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La route centrale et ses étapes principales selon la fiche géographique n°8

Regard sur la frontière administrative avec la commanderie de Jiuquan

B. La route centrale et ses étapes principales selon la fiche géographique n°8

Nous disposons tout d’abord des indications de distances fournies dans la fiche n°10. En moyenne, il faut compter entre vingt-deux et trente-cinq kilomètres entre deux étapes. Ces distances sont normales pour l’époque650. C’est aussi par ces documents que nous pouvons

650 On trouvera une excellente synthèse des indications de durées et distances, telles qu’effectuées depuis les documents de Juyan, dans Chang Chun-Shu : 2007, vol. 2, p. 158-172. Le tableau n°33 présenté en page 168 est toutefois faux pour la colonne consacrée à la distance parcourue par chevaux.

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obtenir une idée assez précise des estimations de durée (voir tableau 5). Parmi les fiches de Juyan renseignant sur les services postaux entre la frontière nord et le cœur de la commanderie de Zhangye, nous connaissons les distances parcourues et le temps qu’il fallait pour délivrer un message. En une heure, on parcourt à pied entre 4 et 6 li (≈ 1.60 - 2.74 km)651 tandis qu’à cheval les messagers atteignaient en moyennes un rytme de 16 li (≈ 6 km). Compte tenu qu’une journée régulière se tient sur douze heure (du lever au coucher du soleil) – soit entre 6h du matin et 6h de l’après-midi)652 – il est possible de parcourir 70 li (29 km) à pied et 180 li (75 km) à cheval653. Nous obtenons donc les temps de distance suivant pour la fiche n°10 :

Registre Etapes Distance Temps à pied

(en heures)

Temps à cheval (en heures)

1

Cangsong à Luanniao 65li [≈ 27 km] ≈ 10h ≈ 7h

Luanniao à Xiao Zhangye 60li [≈ 25 km] ≈ 9h15’ ≈ 6h40’ Xiao Zhangye à Guzang 67li [≈ 28 km] ≈ 10h20’ ≈ 7h15’

Guzang à Xianmei 75li [≈ 31 km] ≈ 11h45’ ≈ 8h

2

Dichi à Gude 54li [≈ 22,5 km] ≈ 8h20’ ≈ 6h15’

Gude à zhaowu 62li [≈ 25,8 km] ≈ 9h45’ ≈ 7h

Zhaowu au relais de Qílian 61li [≈ 25,4 km] ≈ 9h30’ ≈ 6h50’

Qílian à Biaoshi 70li [29 km] ≈ 10h10’ ≈ 7h45’

3

Yumen à Chitou 99li [≈ 41,2 km] ≈ 15h ≈ 10h55’

Chitou à Ganji 85li [≈ 35,4 km] ≈ 13h30’ ≈ 9h

Ganji à Yuanquan 58li [≈ 24,1 km] ≈ 8h25’ ≈ 6h20’

Moyenne 68li [≈ 28,5 km] ≈ 10h40’ ≈ 7h40’

Tableau 5 : Temps de trajet entre chaque étape (exprimée en li) 

Si l’on se base sur les travaux actuels, une journée sous les Han est divisée en douze heures appelée « shi » (時)654. Chaque shi correspond approximativement à deux heures

651 Loewe propose plutôt un rythme de 11 li (5 km/h) (Loewe : 1967, vol.1, p. 44). Sans être très bien entrainé et sitôt que l’on soit chargé et que les routes soient de qualité médiocre, ce rythme est difficilement atteignable sans risquer de graves blessures. Même aujourd’hui, avec un équipement spécialisé, c’est un rythme qui reste difficile à suivre sur plus de quelques heures.

652 Tan Qixiang : 1982.

653 Calcul effectué depuis les fiches suivantes : EPT : 157.14, 181.6B et 317.27. Nous renvoyons aussi à He Shuanquan : 1998, p. 62-69 ; Xu Leyao : 1984, p. 314-317.

654 Ce système n’est pas appliqué pour l’ensemble de l’administration Han aux frontières. Durant le Ier siècle av. J.-C., le temps pu être également divisé en 16 voir en 18 shi et donc en tranches de 1h30 ou 1h50 sur une journée de 24 heures. Cette division pouvant apparaitre comme plus commode afin de transmettre les courriers, envoyer des signaux... et tout simplement répondre à des besoins spécifiques à la vie aux frontières occidentales de l’empire. La division en 12 est majoritairement utilisée pour les textes de nature hémérologique ou « Livres

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actuelles avec un nom attribué par créneau horaire655. La journée entière est à nouveau subdivisée en cent unités « ke » (刻) ou « fen » (分), chacun correspondant, dans la journée, à quatorze minutes et vingt-quatre secondes dans notre système horaire moderne656. Par conséquent, il faut donc diviser par deux les durées telles qu’elles étaient considérées sous les Han, ce que nous avons fait dans le tableau suivant :

Tableau 6 : Temps de trajet entre chaque étape (exprimée en shi et ke) 

Il est important de considérer ces délais entre étapes. A deux exceptions près : de Yumen à Chitou et de Chitou à Ganji, il faut compter entre 9h et 11h à cheval ce qui dépasse de trois heures environ la moyenne générale obtenue dans ce tableau. Comment expliquer cet écart par rapport aux autres durées ? Soit sont prises en compte les difficultés naturelles (lacs, marécages, montages…) que cette route devait traverser, soit il manque une étape entre ces villes. Et c’est en effet cette seconde proposition qui semble la plus plausible.

Sur la base des documents dont nous disposons pour établir ces durées, une distance journalière sous les Han pour un trajet officiel ne pouvait dépasser une trentaine de kilomètres,

des jours » (rishu 日書) et pour des affaires administratives officielles. C’est donc pour cette raison que nous avons conservé ce système de division du temps. Voir Li Tianhong : 2012, p. 289-313.

655 Pour aller plus loin, nous ajouterons que le jour consiste en sept périodes, tandis que la nuit n’en comprend que cinq. Voir Chang Chun-Shu, op. cit., p. 166-168, tableau 32 et note p. 220. D’autres articles permettent d’approfondir le sujet : Lao Gan : 1957, p. 67-73 ; Shang Minjie : 2016, p. 53-62.

656 Le jour, il y avait 60ke avec 8,5ke par tranche horaire (soit sept) tandis que la nuit on avait 40ke avec 8ke par tranche horaire (soit cinq).

Registre Etapes Temps à pied

(shi et ke)

Temps à cheval ou en char (shi et ke)

1

Cangsongà Luanniao ≈ 5shi ≈ 3shi et 3ke

Luanniao à Xiao Zhangye ≈ 4shi et 5ke ≈ 3shi et 2ke Xiao Zhangye à Guzang ≈ 5shi et 1ke ≈ 3shi et 4ke

Guzang à Xianmei ≈ 5shi et 6ke ≈ 4shi

2

Dichi à Gude ≈ 4shi et 1ke ≈ 3shi et 1ke

Gude à zhaowu ≈ 4shi et 5ke ≈ 3shi et 3ke

Zhaowu au relais de Qílian ≈ 4shi et 5ke ≈ 3shi et 2ke

Qílian à Biaoshi ≈ 5shi et 1ke ≈ 3shi et 6ke

3

Yumen à Chitou ≈ 7shi et 3ke ≈ 5shi et 4ke

Chitou à Ganji ≈ 6shi et 5ke ≈ 4shi et 3ke

Ganji à Yuanquan ≈ 4shi et 2ke ≈ 3shi et 1ke

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soit un maximum de 7h de trajet à cheval657. Les trajets à pied nécessitant une halte à mi-parcours, on peut dire qu’ici ces distances sont en premier lieu indiquées pour des déplacements officiels à cheval ou en char658. Grâce à ces diverses informations de distance, à notre connaissance des histoires dynastiques (et notamment les géographies impériales), aux manuscrits de Dunhuang et aux nombreuses opérations de prospections et de fouilles menées dans le Gansu, certains sites archéologiques furent identifiés aux étapes mentionnées sur cette fiche n°10. Ces identifications sont récapitulées dans le tableau qui suit659 :

Tableau 7 : Les sites archéologiques identifiés au district 

Bien que certains travaux publiés et cités ici datent de plusieurs années, la plupart de ces identifications furent récemment revues avec l’étude de cette fiche n°10 . Les articles

657 Ibid., p. 20-33. 658 Nylan : 2012, p. 33-65.

659 Dou Shusheng, op. cit., p. 102-107; DHHJSC, op. cit., p. 57 ; Li Bingcheng, op. cit., p. 35-106.

District Commanderie Emplacement supposé

Cangsong

Wuwei

Ville de Langxi (浪西)

Luanniao À 37 km au sud de la ville de Wuwei

Xiao Zhangye Sud de Wuwei, bourg de Xiehe (謝河), près de Wujiazhaizi

(武家寨子)

Guzang Dans les faubourgs sud de la ville actuelle de Wuwei

Xianmei Au nord-ouest de Wuwei, dans les environs de Fenglebao (豐樂保)

Dichi

Zhangye

Dans la périphérie est de la ville actuelle de Zhangye

Gude Dans les environs de Jiaoliangjia (郊梁家墩), au sud-est de

la Zhangye moderne

Zhaowu Le long du Shule, près de Gaotai (高台), à l’ouest de Zhangye

Relais de Qilian

Jiuquan

À la limite ouest de la commanderie de Zhangye. Pas d’identification sur le terrain

Biaoshi Sur le site de Luotuo (駱駝), dans le district de Gaotai

Yumen À l’est de Yumen, dans l’oasis de Chijinbao (赤金堡)

Chitou Au site de Bijiatan (13,5 km au nord du bourg de Huahai)

ou au site de Huihuicheng (2 km au sud-est de Yumenzhen)

Ganji À l’ouest de Yumen. Pas d’identification sur le terrain

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parus sur celle-ci et, surtout, l’importante synthèse publiée par Zhang Defang et Hao Shusheng en 2009 ne remettent pas spécialement en question la plupart de ces emplacements jusqu’à ce que nous abordions la commanderie de Jiuquan660. Curieusement, alors que le chapitre de cet ouvrage spécifiquement consacré à cette fiche se traduit par une analyse détaillée de chacune des étapes des deux premiers registres, rien n’est noté pour le troisième et dernier registre. Et c’est justement les identifications des étapes entre Yumen à Yuanquan qui sont incertaines. Outre Yumen, deux sites sont souvent proposés sans qu’il soit possible de trancher. Dans les travaux chinois, l’emplacement de Yuanquan et des étapes le précédant demeurent un sujet de discussion épineux. Les conclusions sont variées, en fonction de la période de publication et des données exploitées pour faire correspondre les étapes avec les sites archéologiques. Ces identifications restent néanmoins importantes et nécessaires pour situer l’ancien district de Yuanquan, premier centre administratif civil d’envergure à l’est de la commanderie de Dunhuang.

En prenant en compte la fiche n°10, source d’information d’une grande richesse, nous allons justement tenter de combler cette lacune dans la géographie historique du Hexi. Il nous est apparu que les distances mentionnées sur ce document apporteraient des clarifications quant aux identifications proposées pour certaines des étapes, et notamment celle de Yuanquan. Nous l’avons dit, deux sites sont attribués à ce district : Sidaogou – l’identification acceptée actuellement, et Hanhunao – un emplacement plus marginal et ayant été peu voire pas du tout reconnu au sein de la communauté scientifique. Les sources transmises n’apportent rien d’autre comme informations précises sinon que Yuanquan est situé à l’est de Guazhou et à l’ouest de Yumenzhen. C’est là que se trouvent les deux sites mentionnés plus haut. Mais comment trancher ?

Sans la découverte de cette fiche, il n’aurait pas été possible de le faire. Les indications de distances rédigées par des Han de l’administration du Hexi changent subitement la donne. Nous pouvons désormais savoir combien de kilomètres il fallait compter pour rejoindre Yuanquan depuis Ganqi, de Gansi jusqu’à Chitou, et ainsi de suite. La méthodologie proposée s’explique donc d’elle-même. Nous proposons de reprendre l’ensemble du dernier registre de cette fiche et de suivre l’itinéraire antique menant tout droit sur Yuanquan. Sans nécessairement reprendre l’ensemble des trois registres – cela dépasserait de loin le cadre de cette recherche – nous souhaitons plutôt trouver un point de départ, dans cette liste d’étapes, afin de nous rapprocher le plus possible de l’ancien emplacement de

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Yuanquan. Pour cela, la dernière étape du second registre, c’est-à-dire l’étape de Biaoshi, marquera notre point de départ à cette analyse pour terminer avec le relais de Yuanquan. Rappelons-le :

2ème registre

Du relais de Qílian à Biaoshi, il faut compter 70li [29 km] ……

3ème registre

De Yumen à Chitou, il faut compter 99li [≈ 41,2 km] De Chitou à Ganji, il faut compter 85li[≈ 35,4 km] De Ganji à Yuanquan, il faut compter 58li [≈ 24,1 km]

Le district de Biaoshi est situé au site de Luotuo, dans le district actuel de Gaotai661. C’est depuis ce point que nous proposons de reconstituer l’itinéraire présenté dans le troisième registre de cette fiche662. Afin de mener à bien cet objectif, il faudra faire usage avec précaution des travaux de terrain et essais d’identifications proposées – avant ou après la parution de cette fiche – pour les districts de Yumen, Chitou, Ganji et, bien entendu, Yuanquan.

Ainsi, Li Bingcheng fait une analyse très complète de chacun de ces toponymes. Pour celle concernant la localisation des districts de la commanderie de Jiuquan, il se base en premier lieu sur les données issues des sources transmises et des fiches excavées du Hexi avant de se tourner vers la forme et la chronologie de certains sites antiques663. Outre Li Zhengyu, deux autres chercheurs chinois ont exploré la région de Jiuquan dans le but de localiser les villes de Yumen, Chitou, Chaoji et Yuanquan. Wu Rengxiang664 et Li Zhengyu665 se sont aussi consacrés à la recherche de ces sites (notamment pour Chitou et Yuanquan) en utilisant données de terrains, manuscrits de Dunhuang, données épigraphiques et données

661 Sur les arguments et les méthodes ayant conduits à cette identification, voir Liu Xingyi : 2001, p. 96-101. 662 Nous sommes parfaitement conscients qu’une ligne manque juste après cette phrase dans le second registre. Mais ne pouvant débuter notre itinéraire en aval, avec Yumen, c’est avec Biaoshi qu’il est possible de reconstituer le chemin parcouru. Cette ligne absente pourra ceci étant dit être en partie révélée dans le cadre de cette analyse dans les pages qui suivent.

663 Li Bingcheng, op. cit., p. 86-106. Son livre parait six années après la fin des fouilles de Xuanquan (1998), toutefois l’auteur ne dispose pas des premières informations issues des documents excavés. Il devra attendre la première transcription annotée d’une sélection de cette base documentaire qui ne paraitra qu’en 2001 (Hu Pingsheng et Zhang Defang : 2001).

664 Wu Rengxiang : 1990, 2003 et 2005. 665 Li Zhengyu : 1986 et 1996.

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historiques. Les conclusions de Wu Rengxiang concordent, quant à elles, avec celles de Li Bingcheng sur la localisation de ces sites dans la commanderie de Jiuquan.

Après avoir localisé sur le terrain ces différentes étapes, nous constaterons qu’il ne sera plus possible d’identifier le site de Sidaogou avec Yuanquan. La frontière des deux commanderies sera plus à l’ouest de l’emplacement considéré autrefois, le long d’une route directe menant jusqu’aux passes Yu et Yang de Dunhuang. Nous terminerons justement ce chapitre en reconstituant, après Yuanquan, l’itinéraire menant jusqu’au cœur de la commanderie de Dunhuang.

1. 1ère étape – De Biaoshi à Qilian (29 km)

Cette ultime étape du second registre marque très certainement la limite entre la commanderie de Zhangye et celle de Jiuquan666. Ces deux étapes sont mentionnées dans une autre fiche Han découverte, là aussi, à Xuanquan :

… 表是去祁連置七十里…667

… Χ de Biaoshi au relais de Qilian, il faut compter 70 li (29 km)…

Ces deux étapes, et les distances qui les séparent, sont rigoureusement les mêmes. A la différence que l’itinéraire est inversé : on se dirige dans ce cas-ci vers le centre de l’Empire668. L’itinéraire de la fiche n°10 est donc une route fréquemment empruntée dans le Hexi. Qilian, n’est pas mentionné dans le Dilizhi du Hanshu669. Tel que cela est noté sur cette fiche, il s’agit d’un « relais » (zhi 置). C’est l’unique toponyme qui n’est pas associé à un district du Hexi. En sachant que le relais de Qilian est situé entre Zhaowu et Biaoshi, on tend à le situer le long de la Hei (黑河), et au sud de la grande muraille, celle-ci même qui protège le centre du Hexi. Malgré les quelques tentatives de localisation, ce relais n’a toutefois pas encore été découvert de nos jours670.Intéressons-nous désormais à Biaoshi pour lequel il fut possible de retrouver la capitale administrative.

666 Le raisonnement pour cette limite entre les deux commanderies est présenté dans : Dou Shusheng, op. cit., p. 105 puis dans Zhang Defang et Hao Shushen, op. cit., p. 129.

667 DHXQ : II 0214 (2) : 412.

668 Si l’on s’en tient à l’itinéraire décrit dans la fiche n°8, l’étape suivante aurait été Zhaowu. 669 HS : 28B/1614.

670 En tant que relais sur la route menant vers Wuwei d’un côté et Jiuquan de l’autre, Qilianzhi avait une position essentielle pour atteler les chevaux, les courriers et servir de point d’arrêt entre deux capitales de district. Sa découverte mènerait sans doute à mettre la main sur un ensemble de documents de natures similaires à ceux retrouvés à Xuanquan. Nous aurions alors une source inédite faisant les liens entre l’administration de Wuwei, Zhangye et de Jiuquan. Sur ce relais, voir Zhang Junming : 2010, p. 10-21.

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Dans la « Biographie de l’empereur Xiaoling » du Hou Hanshu, le commentateur Li Xian fait la constatation suivante :

Biaoshi est un district appartenant à la commanderie de Jiuquan. Le site antique est situé dans le le Ganzhou, au nord-ouest du district actuel de Zhangye671.

Plusieurs sources subséquentes viendront confirmer cette note de Li Xian672. Dès lors, les recherches se sont focalisées dans cette direction, c’est à dire dans les environs du district actuel de Gaotai. C’est au sein de cette administration, au sud-ouest de la rivière Ken et au sud du village de Jiuzuo (就坐), que l’on identifia l’ancienne Biaoshi avec le site antique de Luotuo ou la ville des chameaux673.

Dans son état actuel, Luotuo est un très important site fortifié de plan rectangulaire. Le site, orienté nord-ouest / sud-est, mesure 720 m de long sur 451 m de large (fig.36). Mais cela ne rend pas compte l’évolution de ce site qui a connu plusieurs phases d’occupation, phases durant lesquelles on engagea d’importants travaux d’agrandissement et d’amélioration au fil du temps 674. Luotuo regroupe deux principaux espaces séparés par une muraille comprenant une ouverture centrale en barbacane675.

671 HHS : 8/344

672 Les sources sont rappelées dans Li Bingcheng, op. cit., p. 87-89 ; Zhang Defang et Hao Shusheng, op. cit., p. 129-133.

673 39°21'13.76"N ; 99°34'3.34"E. Cette identification est notamment proposée par Liu Xingyi, se basant sur la fiche n°8 (Liu Xingyi : 2001, p. 96-101). Voir carte n°2 et n°5 en annexe.

674 Wu Rengxiang : 2005, p. 41-45.

675 Une définition de E.Viollet-le-Duc illustre bien le rôle essentiel de la barbacane dans la fortification médiévale occidentale. Nous pouvons appliquer sa définition, présentée ci-après, à ce type d’entrée fortifiée constatée sur la plupart des forteresses et villes fortifiés du Hexi : « On désignait pendant le Moyen Âge, par ce mot, un ouvrage de fortification avancé qui protégeait un passage, une porte ou poterne, et qui permettait à la garnison d’une forteresse de se réunir sur un point saillant à couvert pour faire des sorties, pour protéger une retraite ou l’introduction d’un corps de secours. Une ville ou un château bien munis étaient toujours garnis de barbacanes, construites simplement en bois, comme les antemuralia, procastria des camps romains, ou en terre avec fossé, en pierre ou moellon avec pont volant, large fossé et palissades antérieures. La forme la plus ordinaire donnée aux barbacanes était la forme circulaire ou demi-circulaire, avec une ou plusieurs issues masquées par la courbe de l’ouvrage. Au moment d’un siège, en dehors des murs des forteresses, on élevait souvent des barbacanes, qui n’étaient que des ouvrages temporaires, et dans lesquels on logeait un surcroît de garnison. Mais le plus souvent les barbacanes étaient des ouvrages à demeure autour des forteresses bien munies » (Viollet-le-Duc s. d., vol. 2, 111, 112). Dans la grande majorité des cas, les barbacanes constatées sont de sections carrées et construites en terre massive. Pour la liste des sites munis de cette entrée spécifique voir typologie des sites fortifiés présentée en annexe n°5.

A m de cô couronn dans le (fig.38) mètres. Celle-ci platefor de côté) passage rectangu nombreu dans le général occiden enclos p 676 Prenon cadre d’u fouille str Au sud de c ôté. Le rem né d’un chem prolongeme . Encore en Au milieu d i s’effectue rmes de tirs ) protégé pa e plus étro ulaires. Le ux autres e Hexi. Au s de ce site ntale du site peuvent rem ns cette datati une étude en s ratigraphique. cette sépara mpart en te min de rond ent des rem n parfait état du pan sud, depuis l’est s. On accède ar deux épa oit (large d e plan de c xemples de sud-ouest, u e. L’entrée e principal. monter jusqu ion avec préc urface du mat . Li Bingcheng Partie III : Figur (©G ation, le pre rre (H : 3,5 de large de mparts orient t de conserv , l’entrée en t par un pas e ensuite à aisses murai de 6,80 m cette barbac e portails sim un enclos fo s’effectue Le matéri u’à la périod aution. Nous tériel collecté g, op. cit., p. 8 : Le district re 36 : Site de L Google Earth, 2 emier espac 50 m, l : 4 1,50m. Des taux et occi vation, ces t n barbacane ssage large un premier illes (4 m d m), lequel

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