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Les sens littéral et historique de l’IRAY («UN») par Fati-drà

CREATION DE L’IRAY («UN») GENEALOGIQUE PAR LES ANCETRES MALGACHES

4- Les sens littéral et historique de l’IRAY («UN») par Fati-drà

Comme le NOUS SOMMES IRAY («UN») créé - le Fati-drà - s‟inspire d‟un

principe profond du IRAY («UN») généalogique, les Fati-drà ont également le droit de se dire : « Nous avons le même sang qui circule en nous ; il nous fait vivre ». Grâce à lui : « NOUS SOMMES IRAY («UN») par fati-drà ; NOUS CONSTITUONS UN SEUL ETRE (en tant

que Fati-drà). Autrement dit, nous sommes frères ; nous sommes Fati-drà ; nous avons une relation forte.

4-1- L’IRAY («UN») par Fati-drà ne porte pas en lui le sens métaphorique mais le sens littéral

L‟IRAY («UN») entre Rakoto et Raly est l‟IRAY («UN») en tant que Fati-drà. Ils sont «devenus» réellement Fati-drà, partout où ils sont, au sens littéral (et non au sens métaphorique) du mot car ils vivent du même et unique aina301 venant de leur Fati-drà. Toutes les relations qui existent entre eux sont des relations guidées par cet IRAY («UN») en tant que Fati-drà. Cet IRAY («UN») n'est pas le fruit d'une imagination, mais il est fondé sur l’aina noué par Zanahary, donc sur la réalité. Ainsi, le concept IRAY («UN») par Fati-drà porte en lui, en dessous de lui, au fond de lui quelque chose de strictement ontologique et non quelque chose relevant de l'imagination.

Rakoto et Raly sont «devenus» Fati-drà. Ils le sont vraiment et

ontologiquement, au sens littéral du mot, car ils ont l‟IRAY («UN») en tant que Fati-drà. Ici,

toutes les implications de cet IRAY («UN») se trouvent confirmées dans leur sens littéral. Ils sont liés par l‟IRAY («UN») en tant que Fati-drà :

1- Raly et Rakoto sont des personnes concrètes, des olona (au sens littéral du mot personne et olona) ;

2- Raly et Rakoto vivent du même aina302 venant de leur Fati-drà (au sens littéral du mot aina303) ;

3- Raly et Rakoto, quant à leur mode de relation, ils sont «devenus» vraiment et

réellement IRAY («UN») car ils vivent du même aina. Ils sont aussi

«DIFFERENTS» car chacun a sa tête, sa personnalité, son histoire, son irremplaçable unicité, son originalité (au sens littéral du mot IRAY («UN») et DIFFERENT) ;

301 Cf. Le lexique, le terme aina : ce qui fait que l'homme vit selon son développement normal, la vie la

plus intime et la plus concrète d‟un être, signification n° : 1.

302

Cf. Le lexique, le terme aina, signification n° : 1.

4- Raly et Rakoto, quant à leur première origine, viennent de leurs parents et de leurs Ancêtres respectifs. Quant à leur deuxième origine, ils viennent de

Zanahary (Dieu-Soleil) qui leur a donné la nouvelle naissance dans l‟IRAY

(«UN») par Fati-drà (au sens littéral du mot origine). 4-2- L’IRAY («UN») par Fati-drà porte en lui le sens historique

Ce que nous venons de voir ne suffit pas encore à montrer tous les aspects de l‟IRAY («UN») par Fati-drà. Ce terme porte également en lui le sens historique. En effet, Raly et Rakoto qui sont IRAY («UN») en tant que Fati-drà sont invités à vivre, dans l'espace et le temps, le sens littéral de leur IRAY («UN»). C'est là le sens historique de leur IRAY («UN») par Fati-drà. Disons que Rakoto et Raly ont fait la cérémonie de l'IRAY («UN») par Fati-drà le 1er janvier 2007. Dès ce Fati-drà, ils sont «devenus» Fati-drà, frères. Cette réalité est irréversible historiquement parlant. L‟IRAY («UN») en tant que Fati-drà s‟enracine toujours dans l'histoire. Autrement dit,

1. Raly et Rakoto sont des personnes concrètes, des olona (des personnes concrètes, des olona dans l'espace et le temps) ;

2. Raly et Rakoto vivent du même aina, (souffle de vie, psychè) venant de Raly et de Ravao (aina vécu dans l'espace et le temps) ;

3. Raly et Rakoto, quant à leur mode de relation sont «devenus» vraiment et

réellement IRAY («UN») car ils vivent du même aina par Fati-drà. Ils sont

aussi «DIFFERENTS» car chacun a sa tête, sa personnalité, sa culture, son histoire, son irremplaçable unicité, son originalité (ils sont IRAY («UN») et «DIFFERENTS» dans l'espace de temps) ;

4. Raly et Rakoto, quant à leur première origine, viennent de leurs parents et de leurs Ancêtres respectifs. Quant à leur deuxième origine, ils viennent de

Zanahary (Dieu-Soleil) qui leur a donné la nouvelle naissance dans l‟IRAY

(«UN») par Fati-drà (aux sens littéral et historique du mot origine).

François RAKOTONAIVO résume bien en malgache les nouveaux liens de

l‟IRAY («UN») généalogique par la cérémonie du Fati-drà chez les Malgaches. Dans un tableau à trois colonnes, nous allons exposer dans la première colonne ce résumé en malgache, le traduire en français dans la deuxième et l‟interpréter dans la troisième.

TABLEAU N°11 : Compréhensions et interprétations des nouveaux liens - des nouveaux IRAY («UN») généalogiques - grâce à la cérémonie du Fati-drà chez les Malgaches

Les nouveaux liens grâce à la cérémonie du Fati- drà chez les Malgaches

Traduction en français Compréhensions et interprétations selon l'esprit de la création de l’IRAY («UN») malgache : le Fati-drà

Ny mpifamatitra andaniny sy ankilany miteny hoe : «Noho ny vakira (Fati-drà) atontsika izao dia : 1- ny anabavinao ho anabaviko ; 2- ny rahalahinao dia ho rahalahiko ; 3- ny zanakao dia ho zanako ; 4- ny ray amandreninao dia ho ray amandreniko; 5- ny fianakavianao dia ho havako ; 6- ny razambenao dia ho razambeko.

Raha misy noana any am-pandehanana ny anakiray amintsika dia hangataka sakafo ao amn'ny ray amandrenin'ny Fati-dràny izy hanao hoe: amin'ny anaran-dR...Fati- dràko dia hisakafo eto aminareo aho anio »304.

Chacun des nouveaux Fati-drà dit : « Au nom de notre vakira (de notre Fati- drà) :

1- tes soeurs sont désormais «devenus» par l'action du Zanahary mes soeurs;

2- tes frères, mes frères ;

3- tes enfants, mes enfants ;

4- tes parents, mes parents ;

5- ta parenté, ma parenté ;

6- tes ancêtres mes ancêtres.

Si l'un de nous a faim lors d'un voyage, il pourra demander la nourriture aux parents de ses Fati-drà en disant : au nom de R.... mon Fati-drà, aujourd'hui, je mange chez vous ».

Chacun des nouveaux Fati-drà dit : « dès Fati-drà ou dès notre vakira, nous sommes frères ou Fati-drà par l'action de

Zanahary car seul Zanahary coupe, noue et renoue l‟IRAY

(«UN»). Par notre cérémonie, nous avons vu l'ajustement se faire sous nos yeux parce que par son action :

1- désormais, tes soeurs sont « devenues » mes propres soeurs officiellement, visiblement et explicitement. Ainsi, je suis IRAY («UN») avec elles (en tant qu'elles sont mes propres soeurs)305 et elles sont IRAY («UN») avec moi (en tant je suis leur propre frère) ;

2- tes frères sont « devenus » mes propres frères. Ainsi, je suis IRAY («UN») avec eux (en tant qu'ils sont mes propres frères) et ils sont IRAY («UN») avec moi (en tant je suis leur propre frère) ;

3- tes enfants sont « devenus » mes propres enfants. Ainsi, je suis IRAY («UN») avec eux (en tant qu'ils sont mes propres enfants) et ils sont IRAY («UN») avec moi (en tant je suis leur propre père ou mère) ; 4- tes parents sont « devenus » mes propres parents.

Ainsi, je suis IRAY («UN») avec eux (en tant qu'ils sont mes propres parents) et ils sont IRAY («UN») avec moi (en tant je suis leur propre enfant) ;

5- ta parenté est « devenue » ma propre parenté. Ainsi, je suis IRAY («UN») avec elle (en tant qu'elle est ma propre parenté) et elle est IRAY («UN») avec moi (en tant je suis sa propre parenté) ;

6- tes ancêtres sont « devenus » mes propres ancêtres. Ainsi, je suis IRAY («UN») avec eux (en tant qu'ils sont mes propres ancêtres) et ils sont IRAY («UN») avec moi (en tant je suis leur propre descendant). Si l'un de nous a faim lors d'un voyage, il pourra demander la nourriture aux parents de ses Fati-drà - à ses propres parents - en disant : au nom de R.... mon Fati-drà (mon frère) aujourd'hui, je mange chez vous ».

La cérémonie du Fati-drà ou fraternisation par le sang ne se fait jamais avec des havana (des gens de la même parenté, c'est-à-dire des gens du même aina, du même sang

304

F. RAKOTONAIVO, op. cit., p. 168.

305 Lorsque le Malgache dit «nous sommes IRAY («UN»), le « en tant que… » est toujours présent à son

esprit, même s‟il ne le prononce pas. C'est la raison pour laquelle nous mettons entre parenthèses les « en tant que …» dans cette troisième colonne, supra, 6- L‟essence de l‟IRAY («UN») : «… en tant que…», pp. 66-67.

et de la même chair ancestraux). La véritable union - avons-nous dit - vient toujours de la

DIFFERENCE comme l‟IRAY («UN») vient du non IRAY («UN»). Pourtant, le résultat de cet

IRAY («UN») créé est parfois plus fort que les deux autres naturels, l‟IRAY («UN») en tant que consanguins et l‟IRAY («UN») en tant QU‟EPOUX-EPOUSE. Le choix délibéré du partenaire, le serment et surtout le fait de se faire boire du sang dans la création de cet IRAY («UN») jouent probablement des rôles importants et ont des effets psychologiques efficaces.

Il est bien de faire deux remarques :

Première remarque : des Malgaches faisaient des Fati-drà avec des Etrangers

qui pouvaient gagner leur confiance. Prenons deux exemples :

1- Zomena, roi des Antanosy, a fait le Fati-drà avec Alfred GRANDIDIER, un géographe et explorateur français. Grâce à ce dernier, nous avons un document gardé minutieusement parmi les archives malgaches en ce qui concerne la particularité des Fati-drà des Antanosy306.

2- L‟aventurier BENYOWSKI était le Fati-drà d‟un roi antemoro307.

Deuxième remarque : pendant leur cérémonie du Fati-drà, les Malgaches ne

disent jamais : « Ton Dieu est devenu mon Dieu ». En effet, les Malgaches n'ont pas besoin de dire cela parce que tous les Malgaches croient au même Dieu qu‟ils appellent Zanahary (Dieu-Soleil). Cette remarque nous est fondamentale pour souligner, dans la deuxième partie de notre investigation, la conversion des païens dans le judaïsme308. Ceux-ci doivent abandonner leurs dieux pour confesser le Dieu d'Israël. L'attitude de Ruth - la moabite du temps des Juges, personnage central du livre de la Bible qui porte son nom - en est une illustration : « Ruth répondit: "Ne me presse pas de t'abandonner et de m'éloigner de toi, car où tu iras, j'irai, où tu demeureras, je demeurerai ; ton peuple sera mon peuple ET TON DIEU SERA MON Dieu » (Rt 1, 16). Les païens devenus chrétiens abandonnent également leurs dieux parce que le Dieu de Jésus, Dieu le Père, est «révélé et devenu» leur Dieu par Fati-drà nouveau (kainos): « Et comment vous vous êtes tournés vers Dieu, abandonnant les idoles

pour servir le Dieu vivant et véritable » (1Th1, 9 ; cf. Jn 20, 17b)309.

306 Cf. Bulletin de la Société de Géographie, février 1872, Antananarivo Annual, 1897. 307 Cf. Benyowski, mémoires et voyages, Antananarivo Annual, 1776.

308

Infra, tableau n° 69, rotation à partir de Ruth, p. 341.