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5. Le retour en emploi

5.4. Durabilité du retour en emploi

Comme nous l’avons vu, les retours en emploi des CFD sont marqués par une grande instabilité. Nous nous proposons d’étudier à présent la durabilité des emplois obtenus. Il convient toutefois de préciser que notre mesure de l’emploi se base sur la présence d’un revenu mensuel sans interruptions. Ceci implique que nous ne disposons pas d’information sur d’éventuels licenciements ou fins de contrat

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n’ayant pas conduit à une interruption du revenu mensuel. Nous sous-estimons donc, dans une certaine mesure, l’instabilité des emplois. Nous mesurons l’arrêt de l’emploi, défini comme l’absence d’un revenu supérieur ou égal à 500 CHF ou 2’500 CHF selon les analyses.

Les analyses qui suivent sont basées sur tous les épisodes d’emplois observés pendant les deux premières années qui suivent l’AFD. Ainsi, il est possible que plusieurs épisodes d’emploi concernent un même individu qui aurait obtenu plusieurs emplois de courte durée pendant ces deux années.

5.4.1. Les emplois avec un revenu brut supérieur ou égal à 500 CHF

Figure 24 – Proportion d’épisodes d’emploi selon la durée d’emploi avec un revenu brut supérieur à 500 CHF selon les cohortes d’AFD

Sources : Centrale de Compensation (comptes individuels de l'AVS) ; SECO, statistique du marché du travail

La figure 24 représente des courbes de survie qui décrivent la proportion d’épisodes d’emploi8 en cours selon le nombre de mois consécutifs passés avec un revenu brut supérieur ou égal à 500 CHF pour chaque cohorte d’AFD.

Les courbes de survie diminuent régulièrement dans toutes les cohortes. La pente de celles-ci baisse également, ce qui signifie que ceux qui gardent un revenu supérieur à 500 CHF pendant plusieurs mois ont moins de chances de connaitre une interruption. On observe un nombre élevé d’épisodes de revenu supérieur à 500 CHF de courte durée. Ainsi, 10% des épisodes de revenus ne dépassent pas la durée d’un mois. Après 5 mois, 70% des emplois sont encore en cours, 60% après 10 mois et entre 40 et 50% après 20 mois. Pour les emplois avec des revenus de 500 CHF ou plus, le risque de discontinuité de l’emploi diminue donc avec la durée de celui-ci.

8 Chaque CFD peut avoir connu plusieurs épisodes d’emploi après l’AFD et apparaître ainsi plus qu’une fois dans la courbe de la cohorte d’appartenance.

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L’évolution au fil des cohortes ne montre pas de changements importants. On observe une légère hausse de la stabilité de l’emploi dans les deux dernières cohortes. À titre d’exemple, 12 mois après l’AFD, 48% des épisodes d’emploi avec un revenu d’au moins 500 CHF dans la première cohorte ont été interrompu, 52% dans la deuxième 51% dans la troisième, 49% dans la quatrième et 43% dans la cinquième (le pourcentage pour les trajectoires de la dernière cohorte n’est pas donné puisque celles-ci sont plus courtes que 12 mois) (cf. tableau 20 dans la section 15.4 des annexes).

5.4.2. Les emplois avec un revenu brut supérieur ou égal à 2'500 CHF

La figure 25 reproduit les mêmes analyses que la précédente, mais en utilisant des revenus bruts supérieurs à 2'500 CHF. Les résultats confirment ce que nous avions observé précédemment. À titre d’illustration, 12 mois après l’AFD, 48% des épisodes d’emploi avec un revenu d’au moins 2’500 CHF dans la première cohorte ont été interrompu, 54% dans la deuxième 49% dans la troisième, 49% dans la quatrième et 43% dans la cinquième (le pourcentage pour les trajectoires de la dernière cohorte n’est pas donné puisque celles-ci sont plus courtes que 12 mois) (cf. tableau 21 dans la section 15.4 des annexes).

Figure 25 – Proportion d’épisodes d’emploi selon la durée d’emploi avec un revenu brut supérieur à 2’500 CHF selon les cohortes d’AFD

Sources : Centrale de Compensation (comptes individuels de l'AVS) ; SECO, statistique du marché du travail

On remarque cependant une nouvelle tendance pour la deuxième cohorte qui est marquée par une plus grande instabilité des emplois dont le revenu est supérieur à 2'500 CHF. Ceci pourrait s’expliquer par la crise économique qui a touché cette cohorte. Les CFD seraient ainsi particulièrement touchés par les évolutions économiques.

61 5.4.3. Modèles de régression

Les modèles de régression imbriqués présentés dans les tableaux 6a et 6b de la section 15.1 des annexes permettent d’étudier les différences de durabilité des emplois entre cohortes tout en prenant en compte les autres évolutions observées sur la période, notamment le changement des caractéristiques des CFD et les tendances conjoncturelles (cf. chapitre 3). Plus précisément, nous étudions, comme précédemment, le risque d’interruption d’un épisode de revenu supérieur à 500 ou 2'500 CHF par mois. En d’autres mots, le but est de voir dans quelle mesure le fait d’être arrivé en fin de droits pendant une cohorte plutôt que pendant une autre a un effet sur la durabilité de l’emploi des CFD en gardant constantes (ou, comme on dit en statistique, en contrôlant pour) les autres variables inclues dans le modèle. De cette manière, nous pouvons tester l’effet propre des changements législatifs sur la durabilité du retour en emploi des CFD en nous assurant qu’il ne soit pas le produit des autres évolutions observées sur la période.

Dans le reste de cette sous-section, nous décrivons les résultats des modèles de régression relatifs à la durabilité du revenu. Nous donnons des interprétations qui sont accessibles au lecteur non familier avec ces outils statistiques et qui n’exigent pas de consulter les résultats eux-mêmes dans les annexes.

Les commentaires sont centrés sur les différences entre les cohortes. Lorsque des tendances dignes d’attention apparaissent dans les variables de contrôle, elles font également l’objet de remarques.

Les modèles confirment les tendances observées à l’aide des courbes de survie. La deuxième cohorte, ainsi que la troisième (mais seulement pour les revenus supérieur à 500 CHF), présentent un risque significativement plus élevé de connaître une fin de revenu que la première. Nous pensons que ceci s’explique par la mauvaise conjoncture qui a marqué ces deux cohortes. Il est probable que la variation du PIB ne mesure qu’imparfaitement la conjoncture économique pour établir clairement ce lien. Ce risque est significativement moindre dans les deux dernières cohortes, mais cette différence est non significative pour la durabilité des revenus supérieurs à 2'500 CHF. Ceci suggère que l’amélioration de la durabilité concerne les revenus entre 500 CHF et 2'500 CHF uniquement.

Ces modèles nous permettent également de dresser le profil des CFD les plus à risque de connaitre une interruption de leur revenu. On constate que :

- La durabilité du revenu des CFD femmes est significativement plus élevée que celle des CFD hommes.

- Les CFD sans formation tertiaire ont plus de risques que les autres de connaitre une interruption de revenu, mais uniquement pour les revenus supérieurs à 500 CHF.

- Un gain assuré élevé protège les CFD contre le risque d’interruption du revenu.

- Enfin, les CFD provenant de la branche « Construction » ressortent comme la catégorie la plus exposée à l’interruption de revenu.

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Modélisation statistique

Nous utilisons un modèle de Cox pour estimer la durabilité des emplois. Dans ce type de modèle, on s’intéresse à mesurer l’influence des facteurs explicatifs sur le risque qu’un événement se produise à un temps t. Si un facteur augmente le risque, la durée jusqu’à ce que l’événement se produise est plus courte que dans le cas où celui-ci diminue le risque.

Le modèle de Cox repose sur l’hypothèse de proportionnalité des risques. Selon cette hypothèse, les différences de risque (par exemple entre deux cohortes) sont constantes au cours du temps. Les risques associés aux courbes de survie présentées dans les figures 20 et 22 ne violant pas clairement cette hypothèse, nous avons choisi d’utiliser ce modèle, car il reste relativement simple.

Nous devons ici tenir compte du fait qu’une même personne a pu occuper successivement plusieurs emplois de courte durée, c’est-à-dire que nous étudions des événements récurrents. A cet effet, nous utilisons ici un modèle de Cox mixte (ou multiniveau) avec un effet aléatoire pour l’individu. Cette stratégie permet de prendre en compte la non indépendance des observations provenant d’un même individu.

La construction des modèles suit la logique suivante. Afin d’estimer l’effet propre de chaque cohorte, il est nécessaire de prendre en compte que la population des CFD a changé au cours de la période étudiée du point de vue des caractéristiques sociodémographiques, de la période de

Sexe, nationalité, classe d’âge, niveau de formation.

Période de chômage et emploi précédents

Branche économique, gain assuré, motif de libération de la période de cotisation, nombre de jours du délai d’attente, nombre de jours maximal d’indemnités, nombre de jours d’indemnités reçues, nombre de jours avec des indemnités et un gain intermédiaire, nombre de jours avec des indemnités et une mesure de réinsertion.

Conjoncture économique

Variation du PIB en pourcent durant le trimestre de l’AFD.

Une description plus détaillée de ces variables est disponible dans le tableau 2 de la sous-section 2.1.1.

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