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Contrairement au paysage économique, le paysage religieux des abords de la ville subit deux évolutions majeures. Tout d’abord, et sans y revenir dans les détails, l’évolution de la défense entraîne la disparition de Notre-Dame-des-Champs, Saint-Symphorien et Saint- Thiebault. L’église paroissiale du Ban-Saint-Martin semble également s’effacer de l’espace. C’est peut-être la pression qu’exercent les messins sur cette zone d’habitat qui les dérange, qui empêche sa reconstruction. On assiste donc à une érosion partielle du paysage religieux du premier cercle. Par contre, la totalité des autres édifices de culte (églises, abbayes, prieuré et chapelles) restent en place. Si certains ont été endommagés par la guerre de 1444-1445, ils furent rebâtis par la suite. Certains semblent même posséder une nouvelle fonction. En effet, la chapelle Saint-Louis409 et l’église Saint-Genest410, toutes deux situées au Sablon, semblent

avoir attiré chacune un ermite.

De nouveaux édifices apparaissent également. Ainsi, devenant le deuxième changement important du paysage religieux entre 1444 et 1552, on assiste à la mise en valeur de la colline de Désirmont (qui prendra le nom de Bellecroix), devenant à cette période un lieu de recueillement important des abords de la ville de Metz. Cette colline, comme cela a été mentionné auparavant, portait déjà une chapelle Saint-Didier (appelé aussi Saint-Désir) au 10e

siècle et était probablement un petit pèlerinage411 même si l’on n’en a plus trace dans les rôles

de bans au 13e siècle. Cependant, la mémoire de cet endroit n’a pas dû se perdre puisque c’est

là qu’un Allemand décide de faire construire en 1497 un grand calvaire412, puis peu après, un

407 Pour les moulins de Metz au Moyen Âge, voir l’article de A. Prost « Mémoire sur les moulins de la

Moselle ». Prost 1848-1849.

408 Elle est postérieure à l'année 1551 et son nom est dû à l'enseigne qu'elle portait.

Elle est encore mentionnée dans une liste de biens appartenant au roi en 1775. Bour 1932.

409 En 1525 elle est occupée par un ermite. DEPAU 1992. 410 1471 : un ermite habiterait à côté. Bour, Klauser 1929.

411 Bour 1932, p. 155 : il émet l’hypothèse que les messins auraient obtenu quelques reliques de saint

Didier, mort en 608, et qu’ils auraient bâti sur la colline une chapelle en son honneur. D’après lui la translation des reliques eut lieu le 11 février 620, mais il ne cite pas ses sources. Elle aurait entraîné de nombreux miracles, ce qui aurait contribué au développement de son culte.

412 Il est édifié en 1497 par un allemand : Zayer (Zager?) hôte des Trois-Rois en la rue des Allemands

Outre-Seille : une croix de pierre avec l'image du crucifix avec les bon et mauvais larrons de chaque côté

chemin de croix qui en partait pour aller jusqu’à la porte Rengmont. Une maisonnette y fut également édifiée en 1512 par François de Gournay pour y accueillir un ermite413. Cet endroit

devient à ce moment un site de pèlerinage très prisé par les habitants de Metz414, puisqu’on

appelle même la colline Bellecroix, la Sainte-Colline messine. Ceci à un point tel, qu’après le siège de 1552 et contrairement au quartier du Sablon, le calvaire et la maisonnette seront relevés et agrémentés d’une chapelle Saint-Joseph et d’un cimetière. En fait, la colline reste après 1552 le seul endroit de pèlerinage situé hors les murs et ceci jusqu’à sa destruction en 1731-1734 pour ériger le fort de Bellecroix.

Figure 26 : le calvaire de la colline de Bellecroix en 1552 (Le Plant de la ville et Siège de Metz, ainsi qu'il fut présenté au Roy par Monseigneur de Guyse, en l'an 1552, Guise 1552).

et devant l'image de Marie et de saint Jean qui sont toutes droites devant ledit crucifix, avec la lanterne (lanterne des morts ou vraie lanterne ?) et le tronc. Ce calvaire devient un lieu de pèlerinage.

La même année, le même Zayer fit encore construire cinq autres croix de bois avec les scènes de la Passion, depuis le cimetière Saint-Eucaire, jusqu'aux degrés de la porte Rengmont.

1552 : destruction du calvaire. Bour 1932.

413 1512 : construction par François Le Gournais d'une maisonnette : il y loge un ermite et « fait réparer le

lieu ».

1518 : la maison de l'ermite est frappée par la foudre.

1552 : destruction du calvaire, puis ce dernier est rétabli avec une chapelle dédiée à Saint-Joseph, un cimetière fortifié (le calvaire était à l'intérieur avec 3 croix en pierre : christ, bon et mauvais larrons, et au pied : sainte Madeleine). Haefeli sdA.

414 Bour 1932 p. 163 : « L’ancien pèlerinage avait repris et se développa encore. Chabert nous apprend

que la 15 août la procession de l’Assomption ou du roi se rendait à la Bellecroix » (à partir de 1628-1629 : vœu de Louis XIII au siège de la Rochelle de consacrer son royaume à Notre Dame.) (Chabert,

Dictionnaire… des rues, places, ponts et quais de… Metz, 3e édit., Metz-Nancy, 1878) « D’après Baltus, quantité de personnes pieuses allaient les vendredis de l’année, et principalement tous les jours de carême, par dévotion, à cette chapelle et à cette croix. » (Baltus, Annales de Metz, édit. Paulus, Metz, 1904). Pierre-Edouard Wagner nuance néanmoins très fortement cet avis. D’après lui, l’édicule tenait plus du lieu de dévotion que de celui de pèlerinage.

On voit donc se confirmer la présence dans la périphérie de lieux de pèlerinages importants. On pourrait même dire que par sa position, le calvaire protégerait la ville à l’instar de la statue de la Vierge ou du Christ surplombant d’autres villes. Ces observations tendraient à prouver un début de renversement de l’importance des deux pôles religieux, celui de Bellecroix prenant le pas sur le vieux quartier du sud. La question de l’amoindrissement religieux du premier cercle est donc à relativiser puisque si certains édifices disparaissent, d’autres y sont créés même s’ils ne portent pas la même valeur symbolique que ceux disparus.

Enfin, la fin de la période est marquée par les débuts de la Réforme à Metz. Minoritaires dans cette ville, les réformés furent souvent contraints de suivre leur culte hors de l’enceinte de la ville, dans des bâtiments dont la fonction première n’était pas cultuelle. Ainsi, le prédicateur Farel, chassé de Metz, dut prêcher au château de Montigny415.

Hôpitaux, léproseries, funéraire

Contrairement à ce qui précède, ces éléments ne présentent quasiment pas d’évolution par rapport à la période précédente. En effet, hormis la disparition dans les sources des bordes du Pontiffroy et de l’hôpital Saint-Privat de Saint-Clément, le reste des structures restent stables.