L’évolution de la population et les aléas de la décennie noire

Estimait à 342 500 habitants en 1977, la population de la wilaya de Jijel, passe à 483 080 habitants en 1987 (soit une augmentation de 41 %). En 1998, elle atteint les 582 865 habitants, correspondant à une croissance de l’ordre de 21 %, en l’espace de dix ans.

Ainsi, l’évolution de la population est marquée par une poussée démographique importante entre 1977 et 1987 avec un taux d’accroissement de l’ordre de 3,49 %. Durant la période 1987-1998 cette tendance va s’inverser avec une nette régression de l’accroissement qui chute de 3,49 % (77-87) à 1,72 % (87-98), cette situation s’explique par la répulsivité de la wilaya et confirme l’impact de l’insécurité régnante dans ces territoires de montagnes et ce pendant toute une décennie.

Ainsi, la répartition de la population à travers la wilaya a subi de nets changements entre 1987 et 1998 avec des communes qui se vident, en particulier dans les montagnes très affectées par l’insécurité ;la commune de Selma s’est pratiquement vidée d’une bonne partie de sa population, puisqu’on enregistre un taux négatif de – 13,07 (tab.27) alors que celle d’Erraguène atteint un taux d’accroissement négatif de – 5,98 ; il en est de même pour les communes de Texenna (- 4,87) de Beni Yadjis (- 3,33), Bordj Ther (-1,33), Bouraoui Belhadef (0,37).

Face à cette déprise des pays de montagnes, les communes de plaines ont accueilli de nouveaux flux de population, confirmant ici, le maintien de l’attractivité des communes littorales comme on peut le constater à Jijel qui enregistre un taux d’accroissement de l’ordre de 4,51 % , à l’Emir Abdelkader avec 4,14 %, et la commune de Taher bénéficie d’un taux de 3,40 % ( tab.27).

Mais, cette situation va connaitre une légère amélioration, à partir des années 2000 et une certaine stabilisation des populations des montagnes liée à l’amélioration des conditions

sécuritaires dans ces zones. Ainsi la commune d’Erraguéne passe d’un taux d’accroissement de - 5, 98 en 1998 à – 0,6 en 2008, idem pour Texenna qui enregistre un taux de 0,5 en 2008 contre - 4,87 dix ans plus tôt (tab.27).

La wilaya de Jijel compte 636.951 habitants en 2008 (soit une population additionnelle de 54 086 habitants par rapport au dernier recensement) avec une densité moyenne de 267 hab/km². Le chef lieu reste l’espace le plus densément peuplé avec 2162 habitants au km² (contre 1159 hab / Km² en 1987), correspondant à huit fois la moyenne wilayale, suivi par la

commune de Taher qui affiche 1192 hab/ km² (contre1159 hab / km²en 87), et qui représente quatre fois celle de la wilaya. Quant à la commune de l’Emir Abdelkader, elle compte 761 hab/ km², soit presque le double de la densité enregistrée en 87 (410 hab /Km²) (tab. 27).

Ces densités restent aussi très hétérogènes sur l’ensemble du territoire et varient entre un minimum de 7 habitants au km² en zone de montagne au Sud de Jijel (commune de Selma) à un maximum de 2162 hab/km² en zone de plaine au Nord (commune de Jijel).

L’attractivité des plaines littorales de Jijel - Taher -Emir Abdelkader continue donc de s’exercer fortement à travers l’espace wilayal (tab.27); Les densités importantes attestent une nette pression démographique et urbaine de la partie Nord de Jijel et serait à l’origine de l’aggravation du phénomène de littoralisation, qui accentue les risques de dégradation des milieux littoraux sensibles et fragiles. Le rythme de développement des activités industrielles, la concentration des équipements supérieurs et la bonne accessibilité sont autant de facteurs d’attractivité des principales communes littorales.

Tab.27 : Variation de l’accroissement de la population de la wilaya de Jijel de 1977à 2008 Commune Pop RGPH 1977 Pop RGPH 1987 Pop RGPH 1998 Pop addi 77/87 Pop addi 87/98 Taux d’accroiss % 77/87 Taux d’accrois % 87/98 Pop RGPH 2008 Taux d’accr % 98/08 Jijel 45900 72323 117506 26423 45183 4,65 4,51 134839 1,6 Ziama Mansouriah 9500 13079 12122 3579 - 957 3,24 - 0,68 12642 0,6 Erraguéne 7400 8143 4132 743 - 4011 0,96 - 5,98 2532 -0,6 El Aouana 9400 12934 11756 3534 - 1178 3,24 - 0,86 13273 0,7 Selma 6000 7355 1574 1355 - 5781 2,05 - 13,07 920 -5,3 Texenna 22900 26466 15271 3566 -11195 1,45 - 4,87 15682 0,5 Kaous 7600 12741 21857 5141 9116 5,30 5,02 26137 2 Djimla 9900 12751 15831 2851 3080 2,56 1,98 17373 1,2 Beni Yadjis 11200 15346 10573 4146 - 4773 3,19 - 3,33 10710 0,3 Taher 24800 47208 68195 22408 20987 6,64 3,40 77367 1,5 Emir Abdelkader 12100 20704 32355 8604 11651 5,51 4,14 38468 1,9 Oudjana 7300 8086 8755 786 669 1,02 0,72 9580 1,1 Chahna 9000 9233 9690 233 457 0,25 0,44 8781 -0,7 Ouled Askeur 11500 12572 13149 1072 577 0,89 0,40 13416 0,5 Chekfa 15800 23416 25693 7616 2277 4,01 0,84 26553 0,5 BordjTher 4600 5901 5092 1301 - 809 2,52 - 1,33 3889 -0,3 El Kennar 7000 10474 14262 3474 3788 4,11 2,84 15852 1,5 Sidi Abdelaziz 4700 7066 9220 2366 2154 4,16 2,44 10153 1,1 El Ancer 14800 17968 19252 3168 1284 1,95 0,62 20070 0,7 Oued Adjoul 3100 4300 4592 1200 292 3,32 0,59 4582 -0,1 Beni Hbibi 8900 11001 13161 2101 2160 2,14 1,64 14652 1,2 Bouraoui Belhadef 7800 10649 11098 2849 499 3,16 0,37 10336 -0,5 El Milia 39900 57345 71110 18045 13765 3,85 1,97 78087 1,2 Ouled Yahia 10900 14754 17969 3845 3215 3,07 1,80 18323 0,4 Settara 7900 11050 14030 3150 2980 3,41 2,19 15155 1 Ghebala 5800 5781 4745 - 19 - 1036 0,032 - 1,77 5236 0 Sidi Marouf 9900 14555 19590 4655 5035 3,92 2,73 21662 1,2 Ouled Rabah 7500 9879 10229 2379 350 2,79 0,31 10681 0,5 Total wilaya 342535 472312 573208 140580 99785 3,49 7,02 636948 1,10 127

2. Le potentiel agricole

Le paysage agricole de la wilaya de Jijel est fortement influencé par les conditions naturelles (climat doux, précipitations appréciables, sols fertiles). L’agriculture occupe principalement les plaines côtières, qui réunissent à la fois toutes ses conditions.

La SAU représente 43 924 ha, soit 44 % de la surface agricole totale (99 022 ha); un potentiel en terres irrigables qui s’élève à 10 000 ha et une superficie actuellement irriguée de 5612 ha (14,20 % de la SAU).

Au plan de l’utilisation des terres, celles-ci sont dominées par l’arboriculture avec 13 882,97 ha (32% de la SAU) et par les cultures annuelles qui occupent 7678,84 ha (17% de la SAU) représentées par les maraîchages de plein champ, la plasticulture sur 600 ha et les cultures industrielles. Les ressources en sols sont limitées aux seules plaines côtières (soit 18 % de la superficie totale), ce qui limite le développement agricole, malgré un potentiel en eau considérable et la forte valeur agronomique des sols.

3. Le patrimoine forestier

L’espace forestier de la wilaya de Jijel, couvre une surface totale de 115.000 ha, soit 48% du territoire de la wilaya.

Les conditions naturelles avantageuses ont été à l’origine du développement de cette couverture végétale abondante. 57 000 ha sont occupés par la forêt proprement dite et 58 000 ha par le maquis. Le chêne liège couvre prés de 43.000 ha (soit 38% de la superficie forestière) et suivi par les peuplements de chêne Zeen et les pins maritimes (tab. 28).

Les forêts contribuent au développement économique de la wilaya, grâce à leur production de liège, de bois, de bruyère et souche de bruyère.

La production de liège est estimée à 50.000 Qx annuellement et représente une proportion importante de la production nationale, celle du bois est évaluée à 18 000 m³/an.

L’état actuel des forêts, et principalement les forêts de chêne liège est préoccupant et serait du à la combinaison de plusieurs facteurs naturels et socio-économiques : les incendies, le surpâturage, les coupes illicites, les maladies cryptogamiques et surtout l’absence de plans d’aménagement forestiers.