie Teile ihrer jeweiligen epistemischen Elemente ‚erben‘ können). Die Vernetzung (Querverweise, Anschlüsse, Voraussetzungs-Relationen) kann auf vielfältige und diffizile Weise an jeder Stelle innerhalb einer komplexen Wissens oder Frame-Struktur erfolgen. Alle drei Kriterien: Dynamik, Rekursivität und Vernetzung, verhindern, dass die Wissensstrukturen als statische und streng hierarchische Ordnungen missverstanden werden. Gerade die Dynamizität, Rekursivität und Querverweisung machen die Wissensstrukturen nun aber auch zu einem interessanten Gegenstand kulturwissenschaftlicher und kulturhistorische Forschung.

Seule une partie des connaissances accumulées par un individu est réellement nécessaire pour produire un énoncé ; en effet, seule une partie du vaste réseau est requise pendant le traitement de l’information. Alors intervient la notion de frame discursif. Les connaissances individuelles acquises sont polarisées socialement, linguistiquement et contiennent des unités de sens multidimensionnelles (Foucault 1969), elles doivent donc être organisées pour refléter les contraintes de l’environnement phénoménal de l’individu (Merleau-Ponty 1945). Cela fait sens avec le positionnement épistémologique de Busse (2008a : 78) qui rappelle que les connaissances individuelles sont bien individuelles et propres à un individu (et par conséquent variables d’un individu à l’autre !), mais qu’elles sont le fruit d’une acquisition avant tout sociale. Ceci garantit que les individus d’un groupe possèdent des connaissances relativement similaires. Ce que chaque individu possède au niveau cognitif peut être individuel et unique, mais la manière dont ces connaissances ont été acquises est le résultat d’une médiation et d’une transmission intentionnelle sociale et culturelle. Les connaissances requises pour l’interaction sociale sont socio-culturellement déterminées et préformées : les processus d’inférence référentielle pour comprendre une situation phénoménale ou pour interagir avec un individu ou un objet sont certainement individuels, mais les connaissances et les routines conceptuelles sous-jacentes sont forcément partagées par tous les membres de la communauté puisqu’ils sont à la base de la transmission des connaissances. Autrement dit, le chemin est unique, mais les points de départ, de passage et d’arrivé sont partagés par les membres d’une communauté ; sans cela, il ne serait pas possible d’interagir et encore moins de communiquer.

L’analyse d’actes communicationnels est par voie de conséquence avant tout une analyse sociale et culturelle du transfert de connaissances. Il est seulement ensuite possible d’analyser la matérialité réalisationnelle d’une langue. Ainsi, le frame attentionnel et le frame discursif sont des structures émergentes et construites à partir d’une expérience socio-cognitive située ; pour ce faire, une approche linguistique et textuelle (en tant que méthodologie) travaillant non pas la matérialité des artefacts, mais les informations transférées par les artefacts est requise et déjà disponible à la suite de la sémantique des frames telle que celle développée par Busse. La présente discussion incite à redéfinir la notion de discours, i. e. de frame discursif, en se plaçant à la suite de Varga (2019 : 2) :

Les discours doivent être compris dans ce sens « comme une série réglementée et discrète d’événements discursifs » (Busse 2008a, p. 80), dont l’analyse vise à élaborer des schémas et des routines récurrents. Cette analyse est toujours d’abord une analyse des connaissances et seulement dans un deuxième temps de la langue, et les concepts, textes et discours examinés sont finalement intéressants « principalement dans leur fonction de regroupement et d’expression des connaissances (sociales) » (Busse 2018a, p. 5). Cependant, l’accès à ces connaissances se fait à la surface linguistique des discours, où elles se

manifestent « par l’itération, l’intertextualité et les formules routinisées, c’est-à-dire par la pratique sérielle » (Warnke 2009, p. 135).203

Une sémantique du discours par les frames est ainsi motivée par la volonté de concevoir un réseau sémantique plus ample, plus profond et plus riche qu’une analyse qui ne se concentrerait que sur le sens des mots – ce qui reviendrait à faire du mot à mot – serait bien incapable de saisir. Les frames permettent de passer outre ces observations formelles au ras du texte pour prendre en considération la totalité du sens déployé en limitant la réduction épistémique, et d’intégrer une analyse de discours. Comme Busse (2000 : 39), la présente perspective reconnait la nécessité d’une sémantique riche et profonde qui dépasse l’analyse des composants de l’ensemble, qui va au-delà du mot/terme pour atteindre, saisir et examiner les mécanismes sociocognitifs sous-jacents à l’actualisation et l’articulation de ces mots.

Pour saisir le sens, construit précisément par ces mécanismes sociocognitifs, il convient de remonter aux segments de connaissances autour d’un objet discursif et d’analyser sa composition et son organisation, pour dans un deuxième temps le retrouver dans la projection textuelle et l’analyser par le contexte. En effet, la structure épistémique du segment de connaissances contraint la production langagière en tant qu’organisation systémique et en tant que potentialité discursive. On ne saurait analyser les textes comme artefacts d’une situation de communication sans prendre en compte le contexte lato sensu de production et de réception de l’artefact. Il conviendra de toujours prendre en compte l’ensemble des paramètres ayant une influence sur le stock de connaissances autant dans son acquisition que son développement et sa manipulation (Busse 1991a : 47).

Le frame discursif rend l’idée d’une architecture cognitive large centrée sur un objet discursif qui agrège un ensemble de faisceaux conceptuels issus de complexes conceptuels eux aussi polarisés autour d’un frame polarisateur, et chacun de ces frames constituant le complexe est organisé autour du frame polarisateur et défini par un sous-ensemble de faisceaux conceptuels menant vers un autre complexe conceptuel (Barsalou 1993). La notion de frame discursif est rendue nécessaire par la reconnaissance factuelle qu’un discours exploite, organise/structure, déploie des connaissances multidimensionnelles, mais ne les représente nullement (Busse 2008a : 82). La sémantique des frames permet justement une représentation des connaissances (Ziem 2008a) sous forme de

203 Diskurse sind in diesem Sinne zu verstehen „als geregelte und diskrete Serien von diskursiven Ereignissen“ (Busse 2008a, S. 80), deren Analyse auf die Herausarbeitung wiederkehrender Muster und Routinen abzielt. Diese Analyse ist dabei stets in erster Linie Wissens- und erst in zweiter Linie Sprachanalyse, sind die untersuchten Begriffe, Texte und Diskurse schließlich „vorrangig in ihrer Funktion, (gesellschaftliches) Wissen zu bündeln und zum Ausdruck zu bringen, von Interesse“ (Busse 2018a, S. 5). Der Zugriff auf dieses Wissen erfolgt indes an der sprachlichen Oberfläche von Diskursen, wo es „durch Iteration, Intertextualität und Routineformeln, also durch serielle Praxis“ (Warnke 2009, S. 135) manifest wird.

réseaux (pour prendre en considération le poids des relations conceptuelles : Varga 2019) et donc justifie cette articulation entre discours et frame (Schultz-Balluff 2018b : 107) et la présente proposition d’un frame discursif.

Cette organisation sous forme de réseau de réseaux est rendue possible par un phénomène d’instanciation conceptuelle continu : instancier une entité du réseau implique qu’une autre entité prévue soit mobilisée par la première et articulée par une structure intermédiaire acceptée par les deux entités mobilisées. Autrement dit, les entités reposent sur des relations conceptuelles structurantes et contraignantes. Précisément, les relations sont discursives par nature puisqu’acquises par l’observation et le découpage conceptuel des diverses unités de sens. Cela n’est en rien un hasard que les relations conceptuelles émergent de l’emploi langagier pour structurer les connaissances elles-mêmes acquises par le langage ; cela permet à Varga (2019 : 64) de montrer que les relations sont d’ordre prédicatives204 :

Un point mérite une attention particulière dans ce contexte : alors que dans la discussion sur les prédications dans la littérature idoine, l’expression du prédicat – qui peut être modélisée par un ou des frame(s) – est généralement le centre d’intérêt, les composants des prédications qui ne servent pas directement (c’est-à-dire d’un point de vue sémantique) l’expression du prédicat ne reçoivent pas nécessairement la même attention. Cela s’applique aux cas où l’expression prédicative n’est pas liée à un verbe, mais est exprimée par des adjectifs ou des noms en combinaison avec des verbe-copule : le contenu sémantique réside ici dans l’expression adjectivale ou du nom prédicatif ; cependant, sans connaissance des relations d’attribution (généralement spécifiées à la surface linguistique par ces verbes (-copules)), ce contenu sémantique ne peut être mis en relation avec la référence.205

Or, le manque d’attention décrit par Varga peut s’expliquer par l’évidence de ces relations, mais elles ne le sont que parce que le cadre prédicatif déployé est suffisamment robuste au niveau sémantique pour soutenir le transfert du sens. Il en ressort autant la nécessité d’un cadre référentiel (i. e. Bezugsrahmen) qu’un besoin de disposer d’une architecture de connaissances polarisée et prête à l’emploi, donc capable d’être instantanément et quasi-automatiquement intégrée à la structure

204 Cf. également Busse 2017b : « Frames sind Strukturen aus Wissenselementen. Damit sind sie immer auch

Strukturen aus Relationen zwischen Elementen. Den Relationen und ihren Typen kommt daher eine zentrale Funktion bei der Analyse von Frames zu. Dabei scheint es sinnvoll zu sein, verschiedene Typen von Relationen zu unterscheiden. Nach Busse (2012) könnte man u. a. folgende Typen von Relationen innerhalb von Frames unterscheiden. » [emphases dans l’original, MB]

205 Ein Punkt verdient in diesem Zusammenhang besondere Beachtung: Während bei der Diskussion von Prädikationen in der einschlägigen Literatur typischerweise der – als Frame(s) modellierbare – Prädikatsausdruck im Zentrum des Interesses steht, wird jenen Bestandteilen von Prädikationen, die nicht unmittelbar (d.h. aus semantischer Perspektive) dem Prädikatsausdruck dienen, nicht unbedingt dieselbe Beachtung geschenkt. Dies betrifft Fälle, in denen der Prädikatsausdruck nicht verbal, sondern durch Adjektive oder Substantive in Kombination mit Kopulaverben erfolgt: Der semantische Gehalt liegt hier zwar im adjektivischen oder substantivischen Prädikatsausdruck; ohne Wissen über die (an der sprachlichen Oberfläche üblicherweise durch (Kopula-)Verben spezifizierten) Zuordnungsrelationen ist dieser semantische Gehalt allerdings nicht auf die Referenz beziehbar.

prédicative. D’un point de vue analytique, l’analyse de la langue par les cadres référentiels permet de prendre en compte la matérialité énonciative et l’organisation conceptuelle sous-jacente à la production langagière et donc de faire un lien entre le texte, le discours et la cognition, que l’on précisera par l’intégration des constructions (cf. [2.2], [3.2.4]) qui sont les outils les plus adéquats pour représenter finement ces relations prédicatives :

La contextualisation des mots dans des cadres prédicatifs est au cœur de l’ancrage qui est crucial pour la sémantique phrastique. Il s’agit principalement de noms en tant que signes lexicaux pour des points de référence (points d’argumentation, objets de référence) et de verbes ou d’adjectifs prédicatifs en tant que signes lexicaux pour des prédicats. Les cadres prédicatifs (ou cadres référenciels, selon von Polenz 1985 [2008]), qui sont dérivés d’une forme d’analyse de la phrase basée sur la sémantique de la valence, sont la charnière décisive entre la syntaxe et la sémantique phrastique, ou la structure liée au monde par le texte.206 (Busse 2007a : 89)

Les relations prédicatives sont dès lors à considérer comme des conventions sociales entre des structures épistémiques qui se sont déployées, structurées et se sont finalement sédimentées en routines conceptuelles à travers l’évolution culturelle et sociale de l’emploi langagier. Ces routines conceptuelles sont à observer et expliquer par une approche sémantique cognitive qui les reconnaît et peut les étudier et les représenter, mais également par une approche socioculturelle et épistémologique qui voit en ces routines conceptuelles basales la trace de schémas argumentatifs et inférentiels à la base des connaissances d’un groupe social :

Une sémantique à orientation épistémologique tente d’expliquer et d’élucider les connaissances pertinentes pour la compréhension de manière aussi complète que possible. Comme ces connaissances reflètent des schématisations (et des structures de frame) antérieures, socialement constituées et donc culturellement prédéterminées, la recherche sémantique visant à comprendre les conditions est dès le départ véritablement orientée vers les études culturelles. En cherchant à ouvrir la structure du cadre de la pensée sociale elle-même par la recherche de connaissances qui rendent la compréhension possible, la sémantique épistémologique ouvre non seulement des aspects de la connaissance culturelle en tant que telle, mais saisit aussi avec ses moyens spécifiques ce qui constitue essentiellement la « culture » en tant que telle. Ce faisant, les artefacts culturels que nous appelons « langage », « concepts », « textes », « discours » sont en principe au même niveau que les autres artefacts culturels qui utilisent d’autres media (comme les arts visuels). Les différentes formes de culture utilisent, dans une large mesure, les mêmes connaissances sociales, supposent le même cadre et le même schéma de structures épistémiques que les formes qui en diffèrent en termes de média. Même les soi-disant « pratiques », « performances », qui sont si souvent examinées dans les approches actuelles de la recherche en études culturelles, présupposent des représentations schématiques, des cadres de connaissances, qui sont structurellement et fondamentalement indiscernables des autres formes de connaissances.207 (Busse 2007b : 275–276)

206 Die Kontextualisierung von Wörtern in Prädikationsrahmen stellt den Kern der für die Satzsemantik ausschlaggebenden Einbettung dar. Hier geht es vor allem um Nomina als Wortzeichen für Bezugsstellen (Argumentstellen, Referenzobjekte) und Verben bzw. prädikative Adjektive als Wortzeichen für Prädikate. Die aus einer valenzsemantisch begründeten Form der Satzanalyse abgeleiteten Prädikationsrahmen (oder Bezugsrahmen, nach von Polenz 1985 [2008]), sind das entscheidende Scharnier zwischen satzsyntaktischer und satzsemantischer, bzw. textweltbezogener Struktur.

207 Eine epistemologisch ausgerichtete Semantik versucht, das verstehensrelevante Wissen möglichst umfassend zu explizieren und aufzuklären. Da sich in diesem Wissen vorgängige, gesellschaftlich konstituierte und damit kulturell vorgeprägte Schematisierungen (und Frame-Strukturen) niederschlagen, ist eine auf Verstehensbedingungen zielende semantische Forschung schon von allem Anfang her genuin kulturwissenschaftlich orientiert. Indem die epistemologische Semantik über die Suche nach dem

Est ainsi confortée l’idée de structures basales multidimensionnelles organisées et déployables selon un cadre normatif construit par la récurrence de pratiques sociales et transféré d’un individu à un autre par un socle commun qui est la culture. La notion de frame discursif s’inscrit dans la tradition épistémologique conçue par Busse et permet dans une certaine mesure de l’opérationnaliser par une sémantique cognitive, holistique et branchée sur le réel.208

L’articulation entre l’analyse de discours et l’analyse des connaissances requiert (i) une théorisation robuste du concept même de discours, de connaissance et du lien sui generis qui les unit et (ii) par conséquent une réflexion profonde sur les modèles à sélectionner et à adapter pour saisir le lien entre le discours et les connaissances afin de pouvoir les étudier, les expliquer et les représenter (Busse 2018b : 6). Ces modèles ne sont pas nombreux et ce n’est pas surprenant, finalement, que l’analyse de discours moderne ait fait le choix de la sémantique des frames pour réaliser son progamme.

La présente proposition accepte ce choix et l’exploite pleinement. En effet, après avoir reconnu l’existence du frame discursif, il convient de détailler sa structure et ses composants. Au centre du frame discursif, on retrouve l’objet discursif profilant la situation de communication (le vin de la Wachau, le budget fédéral annuel de la République d’Autriche, le château du Neuschwanstein, etc.) ; pour éviter une explosion métaterminologique de termes comme « objet », « concept », « thématique » ou autre, je choisis le terme de « cœur conceptuel » qui reprend toutes les facettes théoriques de ces termes. Autour de ce cœur conceptuel se déploient des frames définitoires209. Ces frames sont structurés autour d’un cœur conceptuel et d’autres frames définitoires de niveau