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VI. Conclusion

6.3 Prolongements possibles :

Il serait également intéressant d’interroger des jeunes de primaire ou du cycle pour connaître leurs points de vue et voir ce qu’ils pensent de l’autorité et s’ils l’associent au sexe de l’enseignant. Je pourrai voir si, à leur âge, le genre a un impact plus important sur l’autorité.

Beaucoup d’adolescents interrogés ont montré la différence de maturité et de comportements entre les élèves du cycle et ceux du collège. Il serait donc intéressant d’entendre leur vécu,

109 leurs expériences et voir si leurs représentations sur leurs professeurs sont différentes de celles des adolescents plus âgés. Ils seraient ainsi possible de comparer leur façon de voir l’autorité avec celle des 15-18 ans et voir si leurs discours et avis révèlent des différences liées au genre et véhiculent ou pas des stéréotypes de sexe.

Je peux supposer que dans leur discours, malgré leur maturité différente, il pourrait s’avérer que ce ne soit pas le sexe de l’enseignant qui est un impact sur leur autorité. Le respect des règles serait, je pense, pour eux aussi, lié à la personnalité et au caractère de l’enseignant ainsi qu’à sa manière de fonctionner et la discipline qu’il met en place. Les élèves du cycle ou de primaire ne diront peut-être pas les choses de la même façon mais je pense que nous pouvons révéler les mêmes faits. Par exemple un professeur impressionnant et imposant physiquement qui a une grosse voix renforcera les stéréotypes chez les jeunes comme cela se produit chez les adultes.

Je trouverai intéressant d’interroger également des élèves qui ont une culture différente car comme nous avons pu le voir dans certains discours d’enseignants, l’autorité du professeur va être mise à mal selon son sexe par certains élèves qui ont une culture différente.

Effectivement, la culture familiale et de la religion de l’élève constituent des variables dont il faut tenir compte. Certains enfants serbes vont se plier plus facilement à l’autorité d’un homme que celui d’une femme car pour eux une femme se plie aux recommandations de l’homme. Donc selon la culture de l’adolescent et selon ce qu’il a vécu avant d’arriver à Genève, l’autorité sera pour lui très lié au genre. Il aura certainement une vision différente des adolescents qui sont nés en Suisse.

Il serait aussi intéressant de conduire des entretiens avec des adolescents qui vivent en foyer par exemple. Souvent ces derniers ont vécu des évènements très difficiles dans leur vie, comme la mort de proches, des problèmes de drogues, etc. Leur donner la parole serait un moyen de connaître leur façon de se représenter l’autorité, voir si le genre a un impact. Je pense que selon le vécu de certains adolescents, il est très dur pour eux d’accorder leur confiance à quelqu’un et de créer une relation sur le long-terme. C’est donc probablement souvent la relation à court terme, leur situation étant instable, qui prime. Peut-être que certains vont obéir par soumission à l’autre et par peur des répercussions de leurs actes. Selon leur situation et leur vécu, ils vont obéir plus à une personne de sexe féminin que masculin. Un éducateur travaillant dans des maisons de quartier m’a raconté récemment une de ses expériences. Il m’a dit qu’il avait eu du mal à se faire obéir et respecter par certains jeunes du fait de sa nouveauté au sein de l’établissement et de son sexe. Effectivement étant homme,

110 quand il formulait une remarque, un reproche à un jeune adolescent, celui-ci se mettait en posture de confrontation et était irrespectueux. Alors que lorsque l’éducatrice lui donna le même ordre, ce dernier lui obéit immédiatement. Ce jeune a certainement pu créer une relation autre avec elle, probablement de respect mutuel qu’il n’a pas créé avec le nouveau.

Dans cette situation, le sexe de l’éducatrice constitue un avantage car elle n’a pas ce problème de confrontation et d’opposition avec lui.

Lors de mes entretiens je n’ai interrogé qu’une jeune en rupture scolaire mais qui se trouvait dans une famille soudée. Je n’ai pas interviewé des jeunes en rupture sociale ou familiale.

Tous appartenaient à une famille unie, possédant toutes leurs difficultés mais sûrement moindre comparé à ce que peuvent vivre d’autres jeunes. Mon échantillon était réduit et il serait nécessaire de l’agrandir et de rencontrer des jeunes différents de foyer, d’EFP ou de culture différente pour connaître leurs conceptions de l’autorité et leur rapport au genre ainsi que leurs représentations.

Un autre prolongement possible serait d’étudier les représentations de l’autorité liées à celles du genre chez les professionnels de l’enseignement. La question du genre liée à l’autorité est très présente dans les discours des enseignants. Effectivement, les professeurs véhiculent de nombreux stéréotypes de sexe. De nombreux professionnels m’ont dit qu’il était plus facile d’être un homme pour asseoir son autorité et pour arriver à faire de la discipline. Lors du cours d’Isabelle Collet, “Genre et éducation“ nous avons pu partager ensemble nos expériences et je ne suis pas la seule à avoir entendue des propos véhiculant des représentations stéréotypées. Nous pouvons entendre certains discours dans les écoles primaires genevoises tels que « les femmes sont obligés de crier pour se faire entendre par les élèves », « Ah ! On te passe la classe de 6P car tu auras moins de problème avec eux vu que tu es un homme. » Il ressort donc dans certains discours que l’homme a plus d’autorité qu’une femme. Les femmes auraient peur de certaines classes et de certains élèves et délègueraient donc la tâche à des enseignants. Les femmes crieraient plus pour combler leur manque d’autorité, leur petite voix. Un homme serait donc plus apte à enseigner à des adolescents difficiles. Donc certains adultes et professionnels ont l’air de laisser entendre qu’asseoir son autorité et faire respecter les règles serait plus une question de sexe que de personnalité ou de mode de fonctionnement. Il serait donc nécessaire d’aller creuser cette question en allant interroger des enseignants qu’ils soient professeurs en primaire, au cycle, au collège ou en EFP par exemple.

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