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VI. Conclusion

6.1 Retour réflexif :

Je vais reprendre toutes les questions de recherche et y répondre de manière succincte.

- Quels sont les points de vue des jeunes sur la question de l’autorité et en particulier concernant celle de leurs professeurs ?

Ma première question dans l’entretien consistait à demander aux jeunes d’associer des mots à celui de l’autorité, cela afin de savoir comment les adolescents se représentaient l’autorité en générale. Ces derniers emploient des mots et assimilent des synonymes différents pour qualifier l’autorité. Effectivement, les mots qu’ils associent à l’autorité dépendent de leurs expériences personnelles, de leur vécu et aussi de leur rapport à l’autorité, propre à chacun.

J’ai pu regrouper ces mots en quatre catégories afin de comprendre les liens entre eux et de les analyser. Ils ont énoncé certaines personnes ou institutions comme « policiers », « état », qui possèdent une autorité de statut accordée par la société. Ils ont également donné des mots que j’ai qualifiés d’objets symboliques comme les règles. Le mot « règles » constitue un univers abstrait, assez flou et général. En associant les mots : « règles » et « professeur », par exemple, le terme « règles » devient plus concret car nous arrivons à nous le représenter.

Effectivement, l’enseignant est celui qui instaure les règles dans une classe, un système connu de tous. Cependant nous n’avons pas tous été dans la même classe avec le même professeur, ce qui montre que le mot « règles » possède à la fois une signification générale que tout le monde connaît mais également une signification personnelle qui est propre à chaque individu.

Les jeunes ont ensuite donné quelques qualificatifs de personnes qui ont de l’autorité, comme être « sévère » ou « strict » ou d’autres mots de même catégorie, faisant partie du champ sémantique de l’autorité qui sont : « obéissance », « méchanceté ». Ils ont également cité des phrases qui montre ce qu’une personne qui a de l’autorité fait, comme par exemple « elle dit des ordres et on doit lui obéir ». Quelques mots ont été cités par plusieurs adolescents :

« professeurs », « parents », « respect », « lois », « pouvoir » et « sévère ».

Ma deuxième question de l’entretien concernait l’autorité des professeurs. Je voulais savoir comment les adolescents la percevaient. Ils sont tous d’accords pour dire que cette dernière est essentielle. L’enseignant en a besoin pour faire respecter les règles et faire son cours

104 correctement, c’est-à-dire sans qu’il y ait trop de bruits, de bavardages, d’indisciplines. Pour eux, l’autorité de leurs professeurs s’assimile aux règles que ceux-ci mettent en place et font respecter, en appliquant des sanctions en cas de transgression.

Les adolescents ont également soulevé le fait que l’enseignant est une figure de l’autorité, qu’il possède un pouvoir reconnu par la société afin de pouvoir éduquer, enseigner à ses élèves. Ils sont conscients que le maître possède un certain pouvoir sur lequel ils ne peuvent pas avoir d’influence. C’est par exemple le professeur qui corrige les évaluations et met les notes. Les élèves ne peuvent sur ce point avoir leur mot à dire, sauf s’il y a une erreur de calcul dans l’attribution des points.

- De quelles pratiques de discipline et d’attitudes pédagogiques les adolescents sont-ils conscients ?

Les sujets interrogés ont relevés l’importance de l’explicitation des règles dès le premier cours, ainsi que la nécessité de la sévérité de l’enseignant. Pour eux, pour qu’un enseignant puisse faire respecter les règles et se faire respecter, il est essentiel qu’il soit strict envers ses élèves et agisse dès qu’une transgression se produit. Cela afin que les élèves n’outrepassent pas les règles et ne le considèrent pas comme une personne faible. Ils ont également relevé le fait qu’un enseignant sache s’adapter aux différentes situations. Il est nécessaire que celui-ci prenne l’élève comme une entité dans un groupe. Cela signifie que l’enseignant doit, quand il le juge nécessaire, s’adresser à un élève en particulier et le remettre à sa place. Mais il doit également savoir parler à toute la classe.

Ils attendent d’un enseignant qu’il soit sûr de lui, confiant, qu’il sache se remettre en question, qu’il aime sa matière et donne un cours structuré. Ces qualités attendues par les jeunes d’un enseignant, sont nécessaires à l’instauration d’une relation pédagogique d’écoute, de confiance et de respect mutuel. Certains rajoutent qu’il est également important pour eux que leurs enseignants utilisent l’autodérision et l’humour afin de détendre l’atmosphère et créer le lien avec eux.

- Quelles variables peuvent avoir une influence sur l’autorité des enseignants, selon les adolescents ?

L’autorité des enseignants et certaines difficultés peuvent s’expliquer, pour certains, par le public auquel ils se trouvent confrontés. En effet, le vécu du jeune, sa vision de l’école, sa maturité influence ses attitudes en classe et son respect plus ou moins important des règles. La famille et l’éducation du jeune jouent également un rôle sur ses comportements en classe. Si

105 la famille suit les résultats de son enfant, discute avec lui et est présente dans sa scolarité cela peut avoir un impact sur ses agissements en classe et sa manière de voir l’école.

L’environnement social et le groupe de pair de l’adolescent ont également un impact sur son respect des règles et sur sa façon d’accepter l’autorité de ses professeurs.

Un rapport de séduction peut également exister entre un enseignant et ses élèves et peut influencer le comportement de certains. Il y a également le nombre d’élèves qui peut également faciliter la tâche à certains enseignants.

Sinon d’autres variables ont été soulevées par les adolescents mais peuvent être contestées ou annulées par les dires d’autres adolescents. Il y a par exemple la variable de l’âge. Un jeune enseignant peut donner comme impression aux élèves de les comprendre, d’être proche d’eux.

Cependant, certains ne savent pas garder la distance nécessaire et se font « manger ».

Quelques jeunes professeurs n’ont également que peu d’expérience et ne savent pas s’y prendre. Etre un enseignant âgé pourrait constituer un avantage pour son habitude du terrain mais certains ne savent pas du tout se faire respecter. Donc l’âge n’est pas une variable qui peut-être généralisée à tous les enseignants.

- Quel lien existe-t-il entre l’autorité et le genre ?

Les adolescents lorsqu’ils parlent de leurs professeurs et de leur autorité ne soulèvent pas la variable sexe. Ils soulèvent d’autres variables vues dans le paragraphe précédent. Quand ils me parlent de leurs enseignants, nous pouvons voir que hommes comme femmes ont certaines difficultés quant à leur autorité. De plus, un professeur, indépendamment de son sexe, peut posséder une autorité personnelle satisfaisante et une manière propre de fonctionner qui lui permettent de faire respecter les règles.

Cependant, lorsque je leur demande s’il est plus facile d’être un homme ou une femme pour enseigner, ils ne sont pas sûrs de la réponse qu’ils donnent. Ils hésitent, réfléchissent, ce qui montre que la question n’est pas évidente et que les constructions sociales et culturelles sont bien ancrées chez les jeunes. En effet, certains ont intégré des normes différenciatrices de sexe qui ressortent lorsqu’ils parlent d’autorité, qui influencent leur réponse et montrent l’impact du genre.

Certains professeurs renforcent les stéréotypes chez les jeunes. Effectivement un élève qui aura un professeur grand, imposant physiquement, possédant une grosse voix et ayant une grande autorité installera les stéréotypes chez l’adolescent. Par ce professeur « viril », qui

106 correspond aux représentations stéréotypées du sexe masculin, le jeune fera de son cas une généralité concernant l’autorité des hommes.

- Quelles différences d’opinions entre une adolescente et un adolescent sur la question de l’autorité de l’enseignant?

Je n’ai pas pu voir de différences d’opinions entre une adolescente et un adolescent sur l’autorité. Ils ont effectivement un rapport à l’autorité tous différents qui dépend de leur vécu et expériences. Le nombre de sujets étaient insuffisants et ne me permet pas de voir de différences significatives entre filles et garçons concernant leur vision de l’autorité.

- Qu’est-ce que les adolescents pensent de l’autorité d’un remplaçant ?

Pour cette question, les adolescents peuvent être divisés en deux groupes. Il y a les élèves qui considèrent un remplaçant comme un professeur, c’est-à-dire comme une personne qui possède une autorité de statut et qui est présent pour leur enseigner un savoir. Le deuxième groupe de jeunes, quant à lui, n’accorde pas de Potestas au remplaçant et le considère comme un « jouet ». Effectivement le remplaçant est synonyme de jeu, il leur permet de sortir de l’ordinaire, de s’amuser. Le temps qu’il passe avec eux est court et restreint donc les jeunes en profitent, ils le testent.

Le remplaçant, pour combler ce manque concernant l’autorité de statut que les élèves ne lui reconnaissent pas, doit savoir pleinement jouer avec son Auctoritas. En effet, l’écoute des jeunes et leur respect des règles dépendent totalement de son autorité personnelle et de son mode de fonctionnement propre. Les adolescents s’accordent pour dire que ce qui fonctionne le mieux pour un remplaçant, c’est qu’il soit strict et sévère et ne permette aucune transgression. S’il fait respecter les règles dès le début et les répètent, il se fait écouter par la suite. C’est aussi grâce à cette première approche très cadrante, que selon les sujets interrogés, le remplaçant peut se permettre d’être ensuite plus « sympa » et de faire preuve d’humour.

Les jeunes sont également tous d’accords pour dire qu’il n’est pas plus facile pour un remplaçant que pour une remplaçante de faire respecter les règles et de faire preuve d’autorité.

Cependant, à travers leur discours, nous voyons tout de même qu’être une femme ou un homme est différent par rapport à l’image première véhiculée. Effectivement, une femme est vue comme plus cool, alors qu’un homme comme plus autoritaire. Les jeunes vont donc penser qu’ils vont pouvoir peut-être plus s’amuser avec une femme qu’avec un homme.

Quand ils voient arriver le remplaçant, leurs attitudes initiales vont donc être différentes selon son sexe, mais aussi selon son physique et l’image qu’il véhicule.

107 Mais comme pour les enseignants, le respect des règles par les jeunes commence dès l’entrée en classe. Si la remplaçante ne laisse rien passer, si aucune transgression n’est possible parce qu’elle est stricte et ferme alors elle pourra asseoir son autorité. Alors l’image que les adolescents s’étaient construite sera démolie et remplacée par celle de la femme à laquelle ils se trouvent confrontés. Il en est de même pour un homme.