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Le Quotidien national Le Soleil

La société nationale de presse et de publication (SNPP) a été créée le 14 février 1970. C’est elle qui édite le quotidien national Le Soleil. Son premier numéro est paru le mercredi 20 mars 1970. Il doit son nom au premier président du Sénégal indépendant, Léopold Sédar Senghor. Il a été aussi le créateur de l’hymne nationale et les armoiries du Sénégal ainsi que le drapeau national. Pour lui, Le Soleil, «c’est simple, ça éclaire et ça dure». Ainsi campé, Le Soleil prenait alors le relais de Dakar-Matin (1961-1970) anciennement dénommé Paris-Dakar (1933-1961) créé par de Breteuil qui le laissa en héritage à son fils Charles de Breteuil. Le premier numéro de Dakar-Matin a été publié le jeudi 5 avril 1961, au lendemain du premier anniversaire de l’indépendance du Sénégal. Le groupe de presse accompagne le jeune État jusqu’en 1970. A cette date, Le Soleil reprend le flambeau avec la volonté des autorités du pays et sous la direction de son premier directeur général, Aly Dioum.

Lors du conseil interministériel qui s’est tenu le 30 novembre 1967, à trois ans de sa première parution, Léopold Sédar assigne au quotidien

national trois conditions à remplir : «Être digne de ce nom ; refléter la

pensée politique du gouvernement sinon du parti ; après la première mise

de fond, le quotidien doit être bien géré et ne rien coûter à l’État»207. Si les

deux premières conditions ont été remplies, vue la ligne éditoriale du Soleil où des voix discordantes sont peu visibles, il n’en est pas de la troisième à cause des difficultés financières qui secouent l’astre nationale. Ce qui amène l’État à intervenir financièrement pour renflouer les caisses du quotidien. Cette connivence entre Le Soleil, le pouvoir et le parti au pouvoir est tellement aigüe qu’elle empêche l’accès à ce média des partis de l’opposition et de la société civile mal pensante.

A sa création, Le soleil était confiné dans des locaux non seulement modestes, mais très exigus. Il ne disposait que d’une pièce unique sur la rue Thiers, aujourd’hui rebaptisée Amadou Assane Ndoye. C’est dans cette pièce où travaillent le directeur général, le rédacteur en chef et sept autres journalistes dont trois assistants techniques de la coopération française.

Aujourd’hui, non seulement le quotidien national dispose d’un siège vaste, mais emploie 175 personnes et tire à 25000 exemplaires dont 23000 sont vendus, selon le site Internet du Soleil208. Cette même source ajoute

qu’il a un chiffre d’affaire d’un milliard de Francs Cfa. Ils disposent de correspondants dans toutes les capitales régionales et d’une imprimerie qui assure son impression et celle de certains journaux du paysage médiatique.

La société nationale de presse et de publication édite également «Le Soleil des Sports», «Zénith» et «Scoop». Ces deux derniers ont finalement disparu, n’ayant pas pu résister aux difficultés économiques et financières de l’environnement médiatique du pays.

Elle a connu plusieurs directeurs généraux selon le contexte politique du pays et de l’entreprise elle-même. C’est ainsi qu’après le premier directeur, Aly Dioum qui a été nommé comme ambassadeur, ce fut le tour de Bara Diouf de prendre la direction du quotidien national. Il quitte ses

207 Moussa Paye – op.cit., 1992, p.339 208 www.lesoleil.sn

fonctions en 1988 après avoir été élu député à l’assemblée nationale. Aliou Dramé prend sa place jusqu’en 1994 avant, lui aussi, de céder le fauteuil à Ibrahima Gaye qui y reste jusqu’en 2000, année où le président Abdou Diouf a été battu à l'élection présidentielle.

Avec l’alternance et l’arrivée au pouvoir du président Wade, la direction du Soleil va changer à l’image des autres entreprises publiques ou parapubliques où l’État est majoritaire. El Hadji Kassé prend les commandes et en 2005, il est évincé et remplacé par Mamadou Seye pour quatre ans. Une fronde de l’intérieur de l’entreprise de presse dirigée par une partie de son personnel amène les autorités à démettre Mamadou Seye, remplacé par Cheikh Thiam qui a la charge de faire briller l’astre national. Il a été chef de desk économique du Soleil avant de rejoindre le Ministère de l’Économie et des Finances comme chargé de communication.

Ces deux directeurs, nommés par le président Wade, ont essayé, à leur tour, d’appliquer les recommandations de Senghor, même quand le régime a changé : la vision du gouvernement ou du parti au pouvoir. Certains, sinon tous, l’ont fait avec zèle selon les circonstances politiques. Mais rares sont ceux qui ont respecté la troisième condition qui voulait que Le Soleil soit financièrement rentable au point de se prendre en charge lui- même sans l’intervention de l’État. D'ailleurs le quotidien national est souvent secoué par des difficultés financières, malgré le quasi monopole qu’il exerçait ou qu’il exerce encore sur le marché publicitaire dont l’un des plus grands pourvoyeurs est l’État. Le personnel a souvent exercé des pressions sur ses dirigeants pour une gestion transparente de l’entreprise. Mais celle-ci souffre encore de problèmes de gestion. Par exemple, sous la direction de Mamadou Seye, des employés ont menacé d’aller en grève car ils soupçonnent leur directeur général de mauvaise gestion. Les travailleurs membres du syndicat national des professionnels de l’information et de la communication social (SYNPICS) ont réclamé son départ. Ces salariés disent ne pas comprendre que leur journal soit imprimé ailleurs alors qu’ils disposent d’une imprimerie numérique jamais remise en service depuis