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Analyse des simulations pour la théorie X

Chapitre VI -Modélisation du cas Bolet

5.3 Simulations

5.3.2 Analyse des simulations pour la théorie X

Le tableau Tableau 48 renvoie la valeur moyenne de l'état de chaque relation à

convergence des simulations ainsi que l'écart type. Toutes les simulations convergent. L'écart type étant assez faible pour chaque relation (moins de 15% de l'amplitude du domaine de valeur) les valeurs des moyennes sont exploitables. Les traces de simulations du tableau Tableau 47 permettent une confirmation visuelle.

Etats des relations

Ce que l'on constate de prime abord est que l'état moyen concernant la machine ne sera certainement pas achetée (-8,1). Même si quelques simulations (Tableau 47) donnent au mieux une incertitude négative quant à l'achat (état à -2) la grande majorité des simulations affichent nettement une prise de position du père totalement négative (-10).

RELATION Moyenn e Ecart Type Décision d'achat -8.1 2.1 Nature de la prescription 4.7 2.3  Contrôle nature -2.4 2.0 Application de la prescription 3.4 2.9  Contrôle application -1.4 1.7 Investissement dans la production 6.1 1.9

Tableau 54 - Termes de l'échange (valeurs moyennes à convergence)

Dans un modèle d'organisation où les dirigeant adoptent la théorie X, la prescription est plutôt rationnelle et le contrôle assez serré. Nos résultats indiquent que la nature de la prescription est effectivement assez rationnelle mais pas totalement (4,7), ce n'est pas non plus un règlement très stricte. Ce résultat n'est pas dû au contrôle qu'aurait pu effectuer André qui reste plutôt neutre (-1,4). Le contrôle de l'application de la prescription est plutôt lâche (-2,4). On ne peut toutefois présumer que cette relation n'ait eu aucun effet sur le le comportement du CA car la prescription semble être un minimum appliquée (3,4) alors qu'elle est pénible pour ce dernier. Il semble donc qu'André ait joué un rôle de régulateur/médiateur entre le CA et le BE, ce qui permet à chacun de s'y retrouver un minimum, tout en assurant à André de rester dans les obligations de contrôle qu'impose son rôle. Ceci se vérifie d'autant plus par l'effort conséquent du CA dans la production (6,1).

Contrôle de l'application de la prescription Décision d'achat

Investissement dans la production Nature de la prescription

Tableau 55 - Traces des états des relations. La fin de chaque simulation est marqué par un point.

Les résultats sont par ailleurs robustes. L'écart type le plus fort concerne l'application de la prescription (2,9) et correspond à 15% de l'étendue de la marge de manœuvre sur chaque relation (10- (-10) = 20 pour les relations normale et 8 - (-10) = 18 pour les relation de contrôle). Les écarts types pour les autres relations sont de l'ordre de 10%.

Satisfactions

Les satisfactions moyennes des acteurs sont proches de celles obtenues dans un état de satisfaction cumulées maximum. Les acteurs ont donc fini par adopter un jeu coopératif. Par rapport à l'état de satisfaction maximale le BE et le CA ne perdent qu'un point de satisfaction, alors que le père en perd 4 et André 8.

ACTEU R Moyenn e Ecart Type Ecart maximum : satisfaction_max - satisfaction_min

Ecart type / écart maximum

CA 28.8 1.9 127,2 1,5%

BE 17.0 1.8 149,2 1,2%

André 36.1 2.9 88,7 3,3%

Père 33.7 2.0 85,8 2,3%

Tableau 56 - Valeurs moyennes et écarts types à convergence de l'état des relations

Concernant les satisfactions (Tableau 46 et Figure VI.7), la robustesse des résultats est impressionnante avec un écart type de l'ordre de 2% de l'écart maximum de satisfaction de chaque acteur. Au regard des écarts types de l'état des relation qui est bien plus important, ce résultat ne peut s'expliquer sans la recherche d'une forme de compensation dans les échanges entre les acteurs. Nous devrions alors être en mesure de pouvoir détecter certaines corrélations pour les états des relations.

Figure VI.7 - Valeurs moyennes à convergence de l'état des relations et de la satisfaction des acteurs.

Afin d'établir l'existence de corrélations, nous avons appliqué le test de corrélation linéaire de Bravais-Pearson (r de Bravais-Pearson) sur les états à convergence des relations (Tableau 45). Nous pouvons alors repérer deux types de corrélations : celles dont la valeur critique de r garantie une corrélation avec un terme d'erreur de 10% (|r|>0,1638, en jaune sur le tableau Tableau 45), et celles assurant une corrélation linéaire avec un terme d'erreur de 1% (|r|>0,2541, en vert sur le tableau Tableau 45). Rappelons que plus les valeurs absolues du r sont proches de 1, plus la corrélation linéaire est forte. Une valeur positive indique une variation des deux variables dans le même sens alors qu'une valeur négative indique une variation en sens inverse.

Décision achat Nature prescriptio n  contrôle Application prescription contrôl e Productio n Décision achat 1 -0,05 0,04 -0,25 -0,05 -0,15 Nature prescription 1 -0,07 -0,17 -0,18 -0,08 __ contrôle 1 0,31 -0,08 0,26 Application prescription 1 -0,28 -0,18 __ contrôle 1 -0,16 Production 1

Tableau 57 - Corrélations linéaires de Bravais-Pearson entre les états des relations à convergence, pour un échantillon de 100 simulations. Les corrélations significatives sont marquées en gris foncé (terme

d'erreur inférieur à 1%) et en gris clair (terme d'erreur inférieur à 10%).

Il en résulte avec certitude (à 1% d'erreur) que :

plus le CA applique la prescription, moins le père s'engage dans l'achat de la machine, plus André contrôle le CA moins il applique la règle. L'effet est intéressant car il dénote une aversion du CA au contrôle qui n'avait pas été directement modélisée.

plus André contrôle le BE dans l'établissement de la règle, plus le CA s'investit dans la production. Le CA est ainsi sensible au contrôle de son adversaire.

Par ailleurs des corrélations moindre (10% d'erreurs) et négatives existent entre : la nature de la prescription et :

l'application de la prescription,

le contrôle de l'application. Comme pour le CA, le BE est sensible au contrôle de son adversaire.

l'investissement dans la production et : l'achat de la machine,

l'application de la prescription,

le contrôle de l'application de la prescription.

Ces résultats confirment les hypothèses faites à l'issue de l'analyse statique (ex-situ). Nous avons de plus constaté deux caractéristiques émergentes. Tout d'abord le CA semble avoir une aversion au contrôle qui correspond parfaitement avec le postulat de la SAO sur la caractéristique des acteurs cherchant à maintenir leur marge de manœuvre sur les zones d'incertitude qu'ils maîtrisent. Le deuxième aspect émergent concerne la régulation croisée d'André sur le BE et le CA. Chacun des deux acteurs dispose d'une relation pouvant affecter les autres de façon négative et s'emploie à ne pas en jouer au dépend de la société si André s'applique à réduire la marge de manœuvre de l'opposant.

Après avoir essayé d'expliquer les corrélations entre les état des relations, il est utile d'expliquer les échanges qui ont eu lieu entre les acteurs, ce que chacun a apporté aux autres et ce qu'il a sacrifié pour cela.

Donner, perdre, recevoir

Le tableau suivant (Tableau 43) illustre le poids des solidarités dans la satisfaction finale des acteurs. A l'exception d'André, tous les acteurs assurent leur satisfaction plus par leur liens de solidarité que par eux même.

Le couple CA-Père assure une coopération fructueuse que l'on avait déjà postulé en regard des solidarités positives qu'ils entretenaient l'un envers l'autre. Le CA a plus de la moitié de sa satisfaction issue de la réussite du Père, qui lui même tire les deux cinquièmes de sa satisfaction de la réussite du CA. La solidarité mutuelle des deux acteurs a été payante.

Le père est également assez solidaire de son fils, dont la réussite lui amène également les deux cinquièmes de sa satisfaction.

André un peu solidaire du CA profite de ce lien à hauteur de un quart de sa satisfaction. Le BE tire parti de la réussite de André pour presque la totalité de sa satisfaction. Par ailleurs les solidarités négatives mutuelles n'ont pas trop pénalisées le BE et le CA. Ceci s'explique par le niveau modéré de la satisfaction de chacun. De plus si le CA a largement compensé cette perte (-2,2) par sa satisfaction personnelle (12,1), on ne peut en dire autant pour le BE qui est loin d'avoir atteint ses objectifs propres (5,5) pour une perte plus importante (5,5).

CA BE André Père Satisfaction

BE -4.0 5.5 15.6 0.0 17.0 Andr

é 8.1 2.0 26.1 0.0 36.1

Père 13.5 1.5 13.0 5.7 33.7

Tableau 58 - Influence des solidarités dans la satisfaction des acteurs. Le gras dénote les influences remarquables dues aux solidarités : en noire pour un poids important dans la satisfaction, en gris foncé pour la coopération fructueuse entre le père et le CA, en gris clair pour le conflit minoré entre le BE et le

CA.

Sur l'analyse du pouvoir (Tableau 42), le père est l'acteur qui a le plus exercé son pouvoir (67,1), suivi par André (46,3) et le CA (40).

CA BE Andr é Père satisfactio n CA 9.6 -8.1 3.7 23.6 28.8 BE 12. 7 11. 0 12.0 -18. 7 17.0 André 12. 0 -0.7 16.8 8.0 36.1 Père 5.7 -2.6 13.8 16.9 33.7 Don 40. 0 -0.4 46.3 29.8 Pouvoi r 40. 0 22. 4 46.3 67.1

Tableau 59 - Don et pouvoir des acteurs.

Concernant ce que donne les acteurs en terme de capacité d'action, (Figure VI.8) André et le CA donnent à l'ensemble des membres du SAC. Ce que donne le BE à l'ensemble est nul (-0,4). Par ailleurs il pénalise le CA (-8,1) et, par effet de solidarité, le père (-2,6). En retour le père pénalise fortement le BE, en refusant d'acheter la machine (-18,7). Le père n'a ainsi qu'un effet positif de 29,8 sur le SAC.

L'analyse de ce qui a été concédé (Figure VI.8) révèle que seul le CA a fait une concession

importante (-8), alors qu'André n'a fait aucune concession et que le père et le BE ont fait des concessions négligeable (-0,1 pour le père et -0,2 pour le BE).

Regardons à présent les acteurs qui ont le mieux tiré leur épingle du jeu par l'exercice de leur pouvoir et en regard de ce que la structure du SAC peut au mieux leur offrir. Le CA et André sont les grands gagnants avec un avantage transactionnel respectif de 53 et de 52, que le CA a obtenu par l'importance des relations qu'il maîtrise, et André par un jeu équilibré de régulation. Il a ainsi réglé au mieux le conflit entre le BE et le CA en imposant une plus forte concession au CA, certes plus puissant, mais qui n'aurait certainement pas réagi aussi bien dans une confrontation directe. Le père et le BE ont un plus faible avantage transactionnel (23 pour le père et 22 pour le BE).

Figure VI.8 - Don, concession et avantage transactionnel des acteurs pour l'état moyen à convergence.