312
Cf. CORNAZ, Laurent. Op. cit., p. 185.
de transmission des valeurs
314. Dans la ligne d’une recherche ethnographique
315, nous situons notre travail dans l’espace d’une « nouvelle
314
« La formation aux valeurs éthiques et morales doit reconnaître le poids et les dynamiques de nos propres contextes sociaux, économiques, politiques et culturels, de nos nations et de notre continent
latino-américain. Nous ne nous appuyons pas seulement sur les grandes traditions de la pensée philosophique et politique d’ordre universel, parce qu’il est important aussi de tenir compte de nos propres
traditions, nos propres imaginaires collectifs et, en général, du douloureux chemin de construction de nos nationalités ». Cf. MINISTERIO DE EDUCACIÓN NACIONAL DE COLOMBIA. Educación
ética y valores humanos. Serie lineamientos curriculares. No. 1. Raíces y ramas de la discusión ética. Bogotá : 2004.
315
Pour comprendre l’ethnographie de l’école : TAPERNOUX, Patrick. Ethnographie de l’école. Cahiers Pédagogiques. No. 306, p. 30-32 ; BERTHIER, Patrick, L’Ethnographie de l’École. Éloge
critique. Paris : Anthropos, 1996 ; BOUMARD, Patrick. « L’analyse interne ». In Perspectives de l’analyse institutionnelle. Méridiens-Kliencksieck, 1987 ; GERIN-LAJOIE, D. Le courant de
l'ethnographie critique en éducation. In HARDY, M., BOUCHARD, Y., FORTIER, G. L’école et les changements sociaux. Montréal : Les Éditions Logiques, 1998, p. 489-519 ; HESS, Remi. Le lycée
au jour le jour : ethnographie d’un établissement d’éducation. Paris : Meridiens-Klincksieck, 1989 ; De KATELE J. M., POSTIC, M. Observer les situations éducatives. Paris : PUF, 1988 ; SIROTA R.
L’École au quotidien. Paris : PUF, 1988 ; WOODS, Peter. Sociologie de l’éducation. « Un point de vue interactioniste ». Londres : 1983 ; SIERRA SABIRON, Fernando. Estructura de un proyecto de
investigación en Etnografía de la Educación. Revue Européenne d’Ethnographie de l’Éducation. No. 2, 2002, pp. 27-42 ; LAPASSADE, Georges. La méthode ethnographique. Un exemple :
l’ethnographie de l’école. www.arfe-cursus.com/ethnologie-corpus.htm. ; TAPERNOUX, Patrick. Remi Hess. Le lycée au jour le jour. Revue Française de pédagogie, No. 92, 1990, pp. 110-113 ;
ANDREO, Christophe. Déviance scolaire et contrôle social : une ethnographie des jeunes à l’école. Septentrion, 2005.
socialisation »
316développée par Berger et Luckmann. Ce qui identifie cette socialisation
317c’est l’intériorisation de « sous-mondes » institutionnels ou
basés sur des institutions
318. L’école se présente comme le passage fondamental entre la socialisation familiale qui est spontanée, naturelle, on peut dire
faite par “osmose”, et la socialisation dont les nouvelles interactions vont enrichir la personnalité des individus et leur monde des valeurs. À ce sujet,
Jean-Manuel de Queiroz nous dit que l’école représente pour l’enfant une double séparation : une première fois, en le retirant de l’espace et du temps
de la vie sociale en le dégageant du monde adulte, ce qui contrarie la formation d’une identité “ethnique”, en entravant les identifications précoces à un
groupe social et professionnel qui engendrent des “personnages”. Une deuxième fois, par l’inculcation de connaissances séparées des situations ou
connaissances qui n’ont d’autre fin qu’elles-mêmes, hors situation, hors-jeu social immédiat, dont le but est la formation d’une individualité abstraite et
capable d’abstraction, capable d’apprendre autrement que par la pratique
319. La transmission de valeurs par la socialisation scolaire va donc être
marquée par l’objectif propre de l’école en tant que lieu d’entraînement, lieu où les élèves apprennent à vivre dans une société avec ses contraintes et
316
Berger et Luckmann parlent de « socialisation primaire » pour identifier la socialisation que l’individu subit dans son enfance, et grâce à laquelle il devient un membre de la société. Ils parlent
ensuite de « socialisation secondaire » consistant en tout processus postérieur permettant l’incorporation d’un individu déjà socialisé dans de nouveaux secteurs du monde objectif de sa société et où
l’école joue un rôle de premier ordre. Nous ne sommes pas d’accord avec cette division, en commençant par un fait simple : de plus en plus l’école participe activement au processus de la socialisation
dite “primaire”, parce que les enfants débutent leur parcours scolaire (crèches, maternelles) plus tôt qu’auparavant. Nous gardons de ces auteurs quelques aspects importants propres au sujet de la
socialisation transmission à l’école.
317
Le MINISTERE DE L’EDUCATION COLOMBIENNE donne une définition pertinente du mot “socialisation” dans le document « Educación ética y valores humanos », déjà cité. Ce document
nous parle non seulement d’un processus toujours inachevé, mais aussi créatif soumis à une vague continuelle d’interprétation et de réinterprétation : « La socialisation est un processus interactif et
multidirectionnel qui implique une transaction et des renégociations permanentes de significations. Pour cette raison elle n’est pas seulement transmission de valeurs, de normes et d’attitudes, mais aussi
la construction d’une certaine représentation du monde que chaque individu réalise en utilisant des images “prêtées” par son contexte culturel mais qu’il interprète. La socialisation est donc le résultat
d’apprentissages formels et informels, et d’influences non intentionnelles qui donnent la possibilité à l’être humain de construire un code symbolique, un système de référence et d’évaluation du réel lui
permettant de se comporter d’une façon particulière dans chaque situation ».
318
Ibid. p. 189.
ses exigences. Pourtant, comme nous le verrons au cours de notre réflexion, cette éducation aux valeurs ne peut se réduire aux processus de
socialisation.
L’individu dans son expérience scolaire vit, nous dit François Dubet, « comme la montée successive d’une des logiques de l’action, l’intégration, la
subjectivation et la stratégie se combinant dans des figures de plus en plus complexes »
320. Au cours de cette socialisation, le contexte institutionnel est
habituellement perçu et les rôles sont facilement détachables de l’identité des individus qui les jouent. Dans ce sens, comprendre l’identité de l’élève
exige de tenir compte du fait qu’il faut plusieurs chocs biographiques pour désintégrer la réalité massive intériorisée au cours de l’enfance. Il en faut
beaucoup moins pour détruire les réalités intériorisées plus tard
321. L’individu commence à établir une distance entre son moi total et sa réalité d’une
part, et le moi partiel spécifique du rôle qu’il joue et de la réalité qui y est attachée, d’autre part
322. En fait, tandis que la réalité originelle de l’enfant est
“la maison”, réalité inévitable et naturelle, plus tard toutes les réalités ultérieures seront plus “artificielles”, mais l’individu peut les “naturaliser” en
intégrant le monde complexe des interactions.
Un horizon s’ouvre pour la socialisation dans la ligne de la spécificité de développement des identités : « Le fait que les processus de socialisation
Dans le document
LE PROCESSUS DE TRANSMISSION DES VALEURS CHEZ LES JEUNES : Etude comparative de trois configurations colombiennes
(Page 151-154)