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La dynamique du milieu physique et ses conséquences 1. La forte sensibilité des sols à l’érosion

LE MILIEU PHYSIQUE ET LES TERRITOIRES A RISQUES DANS LA WILAYA DE JIJEL

6. La dynamique du milieu physique et ses conséquences 1. La forte sensibilité des sols à l’érosion

Tab 23 : Affectation des eaux souterraines (DHW Jijel 2014).

6. La dynamique du milieu physique et ses conséquences 6.1. La forte sensibilité des sols à l’érosion

Le potentiel agricole utile de la wilaya de Jijel est localisé dans les plaines côtières qui bénéficient d’une forte humidité liée à la proximité de la mer favorisant ainsi les pratiques d’une agriculture spéculative, mais correspondant aussi à des zones inondables.

L’arrière pays est occupé par les montagnes qui supportent des massifs forestiers homogènes à haut potentiel productif : c’est le domaine du pin d’Alep et du chêne liège, mais aussi de l’olivier. Cette zone montagneuse est particulièrement soumise à l’érosion, sous l’effet du ruissellement concentré. L’impact de l’érosion hydrique se traduit actuellement par :

-un envasement rapide des barrages qui réduit la capacité de stockage, -une diminution tendancielle de la fertilité des sols.

Selon les résultats de l’étude « Inventaire des terres et des forêts » (BNEDER, 1982), traduisant le degré de sensibilité des sols à l’érosion (fig.46) en fonction de la pente et de la nature du substrat, Jijel est l’une des wilayas les plus menacées par le phénomène de l’érosion, où plus de 70 % de ses terres sont érodées.

La protection des sols et la lutte contre l’érosion impliquent des actions en rapport avec la vocation naturelle sylvo-pastorale de Jijel et sa fonction de réservoir d’eau.

Ainsi, et dans ce cadre, le schéma directeur d’aménagement des forêts de la wilaya de Jijel élaboré en 2008 par le BNEDER, propose l’établissement de plans d’aménagement par espace physique devant aboutir à des effets significatifs en matière de couverture protectrice d’une part et de renforcement du potentiel de production de liège d’autre part.

Fig. 46: Carte de sensibilité à l’érosion de la wilaya de Jijel (DSA, modifiée par l’Auteur)

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2. L’importance des écoulements dans la plaine de Jijel 98 6.2.1 Les apports de l’oued El Kebir.

Les bassins hydrologiques dans la wilaya de Jijel semblent très actifs et déversent annuellement des volumes importants d’eau et de sédiments en direction de la baie. L’analyse des données de l’agence nationale des ressources hydrauliques (ANRH) pour la période 1983-1991 montrent une grande variabilité des débits liquides et solides de l’oued El Kebir (tab.24) : les premiers restent assez soutenus au cours de cette période avec un minimum en 1987 de 9,527 m3/s et un maximum de 70,37 m3/s enregistré au cours de l’année 1984, tandis que les apports solides varient de 37,51.10-3 kg/s en 1987 à 692,7. 10-3 kg/s au cours de l’année 1984.

L’année 1990 semble assez indicative puisque les débits solides atteignent un niveau élevé à 635,27 10-3 kg/s (tab 24). La figure 47 (a,b), permet d’identifier l’existence d’une relation entre les débits liquides et solides qui consiste en une augmentation concomitante des débits liquides de l’oued et des apports solides ;cette situation traduit l’existence d’une importante dégradation du bassin versant de l’oued El Kebir.

L’année 1984 fut particulièrement pluvieuse et on a enregistré de nombreux épisodes d’inondations à travers l’Est algérien où l’oued El Kébir a engendré des débits liquides de

98 Rapport ANRH (1991), Etude hydro-dynamique de la plaine côtière de Jijel.

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70,37 m3 /s pour des apports solides de 692,68 10-3 Kg/s alors qu’à la station d’El Ancer les débits de crue on atteint 2412 m3/s et une cote maximale de 9,16 mètres.

Années Débits liquides (m3 /s) Débits solides (10- 3 kg/s)

1983 35,31 344,68 1984 70,37 692,68 1985 22,99 184,69 1986 32,11 221,87 1987 9,527 37,51 1988 17,01 131,56 1989 8,467 147,5 1990 46,14 635,27 1991 23,2 193,62

Tab. 24 : Les débits solides et liquides d’oued El Kebir (83-91) (ANRH)

Fig.47 a : Les variations interannuelles des débits liquides de l’oued El Kebir (83-91) (ANRH)

Fig.47 b: Les variations interannuelles des débits solides de l’oued El Kebir (83-91) (ANRH)

6.2.2 Les apports de l’oued DjenDjen.

L’oued DjenDjen se caractérise aussi par sa grande variabilité interannuelle étant donné que ses débits liquides varient de 1,10 m3 /s en 1989 à 16,75 m3 /s au cours de l’année 1984. Sa charge solide importante a atteint 2,97.10- 3 kg/s en 1989, et plus de 118.10- 3 kg/s au cours de l’année exceptionnelle de 1984 (tab. 25 et fig. 48 a,b).

Il faut rappeler que les événements de crue sont fréquents à travers la wilaya de Jijel comme au cours de l’année 1973 en septembre, où l’oued DjenDjen a enregistré un débit max de 800 m3 /s et une cote maximale de 3,54 mètres.

Années Débits liquides (m3 /s) Débits solides (10- 3 kg/s)

1983 7, 83 50,76 1984 16,75 118,49 1985 3,72 10,59 1986 5,55 40,38 1987 2,26 9,86 1988 14,17 15,45 1989 1,10 2,97 1990 5,47 30,42 1991 3,02 28,26

Tab. 25 : Les débits solides et liquides de l’oued DjenDjen (1983-91) (ANRH)

Fig .48a : Les variations des débits liquides de l’oued DjenDjen (83-91)(ANRH)

Fig. 48b : Les variations des débits solides de l’oued DjenDjen (83-91) (ANRH)

Les variations des débits de l’oued DjenDjen traduisent bien la réponse du bassin versant très sensible à l’érosion.

6.2.3 Les apports des oueds Mencha et Nil

Situé à l’Ouest d’oued DjenDjen, les débits liquides et solides de l’oued Mencha ont été estimés respectivement au cours de l’année 1984 à 100.106 m3/an et 500 000 m3/an. L’oued Nil localisé à l’Est de l’oued DjenDjen, se caractérise par des débits liquides évalués à 230 .106 m3/an, et des apports solides qui atteignent les 1115 000 m3/an.

Ces volumes importants de débits de crues des oueds de la wilaya de Jijel sont assez courants dans la mesure où on peut retrouver des valeurs similaires au cours des années 1975 et 1976 avec un débit de crue de 260 m3/s pour l’oued DjenDjen (tab.26),160 m3/s pour l’oued Nil et 150 m3/s pour l’oued Mencha relevés par le laboratoire Hollandais (Water loopkindig laboratorium delft hydrolics).

Oueds Débit d’étiage (m3/s) Débit de crue (m3/s) Débit moyen (m3/s)

Oued Mencha 4 à 8 150 9,7 Oued DjenDjen Oued Nil 15 à 20 1 à 6 260 160 19,6 2,6

Tab. 26 : Variations des débits liquides des oueds dans la baie de Jijel (1975-76)

Ce tableau fait apparaître l’importance des apports des oueds qui se déversent sur le littoral de Jijel et met en valeur le rôle des apports de ces écoulements sur la dynamique fluviale mais aussi littorale. Sa lecture montre bien le rôle de la dynamique de ces oueds et leur contribution dans la genèse des crues et des inondations affectant gravement les plaines de Jijel et de Taher. De part la configuration du relief 99 où nous avons un massif montagneux fortement arrosé et dominant directement les plaines littorales, la réponse du bassin offrant des pentes fortes est donc rapide. Il se produit un engorgement au contact de la plaine où les eaux charriées par les oueds vont se déverser sur la plaine provoquant ainsi des inondations rapides aux conséquences catastrophiques ; nous développerons ce thème dans les chapitres suivants.

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Rapport SCET (1970), Aménagements des plaines de Jijel, schéma générale.

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