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Modélisation des relations

Chapitre VI -Modélisation du cas Bolet

4.4 Modélisation des relations

Chronologiquement, il s’agit en fait du premier temps de la modélisation. On cherche ici à identifier précisément chaque relation et à voir qui la contrôle et qui en dépend. Pour chaque relation identifiée, il convient d'adopter une démarche rigoureuse consistant à expliciter à quel comportement correspond chaque (plage de) valeurs de l'espace d'état de chaque relation. Cela permet ainsi de disposer d'une échelle qualitative sans laquelle la modélisation et les interprétations des résultats de simulation et des états remarquables ne pourront être faites correctement. Cette démarche consiste à :

Nommer précisément chacune des relations. La dénomination d'une relation comportera notamment les références à la ressource qui la fonde.

Définir précisément l'interprétation des bornes du domaine de valeur du 'terme de l'échange' associé à chacune. Ces bornes représentent ce qui est physiquement possible et sont fixées à -1 et 1.

définir une échelle nominale permettant l'interprétation des valeurs sur le domaine de valeur du 'terme de l'échange'. On pourra définir des intervalles précis ou flou. Cette échelle permettra notamment de :

1. fixer les marges de manœuvre des acteurs sur les relations qu'ils contrôlent, ainsi que les effets du terme de l'échange de la relation sur les acteurs qui en dépendent. La marge de manœuvre est délimitée par les contraintes de l'action. Celles-ci

représentent ce qui est socialement possible.

2. définir l'état initial d'une simulation. L'état initial d'une simulation correspond à l'ensemble des valeurs initiales des termes de l'échange de chaque relation. 3. d'interpréter l'état final d'une simulation.

4.4.2 Pré-modélisation des relations du cas Bolet

Les relations sont décrites plus en profondeur dans la partie de ce document décrivant les fonctions d'effet pour les relations simples et pour les relations de contrôle. Dans le cas Bolet, il ressort six relations pertinentes, qui s'articulent autour de trois ressources caractéristiques d'une organisation que sont la machine, la règle, le travail :

La décision d’achat de la machine :

- elle est contrôlée par le Père et tous en dépendent

- échelle nominale du domaine de valeur du terme de l'échange :

-1 ⇔ rejet,

0 ⇔ ne prends pas position,

1 ⇔ adoption.

La nature de la prescription du travail :

- elle est contrôlée par le BE et tous en dépendent

- échelle nominale du domaine de valeur du terme de l'échange :

-1 ⇔ prescription peu rationnelle,

1 ⇔ prescription rationnelle technique rigoureuse,

Le contrôle de la nature de la prescription :

- elle est contrôlée par le André et tous en dépendent sauf le CA - échelle nominale du domaine de valeur du terme de l'échange :

-1 ⇔ aucun contrôle,

1 ⇔ contrôle tatillon.

L'application de la prescription :

- elle est contrôlée par le CA et tous en dépendent

- échelle nominale du domaine de valeur du terme de l'échange :

-1 ⇔ ne l’applique pas du tout, 1 ⇔ l’applique intégralement.

Le contrôle de l'application de la prescription :

- elle est contrôlée par le André et tous en dépendent sauf le BE - échelle nominale du domaine de valeur du terme de l'échange :

-1 ⇔ aucun contrôle,

1 ⇔ contrôle tatillon.

• L'investissement dans la production:

- elle est contrôlée par le CA et tous en dépendent sauf le BE - échelle nominale du domaine de valeur du terme de l'échange :

-1 ⇔ freinage,

1 ⇔ zèle.

La caractéristique d'une relation de contrôle (contrôle de la nature de la prescription et contrôle de l'application de la prescription) est de déterminer la marge de manœuvre de la relation qu'elle régule. Pour chaque relation de contrôle il est nécessaire de décrire deux fonction de contrôle qui, en fonction de son état, fixent les bornes de la relation ciblée. La définition de ces fonctions (cf. 145) est d'autant plus aisée et cohérente que l'on a, au préalable, associé une interprétation au différents états de la relation.

4.4.3 Modélisation des enjeux

L'objectif est de remplir la matrice des enjeux de chaque acteur qui servira d'entrée pour le modèle. celle-ci est indicée en ligne par les relations et en colonnes par les acteurs. Le remplissage de la matrice se fait pour chaque acteur (par colonne).

Gardant à l'esprit que la modélisation est un processus collectif, et donc d'échange de points de vue, celle-ci s'effectuera par une succession de va-et-vient avec l'établissement des autres données du modèle - notamment la définition des fonctions d'effets. Ces aller-retours sont autant de discussions permettant d'affiner et de remettre en question l'argumentation des choix entrepris autant que de les relier de façon cohérente.

A titre d'exemple de va-et-vient, considérons le déroulement des différentes étapes de notre modélisation collective des enjeux.

Tout d'abord, une première version de la matrice d'enjeux à été proposée afin de disposer rapidement d'une vue générale sur le modèle plutôt que d'une vue parcellaire. Certains choix ont été communément adoptés après examen de plusieurs options alors que d'autres ont été arrêtés à la première option pertinente proposé au dépend de certains questionnements et argumentations mis de côté temporairement.

Cette première version a ensuite été révisée lors de l'examen d'options nouvelles ou précédemment mises de côté. Elle a également était affinée lors de la modélisation et de l'interprétation des fonctions d'effet. En effet, le fait de nourrir le modèle par catégories de données amène à adopter à chaque fois une perspective différente. Avec les enjeux ce sont les motivations et les objectifs des acteurs qui retiennent l'attention, alors que la modélisation des fonctions d'effets portent le focus sur le lien entre l'état des relations et la capacité d'action induite pour les participants de la relation. La difficulté est alors de bien distinguer ce dont il est question dans chacun des éléments du modèle. Il est possible de poser quelques règles contraignant la modélisation, mais aucune généralité n'est réellement envisageable. Ainsi, définir un enjeu non nul devrait être associé à une fonction d'effet à l'impact également non nul. Un acteur peut toutefois considérer qu'une relation à de l'importance pour un autre dont il est solidaire bien qu'il ne soit pas lui même directement impacté par cette relation.

4.4.4 Arguments pour les enjeux

relation CA BE André Père

décision d’achat ++++ ++ + +

nature de la prescription + + + +

contrôle de la nature de laprescription 0 + + + application de la prescription + + + + contrôle de l’application de la prescription ++ 0 + + Investissement dans la production ++ 0 ++ +++++

Tableau 42 - Matrice « +/- » des enjeux.

Enjeux du CA

Les conséquences de l'achat de la machine auront un impact fort sur leurs conditions de travail : ré-organisation du travail, requalification et certainement une réduction des effectifs. C'est la zone d'incertitude la plus importante. Nous avons donc fixé à 4 points l'enjeu de cette ZI. Manquant d'informations exactes à ce sujet nous avons choisi une valeur forte mais raisonnable

alors que suivant les circonstances (annonce de licenciement, ...) elle pourrait s'avérer plus élevée. Nous avons accordé la même importance de 4 points, aux relations qui portent sur la régulation du SAC et qui le touchent directement, à savoir : la nature de la prescription effectuée par le BE, son application qu'il assure (ou pas), et le contrôle par André de son application qui contraint son activité et réduit donc sa marge de manœuvre. Ce qui va les gêner tient en partie à la nature de la prescription (1 point) qui peut rendre pénible son application (1 point) mais, bien plus, c'est le contrôle strict de la bonne application de la règle qui peut ôter toute forme d'autonomie au CA. Il risquerait alors de se désengager de la production (2 points restant) en freinant son activité. L'équilibre entre l'enjeu sur la production et celui sur le contrôle de l'application de la règle nous conforte dans le choix de nos hypothèses.

Enjeux du BE

Il est à l'origine du projet d'achat et la décision finale est pour lui capitale (4 points). Son activité principale consistant à rationaliser le travail de la production, il sera autant sensible a l'exercice de son travail (2 points d'enjeu sur la nature des prescriptions établies), qu'à la liberté dont il dispose pour l'exercer (2 points sur le contrôle par André de son activité), ainsi qu'à la reconnaissance de son rôle qui passe pour eux par la bonne application de leur méthodes du côté de la production (2 points sur la l'application de la prescription). Ils n'ont pas d'enjeu sur l'investissement dans la production, ni sur le contrôle de l'application des prescriptions.

Enjeux d'André

En tant que marginal sécant entre le BE et la production, il est avant tout soucieux de la régulation (c2, c4) de l' activité de la production (2, 4). Il accorde la même attention (1,5 points) pour chacune de ces ZI. La décision d'achat n'a que peu d'importance (1 point) pour lui, ce qui lui importe c'est que l'entreprise fonctionne et que la production s'investisse (3 points).

Enjeux du Père Bolet

Le père est concerné par chaque ZI (1 point pour chacune). Le bon fonctionnement de son entreprise en terme de production est sa priorité principale (5 points).

relation CA BE André Père

décision d’achat 4 4 1 1

nature de la prescription 1 2 1,5 1

contrôle de la nature de laprescription 0 2 1,5 1 application de la prescription 1 2 1,5 1 contrôle de l’application de la prescription 2 0 1,5 1 Investissement dans la production 2 0 3 5