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Les limites de la région que désigne le toponyme « Sous » n’ont pas toujours été clairement définies. Selon les époques, la superficie du territoire qu’il désigne s’élargit ou se rétrécit comme une peau de chagrin. Dans son sens le plus large, Sous a été utilisé pour désigner l’ensemble du Maroc. Le pays était alors divisé en deux parties : le Sous El Adna (le Sous Inférieur) qui est constitué de « l’ensemble des plaines atlantiques, de l’Atlas Occidental jusqu’aux abords de la chaîne côtière de la

Méditerranée » (R. MONTAGNE, 1930, p. 27), et le Sous EL Aqsa ( le Sous

Extrême), c’est-à-dire l’ensemble du pays situé au sud du Haut-Atlas. Par la suite, l’acception de ce terme a été restreinte au Sud du pays.

Au début du XVIème siècle, J. LÉON L’AFRICAIN décrit ainsi les limites de la région du Sous : « Elle commence à l’océan vers l’Ouest et se termine aux sables du désert vers le Sud. Au Nord, elle prend fin à l’Atlas, à la frontière du Hea [Haha]. À l’Est, elle finit au fleuve appelé Sus [Sous] dont cette région tire son nom ». (1956, p. 87). L’auteur exclut donc toutes les zones montagneuses (le territoire Haha dans le Haut-Atlas Occidental et tout l’Anti-Atlas). Le territoire ainsi délimité recouvre les plaines du Sous, de Chtouka, de Massa et de Tiznit ; et il s’étend jusqu’à l’Oued Draâ.

Plus près de nous, R. MONTAGNE utilise un critère linguistique pour délimiter les limites de la « province du Sous ». Selon lui, c’est toute cette région où la tašlhit est en usage, c’est-à-dire « l’ensemble des territoires de montagne du Haut-Atlas, de

l’Anti-Atlas et du Sirwa, entre le Draâ et l’océan ainsi que la plaine intérieure qui s’y

trouve enclavée ». (1930, pp. 6-9). Les limites de cette région sont aussi naturellement

définies par « la disposition du relief ». La limite sud suit le cours inférieur de l’Oued Draâ, la ligne du Jbel Bani et de Khela Tifernin. La limite nord part de Mogador et longe le pied du Haut-Atlas jusqu’à Demnat. Poussée jusqu’aux confins de l’Atlas Oriental, la limite orientale se situe aux passages de l’Izoughar. Quant à la limite occidentale, elle est naturellement tracée par l’Océan Atlantique.

Dans le premier découpage du pays en 7 régions économiques1, le dénominatif Sous avait disparu de la terminologie gouvernementale. La région du Sous était comprise dans la région dénommée Région Sud, qui comprend les provinces d’Agadir, Tarfaya et Ouarzazate. Dans l’actuelle réorganisation du territoire en 16 régions2, le dénominatif Sous réapparaît dans la terminologie administrative. Ainsi, la région Sous- Massa-Draâ a pour principal centre urbain Agadir. Et, elle recouvre 6 provinces/préfectures : Agadir-Idaw Tanan, Inezgane-Aït Melloul, Chtouka-Aït Baha, Tiznit, Taroudant et Ouarzazate (Figure 2, p. 37).

Dans ce travail, j’utilise le terme Sous dans un sens large pour désigner toute cette région de plaine et de montagne (versants sud du Haut-Atlas Occidental et Anti-

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. Ces régions ont été créées par le dahir du 16 juin 1971 ; et elles sont « destinées à devenir le cadre obligé pour tous les projets de développement et d’équipement. [...] La région créée en 1971 a [...] une finalité purement économique ; son découpage a été réalisé à la suite des travaux d’un groupe interministériel, le Groupe d’Étude de la Régionalisation (G.E.R.) sur la base de la prise en compte de nombreuses données : bassins versants, démographie, infrastructures, ressources naturelles, activités économiques, armature urbaine, flux commerciaux et financiers, etc. Il s’agissait, en effet, selon les directives du législateur, de grouper un ensemble de provinces qui, sur les plans tant géographique qu’économique et social, entretiennent ou sont susceptibles d’entretenir des relations de nature à stimuler leur développement et, de ce fait, justifient un aménagement d’ensemble ». M. ROUSSET, 1997, pp. 58-59. Voir en annexe l’ancien découpage du territoire marocain en 7 régions économiques (Figure 10).

2. Le projet de création de ces 16 régions a été adopté à l’unanimité par la Chambre des Représentants en septembre 1997. Voir A. ALAOUI, 1997, « Couronnement de la démocratie hassanienne : régionalisation, décentralisation et déconcentration » M.S.M., (9727) 8 sept., pp. 1-2. Ce nouveau découpage du territoire résulte du souci du roi Hassan II de doter les institutions régionales de compétences « ‘leur permettant de s’affirmer, de connaître leurs besoins, d’évaluer l’échelle de leurs priorités et d’exprimer collectivement nonobstant la diversité des partis et des courants politiques, leurs aspirations, d’être le porte-parole, le promoteur, le planificateur, l‘édificateur et l’exécutant sur leur territoire’ [...] Il ne s’agit donc plus seulement de rééquilibrage économique. Le roi souhaite en effet inverser le sens d’une évolution qui, depuis 1912, tend au renforcement et à la centralisation du pouvoir sous toutes ses formes : politique, administrative, économique. [...] La révision constitutionnelle de 1992 transforme la région en collectivité territoriale afin de lui permettre de prendre en charge les intérêts de la population régionale grâce à une autonomie de gestion administrative et financière des institutions issues du suffrage au même titre que la commune ou la province. [...] Ces régions tiennent ainsi un plus grand compte que celles de 1971 des facteurs ethniques, géographiques et historiques ; mais elles doivent aussi jouer le rôle ‘d’un espace de développement économique et social’ ». M. ROUSSET, 1997, pp. 62-63.

Atlas), où la tašlhit est en usage. J’utilise le terme « plaine du Sous » au singulier lorsque je me réfère uniquement à la vallée drainée par l’oued du même nom, et au pluriel lorsque je me réfère à tout le bassin triangulaire, enclavé entre les monts de l’Atlas et l’Océan Atlantique (Figure 1, p. 36).