Le travail dÕenqute, dÕobservations, dÕentretiens, puis de rflexion, en enfin de rcriture que jÕai men depuis mars 2014 mÕa permis dÕoprer une rflexivit plusieurs niveaux. Retour, dÕabord, en Ç terrain connu È, puisque jÕavais eu le loisir, entre 1996 et 2001,
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93 J.-L. Maurer, Les Javanais du Caillou : des affres de lÕexil aux alas de lÕimmigration. Sociologie historique de la communaut indonsienne de Nouvelle-Caldonie È. Paris, Association Archipel, 2006 ; D. Dalmayrac, Les Sentiers de lÕespoir, Kanak et Nippo-Kanak, Nouma, cume du Pacifique, 2003 ; M. Bouan, LÕcharpe et le kriss, Paris, Publibook, 2003. Voir aussi : F. Angleviel, Ç De l'engagement comme "esclavage volontaire". Le cas des Ocaniens, Kanaks et Asiatiques en Nouvelle-Caldonie (1853-1963) È, Journal de la Socit des Ocanistes, 110, 2000-1. pp.65-81 ; C. Bougerol, Ç Chronique dÕune crise coloniale et son contexte : les Vietnamiens de Nouvelle-Caldonie (1945-1964), ibid., pp.83-95 ; P. Palombo, La prsence japonaise en Nouvelle-Caldonie (1890-1960). Lille, Atelier national de reproduction des thses (2 tomes), 2003 ; Y. Bencivengo, Ç LÕimmigration japonaise en Nouvelle-Caldonie : une illustration de lÕaffirmation du Japon dans le Pacifique È, Journal de la Socit des Ocanistes, 135, 2012, pp.215-228.
94 A ce titre, la programmation rcente des confrences organises au Centre Culturel Tjibaou est absolument exemplaire.
dÕarpenter, de pratiquer, dÕinterroger, dÕapprhender un nouveau champ symbolique en construction, qui tait principalement celui de la Ç renaissance culturelle kanak È. A lÕpoque, ce dernier sÕinscrivait dans un contexte politique et institutionnel dont le matre mot restait le rquilibrage au profit de lÕethnie colonise, et la prise en considration de la Ç dimension mlansienne È. En quelque douze ou quinze ans, cet espace social ddi lÕexpression contemporaine de lÕidentit kanak a invitablement connu un certain nombre de transformations et dÕinnovations, sous lÕimpulsion des politiques locales, mais aussi nationales, dont je pouvais rapidement mesurer les effets.
Retour rflexif, ensuite, puisque je mÕengageai dans un travail de reformulation et de re-problmatisation de mon objet de recherche, avec une confrontation des hypothses poses au tout dbut des annes 2000, et surtout une relecture critique des travaux que jÕavais rdigs jusquÕen 2002 (et dont les derniers avaient t publis en 2004).
LÕide tait surtout de questionner la pertinence dÕune rflexion formalise aujourdÕhui (en 2015), sur le processus de patrimonialisation des cultures et sur les modles dÕidentification collective associs la dimension ethnique ou culturelle en Nouvelle-Caldonie. Il me fallait galement rflchir dcentrer ou inflchir lÕangle pistmologique que jÕavais choisi au tout dbut de ma thse, lÕpoque o le paradigme ocaniste sur lÕinvention des traditions avait fait lÕobjet dÕune vive controverse, alimente par ce que Babadzan a appel ensuite Ç lÕoffensive postmoderniste È (2009 : 90). La question de lÕobjectivation des conditions sociales dÕmergence dÕun discours autochtone sur la culture, comme celle des formes les plus objectives de cette culture, tait encore largement dlaisse, au profit dÕune clbration de la crativit autochtone (politique, littraire, artistique, etc.), aux seules fins de montrer la diversit des formes de rsilience et dÕauthenticit culturelle produites par les acteurs sociaux enfin librs du joug colonial et de lÕhgmonie pistmologique occidentale. Trs rcemment, lÕanthropologie a commenc se proccuper dÕobjectiver a minima les conditions sociologiques de sa pratique scientifique, qui incluent parfois une description de sa propre participation la clbration culturaliste96.
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96 Pour lÕOcanie francophone, cf. Fassin et Bensa (dir.), 2008 ; Fillol et Le Meur (ds.), 2014. Monnerie, pour sa part, dit nanmoins ceci : Ç Je soulignerai quÕ mon sens la rflexivit personnelle, dont certains anthropologues anglo-saxons "postmodernes" (É) tendent faire une fin en soi Ð et quÕessayistes, romanciers et potes pratiquent, au moins depuis Montaigne, avec un talent sans commune mesure avec celui des spcialistes des sciences sociales Ð ne doit pas venir obscurcir la dmarche de description, dÕanalyse et de comparaison des socits qui est celle, prioritaire, de lÕanthropologue È (2005 : 35-36).
En Nouvelle-Caldonie, je retrouvais en 2014 les interlocuteurs rencontrs dix ou quinze ans plus tt : je mesurais avec eux le chemin quÕils avaient parcouru, la maturation de leurs propos, les valeurs et les idologies quÕils continuaient ou non de servir au travers de leur engagement professionnel ou associatif. Aux cts de ces acteurs qui avaient Ç vcu les vnements È97, je dcouvrais aussi la Ç gnration Matignon È : de jeunes professionnels, et parmi eux davantage de femmes et de Mtis, ns dans les annes 1980 (et ayant par consquent grandi dans le contexte social et politique qui succda la signature des accords de Matignon), pour lesquels une action culturelle Ç lÕchelle du pays È allait vritablement de soi ; ils avaient dÕailleurs pris en charge, depuis les annes 2000, la gestion des tablissements ddis la culture et aux diffrents patrimoines. Le ton du discours, les concepts utiliss, les postures professionnelles, mÕobligeaient parfois reconsidrer mon argumentation, sur le fond et la forme, jusquÕau vocabulaire et aux tournures de phrases que jÕavais utilises dans des articles rdigs au dbut des annes 2000, et qui taient dornavant obsoltes ou trop orientes : lÕusage, oralement ou lÕcrit, du terme Ç mlansien È, par exemple, avait pris une connotation plus Ç politise È et condescendante, et il tait partout remplac par le mot Ç kanak È, dont la porte idologique, trs prgnante encore dans les annes 1990, sÕtait nettement attnue, au point de ne plus comporter de connotation politique98.
Enfin, jÕoprais un rengagement vers un projet la fois intellectuel et professionnel, qui allait dsormais pouvoir se nourrir des expriences passes, et dÕune maturit acquise au fil des ans. JÕy voyais le moyen de questionner, dÕun point de vue thique, la mise en mots et en actes dÕune pratique socio-anthropologique que jÕentendais faire mienne, ainsi que sa projection moyen terme Ð quÕelle sÕexert sur un plan strictement acadmique ou, plus srement, dans la perspective dÕune action oprationnelle, voire dÕun engagement plus personnel.
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97 Cette expression courante et passablement galvaude dsigne la situation de tension extrme et de violence entre les clans Ç indpendantiste È et Ç loyaliste È qui a caractris les annes 1984-1988, marques par la mort de plusieurs dizaines dÕhommes, la plupart tus par balle dans des affrontements entre civils ou entre civils et militaires. Cette phase dÕaffrontement (barrages, incendies, boycott lectoral, embuscades, etc.), vcue apparemment avec moins dÕintensit dans la capitale, Nouma, a culmin entre les deux tours de lÕlection prsidentielle franaise (avril 1988), avec la prise dÕotages par les indpendantistes la gendarmerie de lÕle dÕOuva (4 gendarmes tus), et surtout lÕassaut donn par le GIGN contre les preneurs dÕotages (21 morts, dont 19 Kanak). Rcemment, lÕanthropologue Hamid Mokaddem a tent de substituer au terme Ç vnements È, quÕil juge inadapt la violence de la priode, lÕexpression Ç squence rvolutionnaire È (2010 ; 2013).
98Cf. Soula (2014 : 7, note 2). A propos des Ç mots en usage È et du choix des termes appropris tel quÕil est opr par lÕethnologue, cf. Soriano (2014 : 36). JÕen profite pour prciser que jÕemploie tout au long de ce texte le mot Kanak/kanak de manire invariable en genre et en nombre, comme il est dsormais dÕusage. En revanche, pour chaque citation, je reproduis exactement la graphie originale utilise par lÕauteur en rfrence.
DÕun point de vue mthodologique, il mÕa paru ncessaire de complter ma recherche par une tude socio-ethnographique de cette catgorie dÕacteurs sociaux ayant accd aux mtiers de la culture et du patrimoine, pour ensuite sÕy professionnaliser, ne serait-ce que pour tenter, autant que faire se peut, dÕobjectiver le discours tenu par ces acteurs sur les cultures et les formes identitaires quÕils contribuent, jour aprs jour, crer et promouvoir au sein de lÕespace public.
Ma principale dmarche, lors de ce retour au terrain, a donc consist redcouvrir le champ institutionnel ddi aux divers patrimoines, matriels et immatriels, li la symbolique identitaire Kanak et non-Kanak : muses, centres culturels, sites patrimoniaux, associations, galeries dÕart, etc. Avec la prennisation des politiques de rquilibrage et de dveloppement culturel et artistique mises en Ïuvre depuis les annes 1990, bon nombre dÕvolutions ou de transformations radicales se sont produites dans le paysage culturel et musal local, notamment au niveau des quipes en charge des actions et animations culturelles et artistiques. Parmi les acteurs sociaux qui exercent aujourdÕhui des fonctions dÕanimation et/ou dÕencadrement, quelques uns taient dj prsents au milieu des annes 1990 (artistes, galeristes, animateurs culturels, conservateurs, etc.), mais la plupart ont t forms dans les annes 2000 et ont accd dans la dcennie tout juste coule (donc aprs 2005) aux mtiers du patrimoine ou de la culture (conservateur, restaurateur, rgisseur des collections, musographe, animateur culturel, mdiateur culturel, collecteur, archiviste, guide, responsables des animations, etc.).
Mon parti-pris est celui dÕune ethnographie cible sur les lieux de culture et dÕexpression artistique, auprs des Ç protagonistes des politiques identitaires È (Brubaker et al., 2001 : 70). Ce recueil de tmoignages et dÕobservations in situ est complt par un accs aux documents dÕarchives (articles, interviews, supports vido) relatifs la priode 1975-1998, de documentaires plus rcents, ou encore dÕinterviews dsormais nombreuses, et sur des supports multiples (presse spcialise, tlvision, radio, internet) des acteurs du champ culturel. Je mÕappuie en outre, pour leur objectivit et les volutions quÕils mettent en vidence, sur quelques donnes statistiques actualises (donnes conomiques et interprtations ; rsultats des recensements de population Ð dÕautant plus utiles que le dernier a t effectu en 2014). A cette consultation sÕest ajoute lÕexploration minutieuse des sites internet et liens numriques relatifs aux actions locales en matire de politique culturelle, quÕil sÕagisse des actions inities par le Gouvernement de la Nouvelle-Caldonie, le Haut-Commissariat de la Rpublique, les trois Provinces, les communes, ou encore le Snat coutumier. Enfin, jÕai assist un grand nombre de manifestations culturelles de toutes sortes Ð journes culturelles, spectacles, expositions, crmonies protocolaires, rencontres scientifiques, colloques, confrences, causeries, etc. Ð
durant lesquelles tait montr (objet, photographie, rituel, danse, statistiques, etc.) ou formul (discours, tmoignages, chant, etc.) lÕun ou lÕautre des rcits dÕancrage historique, non seulement du peuple autochtone, mais galement des autres communauts qui revendiquent dsormais un lien identitaire fort la Nouvelle-Caldonie99.
Rcits de vie et tmoignages rcents
En planifiant mon retour, en tant quÕethnologue, sur ce terrain, je prvoyais dÕorienter mes recherches sur une catgorie sociale particulire Ð hritire dÕune gnration jadis politise et engage dans le combat contre la colonisation (Tjibaou, Machoro, Jordi, PidjotÉ) : les lites autochtones, et notamment les Ç cadres È issus des politiques dites de Ç rquilibrage È. JÕenvisageais de rencontrer ces hommes et ces femmes dont lÕappartenance au systme dominant semble ne faire aucun doute, tout particulirement dans les secteurs de la culture ou de lÕadministration. Par le recueil de tmoignages et de rcits de vie, jÕesprais questionner la manire dont ces acteurs sociaux assument (ou non), et utilisent, dans les sphres professionnelle et prive, le double capital symbolique dont ils sont pourvus (celui li leur appartenance ethnique et celui gagn grce au modle occidental de russite sociale).
DÕun point de vue mthodologique, jÕai choisi dÕentamer depuis mars 2014 un recueil de tmoignages et de rcits de vie auprs des Ç anciens È et des Ç nouveaux È intervenants du champ patrimonial, culturel et artistique. Mes questions, qui allaient sÕadresser ces artisans des formes institutionnalises de la culture et des reprsentations symboliques destines tre montres, devaient concerner principalement leur parcours personnel, leur environnement familial, ou encore les influences (politiques, idologiques, acadmiques, professionnelles, etc.) qui ont pu les inciter sÕengager dans un mtier de la sphre culturelle.
Le choix de mes interlocuteurs sÕest dÕabord effectu sur la base dÕun annuaire des anciens stagiaires Ç 400 Cadres Ð Cadres Avenir È, programme qui rassemble des professionnels de tous les secteurs dÕactivit ayant bnfici (depuis 1988) dÕune bourse dÕtudes dans le cadre du projet de rquilibrage au profit des natifs du pays, et en priorit de
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99 Pour un dtail de mes sources documentaires et ethnographiques, je renvoie la bibliographie et aux annexes. LÕtude prsente ici, compte tenu des contraintes de temps et de volume, ne permet de restituer quÕune mince partie des matriaux ethnographiques que jÕai pu collecter durant lÕanne 2014, qui fut principalement consacre la conduite de plus de quarante entretiens individuels, puis au travail de rdaction. Quelques entretiens ont t raliss galement en 2015.
ceux dÕorigine mlansienne100. Paralllement, jÕai dcid de privilgier les contacts au sein du Centre Culturel Tjibaou et de lÕAgence de Dveloppement de la Culture Kanak (ADCK), dont jÕavais pu rencontrer certains acteurs la fin des annes 1990. Ce choix sÕest impos galement du fait de lÕactualit culturelle 2013- 2014. LÕexposition Kanak, LÕArt est une parole, dÕabord prsente au Muse du quai Branly en 2013, venait consacrer la dimension la fois esthtique et spirituelle de la civilisation kanak dans un muse occidental pens comme post-colonial101. LÕun des commissaires de lÕexposition, Emmanuel Kasarhrou, avait auparavant occup des fonctions dirigeantes au sein de lÕADCK Nouma pendant plus de quinze ans102 ; lÕautre commissaire, Roger Boulay, ethnologue, tait associ au travail dÕinventaire du patrimoine ethnographique kanak depuis que Jean-Marie Tjibaou en avait t lÕinitiateur. LÕexposition prsente Paris fut ensuite remanie et montre Nouma, au Centre Culturel Tjibaou, au second trimestre 2014 (15 mars Ð 15 juin 2014) ; le Centre a accueilli, selon les chiffres prsents par lÕADCK, plus de 30.000 visiteurs durant cet vnement103 : lÕexposition, qui concidait avec mon retour sur le terrain caldonien, et qui mobilisait diffrentes catgories dÕacteurs professionnels, a trs naturellement constitu le point de dpart de ma nouvelle enqute ethnographique, en facilitant les rencontres et les entretiens avec des personnalits reconnues au sein du milieu professionnel de la culture et du patrimoine kanak. A Nouma, la manifestation, amplement relaye par les mdias locaux, sÕest accompagne de confrences, animations, soires thmatiques, etc., qui ont orient mes rencontres et changes avec les intervenants mobiliss autour de cet vnement.
Grce au Ç premier cercle È de mes interlocuteurs, jÕai pu intgrer assez rapidement le tissu associatif local, en devenant, en tant quÕethnologue, membre associ de lÕAssociation des
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100 Les accords de Matignon du 26 juin 1988 stipulent que Ç dans le but de rquilibrer le partage des responsabilits dans lÕadministration de la Nouvelle-Caldonie, un important programme de formation de cadres, particulirement de cadres mlansiens, doit tre engag dans les meilleurs dlais È. La premire promotion de stagiaires du programme Ç 400 Cadres È (symboliquement dnomme la Ç Promotion du Dialogue È) est ainsi reue en mtropole ds septembre 1988, un mois avant le rfrendum qui ratifie les accords de Matignon. En 1998, lÕarticle 4.1.2. de lÕaccord de Nouma prvoit quÕÇ un programme spcifique, qui prendra la suite du Programme "400 Cadres" (É) tendra la poursuite du rquilibrage et lÕaccession des kanak aux responsabilits dans tous les secteurs dÕactivits È : cÕest le Programme Ç Cadres Avenir È. Le bilan dress en 2013 dnombre 1300 parcours de formation effectifs depuis 1989, dont environ 70% concernent des Kanak. Le taux moyen de russite sÕtablit 78% (donnes issues de lÕannuaire 2013 des anciens stagiaires du Programme ; pp.16-17).
101 Sur le projet du Muse du quai Branly et les controverses autour du concept musal, cf. Guilhem (2000) ; de LÕEstoile (2007), Price (2011[2007]).
102 Je lÕavais dÕailleurs rencontr cette poque (novembre 1998) ; cf. les nombreux extraits de cet entretien infra.
103 Ptlo Tuilalo, communication lÕAssemble Gnrale de lÕAssociation des Muses et tablissements Patrimoniaux de Nouvelle-Caldonie (AMEPNC), Thio, 27 mars 2015. Ce chiffre est significatif lorsque lÕon rappelle quÕen 2014, la Nouvelle-Caldonie compte 268.767 habitants (donnes du recensement 2014 ; source : ISEE, 2015).
Muses et tablissements Patrimoniaux de Nouvelle-Caldonie (AMEPNC). Cette dernire rassemble notamment des institutions et structures associatives telles que : lÕADCK-Centre Culturel Tjibaou, le Muse de Nouvelle-Caldonie (fonds dÕobjets traditionnels kanak et ocaniens), le Muse de la Ville de Nouma (objets et documents historiques), lÕAssociation Tmoignage dÕUn Pass (objets du bagne et sites coloniaux), le Muse Maritime de Nouvelle-Caldonie (collection dÕobjets et documents rassembls par lÕassociation Fortunes de Mer) , le Parc Zoologique et Forestier, lÕAquarium des Lagons, lÕassociation In Memoriam, lÕassociation de Fort Teremba (site colonial), le Centre culturel de Hienghne (culture kanak), le Muse de la Seconde Guerre Mondiale, le Muse de Bourail (arts et traditions populaires), lÕcomuse du Caf de Voh, le Muse de la Mine de Thio, et plus rcemment, lÕAssociation de Sauvegarde du Patrimoine Minier et Historique du Nord Caldonien (site de Tibaghi). Mon adhsion lÕAMEPNC (en tant que membre associ) mÕa permis de participer aux assembles gnrales de lÕassociation et aux forums runissant les principaux acteurs de la scne patrimoniale et culturelle locale, autour de thmatiques relatives lÕorganisation dÕvnements communs, la gestion de leurs tablissements, la formation de leurs collaborateurs, leurs contraintes (spatiales, budgtaires, techniques, humaines, etc.), ou encore aux interdpendances et aux synergies quÕils pourraient contribuer dvelopper ensemble localement.
Sans doute en raison de lÕactualit politique au premier semestre 2014 (lections municipales en mars, provinciales en mai, recomposition du Congrs et du Gouvernement de la Nouvelle-Caldonie en juin), certaines prises de contact ont t rendues plus difficiles, et ont parfois ncessit des relances et des dmarches plus insistantes de ma part.
Au final, dans des conditions extrmement favorables, et en dpit de quelques rares refus de me rencontrer (deux femmes kanakÉ), jÕai pu effectuer en lÕespace de dix mois (de mars dcembre 2014) prs de 45 entretiens parfaitement exploitables (notes ou enregistrements), auprs dÕintellectuels, de cadres et dirigeants de la culture, de professionnels indpendants chargs de missions par les acteurs institutionnels, ainsi que de membres actifs au sein dÕassociations axes sur la prservation du patrimoine, mais galement auprs de responsables institutionnels, formateurs, animateurs culturels, artistes contemporains. Les entretiens se sont drouls sur des dures variables (une trois heures, voire davantage). Ils se sont organiss peu ou prou en fonction dÕune trame de questions ouvertes concernant notamment le parcours personnel (environnement familial, scolarit) et professionnel de mes interlocuteurs, leur engagement associatif ou politique, jusquÕaux fondements et contours de leur mission professionnelle passe et/ou actuelle. Les questions poses avaient surtout
vocation structurer un tant soit peu chaque entretien, sans entraver les digressions ni empcher que soient abords dÕautres sujets, plus personnels ou politiques. Il est important de noter quÕune faible partie des personnes que jÕai eu lÕoccasion de rencontrer taient dj actives en 1975 lors du festival Mlanesia 2000, dans le secteur socio-culturel, lÕadministration ou le champ politique ; mes autres interlocuteurs, mme ceux ns dans le seconde moiti des annes 1980, ont tous entendu parler de ce festival Ç mythique È, qui constitue une rfrence commune et quasi sacralise. Avec la clbration des quarante ans de Mlansia 2000, la ractivation des souvenirs a frquemment contribu amener le sujet du festival (et par extension, de la mise en spectacle de la culture kanak) au cÏur de la discussion104.
Toutes les personnes qui ont bien voulu rpondre mes questions ont t slectionnes en raison de leur rle dans lÕaction culturelle, la gestion institutionnelle ou la production artistique sur la priode qui mÕintresse. La liste que jÕavais tablie au dpart, qui nÕtait videmment pas exhaustive, a t complte petit petit, selon les thmes et les problmatiques rvls par les verbatim des acteurs. En effet, au fur et mesure de ces rencontres, comme bien souvent, dÕautres personnalits ont merg comme des contacts potentiels, sur les recommandations de mes interlocuteurs. Ce travail de rseau a permis ma mise en relation avec des acteurs moins Ç visibles È du champ culturel et patrimonial, notamment des intervenants