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5. Le retour en emploi

5.5. Revenus au retour en emploi

Nous avons observé qu’une proportion toujours croissante de CFD occupe des emplois à très bas revenu. Afin de confirmer cette tendance, nous étudions à présent les revenus en emploi. Plus précisément, nous étudions l’évolution du revenu moyen et du rapport entre le gain assuré et le revenu moyen parmi les personnes considérées en emploi, c’est-à-dire celles avec un revenu mensuel supérieur ou égal à 500 CHF. Nous commençons par discuter deux représentations graphiques de l’évolution des revenus avant de les étudier à l’aide d’un modèle de régression.

5.5.1. Analyses graphiques

La figure 26 montre l’évolution du revenu moyen selon le nombre de mois après l’AFD pour chaque cohorte. Elle ne concerne que les personnes en emploi.

Figure 26 – Évolution du revenu moyen des CFD selon les six cohortes d’AFD

Sources : Centrale de Compensation (comptes individuels de l'AVS) ; SECO, statistique du marché du travail

Pour l’ensemble des cadres législatifs analysés, le revenu moyen des emplois des CFD dans les deux ans suivant l’AFD augmente au cours des mois qui suivent l’AFD. On peut identifier deux grandes phases de cette évolution. On observe premièrement une hausse rapide des revenus moyens entre le premier et le septième mois après l’AFD. Par la suite, le revenu moyen continue d’augmenter, mais à un rythme moins élevé. Les courbes sont proches les unes des autres et mettent en évidence l’absence de différences importantes entre les cohortes. On notera tout de même que les revenus sont les plus élevés pendant la première cohorte.

Il convient d’être attentif au fait que l’on étudie ici l’évolution du revenu moyen et non l’augmentation du revenu d’un même individu. En fait, on peut avancer deux types d’explications quant à cette hausse du revenu moyen :

64 - Les revenus des individus en emploi augmentent.

- De nouvelles personnes arrivent en emploi et les revenus de ces emplois sont plus élevés. On peut ainsi s’attendre que les personnes qui exigent un meilleur revenu retrouvent un emploi plus tardivement, ne faisant de fait monter le revenu moyen que longtemps après l’AFD.

Figure 27 – Évolution du rapport entre revenu et gain assuré selon les cohortes d’AFD

Sources : Centrale de Compensation (comptes individuels de l'AVS) ; SECO, statistique du marché du travail

Comme nous l’avons vu dans l’introduction, le gain assuré moyen des CFD a fortement augmenté sur la période. Dès lors, les CFD des dernières cohortes peuvent vraisemblablement prétendre à des revenus plus élevés que ceux des cohortes précédentes. Afin d’identifier cet effet, la figure 27 présente l’évolution du rapport entre le revenu et le gain assuré9. On observe que dans l’ensemble des cohortes, le revenu du nouvel emploi reste inférieur au gain assuré jusqu’à un an, voire un an et demi après l’AFD10. En d’autres termes, le retour en emploi des CFD se fait vers des postes moins bien rémunérés que ceux qui précèdent l’arrivée au chômage.

On observe des écarts relativement importants entre les cohortes. Si l’on excepte la cohorte de mars 2011 dont la situation est assez exceptionnelle, on observe une nette tendance à la baisse de ce rapport.

Immédiatement après l’AFD, ce rapport varie entre 0.71 pour la première cohorte et 0.66 pour la dernière. Un an après, la variation se situe entre 1 et 0.9 pour la dernière cohorte.

9 Nous avons vérifié par ailleurs que les différences entre cohortes ne s’expliquent pas par la hausse du gain assuré maximal en janvier 2008.

10 Il n’est pas étonnant d’observer une moyenne qui puisse légèrement dépasser 1, puisque les gains assurés sont plafonnés, contrairement aux revenus obtenus par la suite.

65 5.5.2. Modèles de régression

En comparant les revenus moyens entre les cohortes, on ne tient pas compte des autres évolutions sur la période que nous avons mis en évidence dans le troisième chapitre. Pour rappel, ceux-ci concernent l’évolution des caractéristiques des CFD (nationalité, âge, niveau de formation et gain assuré) et les tendances de la conjoncture économique. Or ces différents facteurs peuvent influencer le niveau de revenu d’une personne. Il est donc nécessaire d’en tenir compte pour étudier l’impact des systèmes de prise en charge des CFD sur les revenus.

Modélisation statistique

Le modèle de régression utilisé est spécifié de la manière suivante. Nous estimons le logarithme du revenu mensuel moyen à l’aide d’un modèle linéaire mixte. L’utilisation du logarithme est courante pour étudier les revenus, ce qui permet d’écarter les problèmes d’hétéroscédasticité (ce qui est effectivement notre cas). Dans ce type de modèle, l’exponentiel du coefficient peut s’interpréter comme un facteur multiplicatif sur le niveau de revenu.

Nous avons inclus tous les mois considérés comme « en emploi », c’est-à-dire avec un revenu mensuel moyen supérieur à 500 CHF, dans les deux ans qui suivent l’AFD. L’utilisation d’un modèle multiniveaux permet de prendre en compte le fait que plusieurs observations (ici le revenu d’un mois en emploi) peuvent concerner le même individu. Ceci implique que les observations ne sont pas indépendantes les unes des autres.

Nous utilisons la même modélisation que dans le modèle sur la durabilité des emplois et nous avons donc inclus les mêmes variables dans le modèle. Afin de tenir compte de l’évolution des revenus dans les mois qui suivent l’AFD, nous avons également inclus une variable qui permet de tenir compte du temps écoulé depuis l’AFD.

Malheureusement, nous ne disposons pas d’information sur le taux d’engagement et nous n’avons donc pas pu l’inclure dans le modèle. Toutefois, nous incluons le gain assuré qui dépend fortement du taux d’engagement du dernier emploi. Pour autant qu’un CFD cherche à occuper un poste au même taux, cette information est implicitement inclue dans le modèle.

On peut estimer l’effet propre de la cohorte sur le revenu à l’aide d’une régression linéaire sur le logarithme de ce revenu mensuel. Les résultats de celui-ci sont disponibles à la section 15.1 des annexes, tableau 7. Chaque coefficient donne une mesure de la tendance à la hausse des revenus bruts supérieurs ou égaux à 500 CHF.

Selon ce modèle, les revenus mensuels ont fortement baissés en passant des cohortes les plus anciennes aux plus récentes. En d’autres termes, le système de prise en charge des CFD des cohortes les plus récentes conduit à une perte de revenu de plus en plus importante, et ce d’autant plus si l’on tient compte des caractéristiques des CFD. A notre sens, l’explication la plus probable concerne l’évolution du système de prise en charge des CFD. Comme nous le verrons dans les prochains chapitres, cette évolution est marquée par une diminution généralisée de la prise en charge des CFD (suppression des ETC, abandon des PCEF puis du RMCAS). Or les mesures offertes pourraient avoir protégé les CFD des bas revenus en leur offrant des situations alternatives. En l’absence de possibilité de prise en charge, ils sont obligés d’accepter des postes à très bas revenus.

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Cette analyse nous permet également de dresser le profil des CFD avec les plus bas revenus. Il s’agit de :

- CFD Femmes.

- CFD de moins de 30 ans ou de plus de 50 ans.

- CFD avec un bas niveau de formation.

- CFD avec un gain assuré faible.

- CFD dont l’AFD a lieu pendant une période avec une croissance économique négative.

- Les CFD ayant exercé leur dernier emploi dans les secteurs « Activités spécialisées, scientifiques et techniques et activités de services administratifs et de soutien » et « Administration publique, défense, enseignement, santé humaine et action sociale » sont ceux qui ont les revenus mensuels les plus bas en comparaison avec le secteur de la « Construction ».

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