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Chapitre1 Le contexte historiographique, géographique et historique.

IV. Les limites de l’étude

2. Les limites spatiales de la zone d’étude.

La première partie de cette thèse a mis en avant le manque de pertinence à réaliser l’étude des abords immédiats d’une ville sur la totalité de son plat-pays. Dans le cas de Metz, ce dernier correspond au Pays Messin, ensemble homogène de territoires ruraux qui s’étendent sur un rayon de 15 à 20 km autour de la ville. Cette dernière y exerce son autorité tant dans le domaine juridique qu’économique (comme par exemple sur les vignobles, source majeure de l’exportation de la ville). Les différentes seigneuries, qui s’y trouvaient, appartenaient pour une part à des établissements ecclésiastiques et pour l’autre, la plus grande, aux grandes familles du patriciat messin. Cependant, cette entité est bien trop vaste et, dans l’ensemble, n’a que peu de rapports directs et quotidiens avec la ville.

Figure 12 : Le Pays Messin (Bour 1950 p. planche 19).

Quels sont alors les indices à notre disposition permettant de définir la zone d’étude. Au cours des différentes phases chronologiques, divers éléments apparaissent.

Phase I : 1200-1444

La première phase est essentiellement marquée par la délimitation de la banlieue juridique de la ville. À Metz, si le terme de « banlieue » n’apparaît pas dans les sources, on a

par contre, en 1161, les premières mentions du ban de la ville de Metz : bannum civitatis. Il est alors l’héritier du ban du chapitre détenu jusqu’alors par l’évêque (et qui semble découler du passage d’une partie des droits comtaux dans ses mains, dans le courant du 10e

siècle171) formant de ce fait une circonscription administrative distincte du plat-pays172. Au

12e siècle, le contrôle de cette entité va peu à peu passer aux Paraiges. En fait, plutôt que de

parler de banlieue, on emploie plutôt l’expression de « juridiction du ban des Treize ». Au cours du 13e siècle, la plupart des enclaves qui y demeuraient (ban de Saint-Julien sous contrôle de l’abbaye Saint-Vincent par exemple173) passent sous contrôle du patriciat ; mais

des incertitudes demeurent pour les bans de Saint-Clément et Saint-Arnoul174.

D’après Jean Schneider175, les bornes de ce ban étaient, au 12e siècle176 : • Landrifontaine, un lieu-dit voisin de la route de Trèves, près de Maizières, • Verdunoischemin, sur la route de Verdun et Reims, près de Longeau, • Vallouse-Espine, près de Jouy-aux-Arches,

• Le Chemin de Montoy, sur la route de Mayence, vers Montois-Flanville, peut-être à la bifurcation de l’ancienne voie avec la nouvelle route, à la Planchette, à proximité du lieu- dit la Belle Croix.

Par ailleurs, la ville bénéficiait de la léproserie Saint-Ladre177, près de Saint-Privat, de

celle de Vallières178, près de Bellecroix, de celle du Pontiffroy179, et de celle de Sainte-

Croix180 à Woippy. Le gibet181 de la ville se situait également à proximité de Saint-Privat.

171 Au début du 10e (Schneider 1950 p. 68) l’évêque dispose des droits comtaux sur la ville et la

banlieue puis à la fin du 10e les mêmes droits sur le domaine d’immunité et ce qui reste du pagus

metensis sont confiés a un comte avoué nommé par l’évêque mais dont la juridiction ne s’étend pas

sur la cité qui forme une circonscription distincte du plat pays dotée d’un tribunal spécial.

172 Voir la démonstration de Jean Schneider. Schneider 1950 p. 68. 173 Schneider 1950 p. 51.

174 Au 12e siècle, les abbayes de la banlieue avaient obtenu les droits de justice sauf la justice

criminelle. Dès avant 1140, le droit de ban appartient en théorie toujours à l’évêque, mais son exercice est passé de l’avoué juge aux trois maires (villicus civitatis) qui sont les premiers magistrats de la nouvelle communauté des bourgeois.

175 Schneider 1950 p. 54.

176 Au 12e la banlieue s’étend jusqu’aux quatre querres (carrefours) à plus ou moins 10 km de s murs

au-delà l’avoué juge exerce la police des chemins.

177 Elle est attestée en 1160. Elle possède chapelle et maison. Il s'agirait d'une léproserie

exclusivement réservée aux « lépreux de la nation de Metz », issus en majorité de l'aristocratie. Gérée au 12e siècle par l'évêque puis, à partir du 13e siècle, par la ville qui la donne en 1284, à

l'hôpital Saint-Nicolas. Reitel, Arz 1988.

178 Elle existerait dès le 12e siècle.

Mais elle est organisée en 1219, avec peut-être déjà une église ou chapelle (attention celle-ci n'est réellement attestée qu'en 1241).

Elle est réunie à Saint-Nicolas en 1320. Dorvaux 1902.

179 13e siècle d’après Lunesu 1997. Sa situation exacte est inconnue. 180 Première mention au 14e siècle pour Dosdat.1980.

181 En Genestroy au 14e siècle. Bruneau 1929.

Enfin, une série de portes avancées est attestée à cette période : la Fausse-Porte des Allemands, et les fausses portes de Parnemaille, Mazelle, Chaponrue, de Sintefontaine et de Stoxey.

Phase II : 1445-1552

C’est dans une œuvre du 15e siècle, la Chronique Rimée, qu’une information nous

est donnée d’un bornage du ban de la ville, situé d’après elle à une lieue de celle-ci (alors que sur le terrain, la distance est variable) : « Et puis fist faire autour de Mets / En beaux lieux, une lieue près / Croix et prux en compassion / Du puple et récréacion ». Ces bornes sont en fait cinq croix (dites les croix de Louve) qu’a fait ériger le maître échevin Nicole Louve entre 1444 et 1449. Pierre-Édouard Wagner a assimilé cet espace à la banlieue182

On a donc :

• La croix du Haut Chemin, entre Grimont et Villers-de-l’Orme et qui est restée en place jusqu’à la seconde guerre mondiale, moment où elle est renversée par un camion et rebâtie quelques centaines de mètres plus loin que son emplacement d’origine.

• La croix du Pont aux Loups, disparue en 1729. Elle était située sur le chemin de Verdun (avenue Henri II), près du pont Quincoreille (puis pont aux Loups) à l’ouest de la ville. Elle servait de frontière entre Metz et l’abbaye du Ban-Saint-Martin (abbaye royale, puis ducale et donc ne dépendant pas de la ville de Metz).

• La croix de Pouilly, près du village de Pouilly, au-delà de la ferme Saint-Thiebault, sur l’actuelle D913.

• La croix de Peltre, peut-être sur la rue du Chemin Vert, à la hauteur de la ferme de la Haute-Bevoye, sur un petit ruisseau qui pouvait marquer une limite.

• La croix du chemin de Montigny, peut-être à la fourche de la rue des Loges et du Chemin de Montigny, à l’emplacement du temple protestant.

Enfin, on sait qu’en 1540, lors de la venue de Charles Quint, les magistrats de la ville décident de l’accueillir non à une porte de l’enceinte mais, en fonction du chemin d’arrivée possible choisi par l’empereur, à des lieux extra-muros symbolisant l’entrée dans le territoire de la ville, à savoir183 :

• À la croix du pont aux Loups, pour le chemin de Thionville,

• Au village de Saint-Julien, pour le chemin qui arrive à la porte Sainte-Barbe/Rengmont, • Aux Bordes ou à la fausse porte des Allemands, pour le chemin des Allemands,

• En Corchebeuf, pour le chemin de Mazelle,

182 Wagner 2000. 183 Metz 2000 p. 148.

• À la fausse porte Saint-Arnoul, pour les chemins des portes Saint-Thiebault et Serpenoise.

Phase III : 1552-1728/1741

Pendant la dernière période une seule indication peut nous être utile. En 1604, Metz acquiert le Ban-Saint-Martin qui dépendait jusque-là du duché de Lorraine.

Ainsi on peut, à partir de ces différents éléments, restituer une délimitation maximale des abords de Metz. C’est celle qui sera retenue ici sans tenir compte de ses variations postérieures, notamment le très fort rétrécissement que l’on peut observer en 1759 à l’occasion d’une enquête chargée de recenser les bornes délimitant le ban des Treize.

La zone d’étude, d’environ 75 km², dépassera donc les limites actuelles de la commune de Metz et ira de Woippy au nord jusqu’à Marly au sud et du Ban-Saint-Martin à l’ouest jusqu’à Borny à l’est. Elle inclut ainsi les communes actuelles de Metz, Marly, Montigny-lès-Metz, Longeville, Ban-Saint-Martin, Woippy, La Maxe et Saint-Julien-lès-Metz. :

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Chapitre2.

1200-1444

Figure 14 : Metz 1200-1444 (DAO CX)