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Gare ferroviaire

2.1.2 Le risque inondation en milieu rural

Les zones inondables sont situées principalement au niveau de la frange côtière, où la pente est douce et faible relief ; en effet, il s’agit des plaines littorales dominées par les montagnes au Sud qui alimentent l’ensemble des oueds de la plaine de Jijel. Cette configuration du relief facilite le drainage et l’écoulement des oueds vers la mer et provoque ainsi des inondations (tab.38). au droit des grands axes routiers (orientés Est-Ouest) et aussi des plaines fertiles. --Les plaines côtières

Les plaines littorales occupent de vastes étendues et sont régulièrement inondées par les eaux du fait de leur topographie et de la nature de leurs sols Ces plaines sont localisées de part et d’autre des rives des principaux oueds au niveau de la plaine Jijel-Taher et des basses vallées limitrophes (oued El Kebir,oued Adjoul (El Milia) et la plaine de Belghimouz ).

Le débordement de ces oueds serait à l’origine des inondations lors des crues à l’occasion de précipitations importantes ou exceptionnelles. Les réseaux de drainage existants sont alors saturés, ne sont plus fonctionnels et déversent ainsi leurs apports liquides et solides dans ces oueds déjà saturés eux mêmes.

Plaines littorales Superficies de terres agricoles inondées

Origines des inondations

Plaine Mencha (Jijel) 150 ha débordement d’oued Mencha et Bouradjah

El Achouat rive droite (Taher - Emir Abdelkader)

250 ha

débordements d’oued DjenDjen Plaines de Belghimouz -

Missi et oued Adjoul (Sidi Abdelaziz – El Ancer et Oued Adjoul)

1000 ha

débordements d’oued El Kebir

Plaines du Nil (Taher- Chekfa

1500 ha débordements oueds Nil-Boukraa et Sayoud.

Tab. 38 : Les inondations rurales au cours des vingt dernières années, 1984-1996-2002 (DSA Jijel)

Les décharges sauvages en bordure des oueds (photos.16,17) sont aussi à l’origine des débordements de ces derniers où elles provoquent un rétrécissement progressif du lit de l’oued qui facilite la formation d’embâcles en travers du cours d’eau.

Photos. 16,17 : Décharges sauvages au niveau oued DjenDjen

Ces problèmes d’inondation ont créé un climat d’incertitude et de peur chez les exploitants activant dans ces zones, qui hésitent à s’investir dans les cultures de primeurs et d’extra primeurs en période hivernale.

Fig. 54 : Carte des zones inondables en milieu urbain et rural de la wilaya de Jijel (DHW; carte actualisée par l’Auteur)

La plaine de l’oued Nil est particulièrement la zone la plus vulnérable aux conséquences des inondations vu l’importance des activités et des investissements agricoles consentis sur ce site par les pouvoirs publics et par les agriculteurs eux mêmes.

Contrairement aux autres plaines ayant bénéficié d’ouvrages de rétention (barrages construits en amont des oueds) comme celui de Béni Haroun sur oued El Kebir, d’El Agrem sur oued Mencha et de Tabellout sur oued DjenDjen, la plaine d’oued Nil n’en possède aucun. Cependant elle a été choisie (en 2007) comme zone pilote pour l’étude du ’’ risque inondation des terres agricoles’’.

Ainsi les travaux de recalibrage et de protection des berges d’oued Nil par diguettes longeant les champs agricoles sont actuellement pris en charge par la direction de l’hydraulique de la wilaya dans le cadre de l’opération d’équipement des plaines côtières Jijel–Taher.111 Concrètement c’est un recalibrage de l’oued sur 14.162 ml, une protection par diguettes sur 11.840 ml et un nettoyage du réseau d’assainissement.

. Choix de la zone pilote (plaine d’oued Nil)

La plaine alluviale de l’oued Nil est à cheval sur trois communes Taher, Chekfa et El Kennar, (photos.18,19),encadré par oued Boukraa à l’Ouest et oued Sayoud à l’Est. Elle représente ainsi

le 3ème secteur du périmètre d’irrigation en cours d’aménagement et d’équipement (fig.55) .

Photos.18,19 : Terrasses inondables de l’oued Nil

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Projet d’équipement des plaines côtières Jijel –Taher et protection des terres agricoles contre les inondations rapport - DSA- 2007

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.Vocation de la zone pilote

La vocation principale de cette zone pilote est agricole, et selon ses potentialités agro- pédologiques, elle s’est spécialisée dans la production des cultures maraîchères de plein champ et protégées (cultures sous serre), ainsi que l’arboriculture fruitière, notamment les agrumes. Cependant il existe actuellement d’autres activités sans aucun rapport avec l’agriculture telles que l’activité de dépôt et de stockage de matériaux de construction, les stations de lavage des véhicules… qui sont en train de se développer le long des routes et même à l’intérieur de la plaine

,

un comptage au cours du mois d’Aout 2016 nous a permis de recenser plus de 20 dépôts divers et stations de lavage et 12 dépôts et stockages de matériaux de construction.

Fig.55 : Opération d’équipement des plaines côtières Jijel–Taher

.Les enjeux agricoles au niveau de la plaine

Les surfaces exposées à l’aléa inondation sont estimées à 1500 ha de terres agricoles répartis ainsi :

- 34 exploitations agricoles collectives. (EAC) - 14 exploitations agricoles individuelles. (EAI) - 01 ex ferme pilote

- 116 exploitations privées

Le taux d’exploitation actuel de ces terres durant les 6 mois de la période automne-hiver varie entre 40 à 50 %. Ces taux sont jugés insuffisants au vu de la haute valeur des sols agricoles et de la disponibilité de la ressource en eau. L’une des raisons majeures de cette sous exploitation reste l’appréciation des agriculteurs par rapport au risque inondation susceptible d’entraîner de grands dommages aux cultures, comme cela a été le cas par le passé. De nombreux équipements se trouvent exposer aussi aux inondations :

- les forages et stations de pompage destinés à l’alimentation en eau potable. - le réseau de conduite de refoulement (enterrées) d’eau potable et d’irrigation. - les routes, les ponts et ponceaux, et le réseau de pistes agricoles.

- les bâtiments agricoles. --Les zones marécageuses

Les parties basses du bassin de Jijel sont occupées, soit par les fonds de vallée soit par des bas-fonds marécageux assez nombreux. Les plus vastes se localisent juste au Nord de Taher avec le rhédir Tacift et le rhédir el Merdj qui s’allongent sur 5 Km et dont l’altitude ne dépasse pas les 12 m et plus à l’Est, en contrebas du la localité d’El Kennar, le rhédir Béni Hamza (photo.20) a une longueur de 2 Km et une largeur variant entre 300 à 600 m et son altitude n’est que de 7 m.

La formation de ces rhédirs a dû être favorisée par la mise en place du cordon littoral qui a définitivement isolé ces bas-fonds, d’une part, de toute submersion marine et d’autre part, des eaux fluviales. En outre ces bas-fonds marécageux sont le témoin de restes du golfe fossile qui a pu être épargné par l’érosion fluviale ayant modelé les plaines littorales de la région de Jijel.

Il apparaît ainsi, que nous sommes en présence d’actions marines et fluviatiles anciennes à l’intérieur des terres, ce qui tend à prouver que le littoral de Jijel a subi de nombreuses

incursions marines qui ont laissé leurs marques dans le paysage avec une succession de cordons dunaires qui avancent loin dans les terres.

Photo.20: Rhédir Béni Hamza (El Kennar)

A chaque génération de cordon dunaire correspond une zone de barrage temporaire de l’écoulement fluviatile en direction de la mer qui finit par céder au droit des oueds les plus puissants comme l’oued El Kebir, l’oued DjenDjen et l’oued Mencha.

Ces oueds parviennent après nombre de divagations dans la plaine à percer le cordon dunaire sous forme d’un grau, ou le contourner sans pour cela effacer toutes traces antérieures de stagnation des eaux qui parsèment la plaine de Jijel et de Taher en des zones de marécages ou rhédirs.

--Les aménagements de protection contre les inondations réalisés à El Milia (site de Bellara)

Faisant partie de la commune d’El Milia, la zone de Bellara, distante de 50 km du chef lieu de Jijel, était initialement destinée à recevoir un complexe sidérurgique. Le site, après l’abandon de ce projet au début des années 1990, a été retenu pour abriter une zone franche à vocation industrielle.

Cette protection consiste en la construction d’une digue de 4800 m le long de l’oued El Kebir (photo.21) pour préserver l’intégralité du site des inondations duesaux débordements de l’oued

en question et au ruissèlement des eaux de pluies ; les déviations des oueds Adder et Mekrabel ont été aussi réalisées, pour renforcer la sécurité de la zone.

Photo.21 : Les aménagements de protection contre les inondations réalisés sur le site de Bellara (www.jijel-dz.org/jijel).

Le barrage de Beni Haroun conçu en amont du site de Bellara contribue fortement à cette lutte contre les inondations. Le réseau de drainage (matérialisé par des canaux de drainage des eaux pluviales) a été creusé dans la plateforme, aussi un exutoire unique (photo.22) de rejet dans l’oued El Kebir des eaux pluviales a été aménagé et entièrement protégé.

Photo. 22: Vue d’ensemble des aménagements de protection contre les inondations réalisés sur le site de Bellara (www.jijel-dz.org/jijel)

Ex zone franche de Bellara

--Estimation des dégâts matériels (au niveau du secteur agricole) occasionnés par les intempéries et les inondations à travers la wilaya de Jijel (2003- 2009)

Année 2003

La wilaya de Jijel à la suite des intempéries et d’inondations de 2003 qui ont cumulé 1125 mm a bénéficié d’un montant d’indemnisation, de l’ordre de 171.880.326 DA bien en deçà du montant total des dégâts (414.700.980 DA). La plasticulture a été le secteur le plus touché par ces intempéries (avec 47 % des dégâts enregistrés), les communes de Taher, Chekfa, Emir Abdelkader, Sidi Abdelaziz ont subi le plus de dégâts (tab.39).

Daïra Commune Montant total

(DA) Montant indemnisation (DA) Nombre de fellahs Indemnisés Chekfa S. Abdelaziz 433.309.633 17.317.568 93 El Kennar 33.001.98 13.204.000 116 Chekfa 56.583.419 22.633.367 199 Taher Taher 130.486.840 52.187.536 344 Oudjana 884.500 353.800 16 Chahna 478.000 1.948.000 7 O.Askeur 63.000 25.200 1 E.Abdelkader 86.284.100 34.513.640 152 El Milia El Milia 4.299.000 17.196.000 42 O.Yahia 104.300 4.172.000 7 S. Marouf S.Marouf 684.638 273.855 8 O.Rabah 1.583.653 633.461 50 Ghebala 141.708 56.683 2 El Ancer El.Ancer 4.707.000 1.882.800 9 O.Adjoul 4.283.200 1.713.280 28 B.Belaid 324.000 129.600 3 B.Hbibi 7.797.121 3.118.800 18 Texenna Texenna 2.116.000 846.400 6 Kaous 7.050.600 2.820.240 22 Djimla Djimla 301.000 120.400 4 B.Yadjis 1.112.000 444.800 3 Settara Settara 2.646.000 105.840 9 Ziama.M Z iama.M 3.343.000 1.337.200 4 Erraguéne 728.000 291.200 2 El Aouana El Aouana 22.138.250 8.855.300 40 Jijel Jijel 2.640.500 1.056.200 8 Total Wilaya 414.700.980 171.876.790 1193

Tab.39 : Evaluation des dégâts agricoles par daïra et par commune en 2003 (DSA Jijel)

Année 2005

Une autre année aussi catastrophique que celle de 2003 où l’ensemble de la wilaya a été touché par les intempéries de l’année 2005 qui ont totalisé 1253 mm. Les communes, d’Erraguène, d’Ouled Rabah, Chahna, Ouled Askeur et El Kennar, ont été les plus affectées avec des pertes allant de 14.740.000 DA à 63.000.000 DA (tab.40).

Tab.40 : Evaluation des dégâts agricoles causés par les intempéries de 2005 (DSA Jijel)

Subdivision Communes Cheptel Product végét Batiments Estimations (Da) Bov ovin Cap Apicul avicul App

Ro (u) Serres (u) élevage autres S.Marouf S.Marouf 5 106 57 180 - - - 10 - 4.370.000 O.Rabah 39 718 714 328 - - 4 12 - 19.300.000 Ghebala 2 130 12 126 - - 1 1 - 2.040.000 Jijel Jijel - - - 44 1200 - - 1 - 500.000 Kaous 77 159 18 387 - - - 6 - 10.400.000 E.Abdelkader 1 - - 100 - 143 14 2 - 2.360.000 El Aouana El.Aouana 13 77 41 356 300 - 5 1 - 3.840.000 Selma 4 44 29 144 789 - - 4 - 1.600.000 Ziama.M - 12 - - - - - 2 - 620.000 Erraguéne 96 314 30 179 - - 5 7 7 14.740.000 Texenna Djimla - - 9 54 - - - 11 - 2.750.000 B.Yadjis 3 - 12 36 - - - 6 - 2.928.000 Texenna 11 22 44 67 - - 6 21 - 7.489.000 Taher Taher - - - - - - - 3 - 750.000 Oudjana 10 - - 31 - - - 6 - 2.517.000 Chahna 106 108 117 110 - 50 - 41 - 21.945.000 Chekfa Chekfa 5 29 - 155 - 10 70 3 4 5.500.000 B.T’har 8 31 27 12 - 2 - - 3 1.680.000 O.Askeur 6 134 46 - 3300 - - 1 15 63.000.000 S.Abdelaziz S.Abdelaziz 10 10 - 89 - 300 75 - - 7.080.000 El Kennar - - - 30 - 700 500 - - 28.600.000 B.Hbibi - - - 197 - 100 20 - - 2.190.000 El Ancer El.Ancer 1 30 50 150 - - 45 - - 4.180.000 O.Adjoul 10 19 - 94 - - - 1 - 1.993.000 B. Belhadef 15 70 40 484 - - - 1 P 1E 6.180.000 El.Milia El.Milia - - - 125 - 10 5 10 P 2 4.375.000 Settara 2 12 - - - - 6 P - 1.840.000 O.Yahia - 6 - 50 - 3 5 2 P 2 1.690.000 Wilaya Total 424 2031 1246 3527 5589 1424 764 121 28 169.127.000 160

Année 2009

Ce sont 11 communes qui ont été touchées par les intempéries de 2009 avec 1106 mm de pluies annuelles. L’évaluation financière des dégâts a été estimée à 99.013.138 DA. Les exploitations agricoles les plus touchées sont localisées dans les communes de Taher, Chekfa, Emir Abdelkader,El Kennar avec 94 millions DA de dégâts occasionnés représentant ainsi 95 % du montant total d’indemnisation (tab.41,42).

Communes Estimation (DA) %

Taher 36 634 861,06 37 Chekfa 31 684 204,16 32 Emir Abdelkader 21 782 890,36 22 El Kennar 3 960 525,52 4 Texenna 4 950 656,9 5 Djimla Ziama Mansouriah Oued Adjoul Sidi Abdelaziz Kaous Jijel Wilaya 99 013 138 100

Tab. 41: Estimation financière des dégâts agricoles par commune 2009 (DSA Jijel)

Rubrique Superficie

concernée ( ha)

Nombre Nombre agriculteurs

touchés Estimations des dégâts en (DA) Plasticulture 142 2125 (serres endommagées) - - Cultures maraîchères de plein champ 101 - -

Arboriculture 24 arbres arrachés - -

Apiculture 120 ruches touchées - -

Elevage Ovin 22 têtes - - Bovin 13 têtes - - Caprin 14 têtes - - Aviculture 3000 poussins - - Divers matériel : Equipements irrigation G/G : réseau pour 89 serres + GMP : 06 - - Total 243 297 99.013.138

Tab. 42: Evaluation des dégâts agricoles de 2009 par catégorie (DSA Jijel)

Au terme de cette énumération des dégâts causés par les inondations on peut estimer le coût des risques d’inondations à travers la wilaya de Jijel; ce coût s’avère très élevé et plus grave encore, il est récurrent et affecte le budget de la wilaya tous les trois ou quatre années.