La proximité

Une autre caractéristique examinée dans cette étude pour décrire la relation entre un jeune et son beau-père est la proximité. Trois différents aspects de la proximité ont été abordés avec les participants, soit le sentiment d’être proche ou non de son beau-père, le degré de chaleur et d’affection perçues par le jeune ainsi que l’impression que le beau-père se soucie ou non du jeune.

Tout d’abord, le sentiment pour le participant d’être proche ou non de son beau-père est examiné. La plupart des participants mentionnent se sentir proches de leur beau-père (n

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= 10). Pour ces participants, leur beau-père fait partie intégrante de leur famille. La proximité se traduit par la présence d’affection, de respect, de bonne entente, d’activités partagées et de soutien. Pour exprimer qu’ils se sentent proches de leur beau-père, plusieurs participants donnent l’exemple de la séparation de l’union conjugale et le fait qu’il garderait contact avec leur beau-père malgré tout :

Même si genre ma mère et lui se séparaient, je garderais toujours contact avec lui. Enfin, maintenant il a pris une place quand même importante dans ma vie je trouve.

(Éloïse)

Deux participants ont d’ailleurs vécu la séparation de leur parent et de leur beau-père. Ils mentionnent qu’ils se sentaient très proches de leur beau-père et que la séparation leur a fait de la peine. Ces deux participants considéraient leur beau-père comme un deuxième père. Les propos de cette participante montrent à quel point le départ de son beau-père l’a affecté : À ce moment-là, tout s’effondrait autour de moi. Tout ce que j’avais, dans le fond mon cocon familial, tout ce que j’avais et qui m’aidait à surmonter mon angoisse, ça n’existait plus. Il fallait que je me refasse une vie à zéro. Il fallait que ma mère se refasse une vie à zéro. On est resté à la même place, mais lui il est parti. Je n’ai pas assisté à son déménagement parce que j’étais à l’école pis après ça, je suis partie parce que c’était trop dur. Ç’a vraiment été une grosse relation. Pis honnêtement, j’ai eu le cœur brisé quand il est parti. (Mélodie)

D’un autre côté, le tiers des participants mentionnent qu’ils ne se sentent pas particulièrement proches de leur beau-père (n = 5). L’absence de points en commun ou d’expression des émotions ainsi que des conflits de personnalités sont autant de motifs qui amènent de la distance entre le jeune et son beau-père. Pour deux participants dont le beau-père ne fait plus partie de leur vie, la séparation de leur parent et de leur beau-père n’a pas été nécessairement difficile à vivre. Cela les amène à croire qu’ils n’étaient pas particulièrement proches de leur beau-père. Pour une autre participante dont le parent est toujours en couple avec son beau- père, la fin des contacts avec son beau-père ne serait pas nécessairement difficile selon elle puisqu’elle ne se sent pas très proche de lui.

Le second aspect de la proximité qui a été analysé est la présence ou non de chaleur et d’affection dans la relation selon la perception des jeunes. Près de la moitié des participants mentionnent avoir une relation chaleureuse et affectueuse avec leur beau-père (n = 7). Les participants ont tous des motifs différents qui les amènent à penser que leur relation se caractérise par la chaleur et l’affection, comme le fait d’avoir une bonne entente avec son beau-père, d’avoir une bonne complicité ou encore de passer beaucoup de temps à discuter ensemble. En voici un autre exemple :

C’est parce qu’il m’aime. Il s’intéresse à moi. Il ne fait pas ça pour ma mère. Non ça je le sais. (Samuel)

Pour un certain nombre de participantes, leur relation se situe entre l’affection et la distance (n = 5). Deux participantes expliquent que leur beau-père n’est pas nécessairement

chaleureux dans ses relations avec les autres en général puisqu’il ne démontre pas explicitement son affection. Une autre participante classe sa relation dans le milieu puisqu’elle avait une relation chaleureuse au début, mais que des conflits sont venus mettre de la distance entre son beau-père et elle. Pour une quatrième participante, c’est plutôt l’inverse. Pour elle, sa relation se situe à mi-chemin entre une relation chaleureuse et froide parce que la relation était conflictuelle à l’adolescence, mais qu’elle est un peu plus chaleureuse maintenant. La dernière participante de ce groupe mentionne que son beau-père est chaleureux, mais pour elle, il ne s’agit pas d’une affection profonde et engagée.

Pour un plus petit nombre de participants (n = 3), la relation avec leur beau-père est qualifiée de froide et distante. Pour les participants de ce groupe, ce sont surtout les divergences sur le plan de la personnalité et des intérêts qui semblent apporter de la distance entre leur beau- père et eux. Une participante mentionne également que la distance s’exprime par un manque d’intimité :

Il n’y a pas de relation intime. C’est toujours sur des choses qu’on fait, mais pas de la discussion. Des choses qu’on fait physiquement. (Sofia)

Enfin, lorsqu’il est question de chaleur et d’affection, plusieurs participants abordent les marques d’affection physiques. Les propos rapportés semblent indiquer qu’il y a souvent une

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frontière sur le plan de la proximité physique. En effet, près de la moitié des participants mentionnent qu’ils ont peu ou pas de proximité physique avec leur beau-père (n = 7). Parmi ces participants, deux participantes ont une relation où la chaleur et l’affection se situent dans le milieu alors que les cinq autres participants ont une relation chaleureuse et affectueuse. Les trois participants qui ont une relation froide et distante n’ont pas abordé cet aspect de leur relation.

Le troisième et dernier aspect examiné par rapport à la proximité est l’impression pour le jeune que son beau-père se soucie de lui. Une très grande majorité de participants a l’impression que leur beau-père se soucie d’eux (n = 13). Les beaux-pères se soucient des jeunes d’une manière qui varie d’une situation à l’autre. Un beau-père peut se soucier du jeune par son soutien (matériel, financier, lié aux activités), son investissement dans la relation (intérêt démontré, efforts, encouragements), un partage d’intérêts en commun ou encore par la démonstration de son affection. Pour certaines participantes, leur beau-père semble se soucier d’elles parce qu’il leur démontre de la fierté et qu’il partage avec elles des moments importants de leur vie. Pour d’autres participantes, elles se sentent importantes aux yeux de leur beau-père puisqu’il les inclut comme ses propres enfants :

Oui parce qu’il dit toujours « mes enfants ». Et je suis dans le « mes enfants ». Du coup, je pense qu’il me comprend dans son cercle très proche. (Muriel)

Une seule participante a l’impression que son beau-père ne se souciait pas d’elle puisqu’il n’était pas nécessairement impliqué dans sa vie :

Non il n’était vraiment pas impliqué dans nos affaires. Pis si mettons j’avais de quoi d’important dans ma vie, il n’était pas du genre à se renseigner. (Clara)

Pour le dernier participant, il s’avère difficile de savoir si son beau-père se souciait ou non de lui lorsqu’ils étaient en relation. La difficulté réside dans le fait que son beau-père éprouvait le désir de passer du temps avec le jeune, mais qu’il ne démontrait aucun geste d’affection. De plus, le participant mentionne que c’est difficile pour lui de s’imaginer ce que son beau-père pensait de lui.