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MEDITERRANEE OCCIDENTALE ET LES POLITIQUES DE PREVENTION

1. Les risques naturels en Méditerranée occidentale Les séismes

1.3. Les mouvements de terrain

L’espace méditerranée est le lieu de nombreux glissements de terrain, à cause de l’orographie montagneuse d’une grande partie de cet espace; ces mouvements de terrain sont très variés par leur nature (glissements de terrain, coulées…) et par leur dimension. La plupart des pays de la méditerranée occidentale sont concernés par ce type de risque mais avec des fréquences variables. Cet aléa est présent non seulement dans les régions de montagnes mais aussi dans les régions à relief moins énergétique. Les glissements de terrain touchent des sols argileux et se déclenchent ou se réactivent selon les apports en eau, ils peuvent être provoqués ou aggravés à la suite de fortes pluies ou de vibrations sismiques.

En France, ce risque touche plusieurs départements les zones les plus exposées sont surtout les Alpes et les Pyrénées (relief accidenté et conditions climatiques difficiles).

Ainsi en 1248 l’éboulement du flanc du Mont Granier en Savoie a causé la destruction de 5 villages et le décès de plus de 2000 personnes52.

Le Nord, le centre et le Sud de l’Italie sont aussi sujets aux mouvements gravitaires, selon Catenacci 53, cet aléa serait responsable de 37% du nombre total de victimes par les événements naturels.

Eboulements, coulées boueuses et glissements de terrain caractérisent ainsi, les versants italiens, deux facteurs, essentiels jouent en leur faveur, la nature des roches et les fortes pentes. L’ensemble du territoire est devenu encore plus fragile par le déboisement et l’urbanisation, et on recense plus de 4000 déplacements de sol, dont 27 % sont situés à l’intérieur de centres habités.

Parmi les glissements les plus meurtriers, celui du Vajont en 1963 qui fit plus de 2000 victimes et plus récemment en 1998 la coulée boueuse prés de Naples qui a causé 160 morts et deux millions de mètre cube de boue déplacée.

L’Espagne n’est pas épargnée par les mouvements de masse, qui en période de précipitations abondantes se déclenchent et sont localisés au Nord dans les Pyrénées et au Sud au niveau de la chaîne bétique et la Sierra Nevada.

52

Maquaire. O (2002) ; Aléas géomorphologiques (mouvements de terrain)-processus, fonctionnement, cartographie-Thèse d’habilitation ;ULP; 219 p.

53

Catenacci.V (1992) ; Geological and géoenvironnemental failure from the post-war to 1990, Italy servizio Geologico nazionale- Memorie Descrittive della Carta Geologia d’Italia, 301p.

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Les instabilités du sol au Portugal54 restent aussi assez fréquentes, à l’exemple de la municipalité de Torres Novas, faisant partie de Santarém, au Nord du fleuve Tage.

Cette région est particulièrement marquée par l’instabilité de ses versants favorisée par une importante variabilité interannuelle (des automnes, hivers ou printemps fortement pluvieux). Au Maghreb, les mouvements de sol sont omniprésents en période hivernale, en effet, les chaînes telliennes d’Afrique du Nord offrent une multitude de sites favorables, du fait de la prédominance de fortes pentes développées dans des roches marneuses ou argilo marneuses55 .

Les mouvements de masse jouent un rôle prépondérant dans l'évolution des versants des montagnes telliennes et rifaines, provoquent des pertes en terre considérables et nuisent aux populations locales en diminuant les superficies cultivables et en menaçant les établissements humains.

Le Nord du Maroc56 (et particulièrement la région du Rif), est marqué par l’instabilité de ses versants naturels, à l’image de la province de Chefchaouen, (Rif central) et de la péninsule Tangitaine…

Ainsi l’effondrement de 1988 à Fez (Hafet Benzakour), fit 52 morts et des dizaines de maisons détruites. Ces instabilités affectent aussi certaines parties des villes de Tanger, Tétouan, El Hoceima et particulièrement les tronçons de routes menant à ces villes.

En Tunisie ce phénomène affecte surtout les montagnes du Nord et porte atteinte aux ouvrages publics et aux champs de culture à l’exemple du glissement d’Ain Draham de 2007 (à Kroumirie). D’anciens glissements ont déjà été signalés dans les régions de Zaghouan (1982), Korbous (1982) et surtout Sidi Bou Saïd. Mais, les mouvements de masse en Tunisie restent moins spectaculaires et moins répandus que les inondations57.

1.4. Les feux de forêts

Plus de 50 000 incendies ravagent (fig.19) chaque année environ 700 000 ha à 1 million d'hectare de forêt méditerranéenne58, la méditerranée occidentale est particulièrement touchée et surtout le Portugal et l’Espagne (tab.1).

54Cunha .L, Leal .C, Tavares .A , Santos P(2011) Territórios de risco no município de Torres Novas. VIII Congresso da Geografia Portuguesa, Lisboa, 6p.

55 Maurer. G. (1976) ; Les mouvements de masse dans l’évolution des versants des régions telliennes et rifaines d’Afrique du Nord. Actes du symposium sur les versants en pays méditerranéen. Aix en provence, 1975, CEGERM.

56

Rapport national marocain ‘’Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes naturelles ‘’Yokohama-1994.

57

Bonvallot. J (1982);Conditions géographiques de la lutte contre l’érosion dans la régiond’Aïn Draham (Tunisie du Nord-Ouest), Publication DRES-ORSTOM E.S, n° 204, 64 p.

58 Kazakis.G, Ghosn.D (2008); Le problème des incendies de forêts en Méditerranée ; lv6 CIHEAM.

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Selon Vélez59, la situation s'est aggravée à partir des années 70, en termes de nombre et de superficies brûlées.

Fig.19 : Concentration des feux de forêts en méditerranée occidentale 2010. MODIS Rapid Response System (NASA/GSFC)

Pays Nombre de feu par

an

Surfaces brûlées (ha/an)

Portugal 28 143 143 695 Espagne 20 482 109 345 Italie 8 608 78 100 France 5 172 23 462 Algérie* 1637 35 025 Maroc** 315 3 340 Tunisie*** 101 1900

*Période 1985 - 2010 (JRC, 2010)(Meddour- Sahar et Derridj 2012) ** Période 1990-1999,(Ramade,1997)

***Période 1980- 1985 (Ramade, 1997)

Tab. 2 : Moyennes annuelles des nombres de feux et des surfaces brûlées dans les pays de la partie occidentale du bassin méditerranéen (Dimitrakopoulos, Mitsopoulos, 2006).

Les pays euro-méditerranéens sont plus touchés par les feux de forêts (fig.20) que ceux du Maghreb, en effet, le Portugal occupe le premier rang avec 143 695 ha / an incendiés, suivi par

59 Velez. R.(1990) ;Les incendies de forêt dans la région méditerranéenne. Panorama régional. Unasylva, 162 (41), 3-9..

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l’Espagne 109 345 ha/an, puis l’Italie avec 78 100 ha/an brûlés pour la période allant de 1995 à 2004 (tab.2).

Fig.20 : Carte du risque feux de forêts en Méditerranée occidentale

Au niveau de la rive Sud (tab.2), l’Algérie est le pays le plus exposé au risque feu de forêt avec 35 025 ha de superficie brûlée par an (entre 1983 et 2010) ensuite vient le Maroc avec 3340 ha incendiés (entre 1990 et 1999). La Tunisie reste ainsi le pays le moins exposé aux incendies, 1900 ha/an touchés par le feu (entre 1985 et 1990).

L’origine d’un incendie est souvent difficile à déterminer du fait de l’absence de preuves matérielles concrètes; il en résulte que le pourcentage de causes inconnues peut être très important. Ce pourcentage, en nombre d’incendies (fig.21), atteint 36 % en Espagne, 30 % en France, 65 % en Tunisie.60.

Les facteurs climatiques responsables des feux de forêts dans l’espace méditerranéen, sont les étés longs, les températures élevées et les vents secs : la Tramontane en Italie et en Espagne, le Mistral en France, et le Sirocco au Maghreb. Les essences pyroclimaciques (peuplements de pin) présentes sur les deux rives de la méditerranée occidentale jouent le rôle de combustible naturel, à cela s’ajoute, les causes anthropiques (accidentelles ou volontaires) liées aux exploitations, leur répartition dépend,étroitement du contexte social, économique, politique et législatif de chaque pays.61

60

Cahier FAO conservation 36 (2001); ‘’Protection des forets contre l‘incendie Fiches techniques pour les pays du bassin méditerranéen’’. (fao.org/docrep/fao/005/Y2747f/Y2747f02.pdf).

61

Idem

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Fig.21 : Répartition des causes des incendies de forêts par pays en méditerranée occidentale (FAO; 2001)

2. L’expérience des politiques de prévention des risques naturels à l’étranger : Le cas de