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L’EXPÉRIENCE QUOTIDIENNE

2.3 Repenser le développement du monde rural

Ici revient l’idée de ce que le rural peut apprendre à l’ensemble de la société. Et plus précisément pour les fins de ce travail, on se demande : que peut nous apprendre le rural à l’égard des enjeux paysagers du développement territo-rial ? Comment entreprendre la production, voire la planification paysagère ?

La pensée du paysage (au sens que Berque parle) a engendré la préoccu-pation pour la protection du paysage en concordance avec la pensée de l’écologie, et les disciplines du paysagisme, l’architecture du paysage ou l’urbanisme durable sont ainsi nés de cet élan. Selon Marot (1995), ce sont les paysagistes qui peuvent s’interroger et représenter ces enjeux au présent. Et étant concentrés sur la trans-formation et la perte de sens et de la sensibilité paysagère de notre société, ces disciplines s’intéressent davantage aux zones de transition rural-urbain ou bien aux espaces où ladite perte se manifeste : la banlieue, le rurbain et la campagne. Et par leur savoir-faire, Marot considère que

« les paysagistes sont-ils identifiés comme les héritiers potentiels des pay-sans. On attend d’eux des idées, des stratégies et des projets susceptibles de relever l’agriculture dans sa mission de ménagement local, et capables de conserver à la campagne son ouverture et son visage tout en y acclimatant les nouveaux usages qui consomment aujourd’hui son espace. Les menaces de déshérence ou de spoliation qui pèsent lourdement sur le monde rural ont amené nos sociétés à comprendre que cet espace largement ouvert aux regards comme aux libres pas de l’homme était lié à une culture et que sa survie dépend de notre capacité à en hériter au travers de projets » (Marot, 1995, p.63).

Marot souligne qu’un projet de paysage devrait envisager de rétablir les liens entre les « dispositifs physiques » dans l’espace et les pratiques et le regard humain : matérialité, regard/représentations et pratiques qui pourraient enfin donner de l’identité au milieu de vie, et de le valoriser. Quand Marot parle de ré-tablir les liens, il fait référence à faire concourir le sens et la lisibilité du « site »

— qui sont produits et ressortent de la culture, l’histoire, la production et aussi

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le contexte matériel et figuratif du lieu —, avec les usages qui constituent son

« visage ». C’est, par conséquent, renverser la tendance d’uniformisation moderne et la perte de spécificité, d’identité locale — telle la tendance de scientificité —.

C’est une « reconquête ». Un tel défi dépasse largement un travail simple et objectif d’intervention cosmétique dans le territoire, en se constituant volontiers en un travail « cosmique » (Marot, 1995, p.65).

Cependant, ce travail problématise aussi autour du regard d’extériorité propre à l’approche scientifique du développement (Umans et Arce, 2014). Il s’agit d’une approche technocratique, centrée sur les acteurs élus ou académiques qui détiennent le pouvoir discursif et d’action institutionnelle directe.

On peut percevoir un tel regard extérieur dans cette démarche que Marot (1995) propose sur la production des projets de paysage. Il manifeste le besoin de la connaissance du « site » (c’est-à-dire le lieu, l’endroit où se développe un projet ponctuel) pour le rendre lisible et atteindre un projet de paysage. Selon lui, tout projet doit être conduit par l’« exégète » du paysage : le paysagiste. Ainsi, le paysagisme, administré par cet expert peut guider vers un « projet d’aménage-ment ». Mais suite aux discussions précédentes, je considère que cette connais-sance (la lecture et le récit du paysage) doit provenir aussi des gens qui y habitent.

Ce changement du focus de connaissance et d’intérêt depuis le regard des acteurs experts vers celui des acteurs locaux a été décrit par Fleury et al.

(2017) dans le cadre de la mise en œuvre de la politique Trame Verte et Bleue (TVB) dans l’ancienne région Rhône-Alpes, en France, entre 2011 et 2016. La TVB visait la préservation de la biodiversité dans les documents de l’aménagement à travers la (re) constitution du réseau écologique22. Dans le cadre de la mise en œuvre de la politique trame verte et bleue dans l’ancienne région Rhône-Alpes, en France, entre 2011 et 2016, ils ont montré le changement de la conception du paysage d’étude, qui au début était centré sur les connaissances et analyses des experts écologistes ; mais qui a intégré dans un deuxième temps les regards des paysans, conformant une conception du paysage selon l’aménagement des différentes utili-sations de sol productif ; et dans un troisième temps s’est conformée une concep-tion de développement, qui est « vécu au quotidien par ses habitants, support et produit d’activités économiques dont l’agriculture ».

Dans la mise en place de cette politique, lors des séances de rencontres et de discussions, la conception et les pratiques paysagères des écologistes se sont vues confrontées à celles des agriculteurs. Dans ce parcours, l’interprétation des espaces agricoles a joué un rôle central : dans un premier temps, dans l’optique de l’écologie du paysage, les zones agricoles de monocultures ont été considérées comme imperméables aux déplacements des espèces (pendant que les espaces d’élevage ou de polyculture-élevage faisaient partie des continuums au même titre que les forêts et les milieux aquatiques et humides). Cela a fait réagir les agricul-teurs, qui craignaient que cette distinction conduise à de nouvelles contraintes pour eux. Et la Chambre régionale d’agriculture a répondu que les monocultures

22 Ce concept, constitutif de l’écologie du paysage, cherche à protéger et à aménager des structures paysagères pour « permettre aux espèces animales et végétales de circuler, de s’alimenter, de se reproduire et de se reposer (…) et assurer ainsi leur cycle de vie » (Fleury et al., 2017, p.2). Entre les principaux éléments de cette structure-réseau on trouve des corridors et des parcelles-surfaces ou patchs (naturels et semi-naturels, agricoles, urbains, etc.). La conception du paysage était régie par le savoir-faire scientifique — écologiste —. Fleury, Delclaux, Guisepelli et Heinisch, 2017

51 étaient aussi favorables à la biodiversité. Pour appuyer leurs conceptions, ils ont

mobilisé les pratiques et savoirs des naturalistes, usagers et habitants locaux, en exprimant le paysage tel qu’ils le vivaient.

« Les continuités écologiques passent au prisme des représentations et des pratiques agricoles (…). C’est un savoir situé, lié à la fois aux pratiques agricoles, à la fréquentation quotidienne des lieux et à une sociabilité locale entre agriculteurs et entre habitants. Ce paysage initié (…) se distingue des paysages de l’écologie et de l’aménagement, paysages informés produits par des méthodes scientifiques. » (Fleury et al., 2017, p.15).

Dans cette même ligne, Bigando (2013) souligne que l’appui à la produc-tion de la réflexivité paysagère habitante s’avère « très efficace dans une perspec-tive d’intégration citoyenne dans les dispositifs d’action publique », surtout par l’en-couragement de la participation des habitants dans les démarches de politiques, plans et projets de territoire. Cette approche met aussi en évidence le besoin d’en-treprendre des actions de planification pertinentes pour les paysages considérés comme ordinaires. Ne s’agissant pas d’aires d’intérêt paysager esthétique ou pro-ductif, les paysages ordinaires, sans qualité apparente, restent en général sans actions politiques ou d’aménagement spécifiques (Bigando, 2013). Mais plusieurs études et pratiques qu’y se sont intéressées, ont montré l’importance de ceux-ci pour la qualité de vie des personnes, ce qui a même été reconnu dans la Conven-tion européenne du paysage (2000)23.

Les postures ici commentées prônent la reconnaissance du genius locci ou de l’identité du lieu pour faire face aux enjeux d’écologie et d’espace public actuels (Marot, 1995, Berque, 2007), de même que l’intégration des acteurs et ha-bitants locaux et leur savoir-faire dans les projets de développement territorial (Ruiz et Domon, 2013, 2014, Fleury et al., 2017, Bigando, 2013). Ces postures pour-raient aussi être vues selon une approche du développement que Umans et Arce (2014) appellent l’approche d’« Adaptation au contexte » — Fit-in-context approach

—. Cette approche est propre des programmes de développement qui visent à transférer technologies ou pratiques en les adaptant aux contextes locaux, ce qui exige la connaissance approfondie du contexte pour l’application de ses actions.

C’est une approche systémique : le contexte territorial est vu comme une partie intégrale d’un système complexe, et pas seulement une structure « en dehors » et

« en bas » du regard centraliste des programmes de développement qui jusqu’à ce moment-là guidait les actions de développement (surtout quand on parle des contextes dits sous-développés)24.

« Le rôle du protagoniste est passé de l’outsider à l’insider. L’acteur local

23 Pour la Convention européenne du paysage, celui-ci est « partout un élément important de la qualité de vie des populations : dans les milieux urbains et dans les campagnes, dans les territoires dégradés comme dans ceux de grande qualité, dans les espaces remarquables comme dans ceux du quotidien ». Council of Europe, 2000, cité par Bigando, 2013.

24 Pour Umans et Arce, l’approche du Fit-in-context dépasse une autre qui avait pour but de résoudre des problèmes compliqués (Fix-the-problem approach) à travers l’implantation des solutions homogènes et centralisées, « avec la conviction que les problèmes de développement pouvaient être résolus en faisant appel aux connaissances scientifiques, à la technologie, à la démocratie et au capital » (Umans et Arce, 2014, p.337). Cette approche est propre à l’idéologie moderne des Etat-pro-vidence, qui fixaient centralement les programmes et politiques de développement pendant les décennies de 1960 à 1980, mais qui vers la fin du siècle a monté que ces transferts de connaissances, de technologie et de capital ne s’adaptaient pas à la diversité et à la complexité du monde réel.

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n’était plus l’objet du développement, mais le sujet de son propre dévelop-pement (Chambers, 1993). Les professionnels ont changé leur rôle d’interve-nants en facilitateurs du développement local. Les connaissances indigènes et l’autodétermination sont reconnues. L’hétérogénéité et la pluralité sont reconnues au sein des voies de développement endogènes et des modernités multiples » (Umans et Arce, 2014, p. 338, traduit par l’auteur).

Ce processus a cependant été promu à l’origine par des institutions in-ternationales telles que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale

— qui ont œuvré pour l’instauration du marché global néo-libéral, en le plaçant comme épitome de régulation et transparence contre la bureaucratie, la corrup-tion et la volonté de patronage politique des États modernes (Arce, 2003) —. Les premières réactions contre la logique néo-libérale de cette approche se sont cen-trées sur le manque de soutenabilité écologique, et pour son manque de considé-ration sur les modes de vie et la vulnérabilité des gens pauvres. Ces critiques se faisaient sans s’intéresser profondément à la valeur sociale ni à la connaissance des acteurs sur leur propre réalité (Arce, 2003).

Cependant, l’hétérogénéité des contextes locaux, propre aux territoires ruraux où se déploient des dynamiques transformatrices telles que décrites au-paravant, peut amener les programmes de développement à faire face à une forte fragmentation sociale. Et la résolution des problèmes de fragments faible-ment connectés risque de se concentrer aux les contraintes de liaison, au lieu de prendre en compte simultanément toutes les dimensions. Ainsi, « les acteurs du développement font face à la contingence et l’instabilité qui créent des situations fluides et qui sont difficiles de saisir au regard de l’approche de l’Adaptation au contexte » (Umans et Arce, 2014, p.338).

Les auteurs appellent donc à adopter une nouvelle approche : Suivre le mouvement — Go-with-the-flow approach —. Ici « Le flux n’est pas (…) le mouvement d’entités solides, mais indique la nature fluide des multités25. La fluidité réside dans un changement dans le type de relation entre les fragments et le tout »26 (Umans et Arce, 2014, p.339). D’une telle façon, le social comprend aussi les caractéris-tiques d’organisation de multités, en plus d’entités solides, totalités sans soudure, fragments et assemblages (cette dernière notion, se référant aux ensembles hé-térogènes et fragmentés qui manquent de relations d’intériorité, et même d’exté-riorité). Nombre de ces états ou caractéristiques de l’organisation locale peuvent

25 Venant de l’anglais « multity », que Umans et Arce (2014) définissent comme une entité sin-gulière, fragmentée et entremêlée intérieurement, et à une nature fluide.

26 Fortement influencés par la philosophie deleuzienne, Umans et Arce (2014) proposent cette approche du développement à partir de l’observation du comportement du transfert d’entités isolées (capitales, technologie), ou de «totalités sans soudure» (systèmes) dans un espace restreint à des limites instrumentales (limites intelligibles, stables). Cet espace restreint fait référence à un espace réduit à un monde développé et un autre sous-développé, où le transfert est fait depuis le premier au deuxième. Ce transfert donc est un processus de décontextualisation de la chose de son origine (capi-tales, technologies, connaissances, etc.), et de recontextualisation où qu’elle est insérée. Ce processus peut entraîner le transfert inattendu d’autres contenus avec la chose supposée d’être transférée : façons de faire, histoires, exigences socioculturelles, etc. Cela fragmente le contexte local. Mais « dans des circonstances particulières, les fragments se connectent au contexte de telle manière qu’ils deviennent co-constitués. Cette co-actualisation du fragment et du contexte estompe la frontière qui les sépare. Ainsi, le dualisme conventionnel entité-contexte peut disparaître. Les fragments ne sont donc pas seulement in-terconnectés ou entrelacés, mais aussi entremêlés dans une totalité plus grande (l’immanence deleuzienne).

Cette totalité singulière comporte de nombreux fragments aux dimensions multiples (matérielles, sociales, politiques, etc.) » (Umans et Arce, 2014, p.338. Parenthèses dans le texte original).

53 être des conséquences des transferts et actions exogènes des programmes de

développement susmentionnés.

« Le social est (dans) un état de mouvement d’événements, matérialités, expressions, etc. » (Umans et Arce, 2014, p.339). Ces caractéristiques lui confèrent la possibilité de se territorialiser ou de se déterritorialiser, étant le premier un pro-cessus de stabilisation, consolidation et solidification de l’espace, des institutions ou d’autorité politique centrée ou posée sur un territoire ; tandis que la deuxième exprime au contraire la désintégration des rigidités ou des pratiques bureaucra-tiques institutionnelles à travers l’autoreprésentation et l’autonomie d’organisation dans les niveaux locaux du territoire, un processus accompagné de déconstruction et décolonisation de la pensée et des actes (Umans et Arce, 2014).

Umans et Arce avertissent qu’il ne faut pas confondre ces trois « types » d’approches avec une évolution historique qui laisse les premières obsolètes et sans utilité : chaque approche présente plutôt des argumentations appropriées pour différentes situations territoriales rurales, en sachant que les problèmes qui constituent l’espace rural peuvent être « compliqués » (fix-the-problem approach),

« complexes » (fit-in-context approach), ou mêmes « fluides » (go-with-the-flow ap-proach). « Cela jette un nouvel éclairage sur les questions de relationnalité qui ont gagné en pertinence dans l’étude de l’espace rural et de son large éventail de pro-blèmes contemporains au cours des dernières années » (Umans et Arce, 2014, p.344), tel que les discussions sur l’espace et le paysage matériel, textuel et perfor-matique que j’ai déjà montrées. Et entre toutes les approches, les auteurs essayent de donner des pistes, mais admettent que « toute approche singulière pour réali-ser le développement rural est au mieux partielle » (Umans et Arce, 2014, p.337).

La reconnaissance de la diversité rurale va de pair avec la défense des intérêts des territoires ruraux en tant qu’objets de leur propre développement et pas nécessairement soumis au développement urbain. Et la reconnaissance du rôle que le rural peut jouer dans la société va du rôle productiviste propre à la vision fonctionnelle traditionnelle (qui attribue aux territoires ruraux la tâche pré-pondérante de production d’aliments et de matières premières), à d’autres rôles ou contributions correspondants aux les valeurs de la société contemporaine, par rapport à la compréhension d’autres subjectivités ou altérités27 (en relation avec le domaine de la construction des représentations sociales), ainsi qu’aux perspec-tives écologiques, anticonsuméristes et de liberté d’autodétermination (que l’on peut associer au domaine des pratiques quotidiennes et de performance).

Dans ce sens, la notion de Communauté de relations au paysage « s’avère une voie féconde pour mieux saisir les enjeux de la recomposition des espaces sociaux dans la réalité contemporaine et ses implications pour un aménagement réfléchi des territoires » (Ruiz et Domon, 2013, p.157). Celle-ci peut présenter des opportunités d’association au sein du groupe humain rural. Par exemple, des par-tenariats (capacité à créer des niveaux de décision communs entre les agents pré-sents sur un territoire) ou des coalitions sociales ou territoriales pour la concep-tion et la mise en œuvre de stratégies locales de développement territorial.

Dans le cadre des études de la Nouvelle ruralité quelques auteurs

lati-27 Par rapport à la discussion que j’ai présentée sur la conception de l’altérité chez Rosenqvist (2020, qui la conçoit comme la qualité d’être différent de l’urbain), je préfère ici la comprendre comme l’ensemble de caractères identitaires différentiés dans la société, et pour cela, je l’écris au pluriel.

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no-américains s’intéressent sur les revendications que quelques habitants et mou-vements politiques paysans font de la vie paysanne et des valeurs qui le seraient propres. Ces revendications de valeurs se manifestent à travers le continent par des discours et mouvements sociaux nés en réaction aux inégalités inhérentes au capitalisme et aux actuelles logiques relationnelles du néolibéralisme. Selon Ratier (2002), les enjeux qu’incarnent les envies ou les luttes des mouvements sociaux et paysans « mettent en évidence les possibilités de renouvellement [des territoires ruraux], extensibles à l’ensemble de la société » (Ratier, 2002, p.25). Bien sûr ces mouvements sont de plusieurs natures sur le continent, selon les circonstances historiques, sociales et matérielles des régions. Pour n’en citer que quelques-uns, on peut nommer le Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre au Brésil (Mo-vimento dos Trabalhadores Rurais sem Terra, MST), le mouvement des Zapatistes et l’Autonomie communautaire du maïs au Mexique, le mouvement transnational Via Campesina, ou les multiples mouvements de paysans locaux qui s’articulent pour résister aux stratégies territoriales capitalistes. Les territoires et mouvements indi-gènes sont aussi souvent intégrés au rural. Cela ajoute encore plus de complexité sur le domaine de l’hybridité (associée en générale à la coexistence dans le terri-toire des logiques urbaines et rurales, mais pas indigénistes) et sur la reconnais-sance de plusieurs ruralités.

Toutes les discussions précédentes déterminent le besoin de définir les éléments de continuité de la ruralité qui lui donnent du sens, et qui ont pour effet qu’elle conserve une spécificité théorique et méthodologique pour proposer, en-suite, des modèles alternatifs pour son développement. La conception paysagère de la ruralité des habitants ruraux eux-mêmes pourrait aider à clarifier une ré-ponse, un chemin. En Amérique latine les recherches n’intègrent que peu souvent les perceptions que les habitants des territoires ruraux ont de leur propre identité rurale . Si la représentation formelle ou la définition pré-écrite depuis la centralité urbaine a été à plusieurs occasions contestée, tantôt par le biais des débats d’in-terventions politiques, tantôt par des conceptions intellectuelles, il vaut la peine de se demander à quel point cette définition est encore présente dans les dis-cours des communautés locales qui l’ont intériorisée, quels enjeux elle comporte, et quelles perspectives elle peut offrir pour le développement territorial local et, si possible, paraphrasant Ratier (2002), pour ou dans l’ensemble de la société.

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3. Méthodologie

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3.1. Approche de la recherche et conception