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Satisfactions extrêmes d'un acteur

Chapitre IV -Formulation mathématique et interprétation sociologique d'indicateurs

2.1 Satisfactions extrêmes d'un acteur

Les satisfactions extrêmes d'un acteur permettent de situer ce qu'il peut atteindre comme satisfaction dans le meilleur et dans le pire des cas pour lui. L'intérêt de ces valeurs réside dans les comparaisons entre les états pour lesquels elles sont obtenues. On cherchera alors à repérer :

l'écart entre les valeurs extrêmes pour chaque acteur,

ce que la satisfaction extrême d'un acteur implique pour les autres,

les situations de conflit et de coopération potentielle, (notamment en repérant les états de jeu conduisant à des extrema opposés ou identiques pour deux acteurs)

l'écart entre la satisfaction à convergence de la simulation et les satisfactions extrêmes, ainsi que l'écart entre l'état à convergence et les états associés aux satisfactions extrêmes.

Le calcul des valeurs extrêmes de la satisfaction consiste à l'application du max ou du min 19 [Crozier & Friedberg, 1977], p113-114. « La nouvelle problématique que nous proposons est fondée sur le

concept de jeu. [...] Le jeu est l'instrument que les hommes ont élaborés pour régler leur coopération. C'est

l'instrument essentiel de l'action organisée. [...] il s'agit d'un jeu de coopération, comme c'est toujours le cas dans les organisations [...]. Ainsi défini, le jeu est un construit humain. [...] La structure (de l'organisation) n'est en fait qu'un ensemble de jeux. »

sur la satisfaction associé à chaque état relationnel eR :

satisfaction maximum d'un acteur : satisfactionmaxa=maxe

R∈ERsatisfaction a , eR

satisfaction minimum d'un acteur : satisfactionmina=mine

R∈ER satisfactiona , eR

Interprétation des satisfactions extrêmes et des états associés

Le premier intérêt des valeurs extrêmes des satisfactions est leur interprétation directe. La satisfaction d'un acteur renvoie à la capacité à atteindre ses objectifs. Les satisfactions extrêmes permettent alors de savoir si les acteurs peuvent disposer des moyens de leurs objectifs, en regard de la structure de l'organisation. Aussi, si la une satisfaction maximum d'un acteur est négative, cela veut dire qu'il n'aura structurellement pas les moyens d'atteindre ses objectifs, ni même de s'en approcher. On peut alors se demander si ce constat est bien la conséquence d'un choix de modélisation ou le fruit d'une erreur. Sur la Figure IV.1 le Directeur et la Secrétaire ont tous deux une satisfaction maximum positive. Si on pousse l'analyse, on se rend compte que le directeur peut potentiellement s'approcher d'avantage de ses objectifs (satisfaction_max = 50) que la secrétaire ( satisfaction_max = 28).

Par ailleurs, il est possible de comparer la satisfaction des acteurs qui est associée à l'état de satisfaction maximum de l'un d'eux. Par exemple, sur la Figure IV.1, l'état de satisfaction maximum du Directeur implique une satisfaction neutre pour la secrétaire, alors que dans l'état de satisfaction maximum de celle-ci, lui dispose d'une satisfaction négative. Il est ainsi possible de repérer des caractéristiques structurelles du SAC.

Figure IV.1 - Etats de satisfaction maximum du directeur (à gauche) et de la secrétaire (à droite). Les cercles représentent les acteurs, l'aire est pondérée par la valeur de la satisfaction de chacun. Les carrés

représentent les relations. Les arcs représentent les dépendances des acteurs aux relations, une orientation vers une relation indique un contrôle, l'épaisseur est pondérée par la valeur de l'effet. Ces

deux états indiquent que chaque acteur peut potentiellement disposer d'une satisfaction positive non négligeable, mais au détriment de l'autre.

Le second intérêt, non des moindres, est de comparer pour un état de satisfaction remarquable d'un acteur, ce que cela implique pour la satisfaction des autres acteurs. Cela permet notamment de voir ce que la satisfaction extrême d'un acteur implique pour les autres. L'état donnant lieu à la satisfaction maximum d'un acteur peut ainsi correspondre à la satisfaction minimale d'un autre acteur, comme c'est le cas dans les jeux à somme nulle, ou à des satisfactions minimales pour l'ensemble des acteurs, ou encore à une satisfaction proche du maximum d'un autre acteur. Les comparaisons sont nombreuses, elles permettent essentiellement de mettre en avant les situations de conflit structurel et de convergence objective d'intérêts. Par exemple dans le cas Trouville (Tableau 11), nous pouvons constater deux points notables :

l'état de satisfaction minimale du directeur correspond à l'état de somme minimale des satisfactions de tous les acteurs.

–L'état de la relation stabilité de l'emploi est identique d'une part pour les états maximum et d'autre part pour les états minimum. Cette relation n'entrainera surement pas de tractations.

Minimum Maximum S at is fa ct ion s ec ta ir e S at is fa ct ion di re ct eur S om m e s at is fa ct ion

Tableau 11 - Etats remarquables du cas Trouville. Les cercles représentent les acteurs, l'aire est pondérée par la valeur de la satisfaction de chacun. Les carrés représentent les relations, les poids représentent l'état de la relation. Les arcs représentent les dépendances des acteurs aux relations, une orientation vers

une relation indique un contrôle, l'épaisseur est pondérée par la valeur de l'effet.

Enfin, après avoir effectué des simulations on pourra observer les états à convergence et constater l'écart entre la satisfaction à convergence et les satisfactions extrêmes, c'est-à-dire ce qu'obtient un acteur par rapport au meilleur et au pire des cas dans un état pour lequel le système est régulé. On pourra de plus constater si des états remarquables ont été atteints ou s'il existe un écart suffisamment important pour en rechercher une explication. Ceci requiert une analyse plus en détail de l'impact des différentes relations et des échanges entre acteurs que nous aborderons plus loin dans ce mémoire (Chapitre VI). Si des comparaisons sont possibles, on peut essayer de trouver les causes des similarités et des différences en usant des concepts construits (importances des relations contrôlée, pouvoir...) afin d'avoir des éléments de compréhension du phénomène émergent. D'autre part, et plus globalement, si l'articulation des concepts tend à des incohérences, la validation peut être remise en question. On distinguera essentiellement ce qui affecte la validation du modèle :

digression interprétative lors de la modélisation, de ce qui affecte la validation du méta-modèle :

incohérence logique, insuffisance sémantique.

Un dernier intérêt de ces mesures tient au postulat qu'un acteur social est en mesure d'effectuer une évaluation, même approximative, de sa satisfaction maximum et sa satisfaction minimum. Cette information peut alors être mise en œuvre par l'acteur dans son processus de prise de décision comme nous le verrons au chapitre traitant de la rationalité de l'acteur (Chapitre V). Ce postulat implique une évaluation, même approximative, du jeu des possibles dans le système qui n'est pas incompatible avec le postulat de rationalité limitée. Dans l'algorithme que nous proposons, nous verrons que le processus décisionnel et les simulations ne sont pas sensibles aux faibles erreurs d'évaluation de la satisfaction minimum et à la surestimation de la satisfaction maximum. Il est alors possible d'envisager des heuristiques d'approximation de ces valeurs à partir de données imparfaites qui autorisent la convergence du système. Les cas limites de ces approximations (écart important par rapport à la satisfaction minimum et sous-estimation de la satisfaction maximum) ne sont toutefois pas explorés dans nos travaux, essentiellement à cause de l'ampleur de la tâche et de sa nécessaire nature interdisciplinaire avec les sciences cognitives (Kahneman prix nobel d'économie [Kahneman & Tversky, 1979]).