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Le fonds commun que partagent tous les Malgaches est composé de neuf éléments qui sont considérés comme des « invariants » dans le système des

PENSEE DE PARTICIPATION ET PENSEE D'ABSTRACTION EN GENERAL ET PENSEE DE PARTICIPATION CHEZ LES MALGACHES EN PARTICULIER

2- Le fonds commun que partagent tous les Malgaches est composé de neuf éléments qui sont considérés comme des « invariants » dans le système des

valeurs malgaches:

Le peuple malgache est né de plusieurs immigrations successives. Actuellement, tous les chercheurs affirment que les Proto-Malgaches viennent de Malaisie, de l'Indonésie, de l‟Inde, de Sri-Lanka, de Perse, de l'Arabie et de l'Afrique123

: brassages séculaires et migrations intérieures ont façonné un peuple authentiquement « afro-asiatique » ainsi que l'atteste, sur un fond réel d'unité culturelle et même linguistique, l'éventail des dix- huit ethnies officiellement recensées, certaines comprenant des sous-groupes et clans particuliers. Cette unité culturelle et linguistique est un atout car elle sous-tend une base commune, un fonds commun, des valeurs communes, à tous les Malgaches124 :

122 Ibid., p. 33.

123 F. R

ANDRIAMAMONJY, Tantaran‟i Madagasikara isam-paritra, Imprimerie Luthérienne, Antananarivo,

2001, pp. 12-13.

124 Cf. R. J

1- Les Malgaches conçoivent le Cosmos comme une unité qui englobe à la fois le monde visible et le monde invisible, le monde des Humains et le monde des Divinités. Le monde visible ne fait que reproduire sur différents plans les archétypes qui l'organisent.

2- Les Malgaches reconnaissent une Puissance supérieure, Source et Principe de toute Vie et de toute Fécondité, Créatrice de tout ce qui existe, Maître de l'Univers, à l'origine de l'humanité. Elle est ainsi Maîtresse de la vie et du destin. Elle constitue une entité corporative qui remplit le Cosmos dont elle est l'Organisatrice, le Support, et porte le nom générique de Zanahary (Dieu-Soleil). La religion traditionnelle a une idée de Dieu-Zanahary comme Principe de fécondité, comme la Fécondité par elle- même et fait de Lui la Source de l'être et de la vie.

3- Les Malgaches honorent les Ancêtres, (Razana125), qui sont promus au rang de la Divinité. Ils sont « devenus » également Source de Vie et de Fécondité et traités comme intercesseurs des vivants auprès de Zanahary (Dieu-Soleil). Le culte des Ancêtres est considéré comme Source de vie et de bénédictions. Parce qu'ils sont «devenus » les fondateurs des clans et des lignages, tout le monde leur doit le respect. 4- Les Malgaches croient au blâme (tsiny) et au retour des choses (tody), un système de

sanctions naturelles et surnaturelles qui servent de balises aux actes de l‟homme. En effet, la croyance malgache à l‟effet magique du tsiny et du tody crée aussi des tensions. Le fait de la maladie en est l‟exemple typique.

5- Les Malgaches croient au destin (vintana126) qui influe sur la vie de chaque individu. Les Ministres sacrés et les Fonctionnaires du Culte, que sont le Devin (Mpisikidy) et le Médium (Saha), l'Astrologue (Ampanara-bintana ou Mpanandro) et le Guérisseur (Moasy), le Roi (Mpanjaka) et l'Orant (Mpijoro), passent pour des dieux sur terre (Zanahary an-tany), et constituent des substituts de la Divinité qui vivent parmi les hommes et des médiateurs entre le Monde visible et le Monde invisible.

6- Les Malgaches pensent que les médications sacrées, remèdes, charmes et objets prophylaxiques, ody, sont nantis de vertus efficaces capables de protéger la Vie

125 Les principales coutumes malgaches concernent le « culte des Ancêtres ». Le « razana », qui désigne à la

fois les Ancêtres et le respect qui leur est accordé, consiste en un système complexe de fady et de rites funèbres.

(Aina127), de préserver des malheurs et de guérir diverses maladies (aretina), sans oublier qu'ils peuvent aussi provoquer la mort (fahafatesana).

7- Les parents (ray-aman-dreny) et personnes âgées, se présentent comme l'image du couple Soleil et Lune et passent pour la source naturelle et matérielle de la Vie. En édictant des normes, qui sont codifiées dans les traditions (fomba128) et les interdits (fady129), ils garantissent la perpétuation de la vie sociale. Les fady sont considérés comme des éléments régulateurs de la vie sociale.

8- L‟IRAY («UN»)130 - consanguinité, alliance de sang, convivialité, solidarité, le fait d'«ETRE UN SEUL ETRE à plusieurs personnes, le fait d'être du même sang et de même chair131» - a pour objectif premier de toujours épanouir la vie (l’aina132) dans toutes ses dimensions, physique, psychologique et éthique au moyen de la conscience morale.

9- Il existe une relation dialectique et permanente, un mouvement cyclique, entre le monde des humains et celui des Ancêtres et de la Divinité, dont la dynamique et le passage symbolique s'opèrent par la célébration des Rites que sont les joro (rites de passage : prières, rites, sacrifices, cérémonies, bénédictions, célébrations, culte, invocations) et le tromba (esprit, chamane, médium, rite de possession), tandis que le passage ontologique se réalise au travers de la Naissance et de la Mort.

127 Ce mot aina qu'on peut difficilement traduire par la vie tient une grande place dans la culture malgache.

Ainsi, il ne sera pas traduit dans cet écrit. Robert DUBOIS donne les cinq significations de ce terme. Elles se trouvent dans le lexique. Pour mieux comprendre ce que nous voulons dire dans cet écrit, chaque fois que nous l‟utilisons, nous signalons le numéro de sa signification parmi ces cinq : signification n°1 ou signification n°2 ou signification n°3 ou signification n°1à 3…

128 Cf. Le lexique, le terme fomba, tradition, signification n° : 1 129

Le fady correspond à un système de tabous locaux destiné à apaiser les Ancêtres. Un fady peut par exemple prohiber le sifflement sur une plage près d'un village, ou la marche devant un arbre sacré.

130 Ici, pour avoir une certaine idée de ce qu'est l‟IRAY («UN»), nous sommes contraints de le traduire par

ce groupe de mots. Mais, dans toutes nos recherches, nous le gardons tel qu'il est en malgache, nous ne le traduisons pas pour ne pas le trahir car, à notre connaissance, il est presque impossible de le traduire par un et unique concept.

131 Cf. Le lexique, le terme heccéité : le fait d'être cette personne-ci et pas une autre dans l'anthropologie

religieuse malgache. L‟heccéité est aina, le moi de Zanahary ; elle est appelée à vivre l‟IRAY («UN») malgache, la signification n° : 2.

3- Zanahary (Dieu-Soleil)

3-1- Zanahary: Dieu-Soleil comme lumière qui éclaire et réchauffe et fécondité qui fait vivre

Les mots d'origine gréco-latines «Zeus» et «Deus» ou «Dieu» n'ont pas leurs équivalents dans la langue malgache.

Les termes Zanahary, Andriananahary et Andriamanitra sont employés quasi indifféremment. L'étymologie populaire décompose les deux premiers termes (de façon à atteindre la racine ary : qui existe) en Za-nahary ou Andriana-nahary, le créateur (le noble créateur) : une interprétation proposée sous l'influence chrétienne mettant en valeur un Dieu Créateur. En fait, l'étymologie du mot Zanahary se trouve dans les racines sanscrites yan hary (dieu soleil). Dans le mot Zanahary la première racine yan qui le compose porte l'idée de «Dieu» ou de «Divinité», elle est un préfixe jamais séparé de la deuxième racine hary, indiquant le «Soleil ». Pareillement, dans le terme Andriananahary on retrouve la même racine hary comme suffixe133. « La racine hary (clarté du jour, soleil), se trouve dans

antoandrobenanahary : «au grand jour »134. Les Malgaches évoquent ainsi le soleil pour parler de Dieu, sans aucune identification avec lui, mais comme terme comparatif qui pourrait contenir aussi une intuition de la nature de ce Dieu : lumière qui éclaire et réchauffe et fécondité qui fait vivre.

Ainsi, Yan-hary (Dieu-Soleil) évoqué par les Malgaches comme Zanahary

Andriamanitra (Le Roi parfumé) ou Andriananahary (le Roi Soleil) sont, dans la pensée

traditionnelle, des termes courants pour désigner l'Etre Suprême ; ils ne sont pas des noms propres, mais des attributs qu'on applique par analogie à cet Etre, sans qu'il soit besoin de le nommer. Zanahary est donc perçu comme «Source de vie » et de «Fécondité », plutôt que comme «Etre par essence » ou comme «Créateur ».

Par conséquent, le terme «créateur» comme traduction des mots Zanahary et

Andriananahary n‟est pas conforme à l‟étymologie du mot Zanahary. Voici encore un

exemple d‟un proverbe pour illustrer cela: «Andriamanitra tsy omen-tsiny, Zanahary tsy omem-pondro, fa ny olombelona no be siasia », se traduit par : « Au Prince Parfumé, point de blâme. Au Dieu Soleil point de reproche. C'est d'eux-mêmes que les hommes s'égarent ».

133 Cf. B. H

ÜBSCH (dir.), Madagascar et le Christianisme (Histoire œcuménique), Ambozontany-Karthala, Paris, 1993, p. 70.

134

F. RAISON-JOURDE, Bible et Pouvoir à Madagascar au XIXe siècle (Invention d’une identité chrétienne), Karathala, Paris, 1991, p. 77.

3-2- La résonance politique dans le terme Zanahary

Il existe une résonance politique dans le terme Zanahary. En effet, le terme

hary, "soleil " est avec le mot " Andriana " qui signifie " Roi ou Prince ". Le terme manitra,

d'où procède Andria(na)manitra, signifie, à son tour, " le Prince qui est parfumé ". Manitra (sentir bon) est dit par opposition au terme maimbo qu'on applique à un cadavre en décomposition et à tout ce qui est malodorant. Appliqué au mot Andriana le verbe manitra évoque alors l'idée d‟" être constamment parfumé ". Cette idée s'élargit alors dans celle de « Prince incorruptible et éternel ». On dira toujours d'un roi, qu'il est " manitra et masina, parfumé et sacré ", même si sa dépouille mortelle est en décomposition avancée. On peut résumer tout ceci dans une formule simple : dans le terme Zanahary l'Etre préexistant apparaît comme le " Dieu soleil " qui réchauffe et donne la vie et l'être ; les termes Andriamanitra-

Andriananahary révèlent, à leur tour que Dieu est " le Roi-parfumé-non-soumis-à-corruption -

Roi Soleil " qui ne peut être donc que lumière, chaleur, fécondité éternelle.

La sagesse populaire cristallisée dans les proverbes des Anciens, reprend souvent ces thèmes lumineux ; celui-ci, par exemple est parmi les plus incisifs : « Manao an'Andriamanitra tsy misy, ka mitsambiki-mikimpy » (littéralement :" Affirmer que le Prince Parfumé n'existe pas… et par conséquent sauter les yeux fermés"). Aucune explication théorique ne suit cet énoncé ; mais son contenu est intuitif et clair : si Dieu n'existe pas, on ne peut que marcher dans les ténèbres, plonger dans le noir, être privé de connaissance, ne pas exister…

Devant leur nouveau-né, les parents sentent que la vie, l‟aina135 de l‟enfant ne vient pas d‟eux ; il y a un écart infranchissable entre leurs possibilités et cet aina ; cette perception s‟impose à eux avec acuité. Cette conviction se renforce à la mort de leurs êtres chers: si cela dépendait d‟eux, ils ne se sépareraient pas d‟eux.

La vie des ancêtres, l‟ain-drazana vient donc d‟un Autre ; les Ancêtres l‟ont appelé Zanahary (Dieu-Soleil). Etre mystérieux dont les manifestations de son action Ŕ naissance, mort-, sont celles de son existence ; puisqu‟il agit, c‟est qu‟il existe.

135

Cf. Le lexique, le terme aina : ce qui fait que l'homme vit selon son développement normal, la vie la plus intime et la plus concrète d‟un être, signification n° : 1.

3-3- Un seul Zanahary (Dieu-Soleil) dans toute l'Ile

Les deux termes, Zanahary et Andriamanitra-Andriananahary sont connus et employés chez les sociétés malgaches de toute l'Ile ; cependant le premier est en usage particulièrement chez les populations des côtes, le second est employé surtout sur les Hautes Terres du centre.

On peut entendre les deux aussi bien dans les célébrations religieuses communautaires que dans le parler ordinaire quotidien : salutations, exclamations, souhaits, discours de circonstances, commentaires sur les événements… Les deux possèdent un contenu analogique et ils indiquent, d'une manière générale, tout ce qui est mystérieux et insaisissable ou surnaturel. Ce contenu peut porter aussi sur les phénomènes imprévus et incontrôlables, sur les forces invisibles et sur les esprits des ancêtres.

Les premiers étrangers arrivés sur les côtes malgaches étaient censés être des

zanahary, des " êtres mystérieux ", venus d'ailleurs, " d'au-delà des mers ". Le terme peut

indiquer encore les génies censés être présents et opérants dans la nature, les esprits des sources, des rivières et des lacs, des arbres et des forêts. Ce terme peut désigner les grands personnages disparus (les Rois fondateurs qui reviennent dans les phénomènes de possession,

tromba) ou encore, il peut désigner les fétiches (sampy) royaux ou les talismans (les ody)

populaires…. Il est appliqué finalement à l'Etre Suprême.

Il serait plus exact alors de donner à ce terme Zanahary la signification générale de « divinité » ou de « choses sacrées » ou de « choses saintes ». Par ailleurs, le contexte dans lequel il est prononcé laisse apparaître sans équivoque, si le terme appelle l'Etre Suprême ou d'autres réalités distinctes de lui, perçues aussi comme existantes et comme capables d'intervenir dans la vie quotidienne des hommes. La terminologie malgache et son application continue dans la vie de tous les jours et dans les liturgies, révèlent que la religion malgache n'est ni polythéiste, ni panthéiste, tout en reconnaissant dans la nature des forces qui peuvent nous être propices ou néfastes et qu'il faut respecter. C'est par ailleurs dans cette vision du cosmos qu'on peut trouver une des plus fortes motivations pour la sauvegarde de l'environnement.

L'Etre Suprême, Zanahary est donc perçu comme nettement distinct des autres réalités, même si celles-ci apparaissent mystérieuses et sont désignées par le même terme. Le vocabulaire employé dans les invocations rituelles a provoqué parfois des malentendus ou des confusions chez certains chercheurs étrangers du XIXe siècle et d'avant et jusqu'à la deuxième moitié du XXe siècle. C'était le cas, par exemple, pour les appellations adressées à l'Etre

Suprême : Zanahary lahy, Zanahary vavy : « Dieu Soleil homme, Dieu Soleil femme ». Il n'y a pas ici une conception polythéiste ou hermaphrodite quelconque de Dieu, mais l'intuition primordiale que dans le Principe dont jaillit la vie, l'élément masculin et l'élément féminin, le principe actif et le principe passif constituent une seule et unique perfection éternelle. On trouvera de cela une analogie dans le langage ordinaire quotidien, où le seul terme de ray

amandreny qui signifie " père-et-mère " à la fois, tout en contenant deux concepts bien

distincts, indique un seul individu respectable par sa sagesse, par son âge et par une personnalité renfermant en elle les perfections de l'homme et de la femme, la plénitude de la bénédiction : la force, l'activité, la compréhension de la paternité, ainsi que la tendresse et la capacité d'engendrer d'une mère136. On observera en tout cela une résonance, dans un style tout à fait malgache, des philosophies orientales et de la conception de l'être comme résultat dialectique d'un principe actif et d'un principe passif que l'Orient exprime par les termes de Yang et de Yin137.

Par ailleurs Zanahary-Andriamanitra, en tant que Principe Organisateur de l'Univers, dans les rituels en usage chez les groupes malgaches de toute l'île, est perçu et appelé comme Zanahary andrefana, Zanahary atsinanana, Zanahary avaratra, Zanahary

atsimo, Zanahary ambony, Zanahary ambany, ce que signifie : le " Dieu Soleil " qui est

présent dans les quatre directions du cosmos, à l'Occident comme à l'Orient, au Nord et au sud ; il est aussi le " Dieu Soleil d'en haut ", et " le Dieu Soleil d'en bas ". Ici non plus, il ne s'agit pas d'une vision polythéiste, d'une pluralité de dieux qui se partageraient le cosmos et les directions de l'univers ou les parties supérieures et inférieures du monde, mais de la perception d'une présence universelle et de l'ubiquité de Zanahary-Andriamanitra138. L'anthropologue malgache Robert DJAOVELO conclut tout cela en disant : «Le Zanahary ou

l’Andriamanitra Andrianananahary des Malgaches peut être dit singulier et pluriel. À travers

une apparence polythéiste, en effet, la conception malgache de Dieu s'avère fondamentalement monothéiste. Amour et bonté, ubiquité et justice, transcendance et immanence, semblent être ses caractéristiques essentielles »139.

Ainsi, pour les Malgaches, l‟existence de ce Zanahary, comme lumière qui éclaire et réchauffe et comme fécondité qui fait vivre, leur semble tellement évidente qu‟ils qualifient de « bête », c‟est-à-dire d‟homme déchu de sa condition humaine, celui qui la nie.

136

Cf. R. DUBOIS, op. cit., p. 118.

137 Yang en philosophie, force symbolique dans la pensée chinoise, s'unit et s'oppose au "yin". 138 Cf. B. H

ÜBSCH (dir.), op. cit., p. 74.

139

R.DJAOVELO, « Richesses culturelles d'une civilisation de l'oralité (Zanahary, Sampy, Razana, influence ou rejet de l'islam » in B. HÜBSCH (dir.), op. cit., p. 94.

Ils croient fermement à son existence même s'ils ne connaissent pas grand-chose de son Etre : le Malgache « ne connaît pas grand-chose de l'être du Zanahary (Dieu-Soleil). Il n'a pas cherché à inventer quoi que ce soit pour remplacer ce qu‟il ne connaît pas. L'esprit ancestral se penchait surtout sur l'existence de Zanahary et sur le fait de s'en remettre à Lui »140. Probablement, c'est la raison pour laquelle les Malgaches insèrent, deux fois, dans leur Constitution141 le nom de Zanahary, Source de l‟IRAY («UN») : la première se trouve dès le premier paragraphe du préambule tandis que la deuxième fait partie intégrante du serment du Président de la République avant son entrée en fonction. Voici les deux textes :

PREAMBULE

LE PEUPLE MALGACHE SOUVERAIN

Résolu à promouvoir et à développer son héritage de société pluraliste et respectueuse de la diversité, de la richesse et du dynamisme de ses valeurs éthico-spirituelles et socio-culturelles, notamment le "Fihavanana" et les croyances à l’Andriamanitra

Andriananahary.

Article 48 - Avant son entrée en fonction, le Président de la République prête le serment suivant devant la Nation, en audience solennelle de la Haute Cour Constitutionnelle, et en présence du Gouvernement, de l'Assemblée Nationale, du Sénat et de la Cour Suprême : « Eto anatrehan'Andriamanitra Andriananahary sy ny Firenena ary ny Vahoaka, mianiana aho… ». C'est-à-dire : « Devant "le Roi parfumé - le Roi Soleil", (Andriananahary ou Zanahary = Le Dieu-Soleil), la Patrie et le peuple (malgache), je jure… ».

3-4- Relation des vivants à la "vie", à l'aina

Dans une première approximation, nous dirons que le mot aina142 évoque le flux vital, un courant partant de Zanahary et allant jusqu‟à l‟homme, englobant même son environnement. Tout ce qui existe est irrigué par ce flot ininterrompu et en tire sa vie particulière, son existence et son être propres. « Zanahary no nahary tongotra aman-tanana » (littéralement : « c'est Zanahary qui donne les mains et les pieds ».

L‟olombelona en bénissant son enfant ne dira jamais : «Que tu aies une longue vie » - «aoka hanana aina lava ianao » - l'expression n'est pas malgache ; mais «Que tu sois vivant longtemps » - «Aoka ho ela velona ianao ».

140 R. D

UBOIS, op. cit., p. 118.

141 La Constitution malgache de 1998 révisée a été soumise à un référendum le 4 avril 2007. 142

Cf. Le lexique, le terme aina : ce qui fait que l'homme vit selon son développement normal, la vie la plus intime et la plus concrète d‟un être, signification n° : 1.

L'abstraction malgache, bien qu‟elle distingue l'aina de ceux qui en vivent, ne les sépare pas ; les parents voient leur enfant dans l'«Aina143» ancestral, vivant de celui-ci ; enfant, flux vital sont deux entités inclusives, la seconde contient la première ; dès lors, celle- ci EST celle là; leur relation est PERÇUE DANS L'ETRE. Le père dira de son enfant « tu es un morceau de mon aina, tu es mon aina, mon « moi », ma «chair», mon «sang» ("aiko ianao"144).

Le champ sémantique du mot « aina » est beaucoup plus vaste que ceux des mots «flux vital», « corps », «moi» ; aussi est-il intraduisible en français.

3-5- Pensée de participation : tous ceux qui participent à la même Source, au même «aina145» de Zanahary sont «UN»

LEVY BRÜHL a été le premier philosophe qui ait remarqué cette pensée de participation et en ait fait une étude approfondie. L'existence d'un être intègre des éléments d'un autre être. Autrement dit, pour la pensée de la participation, être, c'est participer. Elle ne se représente pas l‟être dont l'existence se conçoive sans y faire rentrer d'autres éléments que ceux de ces êtres mêmes146.

L'homme de la participation saisit spontanément qu'il est l'autre, ce qui ne l'empêche pas d'avoir en même temps conscience qu'il reste distinct de l'autre, mais d'une