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Chapitre IV : Présentation et analyse des données

4.1 Contexte scolaire guinéen

Notre recherche porte sur la Guinée, un pays d’Afrique occidentale dont la capitale est Conakry. Le pays a recouvré son indépendance politique de la tutelle française en 1958. Peu après, en 1959, de grandes réformes furent entreprises pour accroître « les capacités techniques et technologiques du peuple et pour le bonheur du peuple tel que défini par l’idéologie politique de l’époque. Pour cela, il fallait ramener l’école au niveau du peuple à la différence de l’école coloniale qui enseignait mais n’éduquait pas. L’école nouvelle était ainsi ouverte à tous les enfants sans distinction d’origine sociale ni de sexe » (Baldé, 2009, p. 81). Le premier régime politique inspiré du modèle socialiste s’est étendu sur 26 ans. Il a été caractérisé surtout par l’utilisation des langues nationales dans le système d’enseignement et par la scolarisation de masse. A l’aube de la 2e république en 1984, le pays opta pour une voie plus libérale marquée par la libre initiative et l’implication des institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale) qui étaient bannies par le passé. Mais comme partout un peu en Afrique, les prêts et appuis accordés par ces institutions sont assortis de conditions dont le faible recrutement des sortants d’université au sein de l’effectif de la fonction publique. Dès cette année de changement de régime, il fut convoqué une Conférence Nationale de l’éducation qui visait trois objectifs à savoir : la restructuration du système éducatif (a), l’amélioration de la qualité de l’enseignement et de la formation (b) et le renforcement des capacités de gestion, de planification et d’administration (c). La loi de promotion de l’enseignement privé a été également promulguée en cette année régie par les dispositions de l’Ordonnance N°0300/PRG/84 du 27 octobre 1984. Si à cette

époque, l’enseignement public général était suffisant pour contenir la plupart des enfants guinéens, l’accroissement de la population scolarisable associé à l’insuffisance des infrastructures a vite permis au privé de s’imposer. Rien qu’en 2005, les chiffres n’étaient pas négligeables. La part du privé était de 98% au préscolaire, 54% au primaire pour la ville de Conakry en 2005, de 6% pour les régions de l’intérieur du pays. Au secondaire (collège et lycée), le privé occupe 11% de l’effectif général (SSP, 2006).

Pour ce qui est de la structure de l’éducation formelle, il faut dire que le système scolaire et universitaire guinéen s’étale sur quatre niveaux consécutifs de formation en fonction du niveau de connaissance recherché : l’éducation préscolaire, l’enseignement primaire, l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur. En raison de l’objet d’étude de notre recherche, nous ne retiendrons que l’enseignement primaire et secondaire. L’enseignement primaire (ou élémentaire) guinéen est ouvert à tous les enfants ayant l’âge de sept ans. Il compte trois niveaux/cycles de deux ans : le cours préparatoire, le cours élémentaire et le cours moyen. La loi interdit le redoublement à l’intérieur d’un cycle mais l’admet par contre entre deux cycles. Le primaire est sanctionné par un examen intitulé Certificat d’Études Primaires (CEP) qui donne accès au secondaire. Celui-ci comporte deux cycles consécutifs : le collège et le lycée. Le collège commence par la 7e année et s’étend sur 4 ans jusqu’en classe de 10e année. Comme le primaire, il est validé par un examen, le Brevet d’Études du Premier Cycle (BEPC ou Brevet) qui constitue le «ticket» d’accès au lycée.

Jusqu’en 2005, une fois qu’ils y arrivaient, les élèves commençaient le lycée par la 11e A, passaient le «bac»1 en 12e, le «bac» 2 en terminale. Mais depuis cette année-là, il y a un baccalauréat unique en terminale dénommé «baccalauréat d’enseignement secondaire général» ou « bac » tout-court qui sanctionne toutes les études pré-universitaires. Comme on peut le constater, la durée normale du cycle pré-universitaire guinéen est de 13 ans. Au lycée, trois filières ou options sont à choisir par les élèves à partir de la 11e A : Sciences expérimentales (SE), Sciences mathématiques (SM) et Sciences Sociales (SS). Cette création remonte à 1987 et «répondait aux nouvelles finalités assignées à l’éducation par la conférence nationale de mai-juin 1984 » (EGE, 2008, p. 37).

Normalement, l’orientation dans l’une ou l’autre de ces filières a lieu avec l’appui du conseiller à l’orientation, du professeur principal ou du parent. Mais en réalité, s’il peut arriver que le parent guide son enfant comme on le verra chez certains, la procédure est plutôt très aléatoire dans l’ensemble car les services chargés à l’orientation sont plutôt très défaillants. Officiellement en Guinée, le calendrier scolaire pour le pré-universitaire s’étend d’octobre à juin mais en raison des perturbations socio-politiques (grèves, crises politiques), ce calendrier est très peu respecté.

Au cours des vingt dernières années, le système éducatif guinéen a connu de profondes restructurations à travers différents programmes sectoriels de l’éducation. On a noté une augmentation du taux brut de scolarisation (TBS) qui a vu les chiffres passer de 1990 à 2007 de 34% à 79% au primaire, de 12 à 43% au collège et de 5 à 23% au lycée. Au primaire, le taux net de scolarisation (TNS) était chiffré à 65% en 2007. Mais il ne faut pas perdre de vue que ce chiffre global comporte quelques écarts non négligeables selon le sexe, le lieu de résidence (rural ou urbain) ou selon les régions (capitale ou intérieur du pays). Par exemple, de 2002 à 2006, le TBS des filles au primaire est passé de 59 à 71% contre 79% à 86% chez les garçons. Pour la période considérée, le TBS était de 63% pour les filles, de 81% en ville contre 51% en milieu rural, de 124% à Conakry contre 62% à Kankan (UNESCO, 2008). Les chiffres indiquent également un fort taux de redoublement. Au primaire, les examens de fin d’année 2006-2007 « ont mis en évidence un taux d’échec de l’ordre de 70% confirmant ainsi le faible coefficient de l’efficacité interne du sous-système qui atteint à peine les 40%. Ainsi 60 à 70% des élèves quittent l’école primaire en situation d’échec puisqu’ils n’ont pas pu entrer dans le secondaire et n’ont, en fin de scolarité, ni acquis de connaissances significatives, ni développé de savoir- faire utiles » (EGE, Id., p. 26).

Au secondaire, selon les données du SSP (2006), de 1999-00 à 2005-06, les effectifs de l'enseignement secondaire sont passés de 196 651 à 478 364, soit une augmentation de 281 713 pour l’ensemble. Le taux d’accroissement moyen annuel est de 24% (garçons + filles) et 35% pour les filles. En zone rurale, ces effectifs sont passés de 41 952 à 107 026 soit une augmentation de

65 074 au total tandis que les filles sont passées de 8 553 à 32 055 soit une augmentation de 23 502. Le taux d’accroissement moyen annuel est de 26% pour l’ensemble et 46%pour les filles. En zone urbaine, les effectifs sont passés de 154 699 à 371 338 soit une augmentation de 216 639 au total. Le taux d’accroissement moyen annuel est de 23% pour l’ensemble et 33% pour les filles. Les établissements pour la même période sont passés respectivement de 174 à 287 avec un accroissement moyen annuel de 11% en zone rurale ; 225 à 506 avec un accroissement moyen annuel de 21% en zone urbaine. En dépit des efforts pour rehausser leur effectif, les filles sont encore moins scolarisées que les garçons malgré les multiples efforts fournis à tous les niveaux (29% contre 57 % de TBS). Au niveau des régions, Conakry (61%) est mieux scolarisée que toutes les autres. Kankan avec 19% est la moins scolarisée.

4.2 Les expériences scolaire et extrascolaire au public et au