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Les sens littéral et historique de l’IRAY («UN») en tant QU’EPOUX-EPOUSE

LES SENS LITTERAL ET HISTORIQUE DE L’IRAY («UN»)

2- Les sens littéral et historique de l’IRAY («UN») en tant QU’EPOUX-EPOUSE

2-1- L’IRAY («UN») porte en lui le sens littéral en tant qu'époux-épouse

L‟IRAY («UN») entre Ravao et Raly est l‟IRAY («UN») en tant QU‟EPOUX- EPOUSE. Ils sont «devenus» réellement mari et femme, partout où ils sont, au sens littéral (et non au sens métaphorique) du mot car ils vivent du même et unique aina247 venant de la relation sexuelle. Toutes les relations qui existent entre eux sont des relations guidées par ce «UN en tant qu‟époux-épouse. Cet IRAY («UN») en tant que époux-épouse n'est pas le fruit d'une imagination, mais fondé sur l‟aina noué par Zanahary pour leur relation en tant qu'époux-épouse, la réalité de leur mariage. Ainsi, le concept IRAY («UN») porte en lui, en dessous de lui, au fond de lui quelque chose de strictement ontologique et non quelque chose relevant de l'imagination. C‟est une relation forte.

Ravao et Raly sont «devenus» époux. Ils le sont vraiment et ontologiquement, au sens littéral du mot, car ils ont l‟IRAY («UN») en tant qu‟époux-épouse. Ici, toutes les implications de cet IRAY («UN») se trouvent confirmées dans leur sens littéral :

1- Ravao et Raly sont «devenus» des personnes concrètes, des olona, (au sens littéral du mot personne et olona) ;

2- Ravao et Raly vivent du même aina en tant qu'époux, (au sens littéral du mot aina en tant qu'époux, aina en tant qu'époux) ;

3- Ravao et Raly, quant à leur mode de relation, sont «devenus» vraiment et

réellement IRAY («UN») car ils vivent du même aina en tant qu'époux. Ils sont

«devenus» aussi «DIFFERENTS » car chacun a sa tête, sa personnalité, sa culture, son histoire, son irremplaçable unicité, son originalité (au sens littéral du mot IRAY («UN») et DIFFERENT) ;

4- Ravao et Raly, quant à leur première origine, viennent de leurs parents et Ancêtres respectifs, voire de Zanahary (Dieu-Soleil). Quant à leur deuxième origine, ils viennent de Madagascar (au sens littéral du mot origine).

246 Cf. R. D

UBOIS, op. cit., p. 62.

247

Cf. Le lexique, le terme aina : ce qui fait que l'homme vit selon son développement normal, la vie la plus intime et la plus concrète d‟un être, signification n° : 1.

2-2- L’IRAY («UN») valorise le sens historique en tant qu'époux-épouse

Ce que nous venons de voir - dans le paragraphe 2-1- L‟IRAY («UN») porte en lui le sens littéral en tant qu'époux-épouse - est à vivre par Ravao et Raly dans l'espace et le temps. Disons que leur mariage traditionnel a eu lieu le 26 juin 1959. Depuis lors Ravao et Raly sont «devenus» époux. Cette réalité est irréversible historiquement parlant. L‟IRAY («UN») en tant qu‟époux-épouse s‟enracine toujours dans l'histoire. Autrement dit,

1- Ravao et Raly sont «devenus» des personnes concrètes, des olona, (des personnes concrètes, des olona dans l'espace et le temps) ;

2- Ravao et Raly vivent du même aina en tant qu'époux (aina en tant qu'époux vécu dans l'espace et le temps) ;

3- Ravao et Raly, quant à leur mode de relation, sont «devenus» vraiment et

réellement IRAY («UN») car ils vivent du même aina en tant qu'époux. Ils sont

« DIFFERENTS » car chacun a sa tête, sa personnalité, sa culture, son histoire, son irremplaçable unicité, son originalité (ils sont «devenus» IRAY («UN») et «DIFFERENTS» dans l'espace de temps) ;

4- Ravao et Raly, quant à leur première origine, de leurs parents et Ancêtres respectifs, voire de Zanahary (Dieu-Soleil) : origine à la fois divine et humaine. Quant à leur deuxième origine, ils viennent de Madagascar. (Madagascar existe sur la mappemonde).

Tout ce que nous venons de voir se situe sur la dimension horizontale de l‟IRAY («UN») où se tissent des liens - de consanguinité, d‟amitié, de cordialité, d‟entraide - car nul ne peut se suffire. C‟est la vie affective, sociale, économique, culturelle.

2-3- Preuve de ce sens littéral et historique de l’IRAY («UN») : l’inceste coupe ontologiquement et historiquement l’IRAY («UN») en tant que père-fille

Reprenons toujours notre exemple de la famille de Raly pour illustrer notre propos. Imaginons le cas d‟un très grave inceste ; aucun Malgache ne l‟évoquerait sans s‟en excuser ; la fille de Raly nommée Razafy a eu une relation sexuelle avec lui.

Bien que l‟acte n‟ait été commis qu‟une fois, Razafy est devenue l‟égale de sa mère, Ravao. C‟est ce qui l‟angoisse et l‟effraie, lorsqu‟elle reprend ses esprits. Elle a détruit sa relation originelle : l'UN» en tant que père-fille. Elle ne sait plus ce qu‟elle est. Elle a perdue toute intelligibilité. Elle est devenue une bête248 car elle a l'UN» en tant que

248

Les Malgaches considèrent comme des bêtes toutes les personnes qui ne respectent pas l‟aina (la vie) et son épanouissement dans les IRAY («UN»).

époux-épouse avec son propre père. En plus de tout cela, elle a abîmé l‟oeuvre de

Zanahary : devenue son opposant, elle a perdu sa bénédiction.

Même si personne n‟était au courant de sa faute, elle la déclarera en public, car elle n‟a plus qu‟une préoccupation, le rite du fafy qui rétablira sa situation parmi les hommes et devant

Zanahary. C'est-à-dire rétablir ontologiquement et historiquement l‟IRAY («UN») en tant que fille-

père. Son père devrait faire également la même chose pour rétablir ontologiquement et

historiquement l‟IRAY («UN») en tant que père-fille.

Ainsi, le péché dans la religion traditionnelle malgache se pense en termes de relations ; un acte - union sexuelle - entraîne un conflit de relation - mère fille devenue soeur. S‟il concerne de très proches parents, il soulève émoi et crée scandale.

CHAPITRE 4 :

L’IRAY («UN») PORTE EN LUI LE SENS CULTUEL OU RELIGIEUX A L'EGARD DES ANCETRES, DES ROIS ET DE ZANAHARY CAR L’IRAY («UN») SE DEFINIT