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3 Des critiques contre les journalistes sénégalais

De 2000 à nos jours, les critiques les plus virulentesformulées contre les journalistes sénégalais ont trait à la qualité de leur formation. On accuse certains d'entre eux de n'avoir aucun diplôme ou d'avoir subi une formation au rabais. Le président Wade fait parti des plus virulents. Entre le président de la république et les médias, c'est comme le chat et la souris. Ils s'aiment et se détestent à la fois. Cette relation ambivalente a atteint à plusieurs reprises son point de rupture. Cela est surtout dû au contexte politique, économique et social du pays qui alterne les bons et mauvais résultats. Et les critiques les plus dures contre le régime libéral sont venues de la presse. Ayant compris le rôle des médias dans la défaite d'Abdou Diouf e,n 2000, Abdoulaye Wade a essayé alors d'affaiblir les médias, de les décrédibiliser devant l'opinion nationale pour amoindrir leur influence à l'approche des élections présidentielles de 2007. Pour cela, il n'est pas exagéré de dire qu'une politique pour contrer les médias a été définie. A l'issue d'une réunion de la coalition Cap 21, qui soutient le président de la république, son gouvernement, il a été décidé, rapporte Farba Senghor, chargé de propagande du PDS, de faire face aux critiques des médias. Le propagandiste a même organisé une conférence de presse pour demander aux ministres, aux entreprises publiques et des entreprises proches du

régime libéral de ne pas donner de la publicité aux médias privées qui critiquent le pouvoir. C'est dans le même sillage qu'il faut inscrire la contribution d'Iba Der Thiam, ancien coordonnateur de la Cap 21, contribution dans laquelle il a brocardé les médias. A cela s'ajoute le ciblage des médias depuis 2003 par le président Wade, certains de ses collaborateurs et militants. La création de médias par la mouvance présidentielle pour contrebalancer l'influence des médias privés entre dans le cadre de la même ligne politique. Si ce n'est pas une politique réfléchie et pensée – même si elle n'est pas officielle – pour faire face à la presse privée, cela y ressemble.

En tout les cas, c'est le président de la république en personne qui est monté au créneau pour s'en prendre aux médias. Il s'est attaqué au point faible de la profession au Sénégal : la formation. En effet, à plusieurs reprises, certains de ses collaborateurs et lui-même ont critiqué le niveau des journalistes sénégalais, insinuant que la plupart d'entre eux ne sont pas diplômés. Dans son livre entretien, Abdoulaye Wade va jusqu'à regretter de ne pas avoir « pris le soin d'insister sur les qualités professionnelles et

morales requises et sur la nécessité d'avoir des diplômes et une formation pour exercer le métier de journaliste. Résultat final, il y a trop de journaux écrits dans un français approximatif, qui ne vivent que de gros titres

souvent commandités »63. Pourtant la qualité de journaliste n'est pas

forcément liée à l'obtention d'un diplôme de journalisme. Ce n'est pas une exception sénégalaise dans ce domaine. Dans tous les pays du monde, le journaliste ne passe pas forcément par une école de journalisme. Même si cela est fortement recommandé. Par exemple en France, pays avec qui le Sénégal a une proximité juridique et culturelle, plus de la moitié des journalistes n'ont pas fait l'école de journalisme. « La plupart des

journalistes n’ont pas suivi de formation initiale dispensée au sein d’un cursus reconnu. En particulier, près de 75 % des journalistes n’ont aucun

diplôme de journalisme »64, lit-on dans le livre Vert des États généraux de la presse écrite française. Mais ce n'est pas considéré pour autant comme un handicap. Mieux « cette diversité des parcours est indispensable à la

richesse de ce métier. La formation continue, à condition d’évaluer les offres proposées afin de distinguer celles qui sont adaptées aux besoins des journalistes et des entreprises de presse, est le moyen d’offrir à tous un enseignement de qualité », poursuit le rapport.

Dans le cas du Sénégal, on ne sait pas la proportion de journalistes qui n'ont pas le baccalauréat. Durant nos entretiens avec certains directeurs de publication, nous n'avons pas pu en savoir. Ils préfèrent parler de problème de niveau et de culture générale. Ils abondent dans le même sens que le chef de l'Etat. Le président de la république vise surtout à remettre en cause la crédibilité des journalistes alors les directeurs de publication interrogés signalent un défis à relever pour améliorer la qualité des publications. «Nombre de journalistes ne sont pas formés à bonne école. Il

y a beaucoup de journalistes formés sur le tas, n'ayant pas fait l'école de journalisme. Cela se ressent dans la collecte et le traitement de

l'information»65, explique Abdourahmane Camara. Pour ce dernier, cela a

des conséquences très graves sur la société. «On joue beaucoup trop avec

l'information. On ne se rend pas compte des dégâts que l'on peut provoquer dans la société. Si on n'a pas fait une école de journalisme, on ne peut pas avoir une bonne idée de l'éthique et de la déontologie professionnelles ; on ne peut pas non plus appréhender les limites de la liberté de la presse

encadrée par l'éthique et la déontologie »66. Ce qui rejoint le Livre Vert sur

les états généraux de la presse écrite française qui estime que la formation dans une école de journalisme « contribue au respect des bonnes pratiques

professionnelles et donc à la qualité de l’information ».

64 Livre Vert sur les Etats généraux de la presse écrite française remis au président Nicolas Sarkozy le 08 janvier

2009

65 Abdourahmane Camara, op.cit. 66 Idem

Pour le directeur de publication de Wal Fadjri, ce n'est pas seulement l'absence de formation en journalisme qui est en cause, mais c'est surtout «le niveau intellectuel et académique et la culture générale». «Le problème

au Sénégal, c'est que les journalistes écrivent mal le français. Ils prennent trop de liberté avec la langue parce que, justement, ils n'ont pas le niveau intellectuel et académique qu'il faut pour pouvoir bien maîtriser la langue».

Parmi les gens qui embrassent le journalisme au Sénégal, Abdourahmane Camara distingue, à côté des journalistes qui ont fréquenté l'école de journalisme, ceux qui ont « échoué à l'école, des gens qui ont des

diplômes, mais qui sont au chômage ». Il estime que ce sont ces deux

catégories qui gangrènent la profession.

Pour autant, il ne jette pas l'opprobre sur tous ces journalistes qui n'ont pas fréquenté une école de journalisme car il y en a parmi eux qui se sont révélé de grands journalistes. Les exemples ne manquent au Sénégal et à travers le monde. «Des journalistes qui n'ont pas de formation dans une

école de journalisme et qui sont talentueux, on en a toujours connu au Sénégal. Mais ils ont un niveau académique, intellectuel, une culture générale et savent ce que c'est une faute grammaticale, une faute de d'orthographe, une faute de syntaxe», explique M. Camara.

La question qui s'impose, c'est de savoir la responsabilité des patrons de presse qui recrutent ces journalistes. Certains responsables des médias se cachent derrière la multiplication des médias alors que l'offre est insuffisante en journalistes professionnels par rapport à la demande.

Ils disent être obligés de prendre ce qu'ils trouvent sur le marché. Ce qui demande un travail de correction et de réécriture des articles.

Mame Less Camara trouve qu'il faut «tout de même retenir quelque

chose de positif » dans les critiques du président Wade. «Jusqu'ici, on ne disait que du bien des journalistes. (…) Abdoulaye Wade, en relativisant notre position, nous ramène à la réalité des choses c'est-à-dire que nous parlons de tout ; nous n'avons pas compétence en tout ; nous nous lançons

dans des confusions de rôle au moment où nous devons donner la parole aux experts qui peuvent parler es-qualité des choses parfois extrêmement sensibles et pointues », explique-t-il, ajoutant que les critiques du président

Wade ont tellement secoué la presse qu'elle s'est rendue compte qu'il faut qu'elle prenne en main le problème de formation. Il estime que la question de la formation est un problème réel car il y a «une nette domination des

journalistes qui n'ont pas eu l'opportunité de faire la formation professionnelle et cela fragilise la presse».

D'ailleurs, c'est dans cette brèche qu’Iba Der Thiam, vice-président à l'Assemblée nationale, ancien coordonnateur de la Cap 21 et professeur d'Histoire à l'université de Dakar, s'est engouffré pour produire une contribution violente à l'endroit des journalistes. Dans une tribune, dont le titre est évocateur, publiée dans le quotidien gouvernemental, Le Soleil, le 8 août 2009, il n'a pas mâché ses mots. Il faut rappeler que cette contribution est rendue publique à neuf jours du saccage des locaux de L'As et de 24 heures Chrono et quelques jours après la conférence de presse Farba Senghor qui a demandé aux entreprises publiques de refuser de la publicité aux médias privés. D'abord Iba Der Thiam estime que l'attitude de la presse est telle que «se taire serait preuve de démission et pourquoi, ne pas le

dire, de lâcheté»67. Le ton de sa contribution est ainsi donné. Il va être le

marqueur de tout ce qu'il va dire dans cette diatribe. «Il y a des situations

qu’on ne voit que chez nous, où, des individus sans formation aucune, entrés par effraction dans une profession de grands seigneurs, passent leur temps à se livrer à des exercices de grossièreté et de méchanceté gratuite d’une fatuité renversante. Ils n’ont d’autres ambitions que de blesser et de faire mal. Ils ne connaissent pas l’intérêt de leur peuple, ni celui des populations. Ils se moquent éperdument des droits sacrés de la personne

humaine»68. A l'en croire, les journalistes sénégalais sont «imbus d'eux-

mêmes», «cultivent leur ego», «s’illusionnent douloureusement sur leurs

67 Iba Der Thiam – L'émergence d'un journalisme-voyou menace nos liberté, Le Soleil, édition du 8 août 2009 68 Idem

modestes capacités, débitent, à longueur de colonnes, des jugements qui varient selon la générosité de la cible visée, comme une girouette girant au vent de ses intérêts ». Encore plus virulent, Iba Der Thiam affirme qu'en «donneurs de leçons, aux idées courtes et à la pensée confuse, ces individus-là sont pires pour notre société, que les forces obscures qui l’enchaînent, encore, au char de l’immobilisme et de la régression. Pour donner des leçons aux autres, il faut, au moins, essayer, d’abord, d’être un modèle ». Pour atténuer la virulence de ses propos, il reconnaît que le

Sénégal regorge «d'excellents journalistes» et de citer plusieurs d'entre eux. Ces « excellents journalistes » d'Iba Der Thiam «n’insultent pas», «ne

trichent pas», «ne sombrent pas», à sa connaissance, «dans l’affairisme, en se servant de leur plume, pour obtenir, par le chantage et le larbinisme, des prébendes, des titres et des avantages indus, parce que malhonnêtement acquis ». Il continue dans ses éloges, en soutenant ces « journalistes excellents » « connaissent leur métier, parce qu’ils ont été formés » et « presque tous ont des diplômes en bonne et due forme». Ces journalistes «n’ont jamais vécu dans des villas somptueuses, nichées dans des quartiers huppés. Tout au plus, de modestes logements sociaux. Ils n’ont jamais roulé dans des bagnoles de luxe et n’ont jamais porté des costumes, de plusieurs centaines de dollars. Ils n’ont jamais disposé de compte en banque bien garni ». Tout le contraire, on suppose, des journalistes qu'il

décrie. «Depuis quelques temps, nous assistons à l’émergence, dans notre

pays, d’un journalisme affairiste. Il cherche sa nourriture dans les eaux boueuses de l’affabulation, du chantage, de l’invective, des procès d’intention, de la vengeance, du règlement de comptes, du boycott partisan et du terrorisme permanent exercé sur les consciences. Certains parmi les

desservants de ce journalisme sont, en général, riches comme Crésus»69.

On peut multiplier les qualificatifs négatifs contre des journalistes que le professeur Iba Der Thiam considère comme n'étant pas à la hauteur de

leur profession. Au lieu de s'occuper des grandes questions contemporaines, le développement économique, culturel, social, etc. du Sénégal et de l'Afrique, ces journalistes s'intéressent à «de banales

querelles politiciennes et de tombereaux d’injures sur des autorités établies, hommes politiques, chefs religieux, vedettes de sport, artistes de talent, intellectuels de renom, d’interminables affaires de mœurs, pour satisfaire notre goût malsain de la mesquinerie, de la jalousie, de l’envie et de la rivalité sournoise, en développant une culture de la rumeur assassine, de l’indiscrétion et de la médisance». Par conséquent «ils ne participent pas à la prise de conscience des faiblesses et des tares» de la société afin qu'elle

se tienne «debout, à aimer le travail, la vérité, l’effort, la rigueur, la

responsabilité, l’honnêteté, le désintéressement, le patriotisme». Pour Iba

Der Thiam, «le journalisme véritable est celui des grandes idées et non

celui des ragots, des propos de grand- place et des folles veillées de chahut collectif ».

Si nous avons reproduit longuement cette contribution d'Iba Der Thiam, c'est qu'elle reflète l'idée de ce que pense la coalition au pouvoir des journalistes. Elle révèle également la tension qui existe depuis 2003 entre la presse sénégalaise et le pouvoir dans ce pays. Pour l'écrasante majorité des tenants du pouvoir, c'est la presse qui est en cause et non leur gestion des affaires de la cité qui alimentent les médias. Et pourtant la plupart des informateurs des journalistes sont des ministres ou collaborateurs proches du président de la république. Ces ministres et collaborateurs révèlent aux médias les délibérations du Conseil des ministres dont certaines seraient des secrets d'État. L'affaire a pris tellement de l'ampleur que le président de la république Abdoulaye Wade a fait prêter serment à ses ministres pour les empêcher de divulguer des informations. Pour cela, il a signé le décret n°2007 – 829 du 20 juin 2007 qui fait obligation au ministre et ministres- conseiller de jurer « fidélité, loyauté et dévouement » au président de la république, « de ne révéler à quiconque les secrets » du Conseil des Ministres ou des conseils ministériels.

Dans l'article premier du décret, le serment est ainsi libellé : « Je jure

fidélité, loyauté et dévouement au Président de la République, qui, en vertu des pouvoirs à lui conférés par la Constitution, m’a gratifié de sa confiance et m’a confié des responsabilités au sein du Gouvernement''. ''Je jure de ne révéler à quiconque, même à mes proches, les secrets dont je serais amené à être le dépositaire dans le cadre de mes fonctions, et notamment la substance des délibérations du Conseil des Ministres ou de conseils ministériels. Ce serment me lie même après la cessation de mes fonctions. Je jure de faire un usage respectueux des deniers publics et des biens de l’État dont j’aurais la responsabilité, et de servir la Nation avec désintérêt et dévouement' ». Ce serment, au-delà d'empêcher les Ministres de déballer

les décisions secrètes prises en Conseil des Ministres ou lors d'autres réunions importantes, visent également à sevrer la presse des informations qui, diffusées, pourraient faire basculer l'opinion dans un sens ou dans un autre. Mais ce que le pouvoir oublie, c'est que les sources des journalistes sont nombreuses et variées. Ce ne sont pas seulement les ministres qui les informent. D'ailleurs, parfois les informations les plus secrètes ne viennent pas toujours d'eux. D'autres personnes qui occupent des postes considérés comme subalternes sont parfois plus précieuses que les Ministres eux- mêmes, notamment les chauffeurs des personnalités les plus importantes du pays, qui vivent au quotidien avec eux.

Les critiques contre ce décret pour forcent les ministres à prêter serment ont été virulentes. Une partie de l'opinion y voit un processus de monarchisation rampante de la république d'autant que les ministres doivent jurer « fidélité et dévouement » au Chef de l'Etat. Mais pour Abdoulaye Wade, si des douaniers, des gardes forestiers, entre autres, prêtent serment, pourquoi pas les Ministres ? Car «un État vit de ses

secrets. Mais on ne peut comprendre que dès la fin des délibérations, que la presse raconte ce que nous nous sommes dit. Tous les secrets d’État ne sont pas bons à donner sur la place publique. (…). A un moment donné, au moment où le gouvernement délibérait, les radios diffusaient ce qu’il était

en train de se dire. Parce que certains avaient leur radio dans leur poche. (…). C’est pour mettre fin à cela », explique-t-il, le 22 juin 2007.

En fait Abdoulaye Wade accuse certains de ses ministres d'utiliser leur téléphone portable ouvert pour permettre à certains journalistes d'écouter les délibérations du Conseils des Ministres. En tous les cas, il confirme, par ailleurs, que les informations diffusées par les médias ne sont pas fausses, comme l'a écrit Iba Der Thiam dans sa contribution, même s'il ne parle que de «50 %». Pourtant les scandales de corruption, de pédophilie, de viol de mineurs sont-ils des inventions des journalistes ? Quand Amnesty international, section Sénégal, ou la Rencontre africaine des droits de l'Homme (RADDHO), la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) parlent de violation des droits de l'Homme au Sénégal, est-ce une invention des journalistes ? Quand l'ambassadeur des États-Unis au Sénégal, Mme Bernicat, parle de corruption en s'appuyant sur un rapport produit par les Etats-Unis, est-ce une invention des journalistes ? Quand le président Wade remet environ 87 millions de francs Cfa (132 630,64499 euros), est-ce une invention des médias ? Quand Abdoulaye Wade et son ancien premier ministre, Idrissa Seck, alors prisonnier, signent un accord appelé protocole de Rebeuss (du nom de la prison où était incarcéré M. Seck) pour sortir le second de prison, est-ce une invention des médias ? On peut multiplier les scandales orchestrés par le régime libéral et qui ont fait la « Une » des médias. Même dans les réalisations du président Wade qui devraient être salués, comme la construction de certaines routes à Dakar, sont entachés de scandales. Ce qui fait que, au lieu de s'appesantir sur ces réalisations, les médias ont insisté sur les malversations qui ont accompagné ces réalisations. Par conséquent, on ne peut pas tout mettre sur le dos des médias. Si le climat politique et socio-économique est malsain, les dirigeants sont les principaux responsables.

Cela dit, il est vrai que certaines informations diffusées par des médias sénégalais se sont avérées fausses, mais aussi constituent une atteinte à la vie privée des personnes. Et généralement quand il s'agit de personnes

privées, ces dernières portent plainte devant les tribunaux qui, généralement, sanctionnent les organes de presse et leurs journalistes. Il en a été ainsi pour plusieurs journaux. Comme El Malick Seck qui a accusé le président de la république d'avoir blanchi l'argent volé à la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest à Bouaké (Côte d'Ivoire, NDRLR). Il a été jugé et condamné avant d'être gracié par le président Wade. Quand El Malick Seck a été interpellé à la barre, il a invoqué le secret professionnel et a brandi l'interview du président de l'assemblée nationale ivoirienne, Mamadou Coulibaly qui avait porté les mêmes accusations alors que ce dernier était en conflit ouvert avec le président sénégalais accusé de