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2 Une liberté de la presse malmenée

L'arrivée au pouvoir du président Wade a suscité beaucoup d'espoir au sein de la population. Non seulement sa coalition et lui ont mis fin à un régime qui gouvernait le pays pendant 40 ans, mais l'écrasante majorité de la population voit en lui le porteur de projets et de solutions à leurs différents problèmes qui ont pour nom le chômage, la baisse des prix des denrées de première nécessité, la lutte contre la corruption etc. Mais l'on attendait aussi Abdoulaye Wade sur la consolidation de la démocratique qui avait été portée à son firmament le 19 mars 2000 avec son élection. Sous son régime, les manifestations ne sont plus soumises à autorisation. Dans la nouvelle constitution qu'il a fait adopter dès son arrivée au pouvoir, il a supprimé le régime d'autorisation pour le remplacer par celui de déclaration. Depuis lors, il suffit d'une simple déclaration pour manifester. Sous l'euphorie de l'alternance, cette règle était appliquée. Mais au fur et à mesure que le contexte social et économique se dégrade et que la fin de l'état de grâce se précise, le pouvoir était de moins en moins enclin à appliquer loi.

La liberté de la presse a presque suivi la même courbe. Toutefois, cette liberté de presse existe toujours, même si elle est souvent malmenée. Mame Less Camara soutient qu'il ne s'est «jamais senti en tant que

journaliste aussi libre sous l'alternance» qu'il l'était sous le régime de Diouf.

Pour lui, c'est la culture de la différence qui est le marqueur entre les deux régimes. «Ce n'était pas le paradis de la liberté d'expression sous le régime

de Abdou Diouf. Mais chez Diouf, il existait une sorte de culture de la différence qui faisait qu'il pouvait admettre, même si cela ne lui faisait pas plaisir, même s'il avait lui aussi ses moyens de combattre la presse, mais il le faisait selon des modalités qui faisaient que les conflits presse et pouvoir

restaient gérables, étaient confinés dans des proportions qui permettaient à

chacun des deux pôles de fonctionner»53.

Pour le directeur de publication de Wal fadjri, «la véritable liberté de la

presse dans l'accès à l'information a eu lieu en 2000 ou un peu avant, vers 1997-1998. (…)». «Mais c'est vraiment en 2000 qu'il y a eu une libéralisation totale. Les énergies ont été libérées. On n'a plus eu de difficultés pour l'accès à l'information. La collecte a été beaucoup plus facile. Il n'y a pas eu ce barrage que les gens mettaient entre nous et l'information », explique-t-il lors de notre entretien. Le régime du président

Wade a été plus loin en ouvrant la publicité aux organes de presse privés Mais nous verront plus loin les mesures de rétorsion prises par ce même régime quand la presse s'est mise à le critiquer. Avec l'instauration du guichet unique, les problèmes de taxes sur les intrants sont devenus un mauvais souvenir pour les entreprises de presse. Sans compter le doublement de l'aide à la presse évoquée précédemment.

C'est dire que le nouveau pouvoir ne s'est pas attaqué à ce qui fait l'existence intrinsèque d'une entreprise de presse : la liberté. Si sous Abdou Diouf, les conflits étaient de « basse intensité », selon l'expression de Mame Less Camara, Abdoulaye Wade, lui, a «fait péter complètement les

paramètres» en voulant «quasiment liquider des organes de presse». Le

journaliste enseignant fait allusion notamment au groupe Sud Communication. Certains observateurs accusent le régime du président Wade de vouloir « liquider » cette entreprise de presse qui, pourtant, avait de bonnes relations avec le nouveau pouvoir. En effet, Abdoulaye Wade s'était engagé à rapatrier au Sénégal la chaîne de télévision de Sud Communication. N'eût été la brouille entre le président libyen, Mouammar El Kadhafi, et le chef de l'État sénégalais, peut-être, La Chaîne africaine serait en train d'émettre à partir du Sénégal. A cela s'ajoute l'intervention du président Wade auprès de Jean-Claude Mimran pour que ce dernier

renonce à ses des dommages et intérêts de 500 millions de Francs Cfa (environs 762 mille 246 euros) que Sud Communication lui devait au terme d'un procès où le groupe de presse a été condamné par la justice. Il faut aussi noter que Abdoulaye Wade a nommé dès son l'élection à la tête du pays, en 2000, le directeur général de Sud FM, Chérif Elvalide Sèye, comme conseiller en communication à la présidence de la république. Comme au temps du président Abdou Diouf, les portes du palais de la république n'étaient pas fermées au président du Groupe Sud Communication, Babacar Touré. Mais avec Abdoulaye Wade, ce fut encore plus marquant d'autant plus que les deux hommes entretiennent d'excellentes relations quand le nouveau président était dans l'opposition politique. « Il y a entre les deux hommes (Abdoulaye Wade et Babacar

Touré, NDLR) une relation d'amitié et de complicité. Revendiquée sans complexes. Elle est née, depuis les années de braises de l'opposition. Pour les rares fois qu'il m'a été donné l'occasion de les rencontrer ensemble, nous avons noté une très grande liberté de ton dans les propos échangés. Mais ceux-ci sont toujours empreints de courtoisie, de franchise et de

respect »54 Mais cela n'a pas résisté aux relations naturelles entre presse et

pouvoir, faites généralement de tension qui peuvent aboutir à des crises majeures. Plusieurs crises ont éclaté entre Sud Communication et Abdoulaye Wade en tant que président de la république, mais aussi au moment où il était dans l'opposition. On se rappelle de sa colère quand Sud Quotidien avait éventé le projet de création d'une vice-présidence de la république qui devait être confiée à l'opposant d'alors. Il y a aussi cet éditorial du journal signé par Babacar Touré lui-même, intitulé « Alterner

l'alternance » où il dénonçait la gestion clientéliste du pouvoir, réclamait

« d'alterner l'alternance » et annonçait la fin de l'état de grâce du nouveau pouvoir. Ce qui était presqu'une hérésie à cette époque où Abdoulaye

Wade jouissait encore d'une popularité telle qu'une critique contre lui est un gros risque qu'aurait pris son auteur.

Une autre crise va naître entre eux à l'issue de l'audit de Sud Communication. Abdou Latif Coulibaly écrit dans son ouvrage que la conclusion de cet audit révèle des «déficits importants et structurels des

sociétés (du groupe Sud Communication, NDLR), les problèmes de procédures (…), [que] Sud est endetté et souffre d'une gestion plutôt

familiale, (…) [que] Babacar Touré n'est pas contrôlable»55. La thérapie

proposée est «licenciements massifs, forte recapitalisation, etc. (…) Sud

n'est pas rentable [et] il faut vendre l'outil ou le renflouer avec un apport de

nouveau capitaux massifs»56. Si Abdou Latif Coulibaly ne dit rien sur la non

rentabilité et la recapitalisation du groupe Sud Communication proposés par les auditeurs, il récuse, en revanche, la proposition d'un licenciement massif des collaborateurs du groupe. Pour lui cette « recommandation est

tout simplement irrecevable [et que] ceux qui l'ont proposée se sont

littéralement trompés »57. L'auteur insinue que derrière ces propositions des

auditeurs se cacherait le fils du président Wade, Karim. Il en veut pour preuve la rencontre entre ce dernier et le président du groupe Sud Communication. Lors de cette rencontre Karim Wade aurait demandé à Babacar Touré de vendre le groupe et de licencier ses compagnons. Ce que refuse le patron de Sud Communication avec ces propos menaçants :

«regardez-moi bien, droit dans les yeux, est-ce que vous oseriez le répéter ce que je viens d'entendre ? Vous me demandez de me débarrasser de mes amis, parce que j'en ai de nouveaux. Est-ce que vous oseriez conseiller à votre père de se séparer de tous ceux avec qui il a cheminé depuis 1974 ? Je vous croyez plus intelligent que ça. Si jamais j'avais le malheur d'accepter votre schéma, vous m'auriez gardé sans aucune utilité, parce que quelque chose se serait cassé en moi. Vous n'aviez rien compris.

55 Abdou Latif Coulibaly – 2003, op.cit., p.274-275 56 Idem, p.275

Vous ne savez pas ce que c'est Sud [Communication]. Je pense que nous

n'avons plus rien à nous dire »58. Ainsi se termina l'audience entre Karim

Wade et Babacar Touré qui devait en avoir une autre avec le président de la république. Mais Abdou Latif Coulibaly n'a rien dit sur ce qui s'est passé entre Babacar Touré et Abdoulaye Wade à la suite de sa rencontre avec Karim Wade. En tous les cas, Sud Communication n'a pas été vendu comme l'avaient préconisé les auditeurs. Ses relations avec le pouvoir ne sont pas non plus améliorées. Au contraire ! Et la publication du livre d'Abdou Latif Coulibaly, Grand reporter à Sud Quotidien, a aggravé les rapports entre le groupe de presse et le pouvoir. Dans cet ouvrage, intitulé

«Wade, un opposant au pouvoir. L'alternance piégée ?», que la presse

sénégalaise a qualifié de «brûlot», Abdou Latif Coulibaly peint Abdoulaye Wade comme quelqu'un qui peine à rentrer dans la peau du président de la république, qui se comporte comme un éternel opposant. Le Grand reporter de Sud Quotidien n'a pas ménagé Abdoulaye Wade. Dans son ouvrage, il révèle que le président de la république a indemnisé la famille de Me Babacar Seye assassiné un samedi 15 mai 1993, à hauteur de 600 millions de francs Cfa (environs 914 mille 694,10 euros) au nom de l'État du Sénégal.

Me Babacar Sèye, Vice-président du Conseil Constitutionnel, a été assassiné dans un contexte de contestation des élections législatives de 1993. Même si la justice a condamnés les assassins du juge et a prononcé un non lieu pour le président Wade, le pouvoir socialiste d'alors et une partie de l'opinion nationale accusaient le secrétaire général du Pds, Abdoulaye Wade, d'en être le commanditaire. Arrivé au pouvoir en 2000, au lieu de chercher à éclaircir cet assassinat ou de laisser le jugement en l'état, Abdoulaye Wade, au nom de l'État, a indemnisé la famille du défunt et libéré les assassins à la surprise générale. Donc la révélation de l'indemnisation de la famille de Me Sèye, ajoutée à celle de l'origine du

montant de la réfection de l'avion présidentielle ont secoué le régime libéral. Le président de la république s'en est indigné, surtout en ce qui concerne l'origine du montant de la réfection de son avion de commandement. Car il avait indique aux Sénégalais par le biais de la presse, que la réfection de l'avion ne coûterait pas un sous à l'État. Mais d'après les enquêtes d'Abdou Latif Coulibaly, c'est le Trésor public sénégalais qui a décaissé une partie des 18 milliards 500 millions de Francs Cfa. «Ce qui est établi aujourd'hui

avec certitude, c'est qu'une partie de la facture a été payée par le Fonds routier sénégalais. Un montant de 10 milliards de Fcfa a été transféré par l'État. Le décret de transfert a été effectivement pris, signé et contresigné par le Premier ministre. Jamais il n'a fait l'objet d'enregistrement au secrétariat général du Gouvernement. Il n'a pas été non plus publié au

Journal Officiel. Le président de la république n'en a pas voulu»59.

Ces révélations d'Abdou Latif Coulibaly ont suscité un débat dans l'opinion publique sénégalaise au point que le président de la république a jugé nécessaire d'intervenir. Après avoir fait savoir qu'il a lu et annoté le livre, Abdoulaye Wade martèle le 27 juillet 2003 lors d'un retour de voyage : Abdoulaye Latif Coulibaly « est un citoyen (qui) a le droit de dire ce qu'il

pense, ce qu'il veut (...) seulement il y a des limites à ne pas franchir. Si on les franchit, il appartient au tribunal de juger ». C'est la seule réponse que

le président de la république a consacré au «brûlot» de l'été 2003. Mais ces propos d'Abdoulaye Wade cache mal sa colère à l'endroit de l'auteur qui met à la disposition du publique sénégalais et de l'opinion internationale la première grosse critique contre la gestion du nouveau régime. En fait ce sont les collaborateurs du Chef de l'État qui vont se charger de porter la réplique au grand reporter de Sud Quotidien. La plus virulente d'entre elles est celle du ministre de l'agriculture et de l'élevage de l'époque, aujourd'hui directeur de cabinet du président de la république, Habib Sy. Ce dernier a lancé un appel dans les médias pour «briser la plume satanique» de

l'écrivain-journaliste. Ces propos d'Habib Sy faisaient suite à ceux du président Wade qui disait, en wolof la langue la plus parlée au Sénégal, que

«celui qui dispose de cuillère ne se brûle pas les doigts ». Une manière

d'inviter indirectement ses proches collaborateurs de s'en prendre à l'auteur du livre.

Ce fut un tollé au niveau des intellectuels et de l'opinion nationale. Le cercle des intellectuels et initiatives du Sénégal dirigée par le professeur de sociologie à l'Université Chiekh Anta Diop, Malick Ndiaye, s'insurge et projette d'organiser un sit-in pour dénoncer les propos du ministre qui a appelé, à la limite, au meurtre. « Briser la plume d'un écrivain, d'un

chercheur ou d'un journaliste est le symbole universel du silence qu'on veut imposer à la créativité, c'est la fin. (…). C'est une fatwa (décret religieux) post Khomeni qui est incompatible avec les idéaux de l'alternance », écrit

Malick Ndiaye.

«Wade, un opposant au pouvoir. L'alternance piégée ?» a suscité

tellement de « débat » qu'il a été à l'origine de la création d'une commission d'enquête parlementaire pour éclaircir les révélations de l'auteur sur l'indemnisation de la famille de Me Sèye, le montant de la rénovation de l'avion présidentielle et l'utilisation de 400 millions de Francs Cfa (environs 610 000 euros) pour la construction d'infrastructures sportives dans le département de Mbacké (centre du Sénégal). C'est ainsi que quinze parlementaires, dont dix appartenant au groupe parlementaire libéral et démocratique, issu du Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir) ont été désignés pour l'enquête. Convoqué à se présenter devant les enquêteurs, Abdou Latif Coulibaly refuse de se rendre à l'Assemblée nationale, arguant que ceux qui sont chargés de ce dossier se sont déjà fait une opinion sur ses révélations puisqu'ils s'étaient déjà prononcés dans les médias. Finalement bloquée, la commission d'enquête parlementaire n'a pas pu poursuivre ses travaux.

L'autre « brûlot » qui a secoué le pouvoir libéral, c'est « Sénégal :

décembre 2005. Si «Wade, un opposant au pouvoir. L'alternance piégée ? » est publié en 2003, donc à quatre ans des échéances électorales, avec ce livre sur l'assassinat de Me Sèye, on est à deux ans de l'élection présidentielle à laquelle le président Wade veut se représenter. Par conséquent, un livre sur une affaire, où il est soupçonné d'avoir été au moins commanditaire par une partie de l'opinion, est susceptible de lui créer des ennuis pour sa réélection. Donc la riposte a été aussi virulente. Cette fois-ci, Abdoulaye Wade n'a pas commenté le livre. Ce sont ses proches qui s'en sont chargés. D'abord ils se sont attaqués à la principale source de Abdou Latif Coulibaly, Pape Ibrahima Diakhaté, qui avait été condamné, avec deux autres de ses amis, Clédor Sène et Assane Diop, par le justice pour avoir participé à l'assassinat du juge sénégalais. Après avoir confié son témoignage au journaliste-écrivain dans lequel il met en cause la « culpabilité des hauts responsables du Pds », selon les termes de la quatrième couverture de l'ouvrage, Pape Ibrahima Diakhaté dit « avoir

menti sur son témoignage livré au journaliste écrivain. Ce qui envenime le

débat sur cette affaire. Des proches du président Wade s'engouffrent dans la brèche pour attaquer l'auteur. Me Madické Niang, avocat d'Abdoulaye Wade au moment de l'éclatement de l'affaire, et devenu son ministre après l'accession du leader de l'opposition sénégalaise au pouvoir, réplique en écrivant lui aussi un livre : «Sénégal. Affaire Me Sèye : Le piège de

l'acharnement», édité par Le Cherche Midi, après que les Editions

l'Harmattan ont refusé. Dans la préface de ce livre, signée par Iba Der Thiam, un des principaux soutiens du président Wade, on s'attaque au directeur de l'ISSIC : «Parlons franc ! Abdou Latif Coulibaly n'est plus un

journaliste. Il est aujourd'hui un politicien, au propre comme au figuré. Il mène avec fanatisme un combat politique contre l'alternance. Son livre paru en juillet 2003, en avait administré la preuve. Celui qu'il vient de faire paraître sur l'affaire Me Seye a achevé de convaincre ceux qu'habitaient

jusque-là certains doutes sur les objectifs de cet homme »60. Dans le fond du livre, l'auteur défend Abdoulaye Wade en essayant de discréditer la thèse développée par Abdou Latif Coulibaly. D'abord en soutenant que l'auteur a couvert en son temps les péripéties judiciaires de cette affaire, pour soutenir aujourd'hui tout le contraire de qu'il a écrit dans son ouvrage «Sénégal. Affaire Me Seye. Un meurtre sur commande». En tous les cas, si les meurtriers sont connus et condamnés comme tels par la justice sénégalaise, il reste à savoir qui est ou sont le ou les commanditaires de l'assassinat du vice-président du Conseil constitutionnel, à qui revenait la tache de proclamer les résultats des élections législatives de 1993.

De toutes les façons, les différents livres écrits par Abdou Latif Coulibaly n'ont pas permis une décrispation des relations entre son groupe de presse et les autorités sénégalaises. Ces dernières croient, à tort ou à raison, que derrière le journaliste-écrivain se cachent son entreprise de presse et des opposants au régime dit de l'alternance. D'ailleurs jusqu'à présent, le président de la république a confisqué le terrain du Groupe Sud Communication sous prétexte d'une expropriation à des fins d'utilité publique. Lors de son audience avec les éditeurs de presse dirigés par le président du groupe Avenir Communication, Madiambal Diagne qui a demandé au président de la république de lever l'expropriation, Abdoulaye a répondu : «C'est moi qui ai donné au Groupe Sud Communication ces

terrains pour l'aider. La valeur des terrains s'évaluait à 150 millions de F Cfa». Mais pour le Chef de l'État si l'expropriation est levée, Sud

Communication ne doit pas vendre son bien en-dessus de sa valeur au moment du don, c'est-à-dire 150 millions. « En tant que président [de la

République, Ndlr], je ne vais pas laisser faire certaines choses. Vouloir vendre ces terrains à 6 milliards à la mairie de Dakar, c'est une opération illégale et illicite. Je n'accepterais pas que le ministre de l'Économie et des Finances achète les terrains de Sud Communication à 6 milliards. Je

60 Madické Niang – Sénégal. Affaire Maître Seye : Les pièges de l'acharnement, Le Cherche Midi, Paris, 2006,

n'accepterais pas que la mairie achète ces terrains à 6 milliards. Ça vaut 150 millions. C'est même malsain d'acheter à 150 millions et de revendre à

6 milliards»61. Pour Me Wade, en expropriant ces terrains, il voulait

préserver les deniers de l'État. Toutefois il concède pour répondre à l'une des doléances des éditeurs de presse qui voulaient que le terrain de Sud Communication lui soit restitué par l'Etat. « Je vais retirer la procédure

d'expropriation et si Sud Communication trouve un privé qui est prêt à lui

acheter les terrains à 50 milliards, il n'a qu'à les vendre »62. Une nouvelle

qui, si Abdoulaye Wade tient sa promesse, pourrait soulager le groupe Sud Communication.

Mais la tension entre le pouvoir et le groupe de presse dirigé par Babacar Touré a été aussi envenimée lorsque Sud Communication a publié