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4.2.3 L’environnement familial et la motivation scolaire

4.2.3.3 L’implication des parents dans les études 1 Le choix de l’école

4.2.3.3.2 Dans le soutien scolaire

Les lycéens n’ont pas été interrogés directement sur le rôle que jouaient leurs parents dans le soutien scolaire. Les informations qui suivent ont plutôt «émergé» spontanément du discours des répondants. Il ressort que selon le statut de l’école, la famille ne s’investit pas de la même manière dans la scolarité de l’enfant.

Rappelons que tous les douze élèves du privé ont au moins un des parents qui a achevé ses études universitaires. Cette origine familiale n’est pas sans incidence sur les motivations des enfants. La pression des parents (ou leur substitut) est très nette chez Oumou, (Privé. F. 18 ans) dont les parents ont tous deux fini leurs études. Ils ne sont pas présents au pays depuis un certain temps mais restent très attachés à leur fille qui est confiée à une tante maternelle. Les parents ne « s’amusant pas » avec la question des études, la fille doit respecter ce choix :

J'ai voulu continuer parce que mon papa tient beaucoup à ce que j'étudie, ma maman la même chose, je dois faire ce que mes parents veulent et ce que moi je veux.

Son père et sa mère se relaient dans sa prise en charge; elle ne s’en plaint aucunement. Cependant, elle s’offusque du contrôle « démesuré » de sa tante à qui elle est confiée et qui lui laisse peu de répit dans les révisions scolaires. La pression reçue de cette tante pour l’obliger à être studieuse est loin d’être à son goût. Tout contre-argument qu’elle oppose à celle-ci est sans fondement :

Quand je rentre à la maison, il y a quelque chose que j'aime pas quand je quitte l'école. Je trouve mes tantes ; si je leur dis que j'ai un peu sommeil, je veux aller me reposer ou si elles viennent, elles me trouvent pas avec mes cahiers elles disent «va prendre tes cahiers il faut réviser, il faut prendre tes cahiers» je leur dis que j'ai besoin de repos. Quand même je vais pas passer tout mon temps à lire mes cahiers! ça j'aime pas qu'on me dise d'aller étudier parce que j'ai continué mes études c'est parce que j'ai

voulu donc j'aime pas ça. Toujours on me suit, mes tantes surtout parce que je vis avec elles, elles me disent prends tes cahiers, prends tes cahiers elles n'aiment pas me voir sans mes cahiers en fait, elles veulent toujours me voir avec mes cahiers et ça j'aime pas. Et ça, jusqu'à présent depuis que maman est partie.

Georgette (Privé. F. 19 ans) est fille d’un ingénieur militaire et d’une mère qui ne travaille plus pour des raisons de santé. Quoique sa mère n’ait que le brevet comme titre scolaire le plus élevé, elle reçoit de celle-ci de nombreux encouragements. A la question de savoir quelles motivations l’ont incitée dans ses études jusqu’au lycée, elle répond :

D'abord, y a l'éducation qu'on m'a donnée. Je ne crois pas si ma maman pourrait accepter que je reste à la maison sans venir à l'école. Donc je veux. Chaque fois elle me dit d'étudier, c'est bien, faut étudier, tu vois quand ton papa a étudié, c'est comme ça il est, c'est ça il fait, c'est ça il fait, donc toi aussi si tu étudies, peut-être que tu n'auras pas de problèmes dans l'avenir, elle m'a toujours dit ça. Même sans mes parents, j'aurais continué après avoir eu le brevet parce que je savais, l'ambition, j'aime trop étudier, et puis j'ai l'ambition d'étudier.

Les garçons, eux aussi, notent que leurs parents sont centraux dans leur réussite ou motivation. Aliou (Privé. G. 18 ans) par exemple a failli «couler» à son arrivée au collège en raison notamment de la diversité des matières, de l’éloignement de l’école, du domicile familial mais aussi de son inassiduité. Il ne se ménage point pour décrire son faible niveau de l’époque :

En 7e année, le niveau était très très très bas à mon compte; les deux premiers modules; j'avais lâché complètement, la moyenne était très basse. Les modules et les devoirs s'enchaînaient et moi j'étais là peinard; je faisais pas de révisions, je pensais à un miracle souvent. J'avais tout lâché, la preuve en est qu’à la première composition, j'étais dernier de la classe.

Il n’y eut pas «miracle» pour qu’il soit propulsé au sommet mais l’accompagnement de son père l’a sauvé de l’échec :

Avec le soutien de Padré (le vieux), je suis revenu un peu au niveau. Mon père a beaucoup joué sur moi pour rehausser la barre, il s'est beaucoup investi sur moi et ça allait en fin d'année. Je suis parti en 8e année pas avec une forte moyenne (11 sur 20) mais juste l'essentiel. Ça été le fruit de grands efforts.

Ce père continue à l’orienter et à le motiver. Lui-même a fini par y croire et il est prêt à tout pour décrocher son « bac » :

Le bac, moi-même, mon père m'a dit que le seul cadeau de clôture que je pourrai lui offrir, c'est d'avoir le bac si j'avais le bac, franchement il se sentirait surhumain.

Au public, les élèves ne font pratiquement pas mention de l’implication (directe) des parents dans le suivi de leur scolarité, encore moins dans leurs motivations à poursuivre les études. Les parents semblent exercer moins de pression. On a affaire à des élèves qui ont mené leur scolarité (au sens du suivi) dans une sorte de « laisser-aller » où ne prime que la motivation individuelle. Lorsqu’ils parlent de leurs parents, c’est pour rappeler soit le dur choc enduré après le décès du père (en général), soit pour décrire la nécessaire (et précaire, dans bien des cas) prise en charge de la subsistance et des frais de scolarité que les parents ont dû assurer. Dans le meilleur des cas, l’implication du père se traduit par «la mise à l’école» de l’enfant et par la prise en charge qui en découle. S’agissant de ce rôle, les discours indiquent que le père peut être de bonne foi et même soucieux pour la cause de son enfant. Il peut inscrire son enfant dans une école privée au préscolaire ou au primaire mais rarement au- delà. Par la suite, comme nous l’avons dit, pour raison de décès du père ou pour incapacité à continuer à supporter les coûts de la scolarité, l’enfant rejoint le public. Ce cas de figure se retrouve chez Dédé, Mamady, Moussa ou Bouba.

Pendant que j'étais enfant, je vivais avec mes parents, mon père et ma mère en ce moment là. Et j'ai commencé l'école par la maternelle jusqu'à

la 1ère année dans une école privée qu'on appelait « Limaniya » à Gbessia centre. Quand je suis arrivé en 1ère année, mon père est mort ; et ma maman n'avait pas les moyens de payer ma scolarité. Elle m'a alors transféré dans une école publique appelée « École primaire de Gbessia centre » où j'ai repris encore la 1ère année mais c'est mon père qui m'a inscrit à la maternelle. (Mamady. Public. G. 22 ans).

Dans les autres cas notamment pour les élèves qui n’ont fait que du public, l’implication des parents se résume à la seule scolarisation et à la prise en charge de la subsistance :

C'est mon père qui m'a mise pour la première fois à l'école. Il était chauffeur de minibus en ce moment. Ma maman, elle était ménagère et vendait. Mon papa est décédé en l'an 2001. J’étais en 5e A. Ma maman est décédée en 2003 (Dédé. Public. F. 20 ans).