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1.1 Le recours à l’approche biopsychosociale par le kinésithérapeute

1.1.2 Son savoir-être

Dans le domaine de la santé, le savoir-être est fréquemment employé. Il s’appuie sur des normes culturelles impliquant la notion de partage de valeurs auxquelles le kinésithérapeute souscrit selon son rôle, ses missions et ses fonctions pour lesquels il est en responsabilité. Ainsi, la façon dont il se présente au patient peut être déterminante pour les liens que les deux protagonistes, kinésithérapeute et patient, vont développer au cours des séances.

Les différentes combinaisons faites avec le terme savoir-être, l’associant à la réunion des savoirs et savoir-faire, troublent sa représentation. Le savoir-être, utilisé seul, est associé au comportement et aux attitudes de la personne, à ses capacités d’intervention en situation. Mais la dimension composite du comportement laisse peu envisageable une catégorisation. Pour autant dans la cadre de notre recherche, nous prolongerons le propos de Bellier, cité par Penso- Latouche (2000, p. 67- 69), pour soumettre le corps à corps aux cinq points clés de la typologie des savoir-être qui sont les qualités morales, le caractère, les aptitudes, les goûts et intérêts et les comportements.

Ø Les qualités morales : Elles comportent ambition, charisme, sont de l’ordre de ce qui est donné à la naissance, alors que le sens des responsabilités, du compromis, la maturité, l’honnêteté, le sens de l’effort et de la persévérance sont des qualités qui peuvent s’acquérir par l’éducation ou la formation. Le sens du compromis est essentiel pour le kinésithérapeute qui négocie le traitement avec le patient, notamment quand celui-ci est douloureux. Le compromis permet au patient de devenir acteur du traitement. La réussite de la thérapie en dépend.

Ø Le caractère : Comme tous les professionnels du soin, le kinésithérapeute se met à la disposition du patient, mais c’est le soignant qui passe le plus de temps au côté du patient pour une séance et c’est aussi dans son domaine que les traitements sont récurrents et souvent prolongés dans la durée. Le métier requiert de la patience. Les temps de traitement sont à prendre en compte dans le corps à corps. Quand ils sont prolongés, ils permettent à la fois une instauration progressive de la confiance, mais ils peuvent aussi constituer un frein à la réussite de la pratique, par lassitude.

Ø Les aptitudes et traits de la personnalité : Ils sont en lien avec la façon dont l’individu se conduit, sa sociabilité ; un trait extraverti ou introverti peut être modulé dans le cadre professionnel.

Ø Les goûts et intérêts : S’il est possible de détacher un point commun parmi les activités kinésithérapiques, nous retiendrons un sens pédagogique, une vision éducative des situations. La plus grande partie des actes kinésithérapiques nécessitent un temps d’explicitation, en dehors des prescriptions, y compris pour le corps à corps au cours duquel le patient est acteur.

Ø Les comportements : Le comportement de l’individu dans son environnement est lié à son éducation, qui interfère avec les compétences professionnelles. Le savoir-être apparaît comme une qualité pouvant être mobilisée au cours de l’exercice professionnel. À la différence des quatre précédents indicateurs, le comportement est visible et observable. Il peut être déterminant pour la relation patient / kinésithérapeute.

Ainsi, le savoir-être relève davantage d’une appréciation qualitative que d’une docimologie. Il comprend plusieurs dimensions cognitives et psychoaffectives.

Zarifian55 quant à lui, mentionne sur son site internet que le savoir-être est « très difficile

à définir et semble renvoyer à la personnalité même des individus, en dehors de toute considération professionnelle, de tout rapport salarial et de tout processus d'apprentissage » Zarifian (s.d.).

Le Boterf (2010) décrit les savoir-être comme l’expression des qualités personnelles des individus. Il est à noter que l’auteur emploie l’expression au pluriel, mentionnant ainsi qu’un individu peut disposer de plusieurs savoir-être, sans explicitement les différencier. Ils ont trait aux qualités relationnelles, certaines relevant de la personnalité ne feront pas l’objet d’un apprentissage, alors que d’autres « peuvent faire l’objet d’une formation ou d’un entraînement » (p. 25). « Le savoir-être induit un jugement sur la personnalité et par voie de conséquence la sélection des personnalités » (Ibid., p. 18). Cet auteur propose aussi que certaines personnalités

conviennent mieux à certains types de métiers même si elles n’en sont pas la condition de leur exercice.

Nous pensons que le savoir-être au cours de l’apprentissage en kinésithérapie est inhérent à l’identité professionnelle acquise, entre autres, lors de l’apprentissage du massage au cours des expériences de l’étudiant comme masseur-massé, mentionné par Prel (2001). De plus, nous remarquons que les étudiants qui s’inscrivent dans ce cursus ne découvrent pas la proximité corporelle inhérente aux soins kinésithérapiques, cette notion leur étant déjà connue. Par contre, ils apprennent à réguler l’abord avec le patient et la juste distanciation.

Le savoir-être apparaît alors comme une qualité personnelle, facilitant la communication, par la capacité d’écoute et de mise à disposition du kinésithérapeute pour le patient lors de la rencontre. Il apparaît comme une capacité de l’état d’esprit de l’individu, lié à son éducation, faisant référence aux traits de sa personnalité, comme une compétence éprouvée lors de l’exercice professionnel. S’il n’est pas la condition inhérente au type de métier exercé, il peut en constituer l’expression de l’identité professionnelle ou l’un des éléments déterminants de l’abord du patient.