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Sainte Mélanie naquit à Rome, la capitale de l’Italie. Elle était la descendante d’une lignée ininterrompue de préfets. Ses parents estimaient toujours la foi chrétienne comme un honneur. Ils n’avaient eu qu’une fille durant leur vie. Non seulement ils donnèrent toutes leurs richesses à cette dernière, mais encore ils lui montrèrent toutes les grandes vertus du monde. La jeune fille grandit dans leur bienveillance. Elle obéissait toujours à ses parents.

Ayant bientôt l’âge pour se marier, elle voulait conserver sa virginité. Elle exprima ce désir à ses parents, mais ces derniers ne furent pas d’accord avec elle. Elle fut obligée de choisir un homme de l’aristocratie et de se marier avec lui. Son mari se nommait Pinien. C’était un homme savant et talentueux qui pratiquait également la foi chrétienne. Le premier jour de leur mariage, Mélanie exposa honnêtement son amour pour le Seigneur à son jeune époux, et essaya de persuader ce dernier de vivre dans la continence. Son mari lui répondit : « Puisque le Seigneur nous a permis de devenir un couple, il nous faut avoir des héritiers qui pourront soutenir notre maison et nous succéder. Nous ne pourrons nous concentrer sur la continence et sur les pratiques chrétiennes qu’après avoir eu des enfants. Ce ne sera pas trop tard. » Mélanie accepta se conseil à contrecœur. Moins d’un an après, elle accoucha d’une fille et l’offrit immédiatement au Seigneur, espérant que sa fille pourrait servir le Seigneur dès son jeune âge afin de conserver la virginité de son corps et de son esprit. L’année suivante, elle donna naissance à un garçon. Lors de son accouchement, le fils et la mère étaient tous les deux en danger. Le garçon quitta le monde juste après avoir reçu le baptême. Et Mélanie tomba dangereusement malade.

Après cela, son mari fit le vœu de se conformer à la volonté de sa femme. Apprenant cela, Mélanie fut très contente et se guérit vite. Peu de temps après, leur fille mourut également. Le jeune couple décida ainsi de donner tous ses biens et

167 d’abandonner les choses inutiles, afin de pouvoir se concentrer sur les pratiques chrétiennes. En cette année-là, Pinien avait vingt-quatre ans et Mélanie n’avait que vingt ans. Pourvus des meilleurs âges de la vie, des richesses infinies et de la noblesse de leurs familles, ils parvinrent à un commun accord de vivre dans l’ascèse. Ils méprisaient ce que les autres adoraient, et adoraient ce que les autres méprisaient. C’était méritoire, mais difficile. Au début, ils rencontrèrent beaucoup d’obstacles. Heureusement, grâce à la faveur du Seigneur, ils ne furent pas arrêtés par ces obstacles. Au contraire, ils considéraient ces derniers comme des paliers qui constituaient la voie du succès, et comme des pierres à aiguiser qui permettaient de forger les grandes vertus. Ils étaient constants dans la poursuite de leur but.

Tenant compte du fait que leurs nombreux proches parents et les événements quotidiens à la capitale avaient gêné leurs pratiques chrétiennes, ils quittèrent leur maison à Rome et s’installèrent dans un endroit tranquille. Ils se mirent au service des gens. Ils s’occupaient des malades, logeaient les voyageurs, donnaient de l’argent aux personnes chargées de dettes, et secouraient ceux qui vivaient dans la misère. Ils étaient les proches parents et les amis intimes des habitants pauvres et solitaires. Dévorés de jalousie, les démons essayèrent de mettre obstacle à ce jeune couple. Poussé par eux, le frère aîné de Pinien, Severus, commença à convoiter les biens de Pinien. Quant à Pinien, il n’empêcha pas son frère de s’approprier ses biens. À ce moment-là, l’impératrice admirait beaucoup Mélanie et se renseignait souvent auprès cette dernière sur la doctrine chrétienne. Quand elle entendit dire que Pinien avait été engagé dans un procès injuste, elle prit une décision à ce procès pour empêcher le complot de Severus d’aboutir.

Après cet événement, le jeune couple ressentit la faveur du Seigneur. Ils vendirent plus d’une moitié de leurs biens, et reçurent une grosse somme d’argent avec laquelle ils aidèrent nombre d’adeptes chrétiens ainsi que des habitants de toute part qui vivaient dans le besoin. Plus tard, désirant de nouveaux mérites, ils décidèrent de voyager dans les endroits les plus connus du monde et de voir les monuments célèbres, afin d’étendre

168 leurs connaissances. Ils partirent avec la mère de Mélanie. Ils allèrent tout d’abord dans une célèbre île qui s’appelait la Sicile, puis dans un grand pays qui s’appelait l’Afrique. À ce moment-là, les autochtones près de la frontière avaient tous été capturés par les pirates. C’était Mélanie et son mari qui recueillirent de l’argent et libérèrent ces habitants. Ensuite, ils arrivèrent à la capitale de ce pays.158 Ils y trouvèrent des monuments sacrés partout. Pourtant, tenant compte que cette ville bien animée voire bruyante pouvait sans doute affecter leurs pratiques chrétiennes, ils repartirent et se retirèrent dans une ville proche159. Avec des croyants fidèles qui les suivaient, ils dépensèrent beaucoup d’argent et firent construire deux grands monastères dans lesquels ils logeaient respectivement les hommes et les femmes. Dans le monastère pour les femmes, Mélanie pratiquait un véritable dévouement au culte de Dieu et accumulait ainsi des mérites. Avec ses efforts, de plus en plus de femmes se convertirent. C’était là que Mélanie commença à jeûner. Au début, elle mangeait une fois par jour. Elle ne mangeait un peu que le soir en évitant la viande et le vin. Plus tard, elle mangeait tous les deux ou trois jours, puis une seule fois par semaine. Elle ne mangeait que pour humecter sa gorge. Il en résulte que la saveur n’est pas importante du tout et qu’il n’est pas nécessaire de satisfaire les besoins de nourriture. Non seulement Mélanie mangeait peu, mais encore elle dormait très peu. Elle ne dormait qu’une heure par nuit en se couchant sur l’herbe. Elle passait le reste du temps en oraison. De plus, elle profitait des intervalles entre les pratiques chrétiennes pour faire de la couture en faveur des pauvres. Avec une telle fidélité pour la foi chrétienne, tenant compte qu’il y avait déjà une centaine de religieuses dans le monastère, et craignant de ne pas pouvoir parvenir à son but, elle se fit bâtir une cellule basse et étroite qui ne pouvait contenir qu’une personne. Elle s’installa dedans, et évita les contacts avec l’extérieur. Au bout de sept ans, elle partit en Terre Sainte avec son mari et sa mère, dans l’espoir de visiter l’endroit où naquit Jésus et les vestiges laissés par ce dernier.

158 Peut-être Carthage. 159 Peut-être Thagaste.

169 Ils passèrent quelques jours en Terre Sainte, et puis se rendirent en Égypte, le pays voisin. À l’époque-là, il y avait de nombreux vertueux cloîtrés dans ce pays. Une fois arrivée, Mélanie les chercha sur-le-champ. Elle reçut de ces cloîtrés de précieuses instructions. Voyant les règles sévères de la vie anachorète, elle décida de les suivre. Elle distribua de l’argent qu’elle apportait à ceux qui en manquaient. Un jour, elle rencontra un père savant et vertueux. Vu qu’il était extrêmement pauvre et dépourvu des nécessités de la vie, elle voulut lui offrir d’une grande somme d’argent. Fronçant les sourcils, ce père refusa son secours. Mélanie jeta donc son argent dans un panier avant de partir. Ce père trouva vite cet argent. Il rattrapa Mélanie en courant, et rendit l’argent à cette dernière en disant : « Je n’en ai pas besoin et ne me le laisse pas. » Mélanie n’osa pas accepter cet argent. Ce père le jeta dans la rivière près d’eux et s’en alla.

Quelques mois plus tard, Mélanie arriva en Terre Sainte. Elle choisit une cellule simple sur le mont des Oliviers et s’y installa. Désireuse de comprendre l’ensemble de ce dont elle avait entendu parler, et d’imiter les modèles ascétiques afin d’accomplir ses mérites et œuvres, elle s’enferma dans son ermitage en rompant tous les contacts avec le monde. Pendant quatorze années, sa mère et son mari ne pouvaient la voir que par une petite fenêtre. Quatorze ans plus tard, sa mère mourut. Mélanie fut donc obligée de sortir pour participer aux obsèques de sa mère. Elle retourna dans sa cellule pour continuer à accumuler ses mérites. La réputation de Mélanie se répandit rapidement dans tous les coins. De plus en plus de femmes vierges lui rendirent visite pour être baptisése dont la plupart ne voulurent pas repartir après l’avoir vue. Comprenant les sous-entendus du Seigneur, elle reçut ces vierges et leur donna des instructions. Elle fit par ailleurs bâtir un monastère pour loger ces vierges. Une fois construit, le monastère fut rapidement peuplé par quatre-vingt-dix vierges qui firent vœu de garder la chasteté tant de leur corps que de leur esprit. Elles restaient à côté de Mélanie, recevaient ses enseignements spirituels tous les matins et tous les soirs, et suivaient strictement les règles de vie établies par elle. Toutefois, estimant que ses mérites ne pouvaient égaler

170 ceux de certaines femmes de grande vertu, la modeste Mélanie demanda à ces vierges pieuses de suivre les femmes exemplaires. Quant à Mélanie elle-même, elle se faisait la servante de toutes avec sollicitude et tendresse. On dit que pour tous ceux qui font vœu de pratiquer la foi chrétienne, plus ils sont cultivés, plus ils ont une vue clairvoyante, et plus ils se sentent loin d’être savants et vertueux. Oubliant le chemin qu’elle avait déjà parcouru, Mélanie ne regardait qu’en avant et n’aspirait qu’à l’avenir. Négligeant les mérites qu’elle avait déjà accumulés, elle ne pensait qu’aux œuvres qu’elle n’avait pas encore accomplies. Elle faisait des progrès tous les jours.

Plus tard, Pinien mourut de maladie. Mélanie l’inhuma, puis continua à pratiquer l’austérité en cachant ses sentiments de tristesse. Quatre ans plus tard, elle fonda un sanctuaire sur le mont des Oliviers pour accueillir les voyageurs. Après cela, elle voulut construire un nouveau monastère d’hommes, mais elle manquait d’argent en ce temps- là. Grâce au Seigneur qui rendit en secret les personnes riches plus charitables, ces dernières offrirent volontiers leurs richesses. Mélanie reçut leur aide financière et réalisa son projet.

Volusien, l’oncle de Mélanie, était un homme de grand savoir. Il avait des connaissances profondes en littérature et en sciences naturelles, mais à cause des propos trompeurs d’un sorcier, il détestait la doctrine chrétienne. Sa mère, une femme vertueuse qui voulait le sauver, le confia à saint Augustin qui était bien connu à l’époque. Malgré les efforts de saint Augustin, Volusien persistait dans son erreur. Plus tard, l’empereur envoya Volusien à Constantinople. Ce fut dans cette ville que Volusien tomba soudain malade. Sa maladie était tellement grave qu’aucun remède pouvait le guérir. Il était dans un état critique. Apprenant que sa nièce Mélanie habitait sur un mont à proximité, il lui rendit visite précipitamment. Mélanie donna à son oncle des instructions spirituelles en prenant son propre exemple. Grâce à elle, l’esprit de Volusien commença à s’ouvrir, et finalement, il corrigea ses erreurs et revint dans le droit chemin. Ayant compris les principaux points de la doctrine chrétienne, il se fit

171 baptiser puis rendit l’esprit sereinement. À l’époque-là, il y avait à l’intérieur et à l’extérieur de Constantinople beaucoup d’hérétiques qui trompèrent le peuple et provoquèrent des troubles dans le pays. C’était Mélanie qui les vainquit et les dispersa. De plus en plus d’habitants se convertirent. Ayant entendu parler de ses mérites, l’empereur et l’impératrice l’invitèrent à la cour et reçurent ses instructions spirituelles.

Ayant toujours une préférence pour la vie retirée, Mélanie quitta Constantinople et retourna sur le mont. Elle eut la chance de recevoir un signe du Seigneur sur la fin de sa vie. Ravie de cette nouvelle, elle se prépara à mourir à tout moment. Toutes ses compagnes baignaient dans la joie. Mélanie les exhorta à bien s’entendre et à persévérer dans leur foi. Après cela, elle quitta le monde en toute sérénité. C’était plus de quatre cents ans après la naissance du Seigneur. Selon le calendrier lunaire de Chine, c’était après l’ère Longan du règne de l’empereur An de la dynastie Jin. Mélanie fit de nombreux miracles pendant sa vie. Une fois, elle rencontra une femme qui ne pouvait ouvrir sa bouche à cause du démon. Ne pouvant prendre aucune nourriture, elle était en danger de mort. Voyant cette scène, Mélanie fit le signe de la croix. Le démon disparut et cette femme guérit tout de suite. Un autre jour, elle vit une femme enceinte qui risquait de mourircar l’accouchement s’annonçait difficile. Elle délivra le ventre de cette femme, et cette dernière donna naissance à sa fille immédiatement.

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