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Clés d'interprétation de l’analyse de survie

13. Indicateurs synthétiques

15.5. Clés d'interprétation de l’analyse de survie

Cette section est consacrée à la présentation des courbes de survie, un outil statistique fondamental pour comprendre les analyses graphiques présentées dans le corps du texte. Le but n'est pas de s'intéresser dans le détail aux techniques statistiques permettant de les obtenir, mais de se concentrer que sur les aspects donnant la possibilité au lecteur non familier avec ces méthodes de les interpréter. Il s'agit d'abord de décrire chaque représentation graphique en montrant quels éléments de compréhension elle permet d'apporter sur la population de CFD prise en compte. Ensuite, le lecteur est amené à connaître spécifiquement comment ces informations peuvent être déduites à partir de l'outil graphique. Enfin, nous donnons aussi un aperçu sur la portée des interprétations faites à partir de chaque représentation. Il est important de souligner quelles informations chacune apporte, mais d'en mettre en évidence également les limites. Pour les décrire, nous faisons recours à des exemples obtenus à partir des données utilisées pour analyser les trajectoires des CFD.

En s'intéressant à l'impact que l'attribution d'une mesure ou le fait de connaître un certain état peuvent avoir sur les trajectoires des CFD, la première dimension à prendre en compte concerne l'accès à chacune de ses mesures. Combien de CFD connaissent-ils au cours de leur trajectoire une certaine mesure ou un certain état ? Est-ce que l'accès à l'état ou à la mesure en question a lieu pour la plupart des individus dans les premiers mois après l'AFD ou se fait-il plus tardivement ? Les chances d'y avoir accès varient-elles entre les différentes cohortes ?

Être en mesure de répondre à de telles questions est fondamentale pour comprendre quelle proportion d'individus est concernée par un certain état ou une certaine mesure, pour voir à quel moment l'accès a lieu et pour constater s'il y a des différences dans les chances d'accès à la suite des réformes majeures du dispositif de réinsertion. L'analyse de survie est une technique statistique permettant d'aborder ces différents questionnements. Elle donne la possibilité de le faire sous plusieurs formats (tableaux numériques, tests statistiques...), mais ici nous nous concentrons sur la forme la plus intuitive de résultat que ce type d'analyse permet de produire. Il s'agit de s'intéresser aux représentations graphiques qu'une telle technique permet d'obtenir, appelées « Courbes de survie ».

Pour arriver à produire ces courbes, nous nous servons dans cette étude de l'estimateur de Kaplan-Meier (Kaplan et Meier, 1958).

La figure 71, à la page suivante, présente une courbe de survie s'intéressant aux chances de faire retour en emploi pour au moins trois mois consécutifs avec un revenu brut minimal de 2’500 CHF. L'axe horizontal indique le nombre de mois après l'AFD et celui vertical la proportion d'individus n'ayant pas encore réussi à se réinsérer sur le marché du travail. Chaque point de la courbe désigne le pourcentage de CFD n'ayant pas retrouvé un emploi pour au moins trois mois et gagnant au moins de 2’500 CFD un certain nombre de mois après l'AFD. Par exemple, on observe que, 10 mois après l'AFD, un peu moins que 80 % des CFD n'ont pas encore eu la possibilité de trouver un emploi remplissant les deux critères précités. À 20, 30 et 40 mois suivant l'AFD, cette proportion descend respectivement 60, 55 et 50 %. On voit aussi que la part d'individus n’ayant pas réussi pas à se réinsérer sur le marché du travail continue à diminuer au fil des mois, les chances de faire retour en emploi étant non nulles même quelques années après l’AFD. Il s'agit d'une constatation à laquelle la courbe de survie permet d’arriver sans devoir faire

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des comparaisons entre ses différents points. En effet, on voit qu'elle descend rapidement dans les premiers mois, mais elle continue à décliner même par la suite.

Figure 71 – Courbe de survie décrivant les chances d’accès à un emploi avec un revenu brut supérieur ou égal à 2’500 CHF pour au moins 3 mois entre 2007 et 2012

Sources : Centrale de Compensation (comptes individuels de l'AVS) ; SECO, statistique du marché du travail

Pour rendre mieux l'idée, il est utile de montrer une courbe de survie ayant des caractéristiques opposées à celles symbolisant le retour en emploi. La figure 72 rend compte des chances d'avoir accès à un emploi de solidarité après l'AFD. On voit que la proportion d'individus recevant cette mesure, à peu près 5 %, diminue rapidement au cours des premiers mois en stagnant par la suite. Les chances de participation à un emploi temporaire deviennent presque nulles pour les individus n'ayant pas reçu cette mesure au cours des premiers mois. La sélection pour prendre part à ce type de programmes se fait très précocement après l'AFD.

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Figure 72 — Courbes de survie décrivant les chances d’avoir accès à un EdS entre 2007 et 2013 Sources : Office cantonal de l’emploi; SECO, statistique du marché du travail

Après avoir analysé deux courbes de survie rendant compte des chances de connaître un certain état pour l'ensemble des CFD, il est utile de voir comment interpréter des courbes de survie représentant séparément des catégories de CFD. La figure 73 montre les chances de retour en emploi selon les différentes cohortes. On constate que les courbes associées à chaque cohorte sont pratiquement superposées. Cela signifie que, au niveau des cohortes d'AFD, il n'y a pas de différences significatives dans les chances de faire retour en emploi.

Figure 73 – Courbe de survie décrivant les chances d’accès à un emploi avec un revenu brut supérieur ou égal à 2’500 CHF pour au moins 4 mois entre 2007 et 2012 selon les cohortes d’AFD

Sources : Centrale de Compensation (comptes individuels de l'AVS) ; SECO, statistique du marché du travail

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La figure 74 représente des courbes de survie associées aux chances de faire retour en emploi selon les classes d'âge. En ce cas, puisque les courbes sont bien distinctes les unes des autres, on peut affirmer qu'il y a des différences significatives dans les chances de retour en emploi entre les différentes classes d'âge. Plus précisément, puisque leur courbe se situe au-dessous des autres au cours de toute la période, les jeunes sont ceux ayant plus de chances d'être réintégrés sur le marché du travail. Ils sont suivis par les deux groupes d'âge moyen et enfin par les personnes âgées plus de 55 ans. Il y a une claire relation entre l'âge d'un CFD et ses chances de faire retour en emploi.

Figure 74 – Courbe de survie décrivant les chances d’accès à un emploi avec un revenu brut supérieur ou égal à 2’500 CHF pour au moins 4 mois entre 2007 et 2012 selon les classes d’âge

Les courbes de survie sont un outil très puissant permettant de montrer de manière très intuitive les chances d'accès à une mesure pour l'ensemble des CFD. Elles donnent aussi la possibilité de voir comment les accès sont distribués au fil du temps. Enfin, comme il a été montré, l'analyse de survie peut aussi être utilisée pour tester s'il existe de différences significatives dans les chances d'accès à un certain état entre différents groupes de CFD. Comme le lecteur a sans doute deviné, elles présentent cependant une principale limite. L'analyse de survie se concentre sur l'accès à un état, sur la probabilité de connaître un événement après un certain laps de temps, mais elle ne donne pas de renseignements sur la suite des trajectoires. En particulier, il n'est pas possible de connaître pour combien de temps l'état ou la mesure s'est prolongée dans le temps. Il n'est non plus possible de savoir quelle séquence d'états suit celui pris en compte. L'analyse de trajectoires permet de remédier à ces limites. Les clefs d’interprétation de l’analyse de trajectoires sont présentées au quatrième chapitre du corps du texte.

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