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CHAPITRE 4 – PRÉSENTATION ET ANALYSE DES RÉSULTATS

4.1 LE DÉVELOPPEMENT DE LA RELATION JEUNE-BEAU-PÈRE

4.1.2 Statuts et rôles occupés par le beau-père

Les beaux-pères peuvent occuper différents statuts et rôles auprès des enfants de leur conjoint ou de leur conjointe dans un contexte de recomposition familiale. D’abord, quatre statuts principaux occupés par les beaux-pères sont identifiés. Un premier statut de beau-père nommé par les participants est celui du conjoint du parent (n = 4). Pour les participants de ce groupe, il est clairement défini que le beau-père ne joue pas un rôle parental auprès du jeune et qu’il occupe la place de conjoint du parent :

Je l’ai toujours plus perçu, pis même aujourd’hui, comme le chum de ma mère que comme un deuxième papa […] Pour moi, c’était clair que Rémi, il n’aurait jamais ce rôle-là d’être comme un deuxième père. (Rosalie)

Un second statut identifié par les participants est celui de membre de la famille (n = 4). Dans cette situation, les participants nomment que leur beau-père fait partie intégrante de leur famille, mais qu’il n’occupe pas un rôle parental :

Pas forcément comme un de mes parents, mais en tout cas comme quelqu’un de ma famille. C’est quelqu’un de ma famille, mais je ne sais pas quel serait son statut.

Parfois je songe à ce qu’il se passerait si ma mère décédait. Et je ne sais pas en fait. Je ne sais pas si je continuerais à le voir, à vivre avec lui. Je pense que ça serait envisageable que je continue à vivre avec lui, mais je ne sais pas. (Delphine)

Un peu moins présent que les autres, le troisième statut présent chez les beaux-pères est celui de parent additionnel (n = 2). Dans cette situation, les participants mentionnent que leur beau-père occupe un rôle de parent dans leur vie, mais ce rôle est distinct des rôles occupés par leurs parents d’origine. Ils sont une figure parentale sans nécessairement avoir la légitimité d’agir comme un père ou une mère auprès d’eux. Lorsque les participants de ce groupe parlent de leurs parents, leur beau-père est inclus. Les propos de cette participante définissent bien ce type de rôle :

Il fait partie intégrante de ma vie. Je le considère comme un parent. Mais je ne pourrais pas dire comme ma belle-mère où c’est ma deuxième mère puisque je l’ai rencontré, je pense, trop tard pour dire que c’est vraiment mon deuxième père. Mais je le considère comme un de mes parents. Ce qui est assez complexe. (Muriel)

Cette participante semble expliquer que la complexité de sa relation réside dans le fait qu’elle n’entretient pas nécessairement une relation amicale avec son beau-père et qu’il n’occupe pas non plus la place de père auprès d’elle. Il a donc un tout autre statut, soit celui d’un parent additionnel.

Le dernier statut qu’on retrouve et le plus présent parmi les participants est celui de deuxième

père (n = 5). Certains participants nomment que leur beau-père est devenu un deuxième père

pour eux avec le temps :

Il était peut-être plus comme un deuxième père, sans remplacer mon père. Ouais, carrément. Il faisait des choses que mon père faisait aussi. (Édouard)

À chaque fois que je parle de lui, c’est carrément mon deuxième père. (Alexane)

Une participante mentionne qu’elle utilise le terme « demi-papa » pour exprimer le rôle paternel joué par son beau-père alors que d’autres parlent davantage d’une figure paternelle.

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Le rôle de deuxième père implique que le beau-père occupe une place similaire aux parents d’origine et il est considéré comme un parent au même titre qu’eux. Tous les participants de ce groupe passent beaucoup de temps de qualité avec leur beau-père et celui-ci semble très impliqué dans la vie du jeune.

Pour une minorité de participants (n =4), il y a eu une évolution dans le statut occupé par leur beau-père. Ils considéraient tous leur beau-père comme le conjoint de leur parent au début et, avec le temps et le développement de leur relation, leur beau-père s’est intégré de plus en plus dans leur vie pour devenir soit un membre de la famille, un parent additionnel ou encore un deuxième père.

En plus des statuts principaux, la grande majorité des participants mentionnent que leur beau- père occupe différents rôles dans leur vie (n = 14) : rôle de soutien, de figure d’autorité, de modèle et de protection. Les différents rôles identifiés ne sont pas mutuellement exclusifs. Un seul participant n’a pas identifié de rôle autre que le statut principal puisque ce jeune a refusé que son beau-père soit impliqué dans sa vie.

D’abord, douze participants ont abordé le rôle de soutien. Les types de soutien sont variés et chaque beau-père peut offrir différents types de soutien. D’abord, le beau-père peut jouer le rôle de soutien financier (n = 5). Dans ce cas, le beau-père participe financièrement en payant avec le parent les différentes dépenses de la vie courante, notamment les frais liés à l’hypothèque de la maison. Certains beaux-pères offrent un soutien qui dénote d’une plus grande implication en payant les frais liés aux études du jeune :

Il paye une partie de mes études. Il est là pour plein d’aspects qui peuvent être importants, mais plus financiers mettons. (Florence)

Le beau-père peut aussi apporter un soutien matériel (n = 4) à la famille en effectuant des tâches manuelles et en apportant une aide concrète. Ensuite, le type de soutien le plus fréquemment rencontré est le soutien lié aux activités du jeune (n = 6). Ce type de soutien inclut le fait d’offrir le transport au jeune ou encore de l’encourager dans les activités qu’il réalise :

Il nous encourage quand même à faire nos projets. Comme moi, je me suis lancée un peu plus dans l’art. Ben il me disait « Amuse-toi ». Pis tsé là, il me commandite un projet avec ma mère. Je fais un vitrail pis il va payer le matériel. Il m’a dit « Ben ok. Je sais que ce que tu vas faire va être beau, feck go ». Un support comme ça. (Alice)

Un autre type de soutien présent est le soutien émotif (n = 5). Les participants qui ont nommé ce soutien mentionnent que leur beau-père est leur écoute et qu’il peut leur offrir du support émotif. Ce type de soutien inclut aussi le rôle de conseiller où le beau-père est là pour donner des conseils au jeune, particulièrement lors de l’adolescence :

Tu peux aller lui parler de n’importe quoi. Il va être là pour toi. Lors de ma dernière rupture aussi, il a été là pour moi. Vraiment, beaucoup. (Samuel)

Un dernier type de soutien offert par les beaux-pères est le soutien au parent (n = 5). Certains participants ont abordé le fait que leur beau-père aidait leur parent en ce qui concerne la garde, l’éducation, les devoirs ou encore les tâches quotidiennes. Ce rôle du beau-père permet de diminuer la surcharge du parent monoparental comme le montrent les propos de ces participantes :

Ça permettait à ma mère d’être un peu plus libre. Parce que ma mère était toute seule à s’occuper de moi. (Sofia)

C’était un soutien à ma mère. Je pense que c’est ça. Pour la vie, les tâches, la vie quotidienne. De ne pas être un stress comme personne en étant de confiance. Pis c’est ça, c’est une personne qui supportait maman. (Alice)

Certains participants ont expliqué que le rôle de soutien de leur beau-père est complémentaire aux rôles occupés par leurs parents d’origine. Les propos de ce participant résument bien la complémentarité des rôles parentaux :

Ils avaient les deux des qualités très différentes. Des aptitudes très différentes. Ça complétait aussi. Ça amenait quelque chose de plus équilibré dans la maison je trouve […] Il s’impliquait d’une façon que mes parents ne s’impliquaient pas nécessairement dans ma vie. (Édouard)

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Pour ce qui est du rôle de figure d’autorité, neuf participants ont abordé ce rôle. Cinq participants mentionnent que leur beau-père occupait un rôle d’autorité auprès d’eux. Ce rôle s’est installé avec le temps. Pour deux de ces participantes, le fait que leur beau-père soit une figure d’autorité n’est pas nécessairement désiré. Les quatre autres participants ayant abordé le rôle de figure d’autorité mentionnent que leur beau-père n’occupe pas ce type de rôle et c’est ce qu’ils souhaitent :

Il n’a jamais joué un rôle qui à mon avis ne lui revenait pas. Dans le sens qu’il n’a jamais essayé d’être une figure d’autorité auprès de moi pis mes frères […] Il ne nous a jamais mis en punition. Il ne nous a jamais dit « t’as pas le droit de faire telle affaire ». C’est ma mère qui est le boss pis qui porte les culottes en partant ! (rires), Mais c’est ça, il n’a jamais exercé ce rôle-là auprès de nous. Ce qui aurait pu, je pense, être problématique. (Évelyne)

Enfin, certains rôles plus marginaux ont également été identifiés chez une minorité de participants. D’abord, un beau-père peut occuper le rôle de modèle (n = 3), que ce soit comme individu ou comme modèle de couple avec le parent. Un dernier rôle nommé est le rôle de protection où le beau-père apporte une sécurité physique à la famille (n = 2) :

C’est sûr que veut veut pas, c’était l’homme de la maison. La figure de protection, de sécurité tout ça. (Alexane)