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Le travail dÕenqute, dÕobservations, dÕentretiens, puis de rŽflexion, en enfin de rŽŽcriture que jÕai menŽ depuis mars 2014 mÕa permis dÕopŽrer une rŽflexivitŽ ˆ plusieurs niveaux. Retour, dÕabord, en Ç terrain connu È, puisque jÕavais eu le loisir, entre 1996 et 2001,

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93 J.-L. Maurer, Les Javanais du Caillou : des affres de lÕexil aux alŽas de lÕimmigration. Sociologie historique de la communautŽ indonŽsienne de Nouvelle-CalŽdonie È. Paris, Association Archipel, 2006 ; D. Dalmayrac, Les Sentiers de lÕespoir, Kanak et Nippo-Kanak, NoumŽa, ƒcume du Pacifique, 2003 ; M. Bouan, LՎcharpe et le kriss, Paris, Publibook, 2003. Voir aussi : F. Angleviel, Ç De l'engagement comme "esclavage volontaire". Le cas des OcŽaniens, Kanaks et Asiatiques en Nouvelle-CalŽdonie (1853-1963) È, Journal de la SociŽtŽ des OcŽanistes, 110, 2000-1. pp.65-81 ; C. Bougerol, Ç Chronique dÕune crise coloniale et son contexte : les Vietnamiens de Nouvelle-CalŽdonie (1945-1964), ibid., pp.83-95 ; P. Palombo, La prŽsence japonaise en Nouvelle-CalŽdonie (1890-1960). Lille, Atelier national de reproduction des thses (2 tomes), 2003 ; Y. Bencivengo, Ç LÕimmigration japonaise en Nouvelle-CalŽdonie : une illustration de lÕaffirmation du Japon dans le Pacifique È, Journal de la SociŽtŽ des OcŽanistes, 135, 2012, pp.215-228.

94 A ce titre, la programmation rŽcente des confŽrences organisŽes au Centre Culturel Tjibaou est absolument exemplaire.

dÕarpenter, de pratiquer, dÕinterroger, dÕapprŽhender un nouveau champ symbolique en construction, qui Žtait principalement celui de la Ç renaissance culturelle kanak È. A lՎpoque, ce dernier sÕinscrivait dans un contexte politique et institutionnel dont le ma”tre mot restait le rŽŽquilibrage au profit de lÕethnie colonisŽe, et la prise en considŽration de la Ç dimension mŽlanŽsienne È. En quelque douze ou quinze ans, cet espace social dŽdiŽ ˆ lÕexpression contemporaine de lÕidentitŽ kanak a inŽvitablement connu un certain nombre de transformations et dÕinnovations, sous lÕimpulsion des politiques locales, mais aussi nationales, dont je pouvais rapidement mesurer les effets.

Retour rŽflexif, ensuite, puisque je mÕengageai dans un travail de reformulation et de re-problŽmatisation de mon objet de recherche, avec une confrontation des hypothses posŽes au tout dŽbut des annŽes 2000, et surtout une relecture critique des travaux que jÕavais rŽdigŽs jusquÕen 2002 (et dont les derniers avaient ŽtŽ publiŽs en 2004).

LÕidŽe Žtait surtout de questionner la pertinence dÕune rŽflexion formalisŽe aujourdÕhui (en 2015), sur le processus de patrimonialisation des cultures et sur les modles dÕidentification collective associŽs ˆ la dimension ethnique ou culturelle en Nouvelle-CalŽdonie. Il me fallait Žgalement rŽflŽchir ˆ dŽcentrer ou ˆ inflŽchir lÕangle ŽpistŽmologique que jÕavais choisi au tout dŽbut de ma thse, ˆ lՎpoque o le paradigme ocŽaniste sur lÕinvention des traditions avait fait lÕobjet dÕune vive controverse, alimentŽe par ce que Babadzan a appelŽ ensuite Ç lÕoffensive postmoderniste È (2009 : 90). La question de lÕobjectivation des conditions sociales dՎmergence dÕun discours autochtone sur la culture, comme celle des formes les plus objectivŽes de cette culture, Žtait encore largement dŽlaissŽe, au profit dÕune cŽlŽbration de la crŽativitŽ autochtone (politique, littŽraire, artistique, etc.), aux seules fins de montrer la diversitŽ des formes de rŽsilience et dÕauthenticitŽ culturelle produites par les acteurs sociaux enfin libŽrŽs du joug colonial et de lÕhŽgŽmonie ŽpistŽmologique occidentale. Trs rŽcemment, lÕanthropologie a commencŽ ˆ se prŽoccuper dÕobjectiver a minima les conditions sociologiques de sa pratique scientifique, qui incluent parfois une description de sa propre participation ˆ la cŽlŽbration culturaliste96.

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96 Pour lÕOcŽanie francophone, cf. Fassin et Bensa (dir.), 2008 ; Fillol et Le Meur (Žds.), 2014. Monnerie, pour sa part, dit nŽanmoins ceci : Ç Je soulignerai quՈ mon sens la rŽflexivitŽ personnelle, dont certains anthropologues anglo-saxons "postmodernes" (É) tendent ˆ faire une fin en soi Ð et quÕessayistes, romanciers et potes pratiquent, au moins depuis Montaigne, avec un talent sans commune mesure avec celui des spŽcialistes des sciences sociales Ð ne doit pas venir obscurcir la dŽmarche de description, dÕanalyse et de comparaison des sociŽtŽs qui est celle, prioritaire, de lÕanthropologue È (2005 : 35-36).

En Nouvelle-CalŽdonie, je retrouvais en 2014 les interlocuteurs rencontrŽs dix ou quinze ans plus t™t : je mesurais avec eux le chemin quÕils avaient parcouru, la maturation de leurs propos, les valeurs et les idŽologies quÕils continuaient ou non de servir au travers de leur engagement professionnel ou associatif. Aux c™tŽs de ces acteurs qui avaient Ç vŽcu les ŽvŽnements È97, je dŽcouvrais aussi la Ç gŽnŽration Matignon È : de jeunes professionnels, et parmi eux davantage de femmes et de MŽtis, nŽs dans les annŽes 1980 (et ayant par consŽquent grandi dans le contexte social et politique qui succŽda ˆ la signature des accords de Matignon), pour lesquels une action culturelle Ç ˆ lՎchelle du pays È allait vŽritablement de soi ; ils avaient dÕailleurs pris en charge, depuis les annŽes 2000, la gestion des Žtablissements dŽdiŽs ˆ la culture et aux diffŽrents patrimoines. Le ton du discours, les concepts utilisŽs, les postures professionnelles, mÕobligeaient parfois ˆ reconsidŽrer mon argumentation, sur le fond et la forme, jusquÕau vocabulaire et aux tournures de phrases que jÕavais utilisŽes dans des articles rŽdigŽs au dŽbut des annŽes 2000, et qui Žtaient dorŽnavant obsoltes ou trop orientŽes : lÕusage, oralement ou ˆ lՎcrit, du terme Ç mŽlanŽsien È, par exemple, avait pris une connotation plus Ç politisŽe È et condescendante, et il Žtait partout remplacŽ par le mot Ç kanak È, dont la portŽe idŽologique, trs prŽgnante encore dans les annŽes 1990, sՎtait nettement attŽnuŽe, au point de ne plus comporter de connotation politique98.

Enfin, jÕopŽrais un rŽengagement vers un projet ˆ la fois intellectuel et professionnel, qui allait dŽsormais pouvoir se nourrir des expŽriences passŽes, et dÕune maturitŽ acquise au fil des ans. JÕy voyais le moyen de questionner, dÕun point de vue Žthique, la mise en mots et en actes dÕune pratique socio-anthropologique que jÕentendais faire mienne, ainsi que sa projection ˆ moyen terme Ð quÕelle sÕexer‰t sur un plan strictement acadŽmique ou, plus sžrement, dans la perspective dÕune action opŽrationnelle, voire dÕun engagement plus personnel.

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97 Cette expression courante et passablement galvaudŽe dŽsigne la situation de tension extrme et de violence entre les clans Ç indŽpendantiste È et Ç loyaliste È qui a caractŽrisŽ les annŽes 1984-1988, marquŽes par la mort de plusieurs dizaines dÕhommes, la plupart tuŽs par balle dans des affrontements entre civils ou entre civils et militaires. Cette phase dÕaffrontement (barrages, incendies, boycott Žlectoral, embuscades, etc.), vŽcue apparemment avec moins dÕintensitŽ dans la capitale, NoumŽa, a culminŽ entre les deux tours de lՎlection prŽsidentielle franaise (avril 1988), avec la prise dÕotages par les indŽpendantistes ˆ la gendarmerie de lՔle dÕOuvŽa (4 gendarmes tuŽs), et surtout lÕassaut donnŽ par le GIGN contre les preneurs dÕotages (21 morts, dont 19 Kanak). RŽcemment, lÕanthropologue Hamid Mokaddem a tentŽ de substituer au terme Ç ŽvŽnements È, quÕil juge inadaptŽ ˆ la violence de la pŽriode, lÕexpression Ç sŽquence rŽvolutionnaire È (2010 ; 2013).

98Cf. Soula (2014 : 7, note 2). A propos des Ç mots en usage È et du choix des termes appropriŽs tel quÕil est opŽrŽ par lÕethnologue, cf. Soriano (2014 : 36). JÕen profite pour prŽciser que jÕemploie tout au long de ce texte le mot Kanak/kanak de manire invariable en genre et en nombre, comme il est dŽsormais dÕusage. En revanche, pour chaque citation, je reproduis exactement la graphie originale utilisŽe par lÕauteur en rŽfŽrence.

DÕun point de vue mŽthodologique, il mÕa paru nŽcessaire de complŽter ma recherche par une Žtude socio-ethnographique de cette catŽgorie dÕacteurs sociaux ayant accŽdŽ aux mŽtiers de la culture et du patrimoine, pour ensuite sÕy professionnaliser, ne serait-ce que pour tenter, autant que faire se peut, dÕobjectiver le discours tenu par ces acteurs sur les cultures et les formes identitaires quÕils contribuent, jour aprs jour, ˆ crŽer et ˆ promouvoir au sein de lÕespace public.

Ma principale dŽmarche, lors de ce retour au terrain, a donc consistŽ ˆ redŽcouvrir le champ institutionnel dŽdiŽ aux divers patrimoines, matŽriels et immatŽriels, liŽ ˆ la symbolique identitaire Kanak et non-Kanak : musŽes, centres culturels, sites patrimoniaux, associations, galeries dÕart, etc. Avec la pŽrennisation des politiques de rŽŽquilibrage et de dŽveloppement culturel et artistique mises en Ïuvre depuis les annŽes 1990, bon nombre dՎvolutions ou de transformations radicales se sont produites dans le paysage culturel et musŽal local, notamment au niveau des Žquipes en charge des actions et animations culturelles et artistiques. Parmi les acteurs sociaux qui exercent aujourdÕhui des fonctions dÕanimation et/ou dÕencadrement, quelques uns Žtaient dŽjˆ prŽsents au milieu des annŽes 1990 (artistes, galeristes, animateurs culturels, conservateurs, etc.), mais la plupart ont ŽtŽ formŽs dans les annŽes 2000 et ont accŽdŽ dans la dŽcennie tout juste ŽcoulŽe (donc aprs 2005) aux mŽtiers du patrimoine ou de la culture (conservateur, restaurateur, rŽgisseur des collections, musŽographe, animateur culturel, mŽdiateur culturel, collecteur, archiviste, guide, responsables des animations, etc.).

Mon parti-pris est celui dÕune ethnographie ciblŽe sur les lieux de culture et dÕexpression artistique, auprs des Ç protagonistes des politiques identitaires È (Brubaker et al., 2001 : 70). Ce recueil de tŽmoignages et dÕobservations in situ est complŽtŽ par un accs aux documents dÕarchives (articles, interviews, supports vidŽo) relatifs ˆ la pŽriode 1975-1998, de documentaires plus rŽcents, ou encore dÕinterviews dŽsormais nombreuses, et sur des supports multiples (presse spŽcialisŽe, tŽlŽvision, radio, internet) des acteurs du champ culturel. Je mÕappuie en outre, pour leur objectivitŽ et les Žvolutions quÕils mettent en Žvidence, sur quelques donnŽes statistiques actualisŽes (donnŽes Žconomiques et interprŽtations ; rŽsultats des recensements de population Ð dÕautant plus utiles que le dernier a ŽtŽ effectuŽ en 2014). A cette consultation sÕest ajoutŽe lÕexploration minutieuse des sites internet et liens numŽriques relatifs aux actions locales en matire de politique culturelle, quÕil sÕagisse des actions initiŽes par le Gouvernement de la Nouvelle-CalŽdonie, le Haut-Commissariat de la RŽpublique, les trois Provinces, les communes, ou encore le SŽnat coutumier. Enfin, jÕai assistŽ ˆ un grand nombre de manifestations culturelles de toutes sortes Ð journŽes culturelles, spectacles, expositions, cŽrŽmonies protocolaires, rencontres scientifiques, colloques, confŽrences, causeries, etc. Ð

durant lesquelles Žtait montrŽ (objet, photographie, rituel, danse, statistiques, etc.) ou formulŽ (discours, tŽmoignages, chant, etc.) lÕun ou lÕautre des rŽcits dÕancrage historique, non seulement du peuple autochtone, mais Žgalement des autres communautŽs qui revendiquent dŽsormais un lien identitaire fort ˆ la Nouvelle-CalŽdonie99.

RŽcits de vie et tŽmoignages rŽcents

En planifiant mon retour, en tant quÕethnologue, sur ce terrain, je prŽvoyais dÕorienter mes recherches sur une catŽgorie sociale particulire Ð hŽritire dÕune gŽnŽration jadis politisŽe et engagŽe dans le combat contre la colonisation (Tjibaou, Machoro, JorŽdiŽ, PidjotÉ) : les Žlites autochtones, et notamment les Ç cadres È issus des politiques dites de Ç rŽŽquilibrage È. JÕenvisageais de rencontrer ces hommes et ces femmes dont lÕappartenance au systme dominant semble ne faire aucun doute, tout particulirement dans les secteurs de la culture ou de lÕadministration. Par le recueil de tŽmoignages et de rŽcits de vie, jÕespŽrais questionner la manire dont ces acteurs sociaux assument (ou non), et utilisent, dans les sphres professionnelle et privŽe, le double capital symbolique dont ils sont pourvus (celui liŽ ˆ leur appartenance ethnique et celui gagnŽ gr‰ce au modle occidental de rŽussite sociale).

DÕun point de vue mŽthodologique, jÕai choisi dÕentamer depuis mars 2014 un recueil de tŽmoignages et de rŽcits de vie auprs des Ç anciens È et des Ç nouveaux È intervenants du champ patrimonial, culturel et artistique. Mes questions, qui allaient sÕadresser ˆ ces artisans des formes institutionnalisŽes de la culture et des reprŽsentations symboliques destinŽes ˆ tre montrŽes, devaient concerner principalement leur parcours personnel, leur environnement familial, ou encore les influences (politiques, idŽologiques, acadŽmiques, professionnelles, etc.) qui ont pu les inciter ˆ sÕengager dans un mŽtier de la sphre culturelle.

Le choix de mes interlocuteurs sÕest dÕabord effectuŽ sur la base dÕun annuaire des anciens stagiaires Ç 400 Cadres Ð Cadres Avenir È, programme qui rassemble des professionnels de tous les secteurs dÕactivitŽ ayant bŽnŽficiŽ (depuis 1988) dÕune bourse dՎtudes dans le cadre du projet de rŽŽquilibrage au profit des natifs du pays, et en prioritŽ de

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99 Pour un dŽtail de mes sources documentaires et ethnographiques, je renvoie ˆ la bibliographie et aux annexes. LՎtude prŽsentŽe ici, compte tenu des contraintes de temps et de volume, ne permet de restituer quÕune mince partie des matŽriaux ethnographiques que jÕai pu collecter durant lÕannŽe 2014, qui fut principalement consacrŽe ˆ la conduite de plus de quarante entretiens individuels, puis au travail de rŽdaction. Quelques entretiens ont ŽtŽ rŽalisŽs Žgalement en 2015.

ceux dÕorigine mŽlanŽsienne100. Paralllement, jÕai dŽcidŽ de privilŽgier les contacts au sein du Centre Culturel Tjibaou et de lÕAgence de DŽveloppement de la Culture Kanak (ADCK), dont jÕavais pu rencontrer certains acteurs ˆ la fin des annŽes 1990. Ce choix sÕest imposŽ Žgalement du fait de lÕactualitŽ culturelle 2013- 2014. LÕexposition Kanak, LÕArt est une parole, dÕabord prŽsentŽe au MusŽe du quai Branly en 2013, venait consacrer la dimension ˆ la fois esthŽtique et spirituelle de la civilisation kanak dans un musŽe occidental pensŽ comme post-colonial101. LÕun des commissaires de lÕexposition, Emmanuel KasarhŽrou, avait auparavant occupŽ des fonctions dirigeantes au sein de lÕADCK ˆ NoumŽa pendant plus de quinze ans102 ; lÕautre commissaire, Roger Boulay, ethnologue, Žtait associŽ au travail dÕinventaire du patrimoine ethnographique kanak depuis que Jean-Marie Tjibaou en avait ŽtŽ lÕinitiateur. LÕexposition prŽsentŽe ˆ Paris fut ensuite remaniŽe et montrŽe ˆ NoumŽa, au Centre Culturel Tjibaou, au second trimestre 2014 (15 mars Ð 15 juin 2014) ; le Centre a accueilli, selon les chiffres prŽsentŽs par lÕADCK, plus de 30.000 visiteurs durant cet ŽvŽnement103 : lÕexposition, qui co•ncidait avec mon retour sur le terrain calŽdonien, et qui mobilisait diffŽrentes catŽgories dÕacteurs professionnels, a trs naturellement constituŽ le point de dŽpart de ma nouvelle enqute ethnographique, en facilitant les rencontres et les entretiens avec des personnalitŽs reconnues au sein du milieu professionnel de la culture et du patrimoine kanak. A NoumŽa, la manifestation, amplement relayŽe par les mŽdias locaux, sÕest accompagnŽe de confŽrences, animations, soirŽes thŽmatiques, etc., qui ont orientŽ mes rencontres et Žchanges avec les intervenants mobilisŽs autour de cet ŽvŽnement.

Gr‰ce au Ç premier cercle È de mes interlocuteurs, jÕai pu intŽgrer assez rapidement le tissu associatif local, en devenant, en tant quÕethnologue, membre associŽ de lÕAssociation des

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100 Les accords de Matignon du 26 juin 1988 stipulent que Ç dans le but de rŽŽquilibrer le partage des responsabilitŽs dans lÕadministration de la Nouvelle-CalŽdonie, un important programme de formation de cadres, particulirement de cadres mŽlanŽsiens, doit tre engagŽ dans les meilleurs dŽlais È. La premire promotion de stagiaires du programme Ç 400 Cadres È (symboliquement dŽnommŽe la Ç Promotion du Dialogue È) est ainsi reue en mŽtropole ds septembre 1988, un mois avant le rŽfŽrendum qui ratifie les accords de Matignon. En 1998, lÕarticle 4.1.2. de lÕaccord de NoumŽa prŽvoit quÕÇ un programme spŽcifique, qui prendra la suite du Programme "400 Cadres" (É) tendra ˆ la poursuite du rŽŽquilibrage et ˆ lÕaccession des kanak aux responsabilitŽs dans tous les secteurs dÕactivitŽs È : cÕest le Programme Ç Cadres Avenir È. Le bilan dressŽ en 2013 dŽnombre 1300 parcours de formation effectifs depuis 1989, dont environ 70% concernent des Kanak. Le taux moyen de rŽussite sՎtablit ˆ 78% (donnŽes issues de lÕannuaire 2013 des anciens stagiaires du Programme ; pp.16-17).

101 Sur le projet du MusŽe du quai Branly et les controverses autour du concept musŽal, cf. Guilhem (2000) ; de LÕEstoile (2007), Price (2011[2007]).

102 Je lÕavais dÕailleurs rencontrŽ ˆ cette Žpoque (novembre 1998) ; cf. les nombreux extraits de cet entretien infra.

103 PŽtŽlo Tuilalo, communication ˆ lÕAssemblŽe GŽnŽrale de lÕAssociation des MusŽes et ƒtablissements Patrimoniaux de Nouvelle-CalŽdonie (AMEPNC), Thio, 27 mars 2015. Ce chiffre est significatif lorsque lÕon rappelle quÕen 2014, la Nouvelle-CalŽdonie compte 268.767 habitants (donnŽes du recensement 2014 ; source : ISEE, 2015).

MusŽes et ƒtablissements Patrimoniaux de Nouvelle-CalŽdonie (AMEPNC). Cette dernire rassemble notamment des institutions et structures associatives telles que : lÕADCK-Centre Culturel Tjibaou, le MusŽe de Nouvelle-CalŽdonie (fonds dÕobjets traditionnels kanak et ocŽaniens), le MusŽe de la Ville de NoumŽa (objets et documents historiques), lÕAssociation TŽmoignage dÕUn PassŽ (objets du bagne et sites coloniaux), le MusŽe Maritime de Nouvelle-CalŽdonie (collection dÕobjets et documents rassemblŽs par lÕassociation Fortunes de Mer) , le Parc Zoologique et Forestier, lÕAquarium des Lagons, lÕassociation In Memoriam, lÕassociation de Fort Teremba (site colonial), le Centre culturel de Hienghne (culture kanak), le MusŽe de la Seconde Guerre Mondiale, le MusŽe de Bourail (arts et traditions populaires), lՃcomusŽe du CafŽ de Voh, le MusŽe de la Mine de Thio, et plus rŽcemment, lÕAssociation de Sauvegarde du Patrimoine Minier et Historique du Nord CalŽdonien (site de TiŽbaghi). Mon adhŽsion ˆ lÕAMEPNC (en tant que membre associŽ) mÕa permis de participer aux assemblŽes gŽnŽrales de lÕassociation et aux forums rŽunissant les principaux acteurs de la scne patrimoniale et culturelle locale, autour de thŽmatiques relatives ˆ lÕorganisation dՎvŽnements communs, ˆ la gestion de leurs Žtablissements, ˆ la formation de leurs collaborateurs, ˆ leurs contraintes (spatiales, budgŽtaires, techniques, humaines, etc.), ou encore aux interdŽpendances et aux synergies quÕils pourraient contribuer ˆ dŽvelopper ensemble localement.

Sans doute en raison de lÕactualitŽ politique au premier semestre 2014 (Žlections municipales en mars, provinciales en mai, recomposition du Congrs et du Gouvernement de la Nouvelle-CalŽdonie en juin), certaines prises de contact ont ŽtŽ rendues plus difficiles, et ont parfois nŽcessitŽ des relances et des dŽmarches plus insistantes de ma part.

Au final, dans des conditions extrmement favorables, et en dŽpit de quelques rares refus de me rencontrer (deux femmes kanakÉ), jÕai pu effectuer en lÕespace de dix mois (de mars ˆ dŽcembre 2014) prs de 45 entretiens parfaitement exploitables (notes ou enregistrements), auprs dÕintellectuels, de cadres et dirigeants de la culture, de professionnels indŽpendants chargŽs de missions par les acteurs institutionnels, ainsi que de membres actifs au sein dÕassociations axŽes sur la prŽservation du patrimoine, mais Žgalement auprs de responsables institutionnels, formateurs, animateurs culturels, artistes contemporains. Les entretiens se sont dŽroulŽs sur des durŽes variables (une ˆ trois heures, voire davantage). Ils se sont organisŽs peu ou prou en fonction dÕune trame de questions ouvertes concernant notamment le parcours personnel (environnement familial, scolaritŽ) et professionnel de mes interlocuteurs, leur engagement associatif ou politique, jusquÕaux fondements et contours de leur mission professionnelle passŽe et/ou actuelle. Les questions posŽes avaient surtout

vocation ˆ structurer un tant soit peu chaque entretien, sans entraver les digressions ni empcher que soient abordŽs dÕautres sujets, plus personnels ou politiques. Il est important de noter quÕune faible partie des personnes que jÕai eu lÕoccasion de rencontrer Žtaient dŽjˆ actives en 1975 lors du festival MŽlanesia 2000, dans le secteur socio-culturel, lÕadministration ou le champ politique ; mes autres interlocuteurs, mme ceux nŽs dans le seconde moitiŽ des annŽes 1980, ont tous entendu parler de ce festival Ç mythique È, qui constitue une rŽfŽrence commune et quasi sacralisŽe. Avec la cŽlŽbration des quarante ans de MŽlanŽsia 2000, la rŽactivation des souvenirs a frŽquemment contribuŽ ˆ amener le sujet du festival (et par extension, de la mise en spectacle de la culture kanak) au cÏur de la discussion104.

Toutes les personnes qui ont bien voulu rŽpondre ˆ mes questions ont ŽtŽ sŽlectionnŽes en raison de leur r™le dans lÕaction culturelle, la gestion institutionnelle ou la production artistique sur la pŽriode qui mÕintŽresse. La liste que jÕavais Žtablie au dŽpart, qui nՎtait Žvidemment pas exhaustive, a ŽtŽ complŽtŽe petit ˆ petit, selon les thmes et les problŽmatiques rŽvŽlŽs par les verbatim des acteurs. En effet, au fur et ˆ mesure de ces rencontres, comme bien souvent, dÕautres personnalitŽs ont ŽmergŽ comme des contacts potentiels, sur les recommandations de mes interlocuteurs. Ce travail de rŽseau a permis ma mise en relation avec des acteurs moins Ç visibles È du champ culturel et patrimonial, notamment des intervenants