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Le contexte qui a m ené à l’ém ergence des questions et objectifs de notre recherche s ’inspire partiellem ent de l’analyse par théorisation ancrée, approche introduite par G laser et Strauss (1967) et reprise par Paillé (1994). Bien que nous n ’ayons pas form ellem ent procédé à une dém arche de théorisation ancrée, si nous nous référons à ce

type d ’analyse de données, c ’est q u ’elle perm et de rendre com pte à la fois du contexte qui a m ené à l’ém ergence de notre projet de recherche, du fil de l’évolution de notre réflexion et de l’élaboration de notre contexte théorique. Le fait de décrire les étapes prélim inaires de notre réflexion, en s ’inspirant partiellem ent de l’analyse par théorisation ancrée, représente pour nous un effort pour favoriser la com préhension générale de notre dém arche, en précisant son contexte d ’origine. L ’analyse par théorisation ancrée est une m éthode d ’analyse de données issue d ’une adaptation et d ’une traduction des travaux de G laser et Strauss (1967) sur la « grounded theory » (M iron, 2004). 11 s ’agit essentiellem ent d ’une dém arche de théorisation qui se construit à partir de données em piriques et dont le processus im plique une m ise en relation constante et sim ultanée entre d ’une part, les données ou les réalités observées et, d ’autre part, l’analyse ou la théorisation en ém ergence (Paillé, 1994). Elle se caractérise par des allers-retours constants entre les données em piriques et l’analyse visant la théorisation (M iron, 2004). Cela im plique une dém arche de com paraison continuelle qui s ’effectue à différents niveaux : entre les données recueillies, entre les données et les m odèles théoriques, etc. (M iron, 2004). Selon Paillé (1994), l’analyse par théorisation ancrée consiste en la théorisation progressive d ’un phénom ène et sa dém arche peut aussi bien porter directem ent sur les données em piriques que sur leur inscription m atérielle dans diverses form es. La sim ultanéité de la collecte et de l’analyse des données est l’une des principales caractéristiques de cette m éthode (Paillé, 1994).

qui accom pagne ces supervisions). C ’est à travers une série d ’allers-retours entre nos observations cliniques, notam m ent la difficulté que nous rencontrons dans l’utilisation du concept de dilem m e de contact, et la littérature, c ’est-à-dire les écrits portant sur ce concept dans le m odèle théorique de la PG RO et les sources d ’inspirations alternatives que nous avons trouvées chez d ’autres auteurs, que s ’est précisée cette réflexion. N ous en som m es arrivés à un projet de contribution à l’essor du m odèle théorique de la PGRO, visant à offrir au concept de dilem m e de contact une nouvelle form ulation, susceptible de pallier à ses lim ites actuelles. Cette trajectoire, im pliquant d ’abord les données em piriques recueillies sur le terrain, l’alternance entre ces données et différents m odèles théoriques et l’aboutissem ent dans un projet de théorisation, s ’apparente à celle de la dém arche d ’analyse par théorisation ancrée.

De m anière plus spécifique, c ’est dans le cadre de nos fonctions de psychologue clinicien et dans nos interactions auprès de clients et d ’autres thérapeutes que notre intérêt pour les difficultés posées par la form ulation actuelle du concept de dilem m e de contact a ém ergé. Par conséquent, notre position de départ im pliquait une présence « sur le terrain » ou un contact avec les données du m onde em pirique antérieur à la recherche théorique. De façon plus spécifique, c ’est à travers différents suivis de psychothérapie auprès d ’individus aux prises avec un trouble de la personnalité, dans une intervention

propre au m odèle de la Psychothérapie gestaltiste des relations d’objet (PG R O ), q u ’est apparue une expérience récurrente dans l’utilisation du concept de dilem m e de contact tel que défini par D elisle (1998). Cette expérience était liée au constat selon lequel nos efforts visant la form ulation d ’hypothèses étiologiques sur le sens et l’origine des troubles de la personnalité de nos clients, dans le cadre de la dém arche d ’évaluation propre au diagnostic structural et im pliquant le recours au concept de dilem m e de contact, ne nous perm ettaient pas de bien rendre com pte des spécificités relatives aux parcours développem ental propre à chacun. M algré les im portantes différences dans le vécu fam ilial, dans l’histoire développem entale et dans la nature des enjeux sous-jacents aux difficultés de chacun, nous avons constaté des sim ilarités dans l’énonciation et la définition des dilem m es de contact tel que l ’entend un diagnostic structural propre au m odèle de la PGRO. Cette observation a ensuite trouvé une résonnance dans notre travail de supervision de jeunes thérapeutes soucieux de s ’initier au m odèle. Ce fût là le point de départ d ’une dém arche progressive visant à cerner et com prendre les difficultés dans l’utilisation clinique du concept théorique de dilem m e de c o n ta c t: à travers un enchaînem ent d ’allers-retours entre l ’expérience clinique et les m odèles théoriques, nous nous som m es graduellem ent proposé une dém arche visant une nouvelle théorisation, susceptible d ’enrichir la form ulation actuelle du concept de dilem m e de contact. En ce sens, l’esprit et le processus de cette prem ière phase de notre dém arche s ’inspire en partie de l’analyse par théorisation ancrée telle que définie par Paillé (1 9 9 4 ): des données em piriques recueillies dans le cadre de notre travail clinique ont sim ultaném ent fait ém erger une analyse qui nous a m ené vers un effort de théorisation. Ce processus

graduel, caractérisé par la sim ultanéité de la collecte et de l’analyse des données et im pliquant des allers retours et des com paraisons continuels entre les univers cliniques et théoriques, a pu s ’observer à différentes étapes lors de l’am orce de notre dém arche : dans le cadre de la dém arche d ’évaluation diagnostique en PG R O , im pliquant l’énonciation d ’inférences quant au sens et à l’origine du trouble de la personnalité des clients rencontrés ; lors de l’observation d ’une difficulté récurrente dans l’utilisation du concept de dilem m e de contact ; dans le retour aux textes et aux théories, pour y chercher des éclaircissem ents susceptibles de nous aider à faire com prendre cette difficulté ; dans la poursuite des interventions avec différents clients pour valider les réflexions en ém ergence; lors de l’am orce de consultations auprès d ’autres cliniciens d ’approche PG RO pour sonder leur expérience clinique avec le concept de dilem m e de contact ; dans la confirm ation des difficultés qui sem blent exister autour de l’utilisation du concept théorique, c ’est-à-dire des form ulations souvent sem blables, perm ettant difficilem ent de rencontre com pte de la dim ension déficitaire de la pathogenèse ; lors de l’exploration des travaux d ’autres auteurs sur la pathogenèse ou sur P édologie des troubles de la personnalité, pour trouver des sources d ’inspiration alternatives ; dans l’am orce de la définition de notre question de recherche et de nos objectifs, en vue de la proposition d ’une nouvelle théorisation im pliquant la redéfinition du concept de dilem m e de contact dans la théorie de la PG RO ; etc. Cette am orce de notre dém arche fût donc à la fois ancrée dans le travail clinique propre à la PGRO et alim entée par une réflexion théorique sim ultanée faite d ’allers-retours entre les données em piriques et les m odèles théoriques. Elle nous a perm is de m ettre en lumière une difficulté dans

l’utilisation du concept de dilem m e de contact en PG RO : celle concernant l’aspect statique de la form ulation actuelle de ce concept, qui perm et m ieux de rendre com pte de la dim ension conflictuelle que de la dim ension déficitaire de la pathogenèse lors de la dém arche de diagnostic structural propre à ce m odèle. Cette étape prélim inaire de notre dém arche nous a perm is d ’identifier, dans les travaux d ’autres auteurs, des m odèles théoriques alternatifs susceptibles de venir y pallier. À cet effet, les travaux de K arasu (1992, 1995), qui proposent des distinctions entre les relations prim aires « dyadiques » et « triadiques » et différencie les contextes développem entaux se rapportant à des « conflits » de ceux propres à des « déficits » nous a sem blé représenter une proposition théorique qui, appliquée au concept de dilem m e de contact, perm ettrait peut-être d ’apporter des solutions à notre problém atique de recherche. C ’est du m oins la question que nous cherchons à éclairer, en partant de l’idée selon laquelle l’étiologie des troubles de la personnalité concerne des configurations plus larges que celles se rapportant aux conflits, davantage reconnus par le concept de dilem m e de contact en PG RO .