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Les quartiers d’Agadir avant le séisme

2. Le Grand Agadir

2.2. Agadir de 1911 à 1960

2.2.3. Les quartiers d’Agadir avant le séisme

Le premier plan d’aménagement de la ville, le plan de Zeys, est établi en 19323. Il prévoit l’édification d’une ville résidence, d’un quartier administratif, d’un quartier industriel, d’une médina et de camps militaires. Ce plan répond à cinq objectifs : le développement de la ville en amphithéâtre (« Fer à cheval ») afin de permettre des vues pittoresques sur la mer et sur les sites montagneux voisins ; l’affectation d’un rôle de

1. Voir A. de LA PORTE DES VAUX, 1952, « Notes sur le peuplement juif du Sous » B.E.S.M., 15 (55), 3ème trim., pp. 626-632.

2. Ibid., p. 627.

3. Voir le plan en projet dès le début des années 20 in : J. RAYMOND, 1923, « Dans le Sous mystérieux, Agadir », La Géographie (39), mars, p. 339. Voir aussi la description que fait cet auteur de la ville d’Agadir en 1921, pp. 324-330

médina au quartier de Talborjt, la construction d’un embryon de ville européenne séparé du reste de la ville par l’Oued Tanaout au nord et l’Oued Tildi au sud, et l’édification d’une station balnéaire1. Avant le séisme, la ville d’Agadir se composait de quatre types de quartier (Figure 5, p. 52).

- Les quartiers populaires. La Kasbah, Founti, Yehchech et Khiam sont denses et insalubres. Ils regroupent 30% de la population sur 10% de la superficie2. Founti, le premier quartier d’Agadir, est aménagé sur une pente qui domine le port et la route d’Essaouira. Le quartier de la Kasbah (ou Agadir-Ighir) est situé sur le piton de 220 m qui surplombe Founti et le port. Avant son rattachement au périmètre municipal d’Agadir (1950), le quartier Yehchech n’était qu’un douar. Sa population, en majorité composée de migrants, constitue une réserve de main d’oeuvre. À l’origine, ce douar était formé de cabanes de bergers et de transhumants. Yehchech, le nom de ce quartier, vient du terme berbère ihšaš qui signifie « cabanes ». Quant au quartier Khiam, c’était à l’origine un douar de nomades chassés du Sahara par la sécheresse et la famine (1945). Khiam, le nom de ce quartier vient du terme arabe lXyam qui signifie « tentes ». Sédentarisés, ces nomades ont peu à peu remplacé leurs tentes par des cabanes. Le quartier Khiam constitue également une réserve de main d’oeuvre. Les femmes travaillent dans les usines d’emballage et de conserves ; les hommes dans le commerce et le bâtiment.

- Les quartiers industriels. Anza est le premier quartier industriel du Sud du pays. Il se situe au nord de la ville, sur la route d’Essaouira. Ses quartiers ouvriers sont des bidonvilles plus ou moins organisés. Le Quartier Industriel (Lbatoir3) est la seconde zone industrielle créée dans l’aire d’Agadir et dans le Sud du pays. Il se situe au sud- est de la ville. Ses habitants sont des commerçants et des ouvriers plus favorisés que ceux vivant à Anza, Yehchech ou Khiam. Les cités ouvrières y sont organisées en blocs d’environ 50 logements.

1. A. EL HJOUJI, 1983, p. 54. 2. Ibid., p. 59.

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. La population marocaine a surnommé ce quartier Lbatoir, en raison de la présence des abattoirs dans son périmètre.

- Talborjt est un quartier mixte et commercial. Ses premières constructions datent de 1925. Le nom de ce quartier signifie « la petite tour » ou « la petite forteresse ». Talborjt s’étend sur un plateau entre l’Oued Tildi et le quartier La Ville Nouvelle. Juifs, européens et musulmans y cohabitent en paix. Sa population se compose pour moitié de musulmans et pour moitié de juifs et d’européens. En raison de la concentration de la totalité du commerce de gros et d’une grande partie du commerce de demi-gros dans son périmètre, Talborjt est le quartier le plus animé de la ville ; et il fait figure de médina.

- Le quartier La Ville Nouvelle se compose de trois unités. Le Plateau Administratif abrite des bâtiments européens ultramodernes. Le centre ville, surnommé « Fer à cheval » en raison de la forme de sa voirie, regroupe les commerces de luxe, les agences de voyage, les banques. L’espace résidentiel (le Secteur mixte et l’Extension X) se compose de villas et de petits immeubles de haut standing ; sa population est en majorité européenne. A l’écart des espaces résidentiels, les installations touristiques et balnéaires sont concentrées sur le Front de mer.

Le deuxième plan d’aménagement, le Groupement Urbain d’Agadir Sud-Est (G.U.A.S.E.) est établi par M. Ecochard en 1947. Ce plan prévoit une ville de 100.000 habitants. Il a été établi pour protéger les terres irriguées et les espaces naturels (dunes, forêts, etc.) ; et il réserve des secteurs d’extension d’habitat et d’industries. Les trois principales administrations du G.U.A.S.E. sont Agadir, Inezgane et Aït Melloul. Aït Melloul doit son développement à son emplacement près du pont de l’Oued Sous. C’est le lieu d’approvisionnement des agriculteurs en pièces détachées, engrais et semences. Inezgane a également un rôle commercial en raison de son souk hebdomadaire du mardi (Tlata). Elle a aussi un rôle administratif : c’est le chef lieu de plusieurs tribus, notamment Ksima (Aksimen) et Mesguina (Imesguin)1. Après le passage d’Agadir sous l’administration civile (1930), le service des Affaires Indigènes et des Renseignements administrant le territoire de ces tribus est resté sous l’autorité militaire. De tous les centres de l’aire d’Agadir, seule Inezgane fait figure de gros

1. En 1952, la population du Bureau d’Inezgane était de 3.142 habitants pour le centre d’Inezgane, de 16.215 âmes pour la tribu Ksima, et de 14.876 âmes pour la tribu Mesguina (A. EL HJOUJI, 1983, p. 57).

bourg. Les autres centres (Aït Melloul, Tikiouine, Bensergao, Dcheïra, Tarrast et Jorf) n’étaient alors que des douars, mais c’est leur développement « anarchique » qui a rendu nécessaire la mise en place d’un plan de protection des zones agricoles et forestières (A. EL HJOUJI, 1983, p. 53).

2.3. Agadir de 1960 à nos jours