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Les relations dans les médias entre les équipes et Christian Blanc jusqu’à la loi sur le

3. Consultation de 2008 et Secrétariat d’État : des transferts de capitau

3.1. Les relations entre la consultation de 2008 et le Secrétariat d’État

3.1.2. Les relations dans les médias entre les équipes et Christian Blanc jusqu’à la loi sur le

(2009-2010)

L’intérêt médiatique pour le « Grand Paris » apparaît dès 2007, mais c’est à partir du mois de mars 2009, avec l’exposition des travaux des équipes, que les médias commencent à suivre de plus près ce sujet (Brennetot, 2010 ; Chauvel, 2015). Entre mars et novembre 2009, les arbitrages présidentiels sur le « Grand Paris » et l’élaboration de la loi sur le « Grand Paris » sont très largement couverts. Conscientes que leurs travaux ont permis de lancer médiatiquement le sujet du « Grand Paris », mais aussi qu’elles sont en train d’être mises à l’écart, certaines équipes prennent la parole dans des journaux grand public afin de tenter de faire valoir leurs réflexions305.

Le réseau de transport proposé par Christian Blanc concentre alors la plupart des critiques des équipes. Le dissensus naissant est relayé dans la presse avant même que les travaux ne soient publiés306. Les termes utilisés font état de la violence des relations entre les interlocuteurs : « bataille », « hérésie ». Cette critique portée au projet de transport développé par la Société du Grand Paris (SGP) persistera tout au long de l’existence de l’AIGP307. Elle dénonce une approche technocratique, abordant la planification uniquement par le biais des réseaux. Elle voit aussi dans l'aménagement prévu des quartiers de gare par la réalisation de grandes opérations immobilières, le signe d'une marchandisation de la ville.

Outre la contestation portée sur le travail du Secrétariat d’État, le manque de dialogue entre les équipes et Christian Blanc est également source

305 Christian Blanc a présenté son travail sur le réseau de transport aux équipes

le 6 mars lors d’un dîner. À partir de cette date, les équipes commencent à pressentir que leur s travaux vont être mis de côté par le secrétariat d’É tat. Cet épisode est relaté dans plusieurs entretiens de mandataires d’équipes.

306 Jérôme Béatrice, « Grand Paris : la rocade souterraine de Christian Blanc

est contestée par les architectes. », Le Monde, 16 mars 2009.

307 Tout au long de notre travail d’observation de 2013 à 2016, les criti ques sur

le projet de transport restent virulentes au sein du « Conseil Scientifique » de l’AIGP.

de nombreuses tensions. En réponse au mutisme de ce dernier, l’idée que la mobilisation des équipes devrait être prolongée afin d’accompagner une forme d’action, apparaît au sein du comité de pilotage de la consultation308. Elle est diffusée dans la presse à partir du 13 mars 2009309. Elle est ensuite reprise dans le discours de Nicolas Sarkozy du 29 avril 2009310. Cependant, les conditions d’implication des équipes consultées dans l’appel d’offres ne sont pas définies, ni même les compétences de cette nouvelle structure. Il semble en revanche que les organisateurs de la consultation plaident que la démarche intellectuelle engagée par les équipes se poursuive311. Dans un article du 30 avril 2009, Paul Chemetov, co-président du conseil scientifique de la consultation de 2008, appelle à créer « une école du Grand Paris »312. Le BRAUP parle plutôt d’un « laboratoire du Paris Métropolitain »313. L’idée des protagonistes de la consultation consiste à prolonger la dynamique de réflexion engagée.

L’actualité politique connaît une seconde accélération à partir du mois d’octobre 2009. Le 7 octobre 2009, le projet de loi sur le « Grand Paris » est examiné par le Conseil d’État. Le même mois, le 30 octobre 2009, François Fillon314 annonce que sera créé l’Atelier International du Grand Paris (AIGP). Le 1er décembre, l’Assemblée Nationale adopte le projet de loi sur le « Grand Paris ». Deux semaines plus tard, Nicolas Sarkozy reçoit les dix équipes ayant participé à la consultation de 2008.

En février 2010, Bertrand Lemoine est nommé directeur de l’AIGP. À partir du printemps 2010, le projet de loi sur le « Grand Paris » fait la navette entre le Sénat et l’Assemblée. Le texte est adopté le 26 mai par l’Assemblée

308 Compte rendu du comité de pilotage du 4 mars 2009.

309 Jérôme Béatrice, Edelmann Frédéric, op. cit., 13 mars 2009.

310 « Par ailleurs, je souhaite qu’un Atelier International du Grand Paris soit

créé pour que les architectes puissent travailler en semble pour modeler le Grand Paris avec l’APUR et l’IAURIF. » Discours de Nicolas Sarkozy du 29 avril 2009 à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine.

311 Le compte rendu du comité de Pilotage du 27 mars 2009 e st très optimiste

sur l’intérêt de la démarche du point de vue de l’apport pour les praticiens comme pour les chercheurs.

Nationale et le 27 mai par le Sénat. La loi est promulguée le 3 juin 2010. Les décrets relatifs à la création de la Société du Grand Paris (SGP) sont publiés le 7 juillet.

Les débats dans les médias suivent de près ces actualités. Ils ne portent pas uniquement sur les rapports entre les équipes et le Secrétariat d’État, mais aussi sur les relations entre le Secrétariat d’État et son ministre de tutelle, François Fillon315. Ces débats s’expriment notamment avec la publication par des membres des équipes, mais aussi par des universitaires qui n’ont pas participé à la consultation, de tribunes dans des journaux grand public. Une certaine urgence des architectes à se positionner incite notamment Jean Nouvel à écrire une tribune le 20 octobre 2009 dans le journal Le Monde. Il y exprime avant tout la méthode opaque utilisée par Christian Blanc, ne prenant pas en compte les travaux des équipes :

« Sept mois après le rendu des études stratégiques, six mois après les fermes prises de position présidentielles, où en sommes-nous ? Nulle part. La confusion est totale. »

« Christian Blanc […] les invite [en parlant des équipes] à dîner pour les informer… de son projet pour le Grand Paris. En fait un projet de transport urbain en périphérie de la métropole. Les jours suivants il en informe abondamment la presse et le projet du Grand Paris devient un grand huit souterrain de métros automatique, établi avant même la prise de connaissance des dix propositions ayant occupé des centaines de spécialistes de tout poil. »316

Avec cette tribune, Jean Nouvel reproche à Christian Blanc d’avoir profité de l’effet d’annonce du rendu des productions des équipes pour annoncer un projet réalisé dans les coulisses. Il reproche également qu’aucun des résultats de leurs travaux ne soit pris en compte. Il continue en disant :

315 Le secrétariat d’État est transféré du portefeuille de MEEDDAT au

portefeuille du Premier ministre pour le budget 2009 .

316 Nouvel Jean, « Le projet du Grand Paris est menacé de s’enliser dans la

« Et stupéfaction, je n’ai jamais entendu le secrétaire d’État chargé du Développement de la Région Capitale commenter une seule proposition, ni même seulement demander à une des équipes d’expliquer ses projets… En revanche, il dit aux équipes qu’elles auront toutes du travail et évoque avec certaines de futures responsabilités sur de larges territoires, et se fait ainsi quelques alliés. »317

Jean Nouvel montre bien que les équipes souhaitent que leurs productions servent à plus qu’une simple démarche de communication. Elles attendent qu'elles aient une influence sur les prises de décisions politiques, voire qu'elles soient mises en œuvre. Dans cette même tribune, Jean Nouvel appelle à « créer d’urgence un atelier du Grand Paris » :

« Il faut créer d’urgence un atelier du Grand Paris où l’État, la Région, la Ville de Paris et les collectivités locales désigneront des représentants qui, informés par les équipes auteurs des propositions et par les ateliers d’urbanisme de la ville de Paris et de la Région, identifieront les propositions à retenir en vérifiant leur comptabilité et leur faisabilité. […] Ce n’est pas un hasard si Christian Blanc a proposé que l’Atelier du Grand Paris soit une association réduite aux seules équipes pour qu’elles travaillent ensemble… J’avais trouvé le nom : l’Atelier de Sisyphe. »318

Jean Nouvel milite pour un Atelier du Grand Paris qui soit un lieu de travail en association avec les collectivités. Il identifie le risque de mettre les équipes à l’écart dans un espace qui serait isolé. Avec l’expression « l’atelier de Sisyphe », Jean Nouvel estime qu’une telle situation rendrait les travaux des équipes inutiles. Cette tribune est une attaque directe envers Christian Blanc. Ce dernier répondra dans le même journal le 23 novembre, dans une tribune319 qui n’apaisera pas la situation. Christian Blanc y reprend la thématique de la compétition internationale entre les « villes mondes », posée par Nicolas Sarkozy. Il en fait un enjeu pour la région francilienne, mais globalement pour la France. Le titre même de la tribune, « L’ambition

nationale du Grand Paris », indique que pour Christian Blanc, sa mission ne porte pas uniquement sur des questions d’aménagement du territoire, mais sur des enjeux de compétitivité économique nationale. Cette idée s’exprime par plusieurs phrases : « La genèse du Grand Paris est liée à la volonté de mettre la France en mouvement. » ; « L’enjeu est décisif pour le pays tout entier. » ; « Ainsi sa croissance [c’est-à-dire, celle de la région francilienne] est essentielle à la croissance française. » Cette tribune ne s’adresse donc pas directement aux équipes. Christian Blanc évoque les travaux par deux reprises. La première fois dès le début :

« Le 23 novembre, j’ai présenté à l’Assemblée le projet de loi qui sera l’acte I du Grand Paris. La veille, l’exposition des projets des dix équipes d’architectes-urbanistes, chargées par le Président de la République d’imaginer l’urbanisme de la future métropole, fermera ses portes ; elle aura permis à un peu plus de 205 000 visiteurs de rêver au visage possible d’une ville-monde post-Kyoto. »320

Notons que Christian Blanc utilise le verbe « imaginer » pour parler des travaux des équipes. Il parle de l’exposition comme un espace pour « rêver ». Plus tard, en parlant de la création d’un Atelier du Grand Paris, il dira :

« Après avoir dans un premier temps travaillé séparément, ils vont en effet désormais œuvrer en commun sur ce qui réunit leurs projets, à première vue si divers, mais porteurs d’intuitions communes. »321

À nouveau, c’est le terme « d’intuition » qui est utilisé pour parler des travaux des équipes, qui ne sont par ailleurs désignées qu’en tant « qu’architectes-urbanistes » en omettant les autres professionnels mobilisés. L’usage de ces termes réfute toute dimension rationnelle à des démarches pourtant annoncées lors de la consultation comme relevant de la « recherche et développement ». Pour Christian Blanc, ces réflexions relèvent de l’utopie

320 Ibid. 321 Ibid.

et produisent des propositions oniriques. Par contraste, il se pose en homme de terrain et en homme d’action :

« La méthode que j’ai adoptée à sa tête [c’est-à-dire, du Secrétariat d’État] est celle qui a toujours été la mienne […] : une approche pragmatique, une réticence envers les effets d’annonce prématurés, une préférence pour le travail de terrain, un refus des démarches cloisonnées, et laisser émerger les projets. »322

Christian Blanc fait référence à une supposée opposition entre sa démarche menée sous l'égide du MEEDDAT qui serait orientée vers l’action, tandis que le travail des équipes suscité par le MCC serait de l’ordre du rêve ou de l’imaginaire, donc déconnecté d'un principe de réalité et ne répondrait pas à une démarche rationnelle. En construisant son propos sur cette opposition, Christian Blanc éloigne les travaux des équipes de portées opérationnelles. Il se positionne en tant qu’homme pragmatique et de terrain, donc capable d’engager des transformations du territoire.

En contraste, les équipes seraient appelé à « faire rêver ». Pour autant, les équipes ne se revendiquent pas une approche utopiste que cherche à leur assigner Christian Blanc. Bien au contraire, elles cherchent à rentrer en contact avec les élus franciliens et avec le gouvernement afin de faire entendre leurs idées pour les voir se concrétiser. Toutes ces initiatives se soldent par un certain échec, alimentant davantage les tensions entre les deux institutions. Celles-ci sont d’ailleurs relatées dans un article, « Les architectes se sentent "comme le cresson autour du rôti" »323, publié dans Le Monde du 23 novembre 2009, c'est-à-dire dans le même numéro où est éditée la tribune de Christian Blanc.

Si les prises de positions critiques contre les travaux de Christian Blanc se multiplient dans les médias324, la plus sévère paraît le 19 mai 2010.

322 Ibid.

323 Jérôme Béatrice, « Les architectes se sentent "comme le cresson autour du

En réaction à la publication de l’ouvrage de Christian Blanc325, Jean Nouvel publie une seconde tribune dans le journal Le Monde. La critique est directement dirigée vers le Secrétaire d’État, avec une anaphore, « Mais enfin Monsieur Blanc », qui en constitue le titre326. Christian Blanc est nommé dix- sept fois, dont neuf sous forme de l’anaphore éponyme. L’attaque est construite autour du manque de « vision »327, du manque de dialogue avec les équipes de la consultation328, de l’approche technocratique focalisée sur la construction d’un réseau de transport329. Jean Nouvel conclut à ce titre :

« Vous faites souvent référence à Haussmann. Comme lui, vous êtes préfet, mais vous ne serez jamais Baron. Ce livre aura servi à prouver une chose : vous n’êtes pas le Secrétaire d’État au Développement de la Région Capitale, vous êtes un Secrétaire d’État à l’extension du réseau de transport de la capitale. »330

La tension entre les équipes et le Secrétariat d’État est non seulement forte, elle est clairement exposée dans la sphère médiatique. Entre mars 2009 et mai 2010, les équipes ont le sentiment que leurs travaux ont surtout servi de créer un effet d’annonce pour présenter un projet sur lequel aucune n’a travaillé. Elles comprennent également que leurs travaux n’auront probablement que peu de portée opérationnelle. Face à cette situation, certains de leurs membres s'en prennent directement à Christian Blanc et tentent de remettre en question sa légitimité.

Mais Christian Blanc et les membres des équipes ne sont pas les seuls à s’exprimer dans la presse. Des commentateurs extérieurs à la consultation prennent également position et déplorent avant tout que les questions urbaines, telles qu'abordées, ne soient traversées que par des jeux de pouvoirs. La critique porte sur la méthode gouvernementale associant effets d’annonces

325 Blanc Christian, Le Grand Paris, Paris, Cherche Midi, 2010.

326 Nouvel Jean, « Mais enfin Monsieur Blanc !... », Le Monde, 19 mai 2010. 327 « Où est votre vision », Ibid.

328 « Comment atteindrez-vous cette trop noble ambition alors que vous avez

prouvé pendant deux ans votre refus de communiquer avec ceux avec qui vous auriez dû travailler ? », Ibid.

329 « Monsieur Blanc, vous refusez de comprendre… L’essentiel de

l’urbanisation du XXe siècle a été ainsi conçu, les réseaux d’abord ! On en connaît le résultat. », Ibid.

à une approche technocratique opaque, écartant tout débat possible sur les fondements et l'argumentaire des intentions. De ce fait, celui-ci n’a d’autre choix que de se produire dans la sphère médiatique, où interviennent des experts ayant le plus facilement accès à ces espaces d’expression. Dès octobre 2009, Guy Burgel écrit :

« Les derniers épisodes du feuilleton du Grand Paris, relatant les différends – éphémères ? – entre Matignon, le secrétariat d’État à la Région Capitale et l’Élysée sont dérisoires. Déjà écartelés entre le pointillisme froid des rédacteurs du projet de loi gouvernemental et les envolées lyriques des poètes architectes de la consultation internationale voulue par le président Sarkozy, nous voici projetés dans l’univers de Clochemerle. Ce serait risible, si les défis à relever n’étaient aussi lourds. »331

Avec cette prise de position, l’auteur met en exergue des postures qu’il juge caricaturales, opposant « le pointillisme froid des rédacteurs de projet de loi » à des « envolées lyriques des pètes architectes ». Ces attitudes ne permettraient pas l’élaboration d’une proposition consensuelle pouvant être portée par les différentes collectivités. Il conclut en disant :

« Paradoxalement, le « mille-feuille » politique francilien et les défis parisiens ne sont pas un mauvais laboratoire pour inventer la constitution de la ville de demain. La ville est un tout social, qu’il faut comprendre et traiter dans sa globalité. »332

Le manque de prise en compte de la complexité de la fabrication de la Ville est également souligné par Frédéric Gilli333 dans une tribune en date du 23 novembre 2009. Cette contribution relativement étoffée, fait l’analyse politique du projet présidentiel sans épargner la démarche mise en place par Christian Blanc. Frédéric Gilli ne critique pas tant la dimension

331 Guy Burgel est professeur de géographie urbaine. Il est un habitué des

prises de position dans les médias écrits. Burgel Guy, « Sous le Grand Paris s’impose la question urbaine », Le Monde, 16 octobre 2009.

technocratique en tant que telle, mais bien plus le fait que la méthode a été conçue pour répondre à des enjeux politiques, et impose ainsi un projet excluant de tout débat démocratique, alors que la Région avec la rédaction du SDRIF avait entrepris une démarche opposée. Il écrit :

« Contraint par ces urgences, le projet de Christian Blanc suit une logique préfectorale d’efficacité. Construit sans débat comme un bloc non négociable, il organise un urbanisme opérationnel dérogatoire et crée une Société du Grand Paris mi-entreprise de transport, mi- aménageur. Au moment de sa mise en œuvre, l’absence de concertation sera une faiblesse lorsque les élus et la population le contesteront devant les tribunaux administratifs et les cours européennes. »334

Nous voyons que la démarche jacobine du Secrétariat d’État est clairement critiquée. Le manque de débat sur la manière de construire ce « Grand Paris » imposerait une approche à la fois technocratique et néolibérale de l'aménagement, qui se trouverait à peine dissimulée derrière les « ambitions » présidentielles. La prise de pouvoir de l’État sur les projets portés par les collectivités (Région et Ville de Paris) a ainsi nécessité la mise en place d’une opération mêlant la mobilisation spectaculaire (Pagès, 2010) des dix équipes et le travail dans les coulisses d’un Secrétariat d’État dédié à ce projet. Cette stratégie de détournement de l’attention ne passe pas inaperçue. En octobre 2010, Albert Levy335 écrit :

« En ces temps d'économie budgétaire, on peut se demander ce que cette initiative du "Grand Paris" a coûté : une consultation internationale d'architectes et une exposition qui n'ont servi à rien – sinon comme effet marketing et publicitaire pour lancer l'action –, le gouvernement préparait dans son coin son propre projet et a créé, pour cela, une structure inédite, un Secrétariat d'État au "Grand Paris" qui a fonctionné quelques années, avec une quarantaine de personnes, pour

334 Gilli Frédéric, « Grand Paris, l’occasion manquée ? », Le Monde, 23

novembre 2009.

finalement s'évanouir dans la fumée des cigares de son patron, Christian Blanc. »336

La critique porte bien sur les limites des effets d’annonce pour un projet territorial, construit avec de nombreuses collectivités, dans un territoire où la question de la gouvernance est un problème identifié depuis plusieurs années (Estèbe, Le Galès, 2003). Il semble que si le Président de la République arrive à conférer une légitimité à l’action de l’État et à bloquer le SDRIF porté par la Région, son propre projet adopté par la voie législative, fait néanmoins face à de nombreuses critiques, du côté des milieux universitaires en particulier, qui soulignent sa démarche centralisatrice et néo- libérale.

L’analyse des actions étatiques entre 2008 et 2010 montre un certain flou. Les travaux du Secrétariat d’État sont coordonnés dans le temps avec les moments forts de la consultation. Néanmoins, ils ne prennent pas en compte les productions des équipes consultées par le BRAUP. D’une part, l’action de Christian Blanc prend une tournure technocratique avec pour mission d’agir rapidement. Pour ce faire, le dialogue avec les collectivités mais aussi avec le MCC, semble négligé. D’autre part, les équipes consultées par le BRAUP ont le sentiment que leurs travaux n’auront aucune utilité si ce n’est produire un