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5 La ripostes des journalistes

Face aux convocations tout azimut devant la Division des investigations criminelle (DIC) et des gardes à vue, les journalistes ont organisé des manifestations pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme des «abus de pouvoir» du régime libéral. Le premier grand bras de fer entre la presse et le pouvoir post-alternance, c'est l'arrestation du directeur de publication du journal Le Quotidien, suite à deux articles publiés le 23 juin et 5 juillet 2004. Le premier contenait des informations extraites d’un rapport partiel dressé par le ministre des Finances, à l’attention du Président de la République, sur une enquête administrative concernant l’ancien directeur général des douanes, Boubacar Camara, limogé vers la mi-mars. Quant au second, il rendait compte de débats du Conseil supérieur de la magistrature, où il est annoncé la tenue du prochain séminaire de l’Union des magistrats et leur intention de dénoncer la caporalisation du métier. C'est pour avoir révélé ces faits que Madiambal Diagne a été convoqué par la DIC qui l'a mis sous mandat de dépôt, en s'appuyant sur l'article 80 du code pénal, le 9 juillet 2004, pour «diffusion de

correspondances et de rapports secrets» et «diffusion de nouvelles tendant à causer des troubles politiques graves.»

Cette incarcération a vite mobilisé les syndicats des journalistes (SYNPICS et Convention des jeunes reporters) ainsi que les patrons de presse. Aussitôt le mandat de dépôt déclaré contre Madiambal Diagne, les patrons de presse et les syndicats se sont réunis pour décider d'un plan de riposte. C'est ainsi qu'ils ont décidé de publier un éditorial commun et de reprendre les deux articles incriminés dans leur édition du samedi 10 juillet 2004. Cet accord concernait l'ensemble des quotidiens sénégalais qui sont Wal Fadjri, L’Actuel, Taxi le Journal, Info7, Le Populaire, L’Observateur, Le

Matin, Sud Quotidien, Le Point et Le Quotidien. Dans un éditorial intitulé

«Tous contre le monstre». Dans cet éditorial resté mémorable, les éditeurs

de presse et les journalistes n'ont pas été tendre avec le régime. «Le

pouvoir vient de poser un nouveau jalon dans sa tentative de museler la presse. Depuis hier, vendredi 9 juillet (2004) à 17 heures, ce que tous les journalistes avertis sentaient déjà venir, s’est joué en actes au Bloc des Madeleines, entre le bureau du Procureur général Lansana Diabé et le Doyen des juges, Seynabou Ndiaye Diakhaté. Le directeur de publication du journal Le Quotidien a été inculpé et placé sous mandat de dépôt après 7 heures passées dans le vulgaire trou à rat qu’est la cave du Bloc des

Madeleines. Comme un délinquant de première classe»88. Ils estiment que

«la justice prend ainsi sur elle la lourde responsabilité d’envoyer en prison, un journaliste qui n’a ni désinformé, ni livré une information explosive à même de saper les fondements de la société». «Juste un compte rendu de la dernière réunion des décisions du Conseil supérieur de la magistrature et la publication de documents sur ''l'affaire Boubacar Camara », minimisent

les confrères du journaliste mis sous mandat de dépôt. Ces éditeurs croient savoir que le compte rendu de «ces faits-là ne sauraient justifier la mise en

branle des plus hauts responsables de la machine judiciaire».

Après la justice, ils s'en prennent au pouvoir exécutif qu’ils accusent d'avoir «choisi la stratégie de l’intimidation et de l’escalade afin d’installer la

panique» dans leurs rangs. «Cette option bien pensée, savamment planifiée et froidement exécutée, a pour objectif clair de semer une honteuse culture d’auto-censure dans les rédactions. Un plan de guerre contre notre corporation que semble accélérer les dernières révélations de Taxi le journal sur le passé de l’ex-chef de Cabinet, Pape Samba Mboup. Aujourd’hui le pouvoir, après avoir en vain expérimenté plusieurs schémas d’intimidation, de mises en garde sous forme de communiqués signés par le

Procureur, écrit une nouvelle page d’histoire en utilisant la justice de ce

pays. Une page bien honteuse»89, lit-on dans le document.

Il est à rappeler qu'il est vrai que le procureur de la république, près de la Cour d'appel de Dakar avait écrit le 12 septembre 2003 et rendu public 13 octobre 2003, un communiqué dans lequel, il rappelait le contenu de l'article 80 aux journalistes. Un article qui pénalise les offenses au chef de l'État et aux institutions de la république. Le procureur Abdoulaye Gaye écrivait : «certains organes de presse se sont spécialisés depuis quelque

temps dans le rôle de support médiatique à des discours constitutifs d'atteinte aux institutions publiques en visant principalement le président de la république, l'armée nationale et la justice. Le ministère public, ayant vocation à réagir fermement à ces pratiques susceptibles de causer des troubles graves dans l'ordre public, tient à rappeler que le code pénal

protège les institutions contre de telles dérives (...)»90. En effet, cet article

80 punit cette violation de trois à cinq ans d'emprisonnement et de 100 mille (152 euros) à 1 millions 500 mille francs Cfa (2286,73 euros) d'amende. En plus de cet article 80 du code pénal qui peut aboutir au mandat de dépôt, le procureur s'est senti obligé de rappeler aussi les articles 198, 248, 254, 255, 265, 277, 27891.

Dans leur éditorial, les journalistes ont fait allusion à ce communiqué, pour accuser le procureur de préméditation. Ils ont invité les autorités à comprendre que «cette énième tentative de museler la presse ne passera

pas» avant de prendre «l’opinion à témoin que le pouvoir sera le seul responsable de ce qui arrivera après cette inculpation» de l'Administrateur

du groupe de presse Avenir Communication. «Nous ne reculerons pas

devant le glaive qui menace de casser nos plumes et de réduire nos micros en poussière. Ce serait faillir aux principes sacro-saints de notre profession qui nous oblige d’informer et de bien informer quel qu’en soit d’ailleurs le

89 Editorial du 10 juillet 2004, op.cit.

90 Communiqué du Procureur Général de la Cour d'Appel de Dakar, du 13 octobre 2003 91 Communiqué du Procureur Général près la Cour d'Appel de Dakar du 13 octobre 2003

prix. Évidemment, ce combat est d’abord le nôtre, mais aussi celui de tous les citoyens qui ne voudraient pas voir leur pays se transformer en un îlot replié sur lui-même où seule ne compte que la voix du Maître», écrivent-ils. Pour montrer leur détermination, les éditeurs de presse indiquent aux autorités qu'elles peuvent bien aménager aux journalistes des cellules à la Maison centrale d’arrêt de Rebeuss (la prison de Dakar, NDLR). Parce que nous sommes tous unis face au Monstre dont l’alternance a accouché, face à l’injustice et à la vaine tentative de musellement de la presse. Que le pouvoir se le tienne pour dit : nous nous battrons jusqu’au bout de nos

forces pour défendre la liberté de presse»92, avertissent-ils.

La publication de cet éditorial et des deux articles incriminés est suivie d'une journée sans presse le lundi 12 juillet 2004 quand ils se sont rendus compte que leur confrère n'a pas été libéré même provisoirement durant le week-end. Parmi les médias privés, le groupe Wal fadjri n'a pas observé cette journée sans presse. La raison invoquée par ses responsables est que cette arme doit être un dernier recours.

Mais cela n'a pas affaibli le mouvement. Une manifestation a été aussi organisée, samedi 17 juillet 2004, de la Place de l'Obélisque au siège de la Radio Télévision sénégalaise. Elle a rassemblée «entre 1500 et 2500

personnes»93. A cette manifestation se sont ajoutées des associations de la

société civile, des syndicats des secteurs de la vie économique et sociale ainsi que des leaders des partis politiques. Dans la sous-région, comme au Mali et en Mauritanie, des sections de l'Union des journalistes de l'Afrique de l'Ouest ont protesté devant les ambassades du Sénégal dans ces pays. Au Sénégal, les acteurs de la vie politique, économique et sociale considéraient ce n'est pas seulement une menace de la liberté de la presse, mais une menace sur les libertés. Surtout qu'avant cet épisode, la correspondante permanente à Dakar de Radio France Internationale, Sophie Malibeau, avait été expulsée en 2003 du Sénégal. Les autorités

92 Editorial du 1à juillet 2003,op.cit. 93 http://www.afrik.com/article7469.html

l'accusaient d'avoir interviewé un porte-parole du Mouvement des Forces démocratiques de Casamance (MFDC), une rébellion qui sévit dans le sud du pays (Casamance). L'État lui reproche d'avoir traité cette interview de cette façon «tendancieuse». Il s'y ajoute l'interdiction brandie par le pouvoir pour interdire les opposant au régime libéral de manifester et de le de dénoncer à l'étranger. Ces péripéties ont amené une bonne partie de l'opinion à croire que les autorités sénégalaises se sont inscrites dans la violation non seulement de la liberté de presse, mais surtout de la liberté d'expression et de manifestation. Ce qui explique la décision du Front Social sénégalais (FSS) d'envisager d'organiser «une journée "ville morte"

à Dakar pour faire libérer Madiambal Diagne»94. Pour sa journée "ville

morte", le FSS a promis d’associer les partis politiques et tous les

démocrates épris de liberté et de justice pour faire face à «la tyrannie

rampante du régime néolibéral et au ''monstre'' »95, reprenant ainsi le terme

utilisé dans l'éditorial commun des médias. Pour ce mouvement social, il s'agit de refuser que l'on confisque «la parole du peuple en mettant en

prison des journalistes». «En 2000, c'est la presse qui était la sentinelle citoyenne. Elle a permis, par son rôle, à ce que les élections soient transparentes en informant les populations sur tout le processus électoral. C'est cette liberté de presse que le régime de Wade vient de porter un coup

en enfermant Madiambal Diagne»96, déplore Mignane Diouf, secrétaire

permanent du FSS, ajoutant que «cette arrestation de Madiambal Diagne,

loin de traduire un signe de force, illustre plutôt le désarroi du régime

néolibéral dont l'échec n'est plus à démontrer»97. Et «pour masquer cet

échec, Wade tente de museler tous ceux qui osent s'exprimer sur les travers de l'État patrimonial et déliquescent qu'il a lui-même créé»,

dénonce-t-il, estimant que c'est là où réside «le drame : le discrédit des

institutions est le résultat des déclarations et comportements du président

94 http://www.africanindependent.com/senegal_diagne_arrestation071504.html 95 Ibidem

96 http://www.africanindependent.com/senegal_diagne_arrestation071504.html 97 Ibidem

lui-même et de ses collaborateurs ainsi que du spectacle auquel se donne

le parti démocratique sénégalais»98. Face à cette situation, le Forum social

sénégalais avait appelé toutes les forces sociales et politiques du pays à former, dans les meilleurs délais, un Comité de défense des libertés publiques, soulignant que même après la libération du directeur de publication du Quotidien, ce comité devait être la sentinelle des libertés.

En plus du soutien d'une opinion nationale et de la sous-région dont bénéficiaient les médias, leurs responsables ont opté pour internationaliser le conflit qui les oppose non pas à la justice, mais aux autorités de leur pays.

C'est dans ce cadre qu'il faut comprendre la lettre de l'Association mondiale des éditeurs de presse et le Forum mondial des éditeurs, adressée au premier ministre de l'époque, Macky Sall, au directeur général de l'UNESCO, Koichiro Maatsuura et au secrétaire général de l'Onu, Koffi Annan.

Dans cette lettre, daté du 13 juillet 2004, ces organisations de la presse mondiale, «qui représentent 18 mille publications dans cent pays, [écrivent] pour exprimer leurs vives préoccupations à propos de l’incarcération de l’éditeur Madiambal Diagne». Ils considèrent que l'arrestation de Madiambal Diagne comme «une décision politique» et

«rappellent de la façon la plus solennelle» à Macky Sall que

«l’emprisonnement de M. Diagne dans l’exercice de ses fonctions de

journaliste constitue une violation flagrante de son droit à la liberté d’expression, qui est garantie par de nombreux accords internationaux, dont

l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme»99.

L'Association mondiale des éditeurs de presse et le Forum mondial des éditeurs soutiennent que la Commission des Nations-Unies pour les droits de l’Homme considère que « la détention, comme une punition contre une

expression pacifique d’une opinion, est l’un des moyens les plus vicieux

98 Ibidem

pour imposer le silence». Et «par conséquent, une violation grave des droits humains». Après cette dénonciation, les alliés internationaux des médias

sénégalais, dans leur missive, invitent le Premier ministre sénégalais à

«poser les actes nécessaires pour que M. Diagne soit immédiatement libéré de prison ainsi que l’abandon de toutes les poursuites judiciaires». Si les

journalistes sénégalais ont choisi d'impliquer leurs collègues de la presse mondiale, c'est parce qu'ils savent que leur président de la république tient beaucoup à son image à l'extérieur. A cet effet, il ne voudrait pas qu'il soit présenté comme un chef d'État qui bâillonne sa presse et remet en causes les libertés fondamentales qui sont le soubassement de la démocratie dans un pays. Et dans les négociations qui avaient été entamées dès le début de l'arrestation de Madiambal Diagne, ces soutiens extérieurs pourraient être d'un poids important pour faire fléchir le Gouvernement sénégalais. D'ailleurs ces négociations étaient tenues entre les représentants des médias et le Premier ministre Macky Sall, sous la houlette de la Rencontre africaine des droits de l'homme (RADDHO) dirigée par Alioune Tine. Ces négociations dont on ne connaît pas les termes vont aboutir le 26 juillet 2004 à la libération provisoire de l'Administration du groupe Avenir Communication. Il a fallu attendre le 20 juillet 2009 pour que Madiambal Diagne bénéficie d'un non lieu total sur tous les chefs d'accusation retenus contre lui.

La seconde affaire qui a également mobilisé les médias est l'agression le 21 juin 2008 de deux reporters, Kambel Dieng et Karamoko Thioune, respectivement des radios privées RFM (Radio Futurs Médias) et WDR (West democracy radio) par des policiers dans les parties communes des vestiaires du stade Lépold Sédar Senghor de Dakar. Deux mois plus tard de la même année, c'est le saccage des locaux des journaux L'As et 24 heures Chronos. Ces deux agressions ont encore fait sortir dans la rue des journalistes et des organisations de la société civile pour demander l'arrêt de la violence contre les journalistes. Comme lors de l'arrestation de Madiambal Diagne, les responsables des médias, leurs employeurs

organisent la riposte quand ils ont constaté que la justice traîne à élucider l'affaire du saccage des sièges de l'As et de 24 heures Chrono et que le ministère de l'intérieur tarde à prendre des mesures conservatoires contres les deux policiers accusés.

D'abord, ils publient un éditorial commun le 30 juillet 2008 dans lequel ils dénoncent l'intoxication des autorités qui essaient de faire croire à l'opinion que ce sont les journalistes qui ont tapé les policiers. Mais puisque la bastonnade des deux reporters a été rapportés par des radios et que l'un des journalistes n'avait pas éteint son enregistreur quand les policiers le battait – ce qui a permis d'enregistrer – les médias avaient là des preuves à faire valoir devant les juridictions compétentes. D'ailleurs la rediffusion de ces deux éléments ont permis à ce qu'une large opinion prenne fait et cause pour les journalistes. «Plus d’un mois après l’agression policière

contre nos confrères Boubacar Kambel Dieng et Karamokho Thioune, la raison du combat de la presse sénégalaise n’a pas varié d’un iota. Elle ne souffre d’aucune confusion. Elle est claire, nette et précise. Houspillés, maltraités, bastonnés, humiliés, nous réclamons justice dans un pays qui a choisi la République et la démocratie. Face à cette exigence citoyenne, des accusations : «Le journaliste a frappé le policier». «Ils (entendez les policiers) sont intervenus parce que le journaliste voulait agresser les joueurs…» «Autorités et courtisans en sont-ils résolus à user d’escobarderie, ce discours fait de mensonges et de duplicité destiné à tromper le peuple ? Qui croire, dans le camp de ces contempteurs qui ont

du mal à harmoniser leurs déclarations ?»100 Et d'accuser les autorités,

d'avoir installé huit ans après l'alternance, «le règne de l’impunité érigée en

système de gouvernance». Pour eux «l’éthique en prend un coup pendant que la société y perd ses repères». Dans le même éditorial, ils accusent le

président et ses proches collaborateurs d'être des «donneurs de leçons en

matière de journalisme et de communication». Ils disent «réclamer justice

pour qu’en République, des hommes, fussent-ils en tenue, ne puissent impunément violenter des citoyens, tabasser des journalistes dans l’exercice de leur métier».

Selon eux, «réclamer justice n’est pas faire pression sur la justice. A ce

niveau, il n’y a rien à négocier, il y a seulement à appliquer la loi».

Pourtant avant cet éditorial des journalistes, le ministère avait pris des sanctions conservatoires contre les policiers accusés. Dans un communiqué daté du 27 juin 2008, le ministère de l'intérieur a indiqué que

«conformément aux engagements pris (…) une mesure conservatoire, sous la forme d'un déplacement d'office, a été retenue à l'encontre des agents reconnus coupables de manquements dans l'exécution de leurs missions».

Mais cette décision du ministère de l'intérieur n'a pas l'air de satisfaire les revendications des journalistes et leur syndicat qui exigent que l'on traduise les policiers présumés devant les juridictions compétentes. D'ailleurs, pour montrer leur insatisfaction, les patrons de presse et leur employés, soutenus par des acteurs politiques et de la société civile ont organisé le 25 août 2008 une manifestation qui a regroupé entre «2000 et 3000

personnes»101 pour dire «stop à la violence» et «non aux agressions

policières». Auparavant, une journée sans presse avait été décrétée le lundi

21 juillet 2008, mais une partie de la presse dont Wal fadjri n'ont pas respecté. La pression médiatique et de la corporation nationale ainsi que des organisations de défense des droits de l'homme ont amené l'État à traduire les trois policiers accusés devant un tribunal militaire. Un seul a été reconnu coupable des faits. Il s'agit de l'adjugent Lamidou Dione qui a écopé un mois avec sursis et 750 000 francs Cfa (1143, 36 euros) à payer à Kambel Dieng pour dommages et intérêts, Karamokho ne s'étant pas constitué partie civile.

L'affaire du saccage des sièges avait été également jugée et les auteurs condamnés avant d'être libérés par une grâce présidentielle. Le

commanditaire, Farba Senghor, identifié comme tel, n'a toujours pas été interpelé pour être jugé. Nous avons évoqué cette affaire plus haut.

En tous les cas, les crises entre les médias et le pouvoir sont cycliques. Quand la tension est forte, des journalistes sont convoqués à la Division des investigations criminelles. Parfois ce sont des violences verbales proférées par le Chef de l'État lui-même ou par son entourage.

Quand on sent qu'on arrive à un point de non retour, on se calme et des personnalités morales offrent leurs services pour la médiation. Dans une situation apaisée, on tente la manœuvre et la division. Ce fut le cas quand le président de la république reçoit les correspondants régionaux et leur jettent des fleurs. Il considère que ceux-ci «travaillent avec beaucoup

de courage, beaucoup de présence et beaucoup d'objectivité»102. Le

paradoxe, c'est que l'écrasante majorité de ces correspondants sont des enseignants qui font du journalisme occasionnellement pour arrondir leurs fins de mois. Alors que le président Wade ne cesse de critiquer les journalistes qui n'ont pas fait d’école de journalisme. Mais là on sent le