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N ous avons précédem m ent insisté sur l’idée que notre proposition d ’ouverture du concept de dilem m e de contact se v eut une m anière de lui perm ettre de rendre com pte d ’une plus large part des réalités cliniques auxquelles est exposé le thérapeute en PG RO . N otre recours à des catégories, qui invitent le clinicien à tenir com pte de diverses dim ensions de la pathogenèse (soit les contextes dyadiques déficitaires, les contextes dyadiques conflictuels, les contextes triadiques déficitaires et les contextes triadiques conflictuels), se veut un effort pour y parvenir. Or, s ’il est couram m ent adm is que l’un des m anques inhérent aux différents m odèles s ’inscrivant dans la perspective existentielle-hum aniste concerne le nom bre restreint de théories du développem ent s ’inscrivant dans ce courant, le fait de fournir aux thérapeutes en PG RO des balises plus claires pour tenter de saisir les enjeux développem entaux de leurs clients se veut à la fois innovateur et pertinent : c ’est là un prem ier apport de notre recherche aux connaissances actuelles. Cela est susceptible d ’aider ces thérapeutes, lors de leurs dém arches réflexives et diagnostiques, à form uler de m eilleures inférences étiologiques, celles-ci trouvant une résonnance dans les im passes de contact qui sont reproduites dans les divers cham ps expérientiels (incluant « l ’ici-m aintenant » de la relation thérapeutique). N ous avons vu en quoi la PG RO représente un m odèle in tégratif de la psychothérapie, qui s ’appuie sur une ouverture m ultim odale des différentes hypothèses étiologiques et qui propose au thérapeute de se référer à plusieurs m odèles théoriques tout au long de sa dém arche réflexive pour élaborer sa com préhension de la pathologie de ses clients. Par conséquent, nous som m es d ’avis q u ’une telle approche intégrative se doit de porter un éclairage large

sur les facteurs im pliqués dans le développem ent des troubles de la personnalité : une approche m ultim odale doit aussi se doter d ’outils m ultim odaux. Or, tel que nous l’avons décrit précédem m ent, ce n ’est pas tout à fait ce que nous observons en réalité : la form ulation actuelle statique du concept de dilem m e de contact, dans sa m anière de rendre plus aisém ent com pte de la dim ension conflictuelle de la pathogenèse, sem ble rom pre avec l’esprit d ’une approche m ultim odale. Ici encore, nous ne rem ettons pas en question le fait que le m odèle de la PG RO reconnaisse l’impact des déficits sur le développem ent des troubles de la personnalité : à notre avis, c ’est la form ulation actuelle du concept de dilem m e de contact qui ne perm et pas suffisam m ent d ’en rendre com pte. N ous croyons donc que notre recherche, en perm ettant une ouverture du concept de dilem m e de contact de m anière à reconnaître une plus large part des réalités cliniques et à fournir aux thérapeutes de m eilleures balises pour tenter de saisir les enjeux développem entaux, contribue à la fois à l’essor de la PG RO et au caractère m ultim odal de cette approche. 11 s ’agit pour nous d ’une occasion de contribuer à l’actualisation de la théorie propre à la PG R O : la pertinence de ce projet de recherche pour la pratique professionnelle concerne d ’abord et avant tout le travail de transm ission et d ’apprentissage du m odèle de la PG RO ainsi que les expériences de supervision dans le cadre de ce m odèle. Ce projet représente l’am orce d ’une réflexion théorique susceptible d ’offrir de nouvelles perspectives à l’application clinique du m odèle de la PG RO. P uisqu’à ce jo u r, il n ’existe rien au sein du m odèle de la PGRO qui puisse aider les cliniciens à éclairer les reproductions de leurs clients par le biais de m eilleures inférences étiologiques, nous croyons q u ’il s’avère pertinent d ’em prunter aux autres

m odèles qui se sont intéressés à cet enjeu to u t en veillant à dem eurer valables épistém ologiquem ent. V oilà pourquoi la proposition de K arasu nous sem ble pertinente : elle tend à résister à l’épreuve de la confrontation avec du m atériel issu de thérapeutes pratiquant dans cette approche spécifique.

R e to u r à nos ré s u lta ts , en lien avec la q u e stio n d e rech erch e. D ’abord, dans le cadre de notre dém arche visant la vérification de l’accord interjuge, les résultats que nous avons obtenus aux calculs des C oefficients de K appa se sont m ajoritairem ent avérés statistiquem ent significatifs. En observant ce qui se dégage des résultats que nous avons obtenus lors de l’analyse de nos données, nous constatons une dom inance, dans le récit des différents thérapeutes pour tenter d ’expliquer l’origine et le sens du trouble de la personnalité de leur client, des enjeux déficitaires sur les enjeux conflictuels. Sans affirm er que cette tendance soit généralisable, cela m et m algré tout en évidence l’im portance d ’une form ulation du dilem m e de contact qui perm ette de rendre com pte de ces dim ensions. Il sem ble donc y avoir un écart, d ’une part entre les réflexions faites par les thérapeutes de cette approche pour tenter de com prendre l’origine et le sens du trouble de la personnalité de leurs clients, qui peuvent m ajoritairem ent se rapporter à la dim ension déficitaire de la pathogenèse et, d ’autre part, la problém atique que nous soulignons dans la form ulation actuelle du dilem m e de contact et qui concerne sa tendance à rendre m ieux com pte des enjeux étiologiques conflictuels. Pour tenter de com prendre com m ent des thérapeutes travaillant à partir d ’un concept théorique favorisant l ’élaboration conflictuelle en arrivent à des présentations de cas où les

références à la dim ension déficitaire de la pathogenèse dom inent, nous devons analyser la m anière dont chacun fait usage du dilem m e de contact. C ’est ce que nous avons fait lors de l’analyse de nos résultats, tel que nous en avons fait état dans les tableaux 19 à 27. Or, nous avons pu observer en quoi très peu de thérapeutes respectaient la form ulation actuellem ent proposée pour le dilem m e de contact. D ’abord, trois (3) des n e u f (9) thérapeutes n ’ont tout sim plem ent pas eu recours au dilem m e de contact pour rendre com pte de leur com préhension du sens et de l’origine du trouble de la personnalité de leur client et ce, bien q u ’ils se soient prêtés à la dém arche de diagnostic structural propre à la PGRO, qui inclue ce concept. N ous avons observé en quoi les deux (2) seules présentations de cas où des thérapeutes ont utilisé le dilem m e de contact en respectant sa form ulation actuelle, qui décrit une configuration du contact organism e- environnem ent dans le cham p où quelque chose était éprouvé com m e à la fois indispensable et intolérable pour la survie, contenaient une m ajorité d ’hypothèses étiologiques se rapportant à la dim ension conflictuelle de la pathogenèse (voir les tableaux 21 et 27). Enfin, en ce qui concerne les quatre (4) présentations de cas restantes, nous y avons trouvé une m ajorité d ’inférences étiologiques se rapportant à la dim ension déficitaire de la pathogenèse et, dans tous les cas, les form ulations du dilem m e de contact n ’étaient pas conform es aux balises théoriques proposées pour ce concept. Ces observations viennent à notre avis supporter l’idée que nous défendons et selon laquelle le m odèle de la PG RO et les thérapeutes de cette approche reconnaissent l’im pact des déficits sur le développem ent des troubles de la personnalité, m ais ne peuvent en rendre com pte à travers la form ulation actuelle du dilem m e de contact. Elles

sem blent égalem ent appuyer le fait que form ulation actuelle du dilem m e de contact est caduque, en se m ontrant statique et en m enant plus aisém ent à la reconnaissance de la dim ension conflictuelle de la pathogenèse. En revanche, le discours des thérapeutes arrive à contourner cette problém atique et perm et quant à lui de retrouver une vision clinique plus large : les résultats obtenus indiquent q u ’à partir de l’analyse du discours de thérapeutes sur la pathologie de leurs clients, nous avons trouvé des élém ents se rapportant à chacune des dim ensions qui form ent nos catégories : à titre de rappel, les dim ensions déficitaire et conflictuelle ont représenté respectivem ent 60,74 % et 39,26 % des cotations qui ont été faites. Q uant à elles, les dim ensions dyadique et triadique se partagent respectivem ent 37,22 % et 62,78 % des cotations. Par conséquent, nos résultats im pliquent que l’on pourrait faire des élaborations plus facilem ent à l’aide de nos quatre catégories que par le biais de la form ulation actuelle du dilem m e de contact.

Toutefois, nous rem arquons q u ’il sem ble toujours y avoir l’une ou l’autre des catégories que nous avons développées qui se trouve sous-représentée dans le discours de chaque thérapeute ayant participé à notre recherche pour rendre com pte des facteurs étiologiques en cause dans le développem ent du trouble de la personnalité de son client. D ’une part, nous ne doutons pas que cette observation puisse être le reflet de contextes im pliquant qu’il y ait eu, dans le passé développem ental d ’individus aux prises avec un trouble de la personnalité, une dom inance m ajeure ou une relative absence de l’une ou l’autre des dim ensions auxquelles renvoient nos catégories. D ’autre part, nous som m es conscients du fait que différents biais perceptuels présents à la fois chez le client (se

rapportant par exem ple

à

un souvenir, une représentation ou une com préhension

partielles des enjeux ayant le plus fait obstacle

à

la com plétion de ses enjeux

développem entaux), chez le thérapeute (im pliquant p ar exem ple une sensibilité inégale aux enjeux déficitaires, conflictuels, dyadiques ou triadiques, en lien avec son propre parcours développem ental et ses com pétences affectives particulières) et chez les ju g es (en lien avec leur com préhension respective du sens, de l’étendue et des lim ites de chaque catégories) peuvent avoir m ené à une telle sous-représentation de l’une ou l’autre de nos catégories. Ces aspects seront traités davantage ultérieurem ent, lorsque nous présenterons les lim ites de notre recherche.