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CHAQUE IRAY («UN») PAR GENEALOGIE EXPRIME PREMIEREMENT DOUZE ASPECTS D'UNE MEME REALITE, ET NON DOUZE REALITES DIFFERENTES

1- Idée d’olona (personnes concrètes)

Reprenons notre exemple : Ravao et Raly sont les parents de Razafy et Ralahady. Ceux-ci sont donc « devenus » frères, issus des mêmes parents. L‟IRAY («UN») qui existe entre eux est l‟IRAY («UN») en tant que frère-soeur (consanguins). Ils peuvent se dire l'un à l'autre : «nous sommes IRAY («UN»), « NOUS CONSTITUONS UN SEUL ETRE »

car nous avons l'aina193 des ancêtres de nos parents, Raly et Ravao, par leur «UN en tant qu‟époux-épouse.

Nous avons dit que lorsque les Malgaches parlent de l‟IRAY («UN»), ils ne songent jamais à des cailloux ou à des fleurs ou à des chiens… ; mais - naturellement, spontanément et simultanément - à des personnes concrètes, à des olona.

Pour notre exemple, Ravao, Raly, Razafy et Ralahady sont des personnes concrètes, des olona. Chacune d'elles est unique et indivise. Chacune d'elles est DIFFERENTE des autres personnes. Chacune d'elles « est l'origine du désir, de la liberté, de l'action ; à lui la responsabilité »194.

192 Cf. Le lexique, le terme aina : ce qui fait que l'homme vit selon son développement normal, la vie la

plus intime et la plus concrète d‟un être, signification n° : 1.

193

Cf. Le lexique, le terme aina, signification n° : 1.

194 R. D

1-1- L’olona est essentiellement don de Dieu :

Pour pouvoir mettre en lumière l'idée que l‟olona est essentiellement don de Dieu, nous allons présenter sous forme de question-réponse pour résumer la conception courante de beaucoup de gens sur la naissance :

Où j‟étais quand je n‟étais pas né ?

« Tu viens d‟une copulation entre ton père et ta mère. Tu es le fruit de quelques soupirs et d‟un peu de plaisir. D‟ailleurs ces soupirs et ce plaisir ne sont pas indispensables. Aujourd‟hui nous n‟avons plus besoin que d‟une éprouvette. Telle est la dernière réponse en date: tu viens d‟un spermatozoïde et d‟un ovule. Il n‟y a pas à voir en deçà. Il n‟y a pas plus de deçà que d‟au-delà. Tu n‟es qu‟un soubresaut de la matière sur elle-même, un chemin éloigné que prend le néant pour, au bout du compte, se rejoindre».

Beaucoup à notre époque ont cette réponse courte. Une réponse qui nous rappelle la pensée des impies : « Nous sommes nés du hasard » (Sg 2, 2). Pourtant, les Malgaches et les Juifs de la Bible croient que l'olona est essentiellement don de Dieu.

1-2- L’olona, don de Dieu : « Nomen’Andriamanitra ny fara ééé !!! »

Avoir des enfants, les plus nombreux possible, c‟est aux yeux des Malgaches, le comble du bonheur et le sommet des honneurs en cette vie. C'est aussi, on le sait, la mentalité des enfants d'Israël195.

En effet, l'histoire d'Anne, la mère du prophète Samuël (cf. 1S1, 1-28) et d'Élisabeth, la mère de Jean-Baptiste, le précurseur (cf. Lc 1, 5-25), est celle de toute femme malgache dont le Seigneur « a fermé le sein». Être stérile, c'est le dernier des opprobres, c'est « manquer la vie » (anisan‟ny maty). On aime tellement les enfants que la question de nourriture et de vêtements ne se pose jamais: on a confiance ; le bon Dieu ne laissera pas périr son « don » car tout enfant est un « don » de Dieu comme le fait clairement entendre la traditionnelle formule de félicitation : Nomen‟Andriamanitra ny fara ééé.

Lorsqu‟un Malgache visite pour la première fois les parents d'un nouveau-né - même actuellement - il leur dit toujours : « Salama ééé ? Nomen‟Andriamanitra ny fara196 ééé !!! ». Littéralement : « Salut, Dieu vous a donné un successeur ». Ainsi, l'enfant est toujours vu comme un don de Dieu chez les Malgaches. Il prolonge toujours l'aina197, la vie de ses

195

Cf. F.-X. RAZAKANDRAINY, Parenté des Hovas et des Hébreux d'après leurs proverbes et leurs moeurs

et us et coutumes, imprimerie Volamahitsy Antananarivo, Antsirabe, 1954, p. 21. 196 L'abréviation de faramandimby = fara qu'on peut littéralement traduire par successeur. 197

Cf. Le lexique, le terme aina : ce qui fait que l'homme vit selon son développement normal, la vie la plus intime et la plus concrète d‟un être, signification n° : 1.

parents et de ses ancêtres. Dieu le donne par l'intermédiaire de ceux-ci : « Dans la culture et la tradition africaines, le rôle de la famille est universellement considéré comme fondamental. Ouvert à ce sens de la famille, de l'amour et du respect de la vie, l'Africain aime les enfants, qui sont accueillis joyeusement comme un don de Dieu » (Ecclesia in Africa, n° 43). Ainsi, sur la naissance, les anthropologies biblique, africaine et malgache partagent le même point vue : l‟enfant est essentiellement don de Dieu. « Le Père premier de l‟homme, de toute homme, est Dieu, le Très-Haut »198.

1-3- L'olona porte un nom : « Qui est ton nom » ?

Les Malgaches ne disent pas : quel est ton nom ? Comme chaque olona a son nom et comme le nom c'est l‟olona lui-même pour eux, ils formulent autrement la question : Iza no anaranao ? Littéralement : Qui est ton nom ? Cela montre que chaque olona est une valeur inséparable de son nom. Elle est irréductible. Elle n'est pas perdue dans la masse.

Nous trouvons également dans la Bible une situation similaire car « le nom, pour un Sémite, c‟est l'essence d'un être »199

. Il indique habituellement la personne. Nous allons essayer de donner quelques exemples :

1- Quand l‟enfant eut grandi, elle l‟amena à la fille du Pharaon, et celleŔci le prit pour fils. Elle lui donna le nom de Moïse, car, dit-elle, je l‟ai retiré des eaux (Ex 2, 10). 2- Moïse dit à Dieu: "Voici, je vais trouver les Israélites et je leur dis: Le Dieu de vos

pères m'a envoyé vers vous. Mais s'ils me disent: Quel est son nom?, que leur dirai- je?" Dieu dit à Moïse: "Je suis celui qui est." Et il dit: "Voici ce que tu diras aux Israélites: Je suis m'a envoyé vers vous." Dieu dit encore à Moïse: "Tu parleras ainsi aux Israélites: Yahvé, le Dieu de vos pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et

le Dieu de Jacob m'a envoyé vers vous. C'est mon nom pour toujours, c'est ainsi que

l'on m'invoquera de génération en génération (Ex 3, 13-15).