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la sismicité historique de la wilaya de Jijel avant l’ère instrumentale

DES TERRITOIRES A RISQUES

1. Les risques naturels Le poids des séismes

1.1.1 la sismicité historique de la wilaya de Jijel avant l’ère instrumentale

La connaissance de la sismicité historique porte sur une recherche documentaire d'archives historiques. Tout document en mesure de nous procurer des informations est automatiquement analysé, allant ainsi des chroniques aux simples correspondances, d’anciens registres aux premières discussions scientifiques, de la presse ancienne à l’actuelle, des premiers catalogues

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Rapport_ AFPS 2003 - rapport préliminaire de la mission de l’association française du génie parasismique sur le séisme du 21mai 2003 de Boumerdés ; Algérie.

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de séismes aux plus récents. L'analyse de ces différentes sources conduit à définir ou à redéfinir pour chaque événement un épicentre et une intensité associée.

Plusieurs listes chronologiques des secousses ressenties à travers la wilaya de Jijel ont été ainsi établies et les données collectées au niveau des dépôts d’archives historiques locaux et étrangers sur chacune de ces secousses, leur localité exactes (macro seismic datapoints) et leur impact sur les populations, les constructions ont permis l’élaboration de nouvelles cartes des intensités locales des séismes et surtout la circonscription de leur zones épicentrales.

Ces datas regroupées sous forme de catalogues, offrent ainsi, une meilleure connaissance de l’aléa sismique à long terme pour l’ensemble du territoire de la wilaya.

La connaissance des séismes anciens est importante car elle permet de classer la région comme sismique, ce qui signifie qu’elle va connaitre d’autres événements sismiques à l’avenir, et tout aménagement projeté doit en tenir compte. L’analyse de ces différents catalogues facilite alors la localisation des territoires vulnérables aux séismes et la détermination de leur période de retour.

les Séismes historiques à Jijel avant 1856

Si les mouvements tectoniques, à l’origine de l’émergence de la méditerranée actuelle, remonteraient à plusieurs millions d’années, la séismicité historique, au niveau de Jijel dépasserait peut être aussi des milliers d’années, les séismes anciens mis en évidence (datés) remonteraient jusqu’en 1466 (tab.34).

YR MNH DY H MIN S LAT LON ITSC Site Références

1466 FEV 10 - - - 37,4 5,6 8MM N. Jijel USGS/NEIC 1504 AVR 5 9 0 0 37,4 5,6 9MM N. Jijel USGS/NEIC

1504 JUN 21 23 0 0 37,4 5,6 5MM N. Jijel USGS/NEIC 1608 MAR 21 - - - 37,4 5,9 8MM N. Jijel USGS/NEIC 1724 FEV 27 6 30 - 37,4 5,9 8MM N. Jijel USGS/NEIC 1748 SEP 22 9 30 0 37,4 6 7MM NE Jijel USGS/NEIC 1763 OCT 11 8 0 0 37,4 6 5MM NE Jijel USGS/NEIC

Tab. 34: Séismes historiques à Jijel antérieurs à 1823 mentionnés dans le catalogue (USGS/NEIC)

le Séisme de Jijel du 22 Août 1856 : le plus violent tremblement de terre du Nord-Est algérien et de l’Afrique du Nord

En 1856, le 22 août à 11h 50 mn, une terrible secousse a fait vibrer la région de Jijel, détruisant les deux tiers de la ville.101 La secousse en question a duré une quarantaine de secondes et fut précédée, 24 heures plus tôt par une secousse d’une intensité presque identique vers les 22 h00.

La secousse majeure du 22 Août a été ressentie selon Ambraseys102 sur un rayon de 410 000 km2, ainsi le choc a été perçu localement au niveau d’El Kala, Sétif, Batna, Alger (fig.50) et même sur l’autre rive de la méditerranée en Italie (Gênes) et en Espagne, (les îles Baléares). Cette catastrophe s’est soldée par la mort de cinq personnes et par la destruction de nombreux biens individuels, collectifs et édifices publics (27 sites endommagés)103.

La faiblesse du nombre de victimes s’explique selon Chesneau104, par le fait que la population de Jijel a quitté la ville dés la première secousse, c’est à dire le 21 Août.

Plusieurs répliques, de cet événement ont été observées et se sont étalées jusqu’au mois d’Octobre, dans son catalogue Mme Hée, indique 54 répliques. Des gerbes d’eau et des éruptions de vases sulfureuses ont jailli tout autour de Jijel, l’épicentre serait probablement situé d’après les calculs de De Sénarmont105 en mer, à 15 milles au N7° E de Jijel.

Le séisme a été suivi par un raz de marée de 2 à 3 m de hauteur, selon le CRAAG (1991), le tsunami de Jijel a été généré par un courant de turbidité similaire à celui d’El Asnam en 1954. - Effets de sites engendrés par le séisme de 1856

Selon Harbi (2001), des signes de liquéfaction, des fissures, des éboulements de roches et des glissements de terrains ont été observés suite au tremblement de terre.

L’intensité du séisme de 1856 a été estimé par Ambraseys en 1982 à VIII (MSK), mais la nouvelle version de la carte d’intensité établie récemment par Harbi et al, a réévalué l’intensité maximale (en tenant compte des dommages et effets de site induits).

101

Rothé. J.P (1950) ; Les séismes de kerrata et la séismicité de l’Algérie Annales de l’institut de physique du globe, tome VI.

102

Ambraseys, N.N. (1982); The seismicity of North Africa the earthquake of 1856 at Jijelli, Algeria.

103 Harbi. A (2001) ; Analyse de la sismicité et mise en évidence d’accidents actifs dans le Nord-Est Algérien ; Mémoire de Magister, USTHB ;Alger.

104 Chesneau. M (1892); Notes sur les tremblements de terre, Annales des mines, 9 éme série, tome I, pp. 5-46, Paris.1892 ; Le Bulletin du service météo d’Algérie, 1889 à 1908.

105

De Sénarmont. M.H ; Analyse des documents recueillis sur les tremblements de terre ressentis en Algérie du 21 août au 15 octobre 1856, Comptes – rendus.

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Fig. 50: Aire de perceptibilité du séisme de Djidjelli du 22 août 1856 (modifiée par Ambraseys, 1982).

En se basant sur cette nouvelle carte d’intensité, ce séisme (fig.51) aurait un épicentre macrosismique situé à 36.82°N, 5.79°E et une magnitude d’ondes de surface estimée à 5.7 ± 0.17.

Fig. 51: Carte isoséiste du séisme de Djidjelli du 22 août 1856 (version Harbi et al. (2003))

Domzig106 indique une défaillance du système de rampes parallèles, en segments parfois assez long au large de Jijel composé d’au moins trois failles parallèles à la côte Sud-Est (fig.52).

106 Domzig. A(2006) ; Déformation active et récente, et structuration tectonosédimentaire de la marge sous-marine algérienne, Ph.D. dissertation,333p., Int.Univ.Eur. de la Mer, Brest Univ., Brittany, France.

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La compréhension des mécanismes des séismes dans la région de Jijel s’améliore avec le développement des nouvelles recherches sur les fonds marins et cela grâce à la campagne de bathymétrie, la configuration du relief sous marin est mieux connue. Ainsi, l’existence de trois failles actives au large de Jijel (fig.52) est à l’origine du tremblement de terre des 21 et 22 Aout 1856 associé au tsunami.

Fig. 52 :(a) Bathymétrie au large de Jijel avec les quatres structures chevauchantes supposées actives (DOMZIG, 2006). (b) Les trois failles WS (West Segment), CS (Central Segment) et ES (East Segment), elles seraient à l'origine des tremblements de terre des 21 et 22 août 1856 et des tsunamis (source AK Yelles-Chaouche et al)