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paysage audiovisuel français (PAF).

CHAPITRE 3 : Le contexte de production : Une émission culturelle produite et diffusée par

B. Une stratégie de démarcation ambitieuse pour une identité plurielle.

Au delà de la politique d’information régionale, la Troisième chaîne devenue France Régions 3 puis France 3 en 1992, déploie une stratégie de programmation mêlant plusieurs domaines. En plus de cette identité régionale associée à l’idée d’une information de proximité, France 3 se définit comme la chaîne du cinéma, de la découverte, du divertissement familial et de la liberté d’expression.

Dès sa création, France 3 investit le secteur du 7è art via l’achat et la diffusion de fictions originales. La chaîne détient sa propre société de production, France 3 cinéma, produisant ou coproduisant dès 1976 des longs métrages tels, Lumière de Jeanne Moreau (1976), Dîtes-lui que je l’aime de Claude Miller (1977) mais aussi Le nom de la rose, de Jean-Jacques Annaud (1986), Madame Bovary, de Claude Chabrol (1991) et plus récemment

Le Concert de Radu Mihaileanu (2009). Cette identité cinéphile est également incarnée par la

personnalité de Patrick Brion, historien du cinéma et fils de l’écrivain Marcel Brion (1895 – 1984), alors en charge de diriger la sélection des films pour la chaîne de 1975 à 2007. Les programmes phares furent et demeurent le Cinéma de Minuit tous les dimanches soirs en troisième partie de soirée la Grande soirée cinéma tous les jeudis. Enfin, La dernière séance, dirigée par Patrick Brion et présentée par Eddy Mitchell, fut diffusée de 1982 à 1998

La chaîne s’inscrit durablement dans une programmation de documentaires généralement diffusés le dimanche soir, à contre pieds des films de TF1 et d’Antenne 2 devenue France 2. Dans ce domaine, les émissions phares de la chaîne sont « Thalassa, le magazine de la mer » et « Faut pas rêver » lancées respectivement en 1975 et en 1990 par Georges Pernoud ; « Un siècle d’écrivains » dirigée par Bernard Rapp (1945 – 2006) de 1995 à 2001, enfin « Des Racines et des Ailes » proposée par Patrick de Carolis – futur PDG de France Télévisions – et diffusée depuis 1997. « Chaîne de la découverte et de la jeunesse », France 3 oriente résolument ses contenus vers le patrimoine culturel français et les questions de société tout en maintenant une grille de programmes généralistes.

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Au cours de la décennie 1990, la chaîne va cependant être confrontée à l’arrivée des nouvelles chaînes privées, vectrices d’une offre de programmes plus grande et diversifiée. Cette nouvelle concurrence, va mettre à mal les éléments identitaires de la chaîne, éléments qu’elle n’est désormais plus seule à promouvoir. La chaîne franco-allemande Arte ainsi que la Cinquième ciblent dès le départ le contenu de leur programmation vers le documentaire, les questions de société ainsi que la culture ; l’information de proximité est désormais également proposée par des chaînes privées telle i-Télé du groupe Canal+, M6 et ses éditions locales ou encore les télévisions régionales de Lyon et de Toulouse appartenant au groupe Vivendi.

La part croissante de la publicité dans le budget de la chaîne modifie quelque peu certains choix de programmes en s’orientant vers des programmes plus attractifs de type

reality shows tel « C’est mon choix » créé par Jean-Luc Delarue, présenté par Evelyne

Thomas et diffusé de 1999 à 2004.1 Cette émission, qui faisait réagir le public du plateau sur les choix de vie sulfureux des invités connut un réel succès et contribua à l’augmentation des audiences de la chaîne avec un public plus jeune. Mais le contenu du programme fut rapidement critiqué, faisant même l’objet d’un débat à l’Assemblée nationale pour les thématiques abordées ainsi que les jugements de valeurs véhiculés. Pour sa défense, la chaîne rappela ses missions de proximité et de libre expression auprès du public français.

Au début des années 2000, comme l’illustre le tableau en annexe n°3 (en p. 7 du cahier d’annexes), la chaîne connaît ses premières grandes baisses d’audience : si en 2001 son audience moyenne atteint 17,1%, les moyennes des années suivantes diminuent progressivement pour atteindre 9,8% en 2012. Le tableau en annexe n°4 (en p. 9 du cahier d’annexes), enrichit ce constat avec les résultats des autres grandes chaînes « hertziennes »2

que sont TF1, France 2 et M6. On constate une décroissance commune pour TF1, France 2 et France 3. M6, surnommée « la petite chaîne qui monte » connaît quand à elle depuis sa création, une croissance pérenne qui se stabilise aux milieux des années 2000.

1 D’après les sources Médiamétrie, le financement de la troisième chaîne par la publicité représentait en 1980 1,16% du budget global. Au début des années 2000 se taux avoisine les 30%.

2 Comprenons par ce qualificatif, la technique de diffusion par ondes électromagnétiques qu’elles utilisèrent historiquement. L’appellation « chaîne hertzienne » étant restée pour témoigner de la place historique de ces chaînes avant l’arrivée des chaînes du câble et de la TNT. Ces chaînes « hertziennes » sont désormais diffusées numériquement depuis mars 2006

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La chute d’audience de la chaîne s’accompagne d’un constat plus général de saturation de ses possibilités de développement – « plus de nouveaux horaires à conquérir, régions à

l’étroit dans leurs décrochages, et capacités hertziennes du réseau presque toutes épuisées ».1

La création de la société holding France Télévisions en 2000 apporte cependant de nouvelles possibilités financières à la chaîne régionale. Un plan de développement sur cinq ans est mis en place. L’arrivée de la télévision numérique accélère le lancement de nouveaux projets sous la direction de Rémy Pflimlin alors directeur général de France 3 – puis PDG de France Télévisions à partir du 22 août 2010.

En mai 2012, le Cahier des charges de la société nationale de programme France Télévisions réitérait la ligne éditoriale d’une chaîne tournée vers la proximité et la pédagogie

citoyenne :

« [France 3 est une] chaîne nationale à vocation régionale et locale, chaîne de la proximité, du lien social et du débat citoyen. La programmation de France 3 contribue à la connaissance et au rayonnement des territoires et, le cas échéant, à l'expression des langues régionales. Dans un monde globalisé, elle offre à chacun la possibilité de réfléchir sur ses racines tout en suivant l'évolution de la société contemporaine en ouvrant une fenêtre sur le monde. La chaîne accentue sa couverture du territoire et amplifie ses efforts sur l'information régionale, le magazine, le documentaire et la fiction originale. »2

1

Monique Sauvage, Ibid. p. 184.

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II. Une production interne : La Maison française de production (MFP).

La chaîne France 3 a pour particularité et atout une forte capacité de production. Elle conçoit et fabrique une grande part des programmes qu’elle diffuse. Cette particularité s’explique en partie par l’importance des programmes d’information qu’impose sa ligne éditoriale. Sur les 17 000 heures de programmes diffusées, 5 000 correspondent à l’information. S’ajoute à cela la détention de six centres de productions régionaux destinés à la conception de documentaires, de fictions mais aussi à la captation de spectacles sportifs ou musicaux. 1

« Ce soir (ou jamais !) » est une émission produite par la MFP, filiale à 100% du groupe France Télévisions. Initialement dénommée « Méditerranée – France – Productions » dès sa création en 1994, ce centre de production est essentiellement dédié à la fiction. La filiale étend très rapidement ses activités à la production et le développement de programmes, au doublage multilingue et audio description, enfin, au sous titrage et au télétexte. En termes de production de contenu, la MFP devenue « Multimédia – France – Télévisions », s’oriente progressivement vers des programmes de flux destinés à l’ensemble des chaînes de la société holding :

« [la société] réalise plusieurs types de programmes qui vont de la météo pour France Ô, vers des plateaux de lancement et/ou d’encadrement de programmes, en passant également par la gestion de trois magazines importants : « C’est pas sorcier » pour France 3 présenté par Fred et Jamy , « La soirée continue » sur France 2, présenté par Benoit Duquesne et depuis 2006 « Ce soir (ou jamais !) » animé par Frédéric Taddeï. »2

1

Monique Sauvage, ibid.

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III. Une émission qui doit être un tournant : le rôle de Rachel Kahn.